Récit de la course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Sur le sentier des Moines 2004, par etiennef

L'auteur : etiennef

La course : Trail de la Vallée de Chevreuse - Sur le sentier des Moines

Date : 4/4/2004

Lieu : Auffargis (Yvelines)

Affichage : 4934 vues

Distance : 50km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Compte-rendu Trail de la vallée de Chevreuse 50 km 1400 +

Compte-rendu Trail de la vallée de Chevreuse 50 km 1400 +

Etienne Fert

 

La vallée de Chevreuse, un nom réducteur pour une région aux multiples facettes : des vallées tranquilles loin de l’agitation parisienne, des plateaux qui semblent infinis pour le coureur ou le cycliste au moral en berne, des descentes et montées très raides pour passer de ces plateaux aux vallées et surtout le terrain de jeux favoris du sportif nature de la région parisienne qui veut bouffer du dénivelé. Même après la récente Mauritanienne Race 200 de mi-Mars, je ne pouvait tout simplement pas rater l’événement du trail de la vallée de Chevreuse se déroulant le 4 Avril. Au programme, 50 km et 1400 m de dénivelé positif, un profil qui ressemble fort par ses chiffres à de nombreux trails de montagne et la réalité confirmera l’impression des chiffres. Depuis la Mauritanie, j’ai essentiellement fait du VTT en préparation de l’entraînement raid dans les Vosges et après la rando VTT Jean Racine de la semaine dernière, j’ai poursuivi ma préparation pendant la semaine. Je ne suis donc normalement pas préparé au mieux pour cette course que je prends plutôt comme une grosse sortie plaisir.

Au matin, après avoir tout de même pris une journée de repos, je me sens en forme pour cette belle journée qui s’annonce. La météo est bienveillante : après une nuit de déluge, l’horizon s’éclaircit. En prenant mon dossard sur le lieu de départ à Auffargis, je rencontre quelques connaissances de la Mauritanie : organisateurs, coureurs, commissaires de course. Un plaisir de se replonger dans cette ambiance … Une petite lumière s’allume dans mon esprit : j’avais prévu de faire cette course au moins pour la première partie en touriste mais devant mes amis de Mauritanie, j’éprouve maintenant l’envie de faire honneur à mon podium, histoire de me montrer que, même si il est un peu dû aux circonstances, je le mérite tout de même un peu. Bref, le petit brin d’orgueil qui sommeille en moi se réveille et je décide de partir sur un rythme un peu plus dynamique.

Pas pour autant stressé, je discute tranquillement avec Jean-Pierre et Erick au fond du sas de départ. Dès le départ, il faut se taper un bon gros raidillon et même si c’est bon pour le moral de dépasser d’autres concurrents, je paye maintenant mon insouciance du départ et je dois faire les extérieurs pour aller à mon rythme. Gare au bac à gravier J. Après cet échauffement rapide, ça se calme un peu sur une portion plate où je prends mon rythme de croisière en gros calqué sur mon cardio-fréquence-mètre : 140 pulsations sur le plat et 160/165 dans les montées. Un peu plus qu’un rythme tranquille mais je suis normalement dans une bonne zone pour garder mes forces pour la deuxième partie.  Pas le temps de gamberger sur cette première boucle de 15 km : les montées et descentes répétées ne laissent pas de répit. Je prends un peu d’avance dans les passages difficiles ou techniques pour me laisser dépasser sur le plat. En tout cas, le parcours est fidèles à ses promesses : exigeant, technique et surtout superbe sur les flancs des vaux de Cernay. Le retour de cette boucle au fond de la vallée est un peu plus tranquille mais je ressens soudain une impression bizarre dans la jambe droite, comme une petite lourdeur au niveau du mollet. Probablement, le collant qui serre un peu à cet endroit … je ne me rends en fait pas compte que je suis en train de perdre les petits gants que j’avais enlevés et enfilés sur le bord de mon collant. Ils sont en train de glisser tranquillement le long de ma jambe et tombent sur le parcours. Effectivement, quelques centaines de mètres plus tard, cette « impression bizarre » a disparu J.

Au ravitaillement des 15 kms que je passe en environ 1h35, un petit bonjour à Martine, deux verres de coca et je repars sans trop me préoccuper de mon classement. On verra plus tard, l’essentiel étant que je puisse maintenir ce bon rythme jusqu’à la fin. Après quelques montées plutôt douces, nous avons droit à une longue portion à « flanc de coteaux » qui fera beaucoup parler à l’arrivée. C’est pratiquement hors piste, en montagnes russes et très exigeant pour les chevilles car dans un terrain peu stable et en pente. Sauf sur quelques rares portions, je réussi à maintenir mon rythme de course et je commence à dépasser quelques coureurs qui souffrent sur cette portion. J’arrive au ravitaillement suivant, officiellement au km 30, un peu surpris de mon temps : 3h10. Je ne pense pas avoir spécialement accéléré et la vérification ultérieure sur le soft IGN me montrera qu’il se situait en fait au km 28. Sur le moment, bien que dans le doute sur le kilométrage, mon moral est en hausse et comme j’ai encore de bonnes sensations, je décide d’accélérer un peu.

