Récit de la course : Trail Aquaterra - Les Manants de Port-Dieu - 35 km 2012, par La_Gazelle

L'auteur : La_Gazelle

La course : Trail Aquaterra - Les Manants de Port-Dieu - 35 km

Date : 1/7/2012

Lieu : Bort Les Orgues (Corrèze)

Affichage : 2327 vues

Distance : 35km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

Partager :

9 autres récits :

Mon 1er trail : Aquaterra

Mon 1er Trail : Aquaterra - Les manants de Port-Dieu - Ed 1 / 3 juillet 2011

http://www.trail-aquaterra.com/

A l’occasion du 60ème anniversaire de la mise en eau du barrage de Bort-les-Orgues, un week-end de manifestations sportives et culturelles est organisé, avec des trails et des randonnées de différentes distances. Bort-les-Orgues, c’est là où habite Gérard, ancien entraineur du SOH athlétisme. Quand Bernard m’en a parlé, j’ai sauté sur l’occasion pour m’inscrire sur le trail de 35 km, toute en confiance après ma semaine de Raid au Portugal, j’ai envie de me tester sur un ‘vrai’ trail. Après le coup de chaleur de la semaine précédente, le 18 km me conviendrait probablement mieux ? Gérard, Virginie et Paul feront le 5 km. C’est 5 semaines après le Portugal, donc pas fait grand’ chose au niveau entrainement, il fallait déjà récupérer, je compte sur mon foncier Cool.  

Description de mon choix : 35 km de crapahutage aux confins du Cantal, du Puy de Dôme et dela Corrèze pour un dénivelé de1948 m+ et de 1938m -. Port-Dieu se mérite... Ravitaillements tous les 5/8km. Dernière vedette fluviale à 19h30 à Port-Dieu.  Dans le train j’ai regardé le parcours, c’est peut-être un peu beaucoup là ! Mais bonne nouvelle, les parcours 5, 18, 35 et 60 km sont communs, je pourrai m’arrêter à 18km, en cas de problème.  

Pas de données Garmin cette fois, j’ai bien chargé la batterie avant de partir, seulement j’ignorais que cet outil se déchargeait si vite ! je n’ai pas vérifié, bilan après à peine 1h30 de course, bip, bip, plus de son, plus d’image. Je ferai donc l’intégralité du trail sans repère chronométrique … et presque sans repère kilométrique.  Gérard table sur 3h30, moi je dis plutôt 4h au vu du dénivelé, je n’ai aucune expérience en ce domaine. Au final : 5h27’, heureusement que je n’avais pas de chrono, psychologiquement j’aurais eu du mal à gérer, moi qui n’avais jamais couru plus de … 3h44 : mon 1er marathon en 2002. Et 38 km au lieu des 35 initialement prévus, d’après les GPS à l’arrivée.

J’ai des nouvelles chaussures de trail après mes péripéties d’ongles noirs au Portugal, il fallait faire quelque chose … et  un nouveau sac à dos.  Avec pochette pour appareil photo, téléphone, … ben oui, le minimum vital !  écran total, lunettes ou pas, casquette ou pas ? pas mal de sous-bois donc pas évident. En fait lunettes sur la tête que je mettrai et enlèverai tout le long du parcours en fonction de la lumière. Je préfère les enlever à l’ombre par peur des chutes.  Et la casquette, hé bé je la mettrai sur le sac … et y repenserai le soir pour me rendre compte que je l’ai perdue !  je savais bien que c’était pas mon truc ! et le bracelet Power Balance pour éviter les chutes, of course ! J’ai juste oublié les épingles, Nicole me dépanne.

Bon, on va y aller, départ 9h sur le pont, on se fait quelques photos avec Gérard, Paul et Virginie et c’est parti Sourire.


Départ – 5ème km

Je reste avec Virginie, Paul nous devance un peu. Le parcours est tout de suite difficile, on est en sous-bois, une bonne côte, du dévers, très technique. Avec Virginie, il nous faut 34’ pour faire 5 km. Calcul rapide, à ce rythme-là, c’est pas 4h qu’il va me falloir ! et le parcours qui semblait facile sur les 5 premiers km sur le papier.  Mais bon,  il fait beau,  je me sens bien et comme qui dirait ‘on y est,  alors on y va,  et il n'y a rien à ajouter’ Cool.

