Récit de la course : L'Eolienne - 37 km 2012, par ogo

L'auteur : ogo

La course : L'Eolienne - 37 km

Date : 24/6/2012

Lieu : L'Arbresle (Rhône)

Affichage : 2262 vues

Distance : 37km

Objectif : Pas d'objectif

13 commentaires

Partager :

11 autres récits :

Les honneurs de la boîte

C’est le petit plus, la cerise sur le gâteau qui, au-delà du plaisir d’avoir fait la course idéale, transforme l’instant en souvenir impérissable, de ceux qu’on garde en tête avec fierté et qu’on raconte un jour, nostalgique, à ses petits-enfants.

« -Vous savez, votre grand père a toujours été sportif. Même qu’un jour, il a eu l’honneur de monter sur le podium aux côtés de grands champions ! 

Remontons en arrière. Nous sommes en 2012, au début de l’été. Il fait déjà chaud, ce matin-là, sur le parking du stade de l’Arbresle quand...

-Dis Pépé, c’est où l’Arbresle ?

-C’est un quartier du XXIIe arrondissement de Lyon Mégalopole, mais à l’époque c’était une petite ville à la jonction des Monts du Lyonnais et du Beaujolais. Il y avait aussi des champs de blé, des bleuets et des cerisiers, mais laissez-moi vous raconter tout ça.

Nous sommes donc en passe de prendre le départ de la 8e édition de l’Eolienne un trail de 37 km et 1300d+. On est 77 au départ. En venant, avec mon ami Lalan, nous avons un peu étudié longuement épluché le plateau. Plusieurs bons coureurs régionaux sont présents, à commencer par Clément Couzon, l’épouvantail de l’épreuve, vainqueur de nombreux trails courts et marathonien en 2h23. Intouchable, sauf incident. Plusieurs autres concurrents affichent des Saintélyon en moins de 6h15. Si Lalan peut prétendre sereinement à une deuxième place, j’envisage secrètement un top 10. Je pars surtout avec l’objectif de faire ma course, sans tenter de suivre des coureurs trop rapides qui auraient tôt fait de me faire exploser en vol.

Physiquement, j’ai mis toutes les chances de mon côté. Après une interruption de deux mois à cause de problèmes de genoux, j’ai repris l’entraînement de manière intensive en cumulant 60 km de CAP et 150 km de vélo chaque semaine. Lors d’un off récent, j’ai pu mesurer les effets positifs de ce programme soutenu. Reste à me confronter à la compétition, à retrouver confiance et à vaincre les maux de ventre qui, si souvent, ont transformé mes courses en calvaire.

Contrairement à ce que j’avais imaginé, le départ se fait en douceur. Je prends place dans le groupe de tête dans les pas de Clément Couzon et de Lalan. Leur rythme, aux alentours de 14 km/h, me convient et m’évite de me mettre trop tôt dans le rouge. Les 4 premiers kilomètres, dans la fraîcheur des sous-bois, sont avalés sans que je m’en rende compte. Nous traversons un petit cours d’eau, puis débouchons sur une route goudronnée sans la moindre trace de balisage. Nous hésitons un instant puis rebroussons chemin. Sage décision. Une rubalise indiquant une bifurcation a semble-t-il été arrachée un peu plus haut. Un coup d’œil au GPS. J’estime notre erreur à environ 1,5 km. Nous sommes une trentaine à nous être égarés, mais le gros du peloton nous est passé devant. Pour combler notre retard, Clément passe à la vitesse supérieure. Lalan lui emboîte le pas. Je préfère rester en retrait et revenir sur la tête de course à l’allure qui me convient. C’est chose faîte en moins de 3 kilomètres. Je dépasse Janolesurfeur qui a évité l’erreur d’aiguillage du début et m’annonce 4e de la course. Le classement n’aura donc pas été perturbé longtemps par le débalisage sauvage. La majeure partie du dénivelé est concentrée sur les 20 premiers kilomètres du parcours. Les jambes répondent bien et je monte chaque pente en courant sans difficulté. Le troisième n’est qu’à quelques dizaines de mètres devant moi. Je temporise et me cale dans sa foulée. La course ne fait que commencer.

Au premier ravito, j’avale un verre d’eau tendu par LilineCoq, gagnante de la précédente édition et bénévole aujourd’hui. Elle m’encourage : « Allez, tu peux viser le podium ! ». A cet instant, cette perspective est encore trop lointaine pour que je l’envisage sérieusement. Pour moi, cette situation est nouvelle. Même si j’ai toujours accordé un peu d’importance au classement, il ne constituait pas un leitmotiv en soi. Aujourd’hui, suis-je prêt à me « battre » pour décrocher une très symbolique troisième place ? Je repousse la réponse à plus tard et décide de...

Ca ne vous intéresse pas ce que votre grand-père raconte ? Oui, c’est peut-être des élucubrations de vieux sans intérêt, mais notre génération n’a pas fait la guerre, ni même de service militaire, alors on fait avec ce qu’on peut, hein !

