Récit de la course : Marathon de Vienne 2006, par guy13

L'auteur : guy13

La course : Marathon de Vienne

Date : 7/5/2006

Lieu : Vienne (Autriche)

Affichage : 895 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

3 commentaires

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Retour à Vienne

De retour à Vienne ! Vienne, j'y passe assez souvent ; pour travailler avec des collègues, ou profiter de sa vie culturelle exceptionnelle. On y sent toujours la présence de ceux qui ont fait sa célébrité, les musiciens, Mozart, que l'on célèbre cette année, Beethoven, Mahler, mais aussi Freud, les écrivains Schnitzler, Zweig, et tous ceux qui sont à l'origine du mouvement Sécession (l'art nouveau en français) Klimt, Schiele, Kokoschka, Loos, Wagner... et la fameuse impératrice Sissi. Vienne, c'est le charme et la richesse d'un patrimoine culturel unique et la grandeur d'une capitale impériale.

Retour à Vienne ! C'est aussi la première fois que je cours pour la deuxième fois un marathon au même endroit. L'an dernier, après un pic de forme début avril, le sur-entraînement m'avait amoindri et la chaleur m'avait achevé pour un temps de près de 3h40.

Cette année, changement de stratégie. Au sortir d'un hiver glacial où le moindre travail de qualité est souvent impossible, quelques semaines de remise en forme tranquilles, et un plan ramassé sur 8 semaines avec une montée en charge progressive, mais importante, jusqu'à 110 km en 7 séances la sixième semaine. Au club universitaire, le "groupe 3h" suit un plan de Peter Greif s'appuyant sur un gros travail d'EMA, beaucoup d'allure spécifique, et un concept à ma connaissance original : le travail sur fatigue. Tous les samedis, une sortie longue de 35 km se terminant par de l'allure marathon, de 3 km en début de plan jusqu'à 15 km à la fin. Dans l'optique de mon premier 24 heures cet été, j'ai couru tous les débuts de séance à allure 24 h et l'accélération finale, quoique astreignante, est bien passée. Il semble que le plan ait été bien digéré ; en tout cas, il m'a remis en forme et les dernières séances de semaines 6 et 7 sont prometteuses, avec leurs sorties longues, une séance de 10 km en moins de 40', une autre de 15 km à allure marathon en continu (4'15 au km) tenues sans problème.

L'objectif est de tenir ces 4'15 autant que faire se peut, et d'aviser à partir du trentième km, avec un objectif médian de 3h02, compte tenu que les ravitaillements sont pris en marchant. Contrairement à beaucoup de coureurs, la barre "mythique" des 3 h me laisse à peu près indifférent et je n'ai jamais compris pourquoi la différence entre 2h59'30" et 3h00'30" devait être abyssale. Pour moi, elle est la même qu'entre 3h09 et 3h10...

Samedi, arrivée avec le club à Baden, une ville d'eau à quelques encâblures de Vienne, où nous dormons. Dîner au restaurant vers 20h, un peu tard sans doute. Auparavant, passage par Vienne pour retirer les dossards, ne pas rencontrer Charlie, et déguster le Kaiserschmarrn à l'hôtel de Ville, spécialité locale qui remplace avantageusement les nouilles trop cuites des pastas habituelles.

Dimanche, arrivée sur place une petite demi-heure avant le départ,
lequel a été avancé à 9 h. Le temps est parfait : 10°, des nuages, pas trop de vent. Un quart d'heure avant le départ, j'ingurgite un demi-litre de boisson énergétique. Pan ! Le dieu de la foule, dont le nom est ici bien choisi, nous libère.

Premier kilomètre sans forcer ni trop zigzaguer en 4'35. J'ai prévu de partir un peu plus lentement, vers 4'20, mais les jambes se calent automatiquement sur l'allure spécifique travaillée à l'entraînement et les 6 km suivant sont courus en 4'14 avec une régularité métronomique. Il faut un peu de musique déversée par les haut-parleurs pour dérégler le rythme et un km couru en 4'08, corrigé aussitôt... en 4'14. Je me sens très facile, la respiration ample et profonde (travaillée à l'entraînement elle aussi), la foulée légère. 4'32 au km 10 pour un passage marché au ravitaillement. Il ne fait pas chaud, aussi n'ai-je pas pris le premier. Les ravitaillements sont ici nombreux, tous les 5 km au départ, 3 ensuite. J'en ai sauté un certain nombre, mais n'ai jamais eu soif. Rien que de l'eau, sauf un peu de coca au 35ème.

Pendant ces kilomètres idylliques, je me répète les histoires que je compte me raconter dans le dernier tiers de la course, quand il faudra se motiver sérieusement pour garder le rythme. Le 14ème kilomètre est atteint en 59'53, pile dans les temps, mais j'ai subitement les jambes lourdes, et l'impression de ne plus avancer. Encore un km en 4'18, mais le rythme moyen entre le 15ème et le 20ème est descendu à 4'30. Je n'y comprends pas grand chose et décide de laisser passer ce moment de faiblesse en espérant qu'il ne durera pas. Combattre pour maintenir le rythme de 4'15 serait possible, mais à quel prix ? Si c'est pour terminer à 6' au km, ce n'est pas la peine...

C'est à ce moment là que je rattrape une femme minuscule. De dos, j'ai de la peine à y croire ; légère, elle avale le pavé dûment chapeautée par son malabar de père, dont on dirait qu'il court à son allure 24 h, et qui va lui chercher des gobelets aux ravitaillements. Quand je la double, je remarque qu'elle est en fait très jeune. J'apprendrai plus tard que cette jeune Allemande, Jule Assmann, a 13 ans. Elle ne semble pas spécialement marquée, et ne le sera guère davantage quand elle franchira la ligne d'arrivée après 3h10 d'effort. Je l'applaudis en la doublant et je gagne un sourire.

La passage au 20ème km me requinque et les 5 km suivants sont courus en 4'20. Le passage au semi, en 1h31'21, ne serait pas mauvais si j'étais encore frais, mais j'ai un peu peur pour la suite. Jusqu'au 35ème, je vais faire l'accordéon avec moi-même : ça va mieux pendant quelques kilomètres, puis à nouveau moins bien, etc. Le dîner mal
digéré de la veille m'oblige à perdre 1 à 2' dans l'une des cabines vertes qui jalonnent le parcours.

Après le 30ème, je croise quelque coureurs élite qui en sont au 39ème,
l'occasion de les applaudir en passant, mais ils sont tous trop occupés pour me saluer. L'un d'entre eux marche, un lièvre sans doute. Je passe à côté de haut-parleurs. Cette fois, c'est la radio, qui diffuse en direct l'arrivée. C'est Mrikik Lahoucine qui l'emporte, record de l'épreuve à la clef en 2h08'20. La radio me booste. Je ne suis certes plus très frais, mais l'admiration dans laquelle me plonge ce que réalisent ces coureurs me donne envie d'accélérer. Je courrai ainsi 2 km sans même y penser. Je croise aussi Morimoto Tomo, la future vainqueur en 2h24'33, qui se classe juste derrière Mohammed Ouaadi, qui a craqué au 30ème.

Nous rentrons ensuite dans le jardin du Prater, avec deux allers-retours qui sont l'occasion de croiser et d'encourager des copains de club. L'un d'entre eux sera crédité de 3h01. Pas mal, à ceci près que sa montre indique 2h58 et qu'il est convaincu qu'il y a eu un décalage de 3' au départ... Comme je me sens assez bien, je me résous à accélérer à partir du 35ème pour aller chercher quelque chose dans les 3h05. Gérer, c'est bien, mais bon. Hasard ou pas, le
gros coup de barre arrive juste après le km 34. Je pourrais lutter pour battre mon record, qui n'est que de 3h09, mais la volonté me fait alors défaut. J'étais prêt (enfin, en principe) à me faire violence pour aller voir vers les 3h ou un peu plus, 3h05 au maximum, mais ce record ne me tente pas plus que ça. Et Séné arrive dans 3 semaines, ce qui constitue une deuxième excuse en bois... Du coup, 4'55 de moyenne sur les km 35-40, et la petite Allemande me reprend . Malgré les jambes dures, j'ai en fait un peu de réserve, et je réaccélère sans grand conviction à partir du km 40 pour finir en 4'48, puis 4'33 et 49"... quelques dizaines de mètres devant Jule Assmann, dont le père a entre-temps été disqualifié je ne sais pourquoi.

Retour à l'hôtel pour deux heures de récupération en piscine et sauna. Massage professionnel qui fait beaucoup de bien. Au final, je suis satisfait d'avoir récupéré une condition physique convenable et d'avoir recouru sous les 3h10 (3h09'49, 507ème sur 5500). D'autres objectifs m'attendent cette saison. L'entraînement a aussi porté
ses fruits. En revanche, je ne peux être content de la course, où il m'a manqué la volonté de me rentrer dedans, même si je ne comprends pas pourquoi j'ai alterné les hauts et les bas si tôt. J'ai à peine mal aux jambes le lendemain, et ce n'est pas normal. Si Millau se passe bien, il est tentant d'envisager un marathon en fin de saison, à Florence, par exemple.

3 commentaires

Commentaire de patate posté le 08-05-2006 à 19:10:00

Guy
Bravo guy pour ton marathon, il faut tout de meme relativiser ta déception. Tu as fait 3H09 pour un marathon préparé certes mais déjà avec SENE en point de mire, donc je trouve moi que c'est une bonne performance qui laisse envisagé, je l'espère en tout cas pour toi, une bonne année sportive. Juste un bémol, pourquoi as tu sauté le premier ravito?? cela peux peut etre expliqué une partie de ton passage à vide au début du marathon?
Bravo mon guy et au plaisir de rencontrer enfin
Noel

Commentaire de le squale posté le 08-05-2006 à 21:51:00

super guy ça va booster à séné
bravo à toi c est quand meme une trs bonne perf...
bonne récup....
a+
vincent

Commentaire de speednandou posté le 10-05-2006 à 21:30:00

bravo guy!nous etions sur le meme marathon dimanche a vienne!j'ai juste mis 1h de plus que toi!ce n' est pas une course tres connue et je trouve cela dommage car sans en avoir les inconvenients on a l' impression d'etre sur un grand marathon du point de vue de l' organisation!j' ai bien aime le parcours ;j'ai reussi a tenir l'allure prevue (je voulais faire 3h55)mais je n'ai pas compris pourquoi j' explose au 40è!j'ai perdu 10' a la fin;pourtant je l'ai trouve sans grande difficulte voir meme assez roulant!sinon cela reste pretexte a la decouverte de la ville ;nous sommes restes 5 jours pour un prix honnete ;)dans un hotel sympa et bien place!pour ceux qui le souhaite je donnerai mes infos!et maintenant repos!

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