6ème km – 13ème km

Je laisse Virginie et j’enchaîne, sans problème malgré que je sois probablement partie un peu vite, mais bon c’est pas grave. En fait il y a tout de suite une grosse côte et tout le monde marche devant moi, je pourrais courir et j’en ai envie mais ils ont tous l’air de savoir ce qu’ils font donc je fais pareil.  Je repère devant moi une fille qui a l’air habituée, on parle un peu mais elle n’est pas très bavarde, (je reconnais que je suis une vraie pipelette !).  Elle me dit de bien gérer. OK, OK je vais donc ‘arpenter les chemins avec humilité’.

Je la reverrai à l’arrivée, et on aura largement le temps de papoter, c’est elle qui gagne et on attendra le bateau ensemble. NB : elle a aussi des cuisses 2 fois plus grosses que les miennes, mais y a pas de mal ! Puis des descentes, je perds un peu de terrain, j’ai déjà progressé mais je n’ai pas encore la technique. Mes compagnons me dépassent mais dès qu’il y a une côte et qu’on marche, je remarque que je les rattrape, je marche plus vite. Erreur de débutante ? on verra bien. Je piaffe mais décide de marcher comme tout le monde au moins jusqu’au 18 et après on avisera.  Un ravitaillement, je m’arrête assez longuement, ma copine de course file … sans s’arrêter. Mon chrono est déjà HS, je préfère ne pas demander l’heure, juste à quel kilomètre on est, c’est le 13.  


14ème – 18ème km

Après le RAV, nouvelle côte, je rejoins mes compagnons, je papote avec un gars de la région qui fait le 60 km. Je rejoins aussi la copine, je marche bien dans les côtes. Puis une super descente, au début ça va, mais ça dure et puis du dévers en plus oh là là, c’est quoi ce binz ? mais c’est dangereux en plus, y a le vide en bas. Un gars devant moi dérape et du coup je ralentis vraiment pour gérer ce passage Incertain. Ce que je ne sais pas c’est qu’il va y en avoir plein comme ça, avec en plus des cailloux, des feuilles … du coup,  je prends des photos car la nature est vraiment très belle. Une fois le dévers fini, on est au fond de la ‘vallée’, traversée d’un cours d’eau, et on repart sur l’autre versant. Je crois avoir perdu beaucoup de temps aux endroits très techniques mais à ma grande surprise, dès que ça grimpe et qu’il faut marcher, je retrouve mes compagnons, sauf la copine qui a filé.

Un peu avant l’arrivée du 18ème, je perds mon téléphone, la fermeture était ouverte, bravo Régine !  mon pote qui fait le 60 me dit d’admirer le paysage, je fais des photos. Les spectateurs disent, les photos c’est demain ma p’tite dame, eh ben non, c’est aujourd’hui Cool. Arrivée au 18ème, je m’arrête longuement, je refais le plein d’eau car je me déshydrate énormément, je mange ½ tranche de pain d’épice et un pruneau. J’ai oublié de prendre des barres pour m’alimenter, re-bravo Régine. J’ai  juste pris un tube … que j’ai perdu, car il était avec le téléphone dans la pochette ouverte.  La plupart de mes compagnons s’arrêtent là, je me sens bien, évidemment je continue.  Ils me souhaitent bon courage avec un regard admiratif, eux ils sont cuits.

19ème - 27ème km

Je me suis arrêtée longtemps,  du coup mon pote des 60 km a filé, c’est moi qui suis lente aux RAVs ou c’est eux qui vont vite ??? Je le rejoins en côte, il me dépasse en descente, eh oui,  j’ai pas encore la technique, lui il balance les jambes je sais pas comment, un peu comme un chimpanzé , mais c’est efficace. On reste un moment ensemble, puis je file et je ne le reverrai plus, je me doute bien que je ne vais pas voir grand’ monde sur la 2ème partie de la course. Il y a à nouveau des descentes en dévers,  je contrôle, tranquille, y a intérêt à faire gaffe, je suis toute seule.

Quelquefois j’accroche un pied, je m’efforce de lever les genoux dans les descentes, surtout quand il y a des cailloux et des feuilles. Je crie aussi, m’en fous, personne m’entend.  Mon 1er passage de cours d’eau, absolument toute seule, ça descend super raide, je surveille les rubalises, panique je vais où là maintenant ???  concentre-toi  Régine, regarde en face sur l’autre versant, ah c’est  bon, c’est là-bas, traversée en équilibre sur les pierres, et puis arrêt photo, après tout, je suis pas pressée Cool. Je profite pleinement de la nature qui me manque tant en région Parisienne.  C’est reparti, on sort un peu des bois, zigzag dans les champs en plein cagna, ah des vaches : re-photo, pour un peu je leur parlerais ! Bon, non pas que je souffre de quoi que ce soit mais les RAVs normalement c’est tous les 5 ou 7 km, là j’ai l’impression que ça fait un sacré moment.