 JE DECIDE donc de faire ma course sans me soucier des autres jusqu’au point culminant du parcours. Je suis légèrement plus rapide que le troisième et le dépasse au pied du mont Popey, la principale difficulté de la course. L’ascension se fait en sous-bois sur un sentier étroit aménagé en piste de descente pour VTT. En quelques minutes, nous nous élevons de près de 150 mètres. Je marche à bonne allure dans les passages à plus de 30% et parviens même à relancer entre les virages les plus serrés. Dans la descente suivante, je suis surpris d’apercevoir Clément et Lalan cavaler à seulement 400 mètres devant moi. J’ai donc bien grimpé. Je me sens à l’aise et suffisamment lucide pour apprécier la beauté des paysages aériens environnants. Nous traversons des champs fleuris aux herbes hautes et des vergers aux cerisiers couverts de fruits. Je remplis ma gourde au deuxième ravito et avale quelques rondelles de bananes et un carré de sucre. La chaleur se fait plus intense et je ne veux pas qu’une déshydratation vienne mettre en terme au plaisir que je prends jusqu’à présent.

Un coup d’œil en arrière, j’ai creusé le trou, je suis seul. Je monte la côte qui suit presque intégralement en courant. Je ne peine pas sur le plan musculaire, mais des échauffements sous les pieds commencent à me faire souffrir. J’ignore la douleur et relance dès que la pente le permet. Au troisième ravito, les bénévoles m’annoncent Clément à 3 minutes. Lalan a semble-t-il pris la tangente. Encore une fois, c’est lui le patron !

Reste donc 14 kilomètres, majoritairement en descente. Va peut-être falloir commencer à y croire ! Je me laisse descendre sur un single à la végétation dense et tente d’éviter au mieux les ronces et les pierres dissimulées sous les herbes. Régulièrement, je me retourne presque certain d’apercevoir un coureur revenir. Mais personne ne pointe le bout de son nez. Si je suis rattrapé aurai-je la force de suivre l’allure de mon concurrent ? Mais pieds me font de plus en plus souffrir en descente. Je pense au panier gourmand que je serais fier de rapporter à Adeline et surtout à cet improbable podium partagé avec Lalan, à ce scénario rêvé que je m’étais interdit d’imaginer. Je n’ai pas le droit de nous priver de ce moment, je n’ai pas le droit de défaillir. Au dernier ravito, je tape dans la main de LilineCoq qui ouvre la route à un tracteur remontant en sens inverse. Encore 7 bornes ! Je tente de garder le rythme, mais peine de plus en plus dans les longues portions goudronnées. Je me sens légèrement cotonneux, les prémisses d’une hypoglycémie imminente. Je m’efforce de rester lucide et maîtrise ma vitesse pour ne pas gaspiller mes dernières forces. Plus que deux kilomètres, peu importe mon état, la perspective de franchir la ligne en 3e position me transporte. Plus personne ne peut me rattraper, je lâche les chevaux. La voix du speaker me donne des ailes. J’envoie à près de 16 km/h, contourne le stade et enfin passe sous l’arche d’arrivée. C’est fait, j’ai bouclé l’Eolienne en 3h13 et termine 3e de la course. Après avoir fait part de mes impressions au correspondant de la presse locale, je me précipite vers Lalan qui se dégourdit déjà les jambes sur la pelouse. Il a remporté la course en 3h05. Clément dans un jour sans finit 2e à 1min30 environ. Je les félicite et laisse éclater ma joie. Pour la première fois, je vais monter sur le podium et surtout, j’ai le plaisir de partager cet instant avec mon pote. Croyez-moi les enfants, ce sont des moments qu’on n’oublie pas. Je revois encore Lalan avec sa  coupe et son panier gourmand. Ce jour là, j’ai compris qu’il était très fort, mais je ne me doutais pas qu’il était destiné à une telle carrière. Vous savez, il est toujours le recordman de la Saintélyon, enfin sur le parcours tel qu’il était en 2012. Tout a tellement changé depuis.

Mais mon histoire vous aura ouvert l’appétit. Allez manger un morceau au buffet d’arrivée. Les bénévoles vous donneront quelque chose. Moi je reste assis, cette nouvelle course m’a épuisé. Ce n’est pas raisonnable de courir encore autant à mon âge.

Comment ça le buffet est déjà vide ?

Quoi, un grand monsieur, très vieux, dégarni et qui transpire beaucoup a tout mangé ?!! Et vous dîtes que c’est lui qui a gagné la course en V5 après s’être perdu pendant 15 kilomètres. Et bien quelle histoire, décidément la course à pied n’a pas fini de me surprendre !


 

Merci à l’Entente de l’Ouest Lyonnais pour son sens de l’accueil et de l’organisation. Merci à tous les bénévoles et en particulier à Liline et Rémi Coq.

Une mention spéciale pour le repas d’après course, un délice !

Et enfin bravo à tous les coureurs et en particulier à Janolesurfeur qui a pris le temps de nous rapporter de chouettes photos.

