Récit de la course : Marathon de New-York 2016, par annapnée

L'auteur : annapnée

La course : Marathon de New-York

Date : 6/11/2016

Lieu : New York (Etats-Unis)

Affichage : 1502 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

4 commentaires

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Marathon de New york 2016


Année exceptionnelle, marathon exceptionnel...
Le marathon de New York, c'est le Graal...sur bitume!
Et mon 2ème "objectif"de l'année après le Marathon du Mont-Blanc en Juin.

Un rêve peu original mais un rêve quand même!

Je n'avais pas couru de marathon depuis Avril 2014 à Paris où j'avais récupéré au vol le dossard de David alias ILGIGRAD blessé 3 jours avant le départ, une semaine après mon petit Ecotrail (30km) et...2 semaines avant The Trail (38km). Pas totalement lucide donc...
Bilan des 3 courses: tendinites récurrentes pendant 1 an et demi jusqu'au début de la prépa NYC...J'opte donc pour un plan d'entraînement soft sur 8 semaines: pas de séries en côtes, pas de fractionné VMA 100 mais une larme quotidienne de PPG et des Brooks aux pieds...éternels remerciements à Agnès Duhail. 


Les séances  s'enchaînent bien pour moi mais Ilgigrad enchainant les courses plus que les entraînements se blesse à J-10 :-(

Arrivés à NYC, je pars tôt le matin repérer les fameuses montagnes russes de Central Park en courant...et ...c'est pas si terrible quand on est habitués aux Buttes Chaumont. C'est plutôt rassurant!

En revanche, comme tous les touristes,  l'envie de marcher des heures dans la ville est irrésistible à J-2. Il vaut presque mieux arriver la veille de la course pour ne pas ruiner des semaines d'efforts réguliers.
Bilan: grosse fatigue, douleur au genou assez vive, aie!
J'ai du mal à me motiver pour aller au "Marathon Eve Dinner" dans central Park mais ça fait partie de la fête,  donc on y va à pied...en boitant...
Super organisation du dîner, nourriture buffet en plein air, bière à volonté,  musique à fond, ambiance clubbing...pas très running!



Allez on traine pas! Au lit,  pour un réveil à 5 heures et départ en bus à 6h30 pour Staten Island.


Reste à régler 2 petits détails techniques: l'alimentation et le froid.
Les ravitos américains sont liquides et sans solides, les sacs à dos interdits...pas de pique-nique possible...privée d'un de mes petits plaisirs en course, aie!
Pour compenser, je prévois... 3 (oui 3) petits déjeuners:  6h fruits+ thé - 8h pain (sans gluten forcément ) + café et 9h30 ( barre et petite banane) pour un départ 10h15 uniquement avec mes (fameuses ) graines !
2 eme point noir, l'attente dans le vent et le froid, ayant vu moultes vidéos de coureurs transis de froid pendant les 3 heures précédant le départ, je pars avec une tenue digne de l'Everest pour que mon f... syndrome de Reynaud  ne me joue pas de tours (doigts gelés...).
Problème réglé très vite entre le bus transformé en sauna à 31° (clim cassée) et l'arrivée avec une température au-dessus des 10° dès 8 heures, ciel bleu, soleil, le bonheur, mon millefeuille polaire jeté  !

Nous débarquons donc sur l'immense base militaire où l'organisation est parfaite: fouille rapide, toilettes nombreuses, multiples stands café/thé/chocolat chaud et les fameux donuts ( mais qui mange un donuts avant de courir???) , gels à gogo (qui prend encore des gels en courant? :-) )


Même si la comparaison est douteuse, on dirait un vaste camp de migrants: tout le monde est assis par terre sur des cartons ou allongé sur la paille disposée à cet effet sous le soleil.

Je m'allonge 2 minutes pour profiter de ce moment cool mais David/ Ilgigrad stressé par sa blessure rejoint très vite son "corral"de la vague 1 pour se concentrer (je sais, je parle trop...).
C'est vrai que globalement, l'ambiance est au recueillement , pas de pitres, ni de musique si ce n'est l'hymne américain chanté a capella avant chaque départ de vagues dans un silence religieux. On n'est pas là pour rigoler...
Je rejoins mon corral qui me permet de partir en début de vague 2...les gens ont l'air "normaux" (pas comme au marathon du Mont-Blanc, où le profil du traileur moyen est plus genre super warrior ultra-affuté/suréquipé/ regard d'acier  foudroyant), là c'est plus cool!

L'émotion monte quand on nous fait avancer vers la ligne de départ encadrés d'une rangée de militaires en treillis marchant à reculons main dans la main, nous fixant droit dans les yeux... Waouuh..on n'est définitivement pas là pour rigoler!!! 

Quelques frissons plus tard sous l'incessant ballet des hélicos, c'est "Apocalypse now", le départ est donné étonnamment fluide et tranquille à l'assaut du Verazano un peu venteux!
Je regarde ma montre et me dis qu'elle déconne encore, je ne m'enflamme pas tant que ça, drôle de sensation d'être portée ( par l'euphorie surtout) comme sur un tapis roulant. 


La douleur au genou s'est envolée, les 2 miles du pont passent très vite avant l'entrée dans Brooklyn.
Et là, c'est le délire de la foule incroyable, juste géniale, l'effet "tapis roulant" voire "volant" (!) va continuer un peu...en plus des encouragements, les gens ont des centaines de panneaux avec des slogans plutôt drôles "Run faster, Beyonce is on the finish Line" " Hillary is ahead, run, Trump is coming behind" (!!!), "Do not read, run'" etc...Les coureurs ont aussi customisé leurs T-shirts et/ou courent pour une bonne cause, peu de déguisements, à part qq filles vertes en statues de la liberté assez réussies...bref on est éberlué, pas le temps de s'ennuyer, le 1er semi à Brooklyn passe relativement vite (1h56) et bien!  
Je suis dans les temps pour l'objectif "haut" sous les 4 heures mais le plus dur est à veniŕ, les difficultés ne font que commencer niveau parcours et fatigue...je sens des crampes dans les pieds, marre de ma boisson Isostar trop sucrée, besoin de boire de l'eau, un écœurement progressif mêlé de fatigue...


Arrivée dans le Queens, je décide de marcher quasi tous les 2 miles pour boire de l'eau au ravito, cela me fait du bien pour relancer mais va devenir une (mauvaise) habitude jusqu'à la fin...
et puis j'ai honte de le dire mais...2 millions et demi de personnes hurlant dans les oreilles sur presque 42 km, cela fatigue aussi!! 
A un certain stade et volume sonore, on attend les ponts pour savourer le silence! 
Du coup, malgré la montée sans fin, j'ai bien aimé la traversée du Queensboro bridge, paisible avec les skaters à fond sur la moitié du pont désert...Pas croisé Ilgigrad/David, à ce niveau c'est bon signe, il a dû retrouver sa jambe et tracer, je suis contente!


Retour à Manhattan au 26eme km sur la first Av, bizarrement, je ne sens plus si ça monte ou si ça descend mais ce n'est plus l'effet "tapis roulant" juste le manque de lucidité, j'ai faim (toujours) de salé...et le seul ravito solide, ce sont des gels ...beurk!
Maintenant je m'arrête aussi pour manger mes graines! C'est  aussi le moment des ravitos sauvages, les gens ont des dizaines de bananes, des boîtes XXL de bretzel, du chocolat!! Vraiment sympa ce public quand même!!
Au ravito liquide, c'est le slalom entre les gobelets qui jonchent le sol, le Gatorade qui colle aux semelles, pff....pas très eco responsable tout ça!

Côté chrono, 2.53.50 au 30eme km pas trop mal si mon état n'empire pas, ce sur quoi je ne parierai pas un gel...
Petite boucle dans le Bronx, plus industriel (donc plus calme) , cela me plait bien avant le retour définitif à Manhattan!

YES!!!! 35eme km...Petit cri de joie, ptit saut (autant que possible),  j'en bave car les crampes arrivent dans les mollets sur la 5eme AV...euh...3h29 au chrono, grosse dérive...les 4h sont loin derrière, 4h15 pas gagné vu mon état...allez je m'oblige à trottiner jusqu'à la fin maintenant...mais les coureuses me doublent en me frôlant (beaucoup d'hommes marchent là ) et le moindre écart peut être  fatal niveau crampe, je dois garder l'équilibre pour ne pas sentir l'éclair!! Bizarrement pas un seul instant,  je ne me suis demandée ce que je faisais là (éternelle question du coureur forcément un peu maso),  l'ambiance? Le soleil? Sûrement les deux! 

Pourtant la descente (?) vers Central Park est interminable, les blocks sans fin, où est la 67eme?

Rentrer dans Central Park  est un grand bonheur, pas vu de montagnes russes d'ailleurs...manque total de lucidité définitif!  


Je souris encore en voyant les panneaux du style "Free beers and SEX on the finish line" mais vois  aussi des gens vomir...moins drôle!

Allez,  c'est la 67eme qui n'en finit plus avant la montée finale (ça j'ai bien senti!)


Yes!!! 4h19, c'est pas terrible mais je suis trop contente de pouvoir marcher et plus courir! Pas question de s'arrêter, la sécurité veille à nous faire dégager et  vite... Ce sera le seul point négatif de cette organisation Archi-rodée, l'arrivée: les gradins quasi-déserts, pas de musique, pas de ravito (un ptit sac à dos: pomme, Gatorade, barre, eau) et...marcher comme un zombie un 2ème marathon pour sortir du parc!


J'essaye en vain de retrouver Ilgigrad/David au point de RV fixé devenu inaccessible (contrairement aux renseignements pris la veille) Argh...!! Tant pis,  je retourne encourager les coureurs en fin de parcours...(je n'aurais jamais, jamais imaginé pouvoir voir l'arrivée de David là...il a dû arriver plus ou moins à ce moment ). Mais cela fait du bien de passer de l'autre côté du rideau!
Je rentre donc à l'hôtel transie de froid, cette fois, bien emmitouflée dans un "magnifique" poncho finisher. Les nombreux policiers m'adressent des "Congrats!" Les spectateurs, des centaines de "You did a great job"!

Great, non,  mais c'est fait, sous le soleil et avec qq jours de recul... il ne reste que les bons souvenirs...vivement le prochain!



4 commentaires

Commentaire de Vik posté le 12-11-2016 à 19:51:37

Amusant de lire ce genre de chose... qui n'est définitivement pas pour moi !
Quelle horreur :-) ! Mais visiblement tu ne t'es pas laissée faire face aux crampes et ça t'as plus, très bien !
Bon par contre faudrait que tu dresse mieux David à être sage ;-) !

Commentaire de annapnée posté le 12-11-2016 à 20:34:02

Disons Vik, que c'est autre chose le bitume et bien de varier les sensations...après mon "prochain" rêve sera un marathon genre...marathon des Causses ou plus...et une course à la frontale toujours pour varier les plaisirs!
On verra mais ce sera le retour aux fondamentaux, suis 200% d'accord! Et pour notre Ilgigrad, il n'est pas dressable, ça doit se voir quand même :-)

Commentaire de Papakipik posté le 13-11-2016 à 19:34:35

Vik exagère, y a un peu de dénivelé qui pourrait lui convenir ;-)
Ce marathon est assez exigeant, c'est toujours un plaisir de lire de nouveaux CRs, félicitations pour ta course !

Commentaire de annapnée posté le 13-11-2016 à 22:31:43

Merci Papakipik!! Bonne prochaine course!

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