Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2012, par pika007

L'auteur : pika007

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 18/10/2012

Lieu : St Philippe (Réunion)

Affichage : 1854 vues

Distance : 173km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Mon GRR

Cap méchant – chemin ceinture

Après une vérification rapide du sac par les bénévoles, nous sommes dans l’aire de départ à 20h. 2h à patienter… La température est douce, le ciel chargé mais il ne pleut pas encore. Je me pose sous un petit palmier et m’allonge 1h. A 21h, je me lève et m’approche de la ligne. Entre la fanfare, les jongleurs, la chaine de télé grand raid, les cracheurs de feu et la musique d’ambiance, le stress commence à monter. 22h, le départ est donné.

Après un petit bouchon, ça commence à courir, courir très vite !!! Je décide de ne pas me laisser emporter par la foule, je prends un rythme léger sur ces premiers kilomètres de bitume . Il se met à pleuvoir (pas cool), je sors ma veste pour éviter d’être trempé. Après le bitume, on emprunte un large chemin en béton serpentant à travers les champs de cannes à sucre. Premier pointage, un flot continu passe sa puce électronique devant les raquettes. Courir avec autant de monde, ça me saoule… vivement mafate !!! Au ravito, on attaque les choses sérieuses, la montée du volcan. Nous sommes tous les uns derrière les autres, impossible de doubler. J’ai l’impression de ne pas avancer. Je vais tenter de doubler mais après avoir essuyé plusieurs réflexions d’autres coureurs, je me contrains à rester dans le rang en espérant que le chemin s’élargisse. Le chemin est très humide, ça glisse, on s’agrippe aux branches pour avancer sans tomber. En prenant de l’altitude, on commence à apercevoir de la roche volcanique, les arbres se transforment en arbustes. Le vent souffle, le froid commence à me saisir les cuisses. 6h viennent de passer et je ne me suis même pas rendu compte que nous avons monté 2000 de D+. Mon cardio est aussi plat que l’encéphalogramme d’une moule, cool, cela signifie que j’ai préservé la machine « à l’issu de mon plein gré » comme dirait notre grand champion à la voie d’or : richard Virenque (je dis ça parce que ses commentaires sur europsort lors du tour de France m’insupportent).

Foc foc – Volcan, 35km

A ce ravito, je croise un ami de mon nouveau club de triathlon de Palaiseau : Eric (en fait, c’est pas vraiment un club de tri, on est 5 engagés sur le grand raid et on est représenté sur presque tous les grands évènements du petit monde du trail. Après avoir quitté le Marseille Trail Club pour cause de mutation pro, la transition est pas trop rude, tant mieux). On lui a conseillé de courir cette partie sans relief, je me colle derrière lui et on commence à doubler beaucoup de monde. Il fait nuit, ma frontale éclaire les gouttes de pluie (a quand la frontale anti brouillard !!!). On aperçoit des lueurs d’autres frontales au loin. Rassurant parce que le balisage est assez light et surtout non réfléchissant (il parait qu’il y a un gros trou dans le coin, dixit le « cratère de la fournaise »). On commence à entendre de la musique. On arrive au ravito du volcan. Je m’arrête au stand EDF (eh oui, je fais parti du team EDF, des bénévoles sont la pour nous : ravito et premier sac d’assistance, la classe !!!!). Je change de chaussettes et me je me noke (verbe bientôt au dictionnaire, synonyme : crémer) les pieds, je mange un macatia (je découvre ce petit pain légèrement sucré, c’est la révélation !!! Au même titre que le nutella ou fifa, va falloir que je me trouve un patch de non-addiction) et je repars. Arrêt éclair (pour rester dans la pâtisserie), je ne ressens pas de fatigue, il n’est donc pas nécessaire de s’arrêter plus longtemps.

Volcan – Mare à boue, 52km

Le jour se lève, on commence notre descente du volcan. On traverse de temps en temps la route. Les premiers supporters (la fameuse « Réunion qui se lève tôt ») apparaissent et commencent à encourager les coureurs, cool. Le chemin est très technique, de la caillasse dans un single très étroit, nous sommes à des années lumières des chemins du TMB. Le soleil commence à transpercer les nuages, nous sommes en Normandie. Les chemins longent des barbelés, on court sur l’herbe et dans la boue, on aperçoit des vaches… Cette partie est très agréable malgré les glissades involontaires (certains ont même laissé des morceaux de veste dans les barbelés, ouchhh !!!). Je suis toujours avec mon ami de Palaiseau, on discute, le moral est bon. On arrive sur une nouvelle partie de bitume et de béton, il se remet à pleuvoir, on décide de courir. On aperçoit de plus en plus de monde, on voit des tentes militaires, on arrive au ravito de mare à boue. Mes pieds commencent à chauffer, à ce moment, je ne sais pas s’il s’agit d’ampoules ou de crevasses, je ne préfère pas voir. Sous la tente EDF, je croise céline et fafa qui se sont levées tôt pour nous voir alors qu’elles prennent le départ du Mascareignes le lendemain matin. Quelques photos pour la postérité et un bisou de céline, je repars regonflé à bloc malgré la pluie (après la CCC 2010, la 6000D 2011, ma mutation pro en région parisienne, … ; je commence à plus ou moins gérer ces conditions de course).

Mare à boue – Piton des neiges, 64km

A la réunion, chaque lieu dit porte généralement bien son nom : « plaine des fraises », tu trouves des fraises, « mare à boue », tu trouves … de la boue !!! Après avoir grillé beaucoup d’énergie à essayer d’éviter les flaques d’eau et les zones boueuses pour préserver mes pieds de l’humidité, je me résigne et adopte la stratégie d’un minot de 5 ans, je cours dedans sans réfléchir : tant pis !! L’écoulement d’eau se fait sur le chemin ce qui ne facilite pas les choses, les pieds commencent à chauffer. J’arrive à soulager en mettant les pieds bien au fond des flaques. Paradoxal, non !!! Le chemin s’élève vers le refuge du piton des neiges, il fait beau, le soleil brille… Jusqu’à maintenant, je n’ai pas rempli la poche du camel, j’arrive à tenir d’un ravito à l’autre avec mes deux bidons de 600ml. Je me retrouve à sec à qq kilomètres du refuge. Dur, le soleil tape, je me dis que je vais payer cash cette erreur. Au refuge, je prends le temps de m’hydrater (je ne veux pas reproduire l’erreur lors du trail du verdon ou j’avais pris une déshydratation de derrière les fagots). Le REX, les amis, le REX !!! (Retour d’EXpérience).

Piton – Cilaos, 72km

Début des hostilités, nous arrivons au cœur du sujet : le chemin typique réunionnais composé à 90% de marches. La descente est longue, glissante et très raide. 

J’enroule les marches et adopte une marche rapide. Je rattrape florent (un pote du marseille trail club). Je suis étonné de le croiser, il m’explique qu’il a deux parpaings à la place des cuisses, il envisage d’abandonner à cilaos. Il me dit de repartir, ce que je fais. On rejoint la route, je décide de courir pour rejoindre la première base de vie. J’ai les pieds en feu, c’est un cauchemar d’autant que ma deuxième paire de pompe m’attend seulement à sentier scoot. Je rejoins le stand EDF, ma préoccupation n’est pas de me ravitailler mais de regarder l’ampleur des dégâts en retirant chaussettes et chaussure. J’ai des crevasses sous les pieds. Au niveau des pouces, j’ai des plis de peau qui se sont déchirés, la chaire est à vif, je douille (échelle de la douleur : 8/10). J’ai le mental au fond des chaussettes (mouillées qui plus ai). Pas de chaussures sèches, comment je vais faire?? On me conseille d’aller voir les podo, ce que je fais. Je m’installe, on me sèche les pieds avec de l’éosine, il dépose une couche de tulle gras puis une compresse et il strappe le tout sous la plante du pied et sous le talon. J’ai deux ampoules, il prend une seringue, aspire le liquide et injecte de l’éosine à la place. ARGGGGGGHHHHHH !!! Je mort mon bufff de douleur (je suis une petite nature, je sais), je deviens livide et me sens partir (échelle douleur 15/10 icon_e_wink.gif. Deux médecins débarquent, prise de tension et du taux de sucre : le contrôle technique est ok. Une claque et un twix pour reprendre mes esprits. Pour éviter l’évacuation en urgence par le PGHM, il décide seulement de percer l’autre ampoule, merci les gars !!! Je remets mes chaussettes et mes chaussures. J’ai les pieds de robocop !!! J’ai les deux ampoules qui clignotent et un coefficient de flexion de cheville bien supérieur à un. A cet instant, je viens peut être de développer le concept de chaussure de ski de rando ultra light, plus qu’a rajouter des fix à l’avant et roule ma poule…

Putain, comment je vais courir avec ça !!!!