 

Bon et pis l’aprem comme j’avais encore des jambes, je suis allé monter un Vélo’v à Fourvière pour fêter les 7 ans du dispositif.

  

 

Le site de la course http://www.coursenaturelarbresle.fr/

Mon récap Garmin http://connect.garmin.com/activity/192203744

 

 

 

13 commentaires

Commentaire de lalan posté le 26-06-2012 à 17:06:42

Tu contes bien les histoires pépé!!!!!!
Ca me dis quelqu'un ce V5!!!!! Ton podium en appele d'autres,j'en suis sur.éspéront que l'histoire se répètte.Quel beau dimanche pépé.

Commentaire de Elcap posté le 26-06-2012 à 17:10:37

Décidément !!! Arclusaz est partout et tu es vraiment un écriveur de 1er ordre ;-)

Commentaire de fildar posté le 26-06-2012 à 17:17:03

Après une blessure on revient plus fort, comme quoi l'inactivité forcée est souvent salutaire. Tu sembles plus fort que jamais. À mon avis tu pourras raconter d'autres histoires de podium à tes petits-enfants. Encore bravo pour ta course

Commentaire de Arclusaz posté le 26-06-2012 à 17:28:58

j'sais pas quoi dire !!!!!!!!

j'ai adoré la départ en douceur à 14km/h, la motivation du panier garni pour Adeline (menteur, tu n'est qu'un ventre !), le destin à venir de lalan et bien sur nos courses communes dans 35 ans.
La fin, je ne m'y attendais pas du tout, j'ai hurlé de rire !

Avec tout ça, j'ai oublié de te féliciter pour l'exploit sportif en lui même car s'en est un.

Le nouvel Ogo est arrivé, poussez-vous, ça va faire mal !!!!!!!

on fait vraiment un beau sport..... et je connais des champions !

Commentaire de jano posté le 26-06-2012 à 17:33:03

vu l'état du 3ème dè le km4 et ta facilité quand tu m'as dépassé, je savais que tu serai bien placé.
et ça se voit sur les photos que tu étais content à l'arrivée !!! (si le lien fonctionne)
https://picasaweb.google.com/109548929877998335578/Eolienne2012ArriveeDuGrandDefi?authkey=Gv1sRgCL-OoYPkkrTq9AE#5758239958793924642

Commentaire de Nini posté le 26-06-2012 à 18:58:26

Bravo ! Savoure cette victoire.
Tu peux être fier de toi :-)

Commentaire de sebmelalix posté le 26-06-2012 à 20:33:18

Ogo, je suis vraiment très très content pour toi, sans pression tu as envoyé les chevaux et tu n'as pas callé, tu t'es donc dirigé vers un magnifique podium avec Lalan. C'est un scénario idéale qui s'est écrit pour toujours... Ouah....ils vont être fiers tes petits enfants.... En attendant c'est nous et tes proches qui sommes fiers de toi.
J'avais bien vu lors de notre dernier Off que t'avais la patate en emboitant facilement les Foulées d'Arnaud et Lalan...
Que l'histoire que continue...

Seb

Commentaire de franck de Brignais posté le 26-06-2012 à 21:36:46

Bravo pour ce superbe résultat !! Conjuguer plaisir et podium, tu te rends compte que tu vas faire envie à nombre d'entre nous quand même !!
Je ne te souhaite pas une bonne récup', je vois que dès l'après midi, la récup' était faite !!

Commentaire de tidgi posté le 26-06-2012 à 22:13:27

Une autre Pépé ! Une autre ! Je sais que tu en as plein...
Allez ! Raconte moi celle où tu étais tout en haut de la boite !!

Commentaire de Jean-Phi posté le 27-06-2012 à 06:56:40

Bon... que dire... ou tu t'es dopé ou tu as vachement bien couru. A moins que la perspective d'un panierr courmand... Bravo pour cette magnifique 3ème place. Il y en aura d'autres à ce train là. Que les offs vont devenir difficiles ! Pépé a de beaux jours devant lui. Récupère bien

Commentaire de marat 3h00 ? posté le 27-06-2012 à 07:50:29

magnifique, humble et généreux me semble les mots les mieux adaptés à ta perf et ton CR ! A quand le podium 100% offeurs lyonnais : ogo - arnaud - lalan - jean-phi ?
C'est bon d'être sur un nuage n'est-ce pas ? Le sentiment d'accomplissement physique ET mental est un must qui est excellent à vivre. Profites-en en ces beaux jours. Merci de nous faire vivre ça par procuration.

Commentaire de zwiling posté le 27-06-2012 à 09:45:24

Bravo, raconté comme ça on a vraiment l'impression que ce n'est pas du tout le même parcours que celui sur lequel je me suis trainé en 2011. Ah mais oui c'est normal, cette année il était encore plus long.... ;o)

Encore bravo à tous les 2!!

Commentaire de totoro posté le 27-06-2012 à 10:35:11

Bravo, bravo et bravo : effectivement il y a des instants, des moments que l'on se doute qu'ils seront mémorables ! Encore une belle histoire à raconter ! Et sûrement pas la dernière !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.26 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !