Kikourou.net

Japhy a écrit:...POURQUOI est-ce qu'on est comme ça nous les filles, pourquoi est-ce qu'on a peur de prendre la parole, de dire une connerie, de se faire mal voir, alors que les mecs ne se posent que rarement ces questions ?
...C'est sûrement en partie notre faute, on n'a qu'à se bouger le ulc, mais c'est aussi un problème d'absence de rôles modèles...
Mais il faut aussi reconnaitre que les médias sont toujours dans le sens de leur propre courant...
https://www.franceculture.fr/conference ... le-liberte

Promis, je vais écouter cette conf
Pour les média, est-ce que ça ne pourrait pas être une question d'urgence? J'ai cru comprendre que tout s'y fait à l'arrache, du coup quand il faut un invité... on pense au dernier invité par la concurrence, donc on invite et ré-invite un homme... Non?
L'absence de modèle m'a moi aussi beaucoup pesé, dans un contexte similaire.

Le Lutin d'Ecouves a écrit:Ça peut s'expliquer en terme de pression sociale. Les filles ont autant de conneries à dire que les garçons mais elles hésitent plus à les dire car on leur pardonne moins leurs écarts. Cela explique une prise de parole publique plus fréquente chez les garçons puisqu’ils sont jugés moins durement sur leurs propos. J'en ai fait l'expérience plus d'une fois, spécialiste ornais de la grosse ânerie que je suis. On me pardonne toujours mes plaisanteries douteuses parce que je suis un homme. Mes propos dans la bouche d'une femme surprendraient pour le moins et choqueraient même certains. Il s'agit là d'une réelle asymétrie due aux préjugés sexistes.
Il y aura une vraie égalité quand, au lieu de dire que les femmes sont plus pertinentes, on constatera que les hommes et les femmes disent publiquement autant d'âneries les uns et les autres.

Je suis bien d'accord avec toi. Ça me fait penser à cette expérience en milieu scolaire: un exercice à la limite du dessin et des math est donné à plusieurs classes. Dans la moitié on le présente comme un exercice de math, dans l'autre comme un exercice de dessin. Dans le 1er cas les garçons sont nettement meilleurs, dans le second ce sont les filles. On intériorise être culturellement mauvais en dessin ou en math... et on le devient par une sorte de démotivation!

philtraverses a écrit:Quant à la peur des filles de dire des bêtises, c'est l'intériorisation par elles du discours dominant sur leur supposé infériorité par rapport aux garçons et la dessus rien n'a changé.

Je fais une diversion, mais c'est tout à fait ce que j'ai ressenti. En tant que gay, j'ai très jeune subi une homophobie intériorisée qui me faisait violemment perdre confiance en moi. Et il me faut des décennies pour m'en débarrasser.
Le bagage de la société est d'un côté une richesse culturelle sans précédent dans l'histoire de l'humanité, mais aussi un poids sociologique, il faut deS générationS pour faire évoluer les choses en profondeur il me semble.

Japhy a écrit:JE suis tombée dessus par hasard parce que j'écoute toujours tout ce qui se dit sur les Lettres Persanes, qui sont sans doute l'une des oeuvres les plus riches que les Lumières françaises (et la FRance tout court) ont produites. Et sa conf est juste géniale.
https://www.franceculture.fr/conference ... le-liberte

Tu n'avais pas prévenu que cette conférence fait 2h44
Certes, il y a 2 femmes et 1 homme à présenter leurs études, mais celles-ci portent sur... 3 hommes!
Bon, OK, à l'époque de Montesquieu ou de La Boétie, ça devait être moins simple pour une femme. Il y aurait donc un progrès en quelques siècles.

Désolée CAPCAP, en fait je n'ai pas écouté l'autre dame jusqu'au bout, je n'avais pas le temps ce jour-là.

Pour ce qui est de "travailler sur des hommes", je me suis fait la même remarque, mais c'est une situation compliquée, les femmes philosophes ne veulent pas non plus être cantonnées à l'étude de femmes, apparemment elles ne veulent pas qu'on leur réserve ce domaine et ne se gênent pas pour empiéter sur les plates-bandes de leurs collègues masculins.
C'est terrible à dire mais je pense que si elles se faisaient les spécialistes de femmes philosophes dont personne ou presque n'a jamais entendu parler (sauf le lutin ), elles auraient encore moins d'impact.
Et puis, pour tout dire, il faut bien avouer que Montaigne et John Rawls sont quand même passionnants ...Et d'ailleurs Montaigne a écrit des trucs vraiment féministes, même s'il restait "de son temps".

Mince, je me suis mal fait comprendre, il n'y avait aucun reproche dans mes propos, peut-être un peu de rire jaune.
Évidemment qu'un homme peut travailler sur les écrits d'une femme et une femme sur ceux d'un homme. A mon sens il faut ouvrir le champ des possibles, sans préjugé.

Japhy a écrit:
C'est terrible à dire mais je pense que si elles se faisaient les spécialistes de femmes philosophes dont personne ou presque n'a jamais entendu parler (sauf le lutin ), elles auraient encore moins d'impact.
.

Dont personne n'a jamais entendu parler... c'est excessif, j'ai cité Louise Labé pour la Renaissance et Hypatie d'Alexandrie pour les débuts de l'ère chrétienne, ce sont quand même des penseuses puissantes et très connues. On n'en parle pas sur BFM TV, effectivement...

Leur discrétion dans les livres scolaires est surtout due à la tradition machiste de la culture française du XIXème à l'époque où l'on a architecturé la structure scolaire et universitaire encore en vigueur actuellement.

Pour CAPCAP : On trouve le même processus concernant les génies homosexuels comme Alan Turing le mathématicien anglais qui a inventé l'ordinateur. On commence seulement à en parler mais ses travaux datant des années 40 ont été longtemps censurés à cause de sa sexualité qui lui a valu de gros ennuis avec la justice anglaise.

Le Lutin d'Ecouves a écrit:Dont personne n'a jamais entendu parler... c'est excessif, j'ai cité Louise Labé pour la Renaissance et Hypatie d'Alexandrie pour les débuts de l'ère chrétienne, ce sont quand même des penseuses puissantes et très connues. On n'en parle pas sur BFM TV, effectivement...

Leur discrétion dans les livres scolaires est surtout due à la tradition machiste de la culture française du XIXème à l'époque où l'on a architecturé la structure scolaire et universitaire encore en vigueur actuellement.

Un peu excessif et surtout un peu taquin. Bien qu'il ne faille pas non plus se voiler la face. Effectivement l'ouverture a la philo commence au lycee et j'ai beau chercher dans les fiches resume, a part Harendt, pas de trace de bonne femme.
Meme si aucune femme n'avait ete au programme de litterature du bac L jusqu'a present, il y en avait quand meme quelques unes dans les annales du bac de francais, meme si c'est trop peu.
Mais en philo, le ''vivier'' semble plus petit, pour tout un tas de raisons...