Récit de la course : La Boucle du Confluent - 10 km 2012, par Berty09

L'auteur : Berty09

La course : La Boucle du Confluent - 10 km

Date : 18/11/2012

Lieu : Portet Sur Garonne (Haute-Garonne)

Affichage : 960 vues

Distance : 10km

Objectif : Pas d'objectif

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Mise à l'épreuve

     Six mois que je n'écris plus, que je ne raconte plus mes courses de l'intérieur. Alors Berty, t'es pas mort? Et bien non, vu que je cours encore. Juste un grand trou d'air, une formidable déflagration. Et puis, comme d'habitude, la vie qui reprends ses droits et Berty qui retourne à la boucle du confluent. Mon 10 kil. Le seul que je connaisse mais quand on a trouvé ce qu'on cherche, pas besoin d'aller voir ailleurs.

 

     Le parcours n'a pas changé depuis que je viens faire mon pélerinage annuel. Toujours deux boucles de 5 bornes, des passages en bord de Garonne, 5m de dénivellé positif pour sortir des berges et sinon de quoi envoyer. Du roulant quoi. Car c'est bien ça qu'on vient chercher, de quoi envoyer du lourd! Ca me rappelle il y a 4 ans, à mes débuts quand quelqu'un me parlait du 10 kilomètres comme une course de vitesse?...Je l'avais vraiment pris pour un Alien.

 

     Quelques années plus tard, quelques chronos plus loin, je viens ici pour pousser le bouchon encore un peu plus loin. 40' à mes débuts puis 39' l'année suivante et enfin une dernière marque à 38'14 il y a deux ans. Un blanc l'an dernier pour cause de premier marathon et me voici fidèle au poste.

 

     Voilà déjà un mois que je me prépare spécifiquement. Un mois que mes chaussures sont seuvrés de boues et caillasses. Un mois que mes potes se régalent seuls dans les prairies avoisinantes. Je reste collé au goudron, à la piste. Je bouffe du fractionné et ...j'aime ça. Pas plus que le trail, ni moins d'ailleurs. Je fonctionne à l'objectif et depuis un mois je cours pour être prêt ce jour.

 

     Voilà, on y est. Suite à ma prépa, je me sens capable de tourner à 3'45 au mille mais guère mieux. Le coach me conseille de partir prudemment à 3'50 pour les 5 premiers kilos. Bien sûr qu'il a raison mais je ne viens pas pour être prudent. Je veux passer sous les 37'30 quitte à exploser en course. Rien à perdre. Pour autant, je ne pars pas la fleur au fusil cette année. L'expérience engrangée aux fil des courses et des défis m'aide à optimiser ce genre de rendez-vous. J'ai compris que c'est la somme des petits détails qui font les bons chronos.

 

      J'ai même sorti les chaussures qui courrent vite. Peu d'amorti mais de la légèreté. Short léger, débardeur, tout est fait pour la performance. L'échauffement d'avant course n'est pas laissé au hasard et je prends le temps de bien faire chauffer la chaine musculaire sans puiser dans les ressources. Je finis par quelques lignes droites pour faire monter les pulses. Je peux maintenant venir me placer, prêt à courir, à souffrir s'il le faut.

 

     Je me place derrière les barrières. Devant moi, le sas "élite". Je reste avec le peuple mais rêve secrètement de me retrouver un jour parmis les nantis. Les barrières s'ouvrent, je suis prêt. Quelques foulées et une nana qui bouchonne devant moi. Je la piétine légèrement, m'excuse à peine et passe à droite. En retour, je me prends un croche-pied du gars de derrière. Je trébuche, me rétablis. Ca pars mal c't'histoire. Surtout rester concentré...fluide mais véloce.


 




 


     Ce premier kilo, je me suis juré de ne pas m'enflammer. C'est le risque, on est frais, on veut se placer et paf on ruine ses chances d'entrée en partant comme un tambour. Ca y est les bouchons c'est fini, je peux caler ma foulée. Je cherche les bonnes sensations. Rester régulier, rapide mais surtout sans trop forcer. Je sais que sur un 10 kil il faudra de toutes façons souffrir. Je veux différer ce moment le plus tard possible.

 

     Premier bip à ma montre, premières indications. 3'32 pour le premier kilo. Je me dis que je suis déjà en train de déconner. Plus de 10 secondes trop rapide. Je vais surement le payer plus tard. Pas question non plus d'être destabilisé, je décélère imperceptiblement. Je dois me caler vers 3'45 pour la suite. Je rejoins Anthony, junior prometteur qui s'entraine à Foix avec moi. Je suis plutôt bien, je le distance petit à petit.

 

     On longe la Garonne sur une petite route piétonne, je ne force pas pour l'instant. 3'45 au deuxième kil, c'est tout bon mais ça ne me rassure pas, il faut que je stabilise ma vitesse maintenant. Michel revient à ma hauteur. C'est une valeur sûre, je reste à ses côtés. Je ne le laisserai partir que s'il augmente vraiment le rythme. J'ai l'habitude de le voir de dos et ça ne me déplait pas de rester dans sa foulée.


