Récit de la course : L'Ardéchois - 98 km 2013, par matiaxe

L'auteur : matiaxe

La course : L'Ardéchois - 98 km

Date : 27/4/2013

Lieu : Desaignes (Ardèche)

Affichage : 1784 vues

Distance : 98km

Objectif : Terminer

3 commentaires

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Un premier ultra inoubliable par sa beauté et ses conditions

Enfin, on y est, après 9 semaines de préparation, mon premier ultra est là. Un 52 kil 3 semaines plus tôt m'avait rassuré sur ma capacité à assurer ces 98km avec le dénivelé proposé et c'est confiant que je prépare mes affaires la veille. Vu la météo, le seul doute réside dans mes vêtements que j'avais pris léger lors de notre départ en vacances 10 jours plus tôt, départ sous le soleil, que j'ai trop considéré comme annonciateur du printemps après un hiver trop long.

Rien d'étanche mais le lever à 3h du matin me rassure : la pluie ne tombe plus et les températures sont acceptables. Encore une fois, la météo s'est trompée : comment imaginer de la neige avec ces températures ? Petit déjeuner tranquille, arrivée au point de départ sans stress, sachant que pour réussir son premier ultra, un impératif : partir calmement, trouver des coureurs à la même allure et suivre.

Attendant paisiblement le top départ, j'ai la formidable surprise de voir arriver mes enfants et mon épouse qui ont osé sortir de leur sac de couchage sous la tente pour venir me supporter. Et c'est très heureux que je les croise de nouveau lors des premières foulées. Merveilleux ! Mais ne nous emballons pas et restons concentré pour trouver le bon rythme dès le départ.

Les premiers kil se passent à merveille : la frontale est au top, le temps supportable et après l'étirement du départ, j'ai trouvé deux Montpellierains à l'allure pleine de raison et qui me convient parfaitement. Premier objectif donc : garder ce rythme à 3 jusqu'au lever du jour et on verra après. C'est ce qui est fait et l'arrivée rapide sur Rochebloine est idéale. La première descente après cette ruine qui nous offre un panorama magnifique malgré les nuages, me montre que mes deux habitués du soleil descendent moyennement à mon goût et nous nous séparons donc après ces quelques 3 heures de course.

Arrivée au 1er ravitaillement. Accueil de ma famille qui confirme que je suis bien puisqu'ils me font remarquer que je n'ai pas l'air fatigué. En bon traileur inexpérimenté, je prends tout mon temps pour bien m'alimenter. Pas de souci au niveau de l'eau car j'ai peu bu et ma gourde n'a pas besoin d'être remplie. Seul bémol : cette pose me fait remarquer que la pluie a repris et que même si elle n'est pas très intense, mes vêtements sont plus qu'humides.

La reprise des foulées me montre aussi que déjà, après un quart du parcours, qu'on va se retrouver souvent seul à courir. Entre montées, descentes et plats, difficile de trouver quelqu'un au même ryhtme. Ca ne me gène pas, je suis bien, en forme et fin près pour franchir l'arrivée. On continue donc sur le même rythme tranquille avec pour nouvel objectif intermédiaire d'arriver au prochain ravito sans mal, les organisateurs ayant annoncé au départ que les premiers 48 km étaient les plus difficiles.

Cet objectif sera atteint sans souci. Arrivée au 2e ravito tranquillement, même pas mal aux jambes et mes progénitures s'occupent trop bien de moi au stand. Tous mes désirs sont réalisés ! Que c'est bon et qu'est-ce que ca facilite la course. Merci encore à eux, dont la nuit a été aussi courte que la mienne ! Je prends encore tout mon temps avec un arrêt d'environ 15 min.

C'est donc débordant de confiance que j'entame la 2e partie , mais attention à ne pas tomber dans l'excès : tout juste la moitié de fait, mais je sais qu'en bon descendeur, les 12 derniers kil seront avalés vitesse grand V. Les mètres suivants sont comme les premiers, ne montrant pas de signes de fatigue. Pas froid non plus malgré l'humidité. Seul trop souvent, je sors le mp3.

Malheureusement, tout va me démontrer par la suite que les prévisions météo étaient correctes. Certes, on avait croisé quelques flocons de neige, mais c'était l'entrée avant le plat de résistance. Premier rappel : au fond d'une vallée, en traversant une rivière sur des rondins de bois, je chutte lourdement dans l'eau. Pas de mal, mais short et dos trempés. Pas insupportable car au fond de cette vallée, les températures sont supportables. J'entame ensuite la montée de Rochepaule et ca se complique. Je m'aperçois que mes articulations aux mains ont glonflé. Qu'à cela ne tienne, j'avais vu un reportage montrant ce qu'il fallait faire dans ces cas. Je bouge donc mes doigts de façon incessante et après quelques bonnes minutes, le gonflement est réduit. Par contre, la neige s'intensifie et je sens le froid. La montée est de plus en plus difficile, mes pieds gelés  me font  nettement réduire le rythme. Vivement le ravito du 65e. Le sentant arriver, j'appelle mes enfants pour qu'il me sortent le peu de vêtements de rechange que j'ai. Mais ca ne suffira pas. Arrivé au ravito, je commence à grelotter et je m'apeçois que je ne suis pas le seul. On nous propose de rentrer au sec et après moulte réflexion, je réalise que repartir serait dangereux. Il aurait fallu que je puisse avoir du sec de la tête au pied et ce n'est pas possible. La mort dans l'âme, je rends donc ma puce et il me faudra un certain temps avant que les grelottements cessent.

Deux leçons à tirer de cette fabuleuse expérience :
- la météo fait partie intégrante de la gestion de courses aussi longues. Elle n'est pas à prendre à la lègère et fait partie des impératifs de la préparation.
- l'ultra, je l'ai dans les pates. Je n'ai pas abandonné par fatigue. 3 jours après la course, 1h de décrassage mardi, travail en côte hier et escaliers aujourd'hui. Pas de douleurs. Cet échec a donc renforcé ma confiance. Je réfléchis déjà à me relancer dans l'aventure en juin.

 

3 commentaires

Commentaire de Guimauve posté le 04-05-2013 à 08:21:03

Bravo car il n'est pas facile parfois d'être raisonnable, et pourtant il faut savoir s'écouter un peu.

Commentaire de philkikou posté le 04-05-2013 à 17:21:21

Le 1° chateau c'est Rochebonne , le 2° où t'es passé (enfin les qqs pierres qui restent) c'est Rochebloine où l'on peut voir le Mézenc, le Gerbier des Joncs... et la rivière dans laquelle t'as piqué une tête c'est le Doux (qui se jette dans le Rh^ne à Tournon)...

Sage décision que de jeter l'éponge à Rochepaule... Monter au Lac de Devesset aurait été galère, voire dangereux .. t'as plus qu'à revenir sous le soleil... et bonne chance pour le prochain ultra, riche de cette expérience ardéchoise

Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 05-05-2013 à 18:27:16

J'ai abandonné plus tôt, dans les mêmes conditions ( quoi que , je n'ai pas chuté dans l'eau, o'scour!!) avec un genou en vrac en plus .
Tu as bien fait de lâcher l'affaire ;-)

Bravo à toi et à bientôt pour un CR finisher!

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