Je repars du ravitaillement juste devant un collègue qui avec sa foulée aérienne semble en pleine forme, en décidant de m’accrocher le plus possible à sa foulée. J’évite normalement de calquer mon rythme sur d’autres concurrents pour écouter plutôt mon corps, mais je fais une exception pour me motiver. Dans les kilomètres qui suivent, au fils des descentes montées ou plats où nos rythmes sont différents, nous restons plus ou moins ensembles. Sur une portion de plat assez longue, nous prenons le relais à tour de rôle sur un rythme effréné. Mon cardio est maintenant scotché en permanence aux 160 où j’avais mis une alerte histoire d’éviter de me mettre dans le rouge. J’oublie cette prudence et arrête mon cardio pour me laisser aller au plaisir de ces bonnes sensations. Dans une montée qui m’avait fait un peu souffrir lors de la rando VTT Jean Racine, je prends ma revanche avec la volonté de la franchir en courant. Presque arrivé en haut, je me fais rappeler à l’ordre par mon collègue coureur. C’est bien beau de régler ses comptes avec ses difficultés en VTT mais c’est encore mieux de suivre le balisage … Merde, ils nous font bifurquer avant la fin. Frustré de ma revanche et peu fier de cette erreur, je reprends le mors au dents. Après quelques kilomètres de chevauchée, nous commençons à rattraper d’autres coureurs moins en verve et dans la descente technique qui suit, je lâche tout le monde pour partir seul. Je commence à accuser un peu le coup de cette accélération depuis le ravitaillement et dois un peu ralentir mais c’est justement à ce moment je commence à dépasser beaucoup d’autres coureurs : toujours très bon pour le moral. J’arrive notamment à la hauteur d’Erick un collègue coureur qui a du abandonner sur la Mauritanienne. Je pensais ne pas être à son niveau sur ce type de course et voulait simplement limiter mon retard mais ma bonne gestion paye et je gagne maintenant beaucoup de temps par rapport à d’autres coureurs qui doivent marcher dans les faux plats. Dans une autre montée, je dépasse Philippe Billard, le grand manitou UFO qui accompagne Didier Bruyas, un autre UFO croisé sur le Vulcain (enfin, là c’était lui qui m’avait enrhumé près de l’arrivée). Ici, c’est moi qui suis peu plus en forme et je prends juste le temps d’un petit bonjour avant de poursuivre ma course. Je m’en voudrai plus tard de n’avoir pas pris au moins deux minutes pour discuter tranquillement mais j’étais vraiment pris par la course et par la joie d’avoir de bonnes sensations.

Je retrouve maintenant le paysage un peu familier du ravitaillement qui est le même que celui du 30 km. Dans ma tête, j’arrive normalement au km 45 en 4h45, heureux d’être près de l’arrivée. Las, je suis en fait au km 42 et il reste 8/9 km. Coup au moral de courte durée puisque j’apprends que je suis 22eme. Pas trop mal sur 260 partants. Remonté à bloc, je repars en me fixant l’objectif d’arriver dans les 20 premiers. J’ai rapidement, en ligne de mire, deux coureurs et l’objectif me semble donc assez réaliste. Après un passage en plateau, nous redescendons maintenant sur la vallée des vaux de Cernay, les derniers 6km étant communs avec ceux de la première boucle. Pas bon pour le moral ça, d’autant que malgré une fin « qui roule » annoncée au ravito précédent, les grimpettes se succèdent. J’arrive effectivement à dépasser quelques coureurs mais je ne sais plus trop ou j’en suis dans mon décompte par rapport à l’objectif. Soudain, je vois deux morceaux de tissus abandonnés sur le sentier : mes gants que je viens de retrouver miraculeusement !!! Un peu salis par le piétinement de nombreux coureurs mais toujours utilisables, enfin pas aujourd’hui parce qu’après une matinée fraîche la température est maintenant printanière. Je ne prends pas le temps de m’arrêter pour enlever une couche, toujours motivé par l’objectif. Enfin, après ce long faux plat dans cette vallée que je connais bien, je commence à sentir l’arrivée, renforcé dans cette idée par la voie lointaine du speaker de la course. Soudain, je vois à 50m derrière mois un coureur qui semble menaçant. Ne sachant pas trop à quelle place je me situe, j’accélère un peu, pensant préserver cette place. Effort inutile, à 500m de l’arrivée, il me dépasse comme une flèche. Même topo qu’au Vulcain. J’en ai marre de me faire enrhumer en vue de l’arrivée L. Inutile même dans mes rêves de penser à le suivre, il tient une forme du tonnerre. Presque abattu par cette mini défaite, je franchis l’arrivée en 5h53 mais je retrouve vite la satisfaction de cette belle course : je suis 20eme sur 170 arrivants, à 1h08 du premier, un champion de 100km. Une belle performance et surtout la confirmation que j’ai bien fait des progrès en trail depuis le début de cette année. Probablement un effet du gros travail en séances longues fait en début d’année en vue de la Mauritanienne Race, sans oublier une expérience renforcée de ces courses et de la gestion de mes capacités et je n’oublie pas le complément alimentaire sous forme de pilules de levure de bière que je prends depuis le début de l’année et qui m’aide peut-être à préserver un bon équilibre malgré les séances d’entraînement répétées. En tout cas, une grosse joie de finir ces courses avec la satisfaction d’y avoir donné le meilleur de moi-même sans être éloigné des premiers qui restent pour moi inaccessibles.

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