 

 

     3ème kil en 3'42. C'est bon ça! Le temps et les sensations sont au diapason. On sort des berges, la seule difficulté du parcours. Je pousse sur les bras, j'accepte de perdre un peu de vitesse pour ne pas piocher dans les guiboles, la difficulé est avalée sans soucis. 3'44 au 4éme sans être entamé, je commence à prendre confiance. Allez, en finir avec ce premier tour. Je suis devant Michel maintenant. Les voyants sont au vert mais j'attends de m'approcher du 7ème kilomètre avant d'y croire vraiment.

 

     Le passage au 5ème en 3'40 mais je ne regarde pas ma montre. Sur la ligne, je cherche ma fille des yeux mais ne vois rien. Et pourtant quelques encouragements de gens qui me connaissent me font du bien. 2ème et dernier tour, ça va se jouer là. Je sens que je n'ai pas puisé dans mes réserves mais je ne m'emballe pas. Au 6ème kilo un faut plat légèrement descendant et je me fais doubler par 3 gus. Je reste zen et n'accélère pas. Encore une erreur à ne plus faire, ne pas profiter pour envoyer. Mieux vaut garder tout ça pour l'heure des braves.


 

 

     6ème kilo en 3'46. Ok, c'est clair. La course se joue maintenant. Deux scénari possibles, soit je pioche et bascule vers 3'50 aux prochains, soit je maintiens le rythme et ça roule. Il y a deux ans, c'est à ce moment que j'avais explosé. Mais cette année ya pas de raison, je suis prêt à souffrir s'il le faut. Peur de rien, je suis gonflé à bloc. Le 7ème kilo se fait en 3'45, la foulée est moins fluide mais je ne me désunis pas, le travaille paye.




 


     J'ai en point de mire maintenant un triathlète avec qui j'ai partagé la semaine dernière une bonne sortie vélo. Je veux le rattraper. Je lui cherche des défauts, ya pas d'cadeaux. Il nage plus vite, il roule plus vite, il va pas en plus finir devant en course à pied! Je vois bien qu'il est à la peine mais il ne lâche pas et même si je gagne du terrain la remontée est lente. J'arrive au 8ème kilo. Mince, je croyais déjà l'avoir passé! Pas d'affolement, il reste deux bornes, je sais ce que ça représente, je me revois dans mes séances d'entrainement sur un 2000.

 

       Le 8ème est passé en 3'46. Je suis toujours aux trousses de mon triathlète. Je m'en sers pour ne pas baisser mon rythme et garder du mordant. Je sais maintenant que le chrono va être bon. Je peux commencer à puiser dans mes réserves. C'est dur mais je finis bien, ça fait longtemps que personne ne m'a dépassé et je suis solide. Je passe le 9ème en 3'41. C'est rien 1000 m, sauf si t'es cuit bien sûr. C'est pas le cas.


 

 

     Au sol, des smiley tous les 100m me permettent de bien gérer ma fin de course. Désolé pour mon triathlète mais je le passe à 200m de l'arrivée. Au loin, le chrono géant est encore à 36' et quelques. Je me rends compte que je peux passer sous les 37'. C'est le ponpon. Je sprinte, je lâche rien. La ligne est là, le chrono n'ose pas basculer vers les 37'. Il restera à 36'56" pour mon plus grand bonheur. Dernier mille en 3'27.

 

     Je l'ai fait, c'est écrit, c'est mon histoire. C'est con mais je sens que j'ai accompli sur ce 10 bornes une belle page de ma vie de coureur, d'autres suivront ou non. Peu importe, aujourd'hui c'était mon jour.

5 commentaires

Commentaire de Badajoz posté le 21-11-2012 à 08:18:41

et en français, ça donne quoi? ;)

Commentaire de Marlène/Mô posté le 21-11-2012 à 13:20:56

Bravo ! beau récit, comme si on y était ! Ha mince, j'y étais. Mais derrière. En touriste, enfin presque après le marathon de Toulouse. J'ai vu aussi Michel Citadelle sur les photos et en vrai. Bonne récup, tu as tout donné, c'est bien, c'est fort, c'est l'entraînement.

Commentaire de laulau posté le 21-11-2012 à 14:24:12

Beau chrono sous les 37'! super régulier et le dernier km à fond, bien joué !!

Commentaire de Badajoz posté le 21-11-2012 à 15:09:42

j'ai enfin pu lire ton récit qui était en symboles ce matin. j'ai été totalement tenu en haleine. Bravo pour cette performance!

Commentaire de mic31 posté le 26-11-2012 à 11:28:31

Bravo Berty, j'ai cru te croquer cette fois encore mais tu réalisé une course parfaite, hyper régulière, avec premier et dernier kilomètres plus rapides. Une belle perf. Je ne sais pas si ton chrono descendra plus bas, mais une chose est sûre, celui là tu l'as pour toujours et ça compte dans une vie de coureur.
A la prochaine.

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