Je rejoins le ravito difficilement (comme si je sortais de la gaypride ou du quartier du marais), je me sers un plat de pate avec des cuisses de poulet. Je suis dépité !!! Je croise à nouveau florent qui à une plus grande expérience que moi sur les ultras, il vient d’abandonner. Je suis à deux doigts de faire pareil et je lui demande conseil. Voila le bilan : « j’ai des crevasses de fou, j’ai des strap et des ampoules qui me permettent à peine de marcher », qu’est ce que je fais? Sa réponse : « ils sont tous dans ton cas et ils vont tous repartir ». Quelques secondes de réflexion. Ok, j’y retourne, un arrêt au kiné et je repars. A ce moment, j’ai le sentiment d’avoir passé un temps fou à Cilaos (je suis resté plus d’1h30) et que le chemin qui reste à parcourir sera long, très très long… Je suis parti sans montre et sans objectif de temps, mon objectif étant de finir. Je prends chaque kilo les uns après les autres. Ca le fera !!! 

Cilaos - Marla, 85km

La semaine précédant le gand raid, nous avons reconnu le col du taibit. 

J’appelle céline dans la montée, je me rassure et je suis à nouveau regonflé à bloc. [En off, céline prévient tous mes potes par mail et je reçois 59 textos en 5min]. Je prends le temps d’en lire quelques uns, je me marre à 2,3 reprises. Je retrouve des jambes de feu et je double beaucoup de monde jusqu’à marla (70 pers). Au passage du col, la vue est dégagée sur le cirque de mafate, c’est magnifique !!! La descente sur marla est facile. L’accueil au niveau du ravito est magique, ça chante, ça danse, je suis dans un autre monde. On me remplit les bidons, on me sert de la soupe. Je repars après un stop de 15 minutes.

Marla – scout, 93km

A la sortie de marla, je rattrape un réunionnais qui me dit que j’ai une chance extraordinaire, un privilège unique. Naïvement, je lui demande lequel : « tu as la chance de courir avec Mr MARIE LOUISE. 

Je prends une photo et tape la discute pendant 30min tout en marchant. Il me raconte ses 4 victoires sur le grand raid, il m’explique qu’on l’a invité pour le 20ieme anniversaire du raid, qu’il a eu 2 mois pour se préparer et qu’il a décidé de courir avec son fils ce grand raid. Respect. Après cette leçon de vie, je repars. Le soleil commence à se coucher, on traverse la plaine de tamarins qui reste le plus bel endroit que j’ai découvert lors de ce raid. Le chemin est constitué de rondin de bois et il serpente entre les arbres, la végétation est hors du temps, c’est magique et angoissant. J’allume la frontale et sort le baladeur mp3. Très vite, j’enlève une oreillette pour me permettre de me concentrer sur la balisage et les bruits extérieurs. Oh, j’ai droit d’avoir peur, je suis tout seul au milieu de nulle part !!! J’ai commencé à écouter un petit hightone, ça m’a filé la chaire de poule… (Pour la petite histoire, ton cerveau étant en mode économie de batterie comme ta frontale, il interprète de façon très louche ce qui t’entoure, un caillou se transforme en chat, une plante en coureur assis, une goulotte d’évacuation en anaconda, … je peux vous dire que j’ai essayer de réveiller ou caresser de nombreux cailloux…). Après avoir passé le col de fourche, la descente est très raide au début puis se transforme en single en balcon. Je ferais toute cette partie en courant avec un petit groupe de réunionnais. L’ambiance est particulière, pas de bruit à part des discussions en créole (ou je ne capte rien) et des rires communicatifs. Très vite, nous arrivons au ravito de sentier scoot après avoir passé une zone très humide et boueuse. Je pense qu’à une chose, mettre ma deuxième paire de chaussure. Dans le stand EDF, je suis reçu comme un prince une nouvelle fois. Je me pose 10 minutes, on m’annonce que 3 de mes collègues de la team EDF (35 engagés sur GRR) sont devant moi (hortense, mathieu et laurent).

Scoot – Roche plate, 104km, 27H42

Je n’ai pas encore sommeil (21h30 de course), je repars aussi sec, les jambes sont bonnes. Je ne sens quasiment plus douleurs à mes pieds (2/10), merci l’arrêt au stand et le changement de pneu (adidas supernova riot 4, semelle continental, vous noterez cette allusion au monde automobile). Le temps est idéal, je suis en tshirt et manchette. Le sentier, constitué d’épines de pins ,est souple. Je garde en tête le conseil de mon ami sebastien « si tu te sens bien, ralenti ». Je déroule tranquillement jusqu’au fond du cirque de mafate. Je double encore des coureurs, j’ai lâché les 3 réunionnais pour un gars de la métropole (de gap) avec qui je sympathise très vite. Il me donne un bon rythme et on passe sans s’arrêter le ravito d’ilet à bourse. On arrive à 24h de course, je ne ressens pas de signe de sommeil. Bêtement, je m’attendais à avoir les paupières lourdes et à bailler comme un hippopotame. Par prudence, je m’arrête à grand place les bas pour un petit sommeil de 15 min. Malgré la lumière et le bruit du groupe électrogène et je m’endors en 10 secondes. On vient me réveiller au bout de 20min, j’ai l’impression d’avoir dormi 30 secondes (faut qu’on m’explique : sommeil profond, changement d’espace temps, erreur sur le chronomètrage, …). Je mange une soupe et repars avec un peu la tête dans le cul. La montée à roche plate me réveille de suite (la plus dure du raid), je transpire (pour la première fois), mon cœur monte dans les tours (semelle continental). On enchaine des marches de 30cm, je double du monde. Je croise de plus en plus de coureurs qui dorment sur le bas côté, cette côte fait des dégâts. Dans un virage, je crois reconnaitre laurent (un des collègues de la team EDF et ami de mon ancien club de trail « marseille trail club »). Un coup de frontale dans le museau, il se réveille et on décide de marcher ensemble. Les marches sont interminables, le ravito de roche plate semble à des heures de marche. En discutant, ça passe plus vite et on arrive enfin à roche plate. On a la surprise de croiser mathieu qui a malheureusement abandonné au pied du maido. Il avait fait un départ canon (top 100) mais ses releveurs (en feu) l’ont contraint à abandonner. Tandis qu’il part se coucher avec le moral dans les chaussettes, il nous encourage et nous demande de finir pour lui. On reste 10 minutes au ravito et nous partons affronter le maido. 

Roche plate - Maido, 121km

La semaine précédent, nous avons survolé mafate et cette montée du maido en ULM, j’ai l’image gravé dans ma tête : un chemin très raide avec beaucoup de gaz. 

Dans la montée, je distance légèrement laurent. On passe la brèche, il fait nuit. J’ai des vertiges, je me rattrape au mur lorsque je suis déséquilibré. Je reste lucide et décide de me poser 5 min sur le bord du chemin (a la réunionnaise). Je n’ai qu’une idée en tête, arriver rapidement au maido et dormir : j’ai sommeil. Arriver au sommet, quelques supporters sont là (il est 5h du mat). Evidemment, ils sont moins nombreux que pour le passage de kilian mais c’est déjà ça. Je m’attarde pas au sommet, ça pèle un peu, je rejoins la tente et m’endort 15 minutes. Laurent me rejoins et fais de même.

Maido – Sans souci, 134km

En sortant de la tente, le soleil se lève dans mafate, la vue est magique !!! Je suis bien réveillé et content que le jour se lève. Le chemin est très beau, en balcon avec une vue splendide sur le cirque de mafate (le fait de courir avec la tête tournée à droite est plutôt déconseillé, après une chute et une branche en pleine tête, je me contrains à regarder devant moi, tant pis pour la vue). La descente qui suivra sera tout le contraire. Je crois qu’il s’agit de mon pire souvenir du grand raid. Un chemin en terre tracé droit dans la pente avec des marches de 2m de long et 30 cm de haut. 1000 mètre de D- en 7km, c’est interminable. J’encaisse tous les impacts avec la jambe droite puisque la longueur des marches correspond pile poil à ma foulée. Je me force à changer de jambes, j’ai l’impression de réapprendre à marcher. Arriver à l’école « sans souci » (je précise qu’il s’agit du nom du lieu dit parce qu’à ce moment, il y a souci), j’ai les tendons rotuliens en feu, quelle descente de m… !!!! Laurent me rattrape et on décide à nouveau de courir ensemble.

Sans souci – rivière des galets, 136km, 35H

On débute une session urbaine, une descente dans la ravine des galets. La suite n’est pas très belle mais bon… on emprunte un chemin 4*4, c’est tellement moche qu’on se force à courir avec laurent. La deuxième base de vie est en vue. Mes straps commencent à se faire la malle et d’autres ampoules commencent à s’allumer (référence à mon employeur ce coup ci). Il est temps de confier à nouveau mes pieds aux podos, ça tombe bien. Arrivé au ravito, les kiné et podo me sautent dessus. On peut les comprendre, nous sommes des cobayes tellement parfais pour ses jeunes étudiant(e)s en mal de connaissance, nos symptômes sont de véritables cas d’école. Encore une fois, je privilégie les soins avant le ravitaillement. J’ai en tête l’expérience douloureuse du prologue de cilaos, du coup, je guete le moindre geste suspect, la moindre seringue d’éosine : je suis totalement « aware ». Il s’agit d ‘une femme, je me relâche un peu… Elle me fait deux paquets cadeaux tout neufs. Les kinés enchainent, j’ai le droit à un message à 6 mains, ce n’est pas demain que ça se reproduira. Du coup, j’en profite et me relâche complètement. Je mange un yop et une soupe (j’aurais du faire soupe puis yop parce qu’un yop au gout salé, c’est pas top) et je repars. J’ai « l’impression » d’avoir des jambes toutes neuves.

Rivières des galets - Possession, 149km

Il est midi, il fait chaud, très chaud. On rattrape le parcours du bourbon et du Mascareignes. C’est cool de revoir des coureurs… Il faut doubler les derniers du Mascareignes, c’est ludique. Une fois arrivé à possession, j’apprends que céline (engagée sur le Mascareignes) est 45min devant moi. Je rejoins le stand EDF en étant sur motivé. Je me ravitaille, rempli les bidons et repart en compagnie de sabine, une copine récemment mutée à la réunion qui m’accompagnera sur la fin du parcours.

Possession – Colorado, 165km

En sortie de ravito, on entame le chemin des anglais : chemin constitué de blocs de lave assemblés avec plus ou moins de délicatesse. Par moment, nous avons un puzzle parfait. Le reste du temps, nous avons la représentation parfaite du chaos. J’ai de bonnes jambes, je ne ressens quasiment pas la fatigue en montée ce qui n’est pas le cas en descente. A ce moment là, je n’ai qu’un objectif : rattraper Céline pour qu’on puisse finir ensemble (pour l’anecdote, j’ai prévu de la demander en mariage sur la ligne d’arrivée. Tout se goupille à merveille, je suis dans un état second et le solitaire que j’ai dans le sac me donne des ailes. Eh oui, il n’y a pas que Red Bull). En plus de ça, le fait de doubler des bracelets « Mascareignes » et le fait que les supporters disent « oh regarde, il court le grand raid » : tu te sens vraiment pousser des ailes… ailes virtuelles, je vous rassure parce que l’oiseau, il est bien amoché quand même. Dans la montée, le seul qui me double est le premier gars du bourbon, il court sur les dalles de laves, c’est impressionnant !!!

A saint bernard, je rattrape céline et aussi tôt, on nous annonce que nos parcours se séparent : je suis dèg. Le parcours du GRR descend alors que celui du Mascareignes poursuit sur le bitume. Voila un coup d’arrêt !!! J’aperçois la boule en haut de Colorado, voila une boucle sans intérêt pour faire du dénivelé que je garderais en travers de la gorges. M’enfin, sabine trouve les mots et nous voila repartit à l’assaut de Colorado. J’ai du répéter une bonne centaine de fois que cette boucle était sans intérêt, cette pensée négative m’a permis d’arriver en haut rapidement. Tellement rapidement que j’ai maintenant 30min d’avance sur Céline au ravito.

Colorado – La redoute

Je décide de ne pas m’éterniser en haut et repars sans attendre céline, l’envie d’en finir (petite précision : finir le GRR) est plus forte. Je me dis que je l’attendrais sur la ligne. J’enfile le marcel très moche que nous impose l’orga. J’entends la musique, il reste 4 kms, je sens la fin et je m’enflamme, j’accélère jusqu’au moment ou mes releveurs tirent le signal d’alarme. Je comprends alors la douleur qu’a ressenti mathieu à roche plates (7/10). Du coup, je lève le pied mais le mal est fait. Je fini la descente en mode « canard boiteux » en gueulant « t’es con » !!! Je relativise et je me auto-félicite de n’avoir accélérer dans aucune des précédentes descentes. Le stade de la redoute est dans mon champ de mire, je suis super content, je prends ma dose d’endorphine à pleines veines. A l’entrée du stade, je croise Florent qui filme mon entrée dans le stade. J’ai du mal à répondre à ces questions, je lâche un timide « ca va » quand il me pose la question « comment ça va ? ». Après 43hde course, on minimise ses efforts icon_e_wink.gif. En 200m de piste, je « refais le match », euh, je me refais la course dans la tête. Du pur bonheur !!!! On me colle une belle médaille autour du coup, on me fait signer un panneau en bois et on me file un tshirt très moche qui finira, comme les autres, en torchon pour nettoyer mon vélo mais avec un mention un peu spéciale écrit dessus « j’ai survécu ».

Croix rouge – Médecin

Je file à la croix rouge pour récupérer 2 poches de glaces pour refroidir mes releveurs. 

Erreur !!!! 

Le protocole « croix rouge » est strict : tu t’allonges, tu remplis une fiche puis tu vois le médecin. Merde, je vais rater l’arrivée de Céline, la demande en mariage, fais chier… Mon plan tombe à l’eau. Je fais le trajet du stand de la croix rouge au médecin sur une chaise roulante en traversant le stade devant plus de 500personnes. Plus discret, tu ne peux pas !!!! Le médecin rigole en me voyant : «je lui dis : « les releveurs en feu », il me répond « mets de la glace », je lui dis « ce que j’ai fait », il me répond « protocole croix rouge », je lui dis « oui ». Bref, j’ai consulté la croix rouge.

Céline me rejoins avec le sourire et sa médaille autour du coup. On retrouve tous les potes avec une dodo à la main en se disant « content d’avoir survécu à cette diagonale ».

PS : cerise sur le gâteau, mon classement n’est pas trop dégueu : 122ieme/2263 en 43h38’22s.

PS2 : je ferais ma demande le lendemain, au stade de la redoute, lors de la remise des récompenses. Après une nuit de réflexion, il était nécessaire que cela se fasse au stade icon_e_wink.gif

PS3 : Merci à seb, sabine, mathieu, laurent, florent, au MTC, à palaiseau triathlon, à mes collègues de taff, mes potes, ma famille, au team EDF (c’est la première fois que je remercie mon employeur, ça fait bizarre) et surtout à céline !!!

PS4 : Une pensée pour Thierry qui nous a malheureusement quitté pendant la course…

3 commentaires

Commentaire de Françoise 84 posté le 02-11-2012 à 18:21:38

Et bien, pour un 1er ultra, c'est pas mal réussi!! Bravo à toi et... beaucoup de bonheur à tous les deux!!

Commentaire de Bacchus posté le 02-11-2012 à 23:51:20

Bravo pour ta course, belle performance surtout avec ces problèmes de pieds en feu que tu nous as décrit à Cilaos.
Merci pour ton CR

Commentaire de Japhy posté le 03-11-2012 à 22:19:43

Ha, je connais des têtes de la dernière photo! Bravo pour ta course et bonne continuation dans le "nord"!

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