Ah enfin, un RAV en bas là-bas, ils sont au moins 5 ou 6 mecs à moitié endormis. Ah vous êtes bien courageuse ma petite dame, il fait une chaleur ! Je me jette sur les gobelets de grenadine, j’ai dû en boire au moins 4 ou 5, bien que je me sois très régulièrement hydratée avec mon camel-back, mais bon chaleur + difficulté du parcours très technique = grosse suée. Moi qui transpire très peu, là j’ai l’impression d’être salée ! Ils  disent que je suis 3ème F et qu’on est au 27ème, il reste 8km avec un RAV dans … environ 3 ou 4 km. J’aime bien le environ, on verra pourquoi. J’avais calculé qu’il me resterait 10 à 12 km après ce RAV, wouah, plus que 8, moral au Top. Je demande s’ils sont bien sûrs, ils me montrent leur papier. Je mange un petit morceau de barre de céréale et quelques pruneaux je crois, ils me disent de prendre mon temps et de me reposer un peu, je dis non, non, 8km, ça va aller vite … j’évite toujours de demander l’heure, tant que ça va bien, ça m’avancera à quoi ?

28ème – 33ème km

Je repars ragaillardie, je comprends pourquoi j’avais trouvé le temps long depuis le 18ème, 9km sans RAV.  Rebelote côtes, descentes, cours d’eau, pff, je gère maintenant Sourire.

 A un carrefour  quelqu’un me dit qu’il y a 3 ou 4 km avant le prochain RAV, c’est bizarre, ça fait au moins 1 km que je suis repartie. Bon, allons-y, je continue, j’arrive dans un champ de ‘je ne sais pas quoi’, ils ont coupé ou aplati ce ‘je ne  sais pas quoi’ pour créer un passage pour les coureurs. Mais c’est pénible de courir là-dedans, j’accroche mes pieds, la fatigue commence à se faire sentir  et ça fait un bout de temps que je suis repartie, et là pas le moindre RAV à l’horizon. Bon, photo alors !

 

Un cours d’eau, re-photo et je repars.

 

 Je sors enfin de ce champ, pénible mais en même temps paysage superbe, ça compense.  Et là que vois-je ? des marches, photo évidemment.

En fait les marches ne sont pas très hautes et j’appréhende mal, du coup je chute … gentiment parce que là ça va plus très vite. Je peste toute seule, contre moi-même, parce que pas foutue d’avoir pensé au chrono et là pfff,  j’ai chaud,  je commence à être fatiguée. Bon arrivée en haut des marches, juste après le virage, que vois-je ? un RAV. Bon, ils ont dû m’entendre râler...

Je leur dis que je suis contente de les voir car ça fait un moment que j’attendais le RAV, ils répondent que tout le monde leur dit ça. Ils m’expliquent que le parcours a un peu changé car il y a des guêpes et des frelons dans les bois, donc on va passer sur la route, les pompiers vont me faire voir plus loin. Et il reste environ … 3 - 4 km. Aucune notion de l’heure, même pas demandé. J’ai trouvé la photo qui suit sur le site de l’Aquaterra,  là j’arrive au dernier RAV, les marches contre lesquelles je pestais sont juste derrière mon épaule droite, je dois être à 4h30 / 4h45 de course.

34ème –  38ème km

Je repars, un peu plus loin les pompiers m’expliquent que je dois suivre la route, c’est toujours tout droit ma petite dame. Mouais sauf que c’est en plein cagna et que ça grimpe, franchement j’aurais préféré une fin de parcours dans les bois. Je trouve mon rythme en alternant marche et course, pendant 2 ou 3 km. Je ne me rends plus compte si j’ai du mal à courir parce que ça grimpe ou à cause de la fatigue. Ah enfin quelqu’un me fait rentrer dans les bois, il reste … 3 - 4 km.  Concentre-toi Régine, ne t’énerves pas. Bon allez au moins je suis à l’ombre, en pleine nature, c’est un grand moment de bonheur aujourd’hui. Je croyais avoir vu la fin de parcours plate sur le papier, mais j’ai dû rêver, aucun moment de répit ! encore des bosses, du dévers … mais bon j’ai ralenti. Encore quelqu’un à un carrefour, il vous reste 3km, Grrr ! avec un peu de chance la prochaine fois ce sera 2 !!  J’y suis, je vais finir hein ?Incertain puis à un moment je ressors sur la route, quelqu’un me dit, 1 petit km, tout en descente. Vous êtes sûr ? oui. Puis je vois le voisin de Gérard qui tient un RAV, on l’a vu sur le pont. Il me reconnait et me dit dans 200m l’arrivée, dis donc c’est super, t’as drôlement bien couru !

Arrivée

Je passe la ligne d’arrivée, sous les applaudissements,  et tout le monde me dit que je suis fraîche comme une rose ! Clin d'œilClin d'œilClin d'œil je jure que je n’invente pas. Je bois énormément, et je grignote des abricots secs et des pruneaux.  Je demande l’heure avant d’appeler Gérard, et là je le crois pas, il est plus de 14h30, j’ai mis 5h27’ ! J’apprends au passage que je suis 2ème féminine. Wouah, je suis vraiment très très contente. SourireSourireSourire Je retrouve Monique  1ère F, avec qui j’ai un peu parlé au début du trail, nous nous félicitons mutuellement.

On attend le prochain bateau, en bavardant tous ensemble, les habitués disent que c’est un trail difficile et très technique, mais avec des paysages magnifiques. Très bien organisé, c’est rare d’avoir du solide à tous les RAVs (heureusement pour moi, avec mes bêtises …). Monique m’a regardée courir et dit que j’ai une bonne vitesse et une bonne endurance, il faut juste travailler la technique. Christine, une fille de la région que Gérard connait, était partie pour 60 km mais elle a arrêté à 35, enfin 38, trop dur. Il y a plusieurs coureurs dans ce cas. Ils ont tous fait ou sont en prépa pour les Templiers. Donc j’en suis capable aussi ???  On se lave les pieds dans l’eau, mes nouvelles chaussures sont hyper-top, mais avec les sous-bois, il y a du monde dedans, j’ai les pieds … NOIRS.

J’ai été ravie de participer à cette 1ère édition, un grand moment de bonheur en pleine nature … et une confiance en moi  Top +++ Merci à Gérard et Nicole de m’avoir accueillie et merci à Bernard de m’avoir suggéré l’idée

4 commentaires

Commentaire de xaxa posté le 21-02-2012 à 09:55:37

Merci pour le récit et bravo pour la course, cela me rappelle des couvenirrs que ce récit (de la course 2011. Mon premier "vrai trail" à moi aussi et le même genre de difficultés, les pertes de matériel en moins !
On s'était vu à l'arrivée en attendant la navette.
Un trail que je recommande pour les amoureux de la tranquilité en pleine nature, et pas facile, à ne pas prendre à la légère!

Commentaire de La_Gazelle posté le 11-03-2012 à 22:32:56

Merci Xaxa, oui un très bon souvenir !
Je n'y serai pas cette année car c'est le même jour que le marathon du Mont Blanc. Dans l'immédiat, je m'attaque au Ventoux dans 15 jours, un gros défi mais j'ai hâte d'y être.

Commentaire de raspoutine 05 posté le 05-05-2012 à 17:48:33

Hum, je relis cette pépite en culpabilisant... Eh oui, lorsque je l'avais lu précédemment, je n'avais la possibilité de mettre mon petit com'. Un premier récit pour une première, ce trail. Te voilà passée sur les chemins durablement ! Bon tout commence un jour, n'est-ce pas ? Merci pour ton récit et toutes ces photos. beaucoup d'autres suivront, à n'en pas douter, of course !

Commentaire de denisdups posté le 06-10-2012 à 17:00:13

Bravo Régine pour ta course et ton récit. J' ai fait la même que toi en 2011. J'en ai bien bavé. Je retrouve les émotions que j'ai eues ce jour là en te lisant. Cette année j'ai tenté fe Défi du lac, donné pour 61 km sur papier et 62 par les organisateurs... 65 km à mon gps! J'avais l'impression de reculer parfois. La deuxième partie est encore plus difficile mais j'étais bien préparé. Je finis en 8h50, frais comme un gardon. C'est une course magnifique qui gagne à être connue et dont la position géographique ne présage pas de la difficulté. Avis aux amateurs, c'est du lourd!

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.16 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !