Récit de la course : Trail de Grésigne - 24 km 2017, par jedaf

L'auteur : jedaf

La course : Trail de Grésigne - 24 km

Date : 25/6/2017

Lieu : Puycelci (Tarn)

Affichage : 810 vues

Distance : 21km

Objectif : Terminer

1 commentaire

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Pas d'autre récit pour cette course.

A la découverte des Verriers, les 21 kilomètres de Puycelsi

Quand j'ai pris connaissance de l'existence, ce 25 juin 2017, du 1er trail dans la forêt de Grésigne, près de la belle cité de Puycelsi, mes oreilles de coureur des bois se sont dressées comme celles d'un élu à la perspective d'un second mandat.


Une belle petite forêt, à la périphérie de Toulouse, un beau dimanche de juin, tranquille, pépère, on va aller montrer ses belles affaires de coureur toutes repassées et parfumées au Caline senteur cèpe frais.
Bien sûr, la petite mention « 24 km » m'a laissé penser qu'il convenait quand même de favoriser, le samedi soir, les pâtes au beurre arrosées à l'eau plutôt que le cassoulet agrémenté d'un Gaillac de derrière les fagots.
La lecture en fond de ligne du chiffre « 1000+ » m'a quand même un peu inquiété. J'en ai fait part à mon fils qui m'a dit, l'air un peu surpris :  « Tu es sûr, papa, de vouloir le faire ? 1000 m de dénivelé positif sur 24 km, ça commence à être sérieux. » Je lui ai répondu : « Si on grimpe 1000 m cela signifie que l'on va redescendre 1000 m pour regagner le point de départ et en vertu de la très scientifique loi de la conservation de l'énergie, 1000+ et 1000- cela donne 0 énergie dépensée au final. » C'est mon fils, il a fait le GRP, la SaintéLyon et j'en passe mais je suis son père et on ne revient pas là-dessus, d'autant plus que je suis titulaire du titre de finisher du trail du Cassoulet de Verfeil (et aussi quand même du Forestrail mention 24 km) Ce n'est pas rien !


Je nous ai donc inscrits tous les deux. D'autant plus qu'une petite heure de route quand on commence à 9 heures c'est quand même moins contraignant que deux ou trois heures quand le départ est fixé à 7 heures. Me voilà donc inscrit chez les M3H à côté de Nicolas, mon fils, qui a prévu pour moi les rations survitaminées et la caméra vidéo pour faire rire la famille le soir de Noël.

Le site est de toute beauté. Puycelsi, juché sur sa colline, est entouré d'un paysage vallonné, égayé par un soleil estival qui, ce jour, et c'est une chance par rapport aux 36° des semaines précédentes, promet d'être clément.


Nous garons le véhicule dans un chaume vers lequel nous sommes efficacement guidés puis nous gravissons une première fois la côte jusqu'au village pour aller retirer nos dossards et nos pochettes surprises. Le tee shirt est très réussi. Nous redescendons, nous remontons jusqu'à la ligne de départ. Je suis déjà fatigué.
Pour une première édition, on bénéficie vraiment d'une organisation bien pensée. La suite de la course nous confortera dans cette opinion. Bravo les organisateurs !


A 9 heures presque pétantes on nous asphyxie avec un fumigène vert qui colle aux bronches. ça fait partie de l'épreuve. On cherche à créer des abandons prématurés, sans doute pour économiser des casse-croûtes aux points de ravitaillement.
C'est parti ! En petites foulées nous faisons le classique tour d'honneur dans Puycelsi puis nous longeons des prés ensoleillés avant de traverser le typique village de Larroque puis de rentrer dans les bois que nous ne quitterons presque plus pendant les 24 km de la course.
Celle-ci se caractérise par beaucoup de monotraces serpentant dans la forêt souvent en légère déclivité ce qui permet une course agréable. Les dénivelés positifs eux sont le plus souvent violents et nous obligent à passer au pas.  Pour totaliser 1000 m ils sont nombreux et finissent par casser les jambes. Jusqu'au kilomètre 15 je gère assez facilement ces montées, d'autant plus que Nicolas avait apporté des bâtons et m'a incité à les utiliser, ce que je n'avais encore jamais fait en course. Effectivement le gain est considérable, l'aide apportée soulage grandement les cuisses qui n'ont plus à supporter l'intégralité de l'effort dans les raidillons. Il convient simplement de veiller à ne pas lever trop les bâtons vers l'arrière pour ne pas éborgner le vilain concurrent qui profite du trou d'air créé par votre course pour se glisser dans l'aspiration et devant pour ne pas les planter dans les talons de l'effronté qui vous précède.
A partir du kilomètre 15, je commence à souffrir de deux maux complémentaires : d'abord un mal aux cuisses augmentant, essentiellement en descente, et dans les mêmes circonstances de terribles douleurs aux deux gros orteils qui ont la fâcheuse manie de buter sur l'avant de la chaussure à chaque pas de chaque descente. Oh ! Je vous entends sourire dans votre barbe :  « Il n'avait qu'à acheter une pointure au-dessus. » C'est ce que je viens de faire la veille de l'écriture de cet excellent récit. Avec l'aide d'un vendeur compétent, j'ai acheté des chaussures mieux adaptées. Vous allez voir l'année prochaine.


C'est terrible d'assumer toutes les côtes avec le courage et l'obstination qui me caractérise et quand on arrive au sommet et qu'il ne reste plus qu'à se laisser aller à dévaler à travers bois, d'être contraint de descendre pas à pas en se crispant de douleur à chaque posée de pied.


Le premier ravitaillement est au kilomètre 7. Je pense avoir dit à l'un des serveurs d'eau que je l'aimais. A quoi ça tient !
Le second ravitaillement est à peu près à 15 km. Je cours un peu plus vite car il est signalé par un panneau où il est inscrit : « Attention. Chasse au gros gibier. » Un grand lapin blanc me sert à boire.
Les derniers kilomètres ne me paraissent pas très longs finalement car j'ai tellement mal aux orteils que cela me garde l'esprit occupé. Et mon fils, comme à son habitude, court devant, me laisse le rattraper. Il filme. « Tu ne vas pas abandonner maintenant ? » me dit-il. « Ne t’inquiète pas. Il est hors de question que je ne finisse pas. » Il ajoute  : « Tu sais quand on fait 25 km on peut en faire 10 de plus. » Il en a fait 80, il ne voit pas forcément beaucoup d'inconvénient à en faire 100. Le pire est que je partage son avis, c'est le premier pas qui coûte. Le plus dur dans un trail, c'est le trajet en voiture. C'est là le plus fatigant et le plus risqué.


Au cours d'une monotrace vers le kilomètre 20, j'entends un bruit derrière moi, instinctivement je me décale. Je suis tellement dépassé que cela est devenu de l'ordre du réflexe conditionné. Nous sommes près de 300 coureurs au départ des Verriers, j'ai bien dû me faire dépasser par 500 coureurs. Certains j'en suis sûr ont déjà fait plusieurs tours. J’entends alors une voix angoissée : « Non, je ne veux pas doubler. Je suis cramé. Marcher me va très bien. » Surpris, je me retourne et effectivement, le coureur derrière moi semble vraiment épuisé. Mes orteils et moi nous reprenons notre petit trottinement obstiné quand, quelques instants après, j'entends un grand bruit d'étalement. Mon fils fait demi-tour. Le coureur s'est vautré en travers du chemin. Le temps pour lui de réunir ses différentes pièces : « Je le sentais, j'ai eu deux crampes en même temps. » On lui propose notre aide qu'il refuse disant qu'il peut continuer à petite allure et nous continuons notre chemin.
Par une trouée à travers les frondaisons on aperçoit Puycelsi fièrement érigée sur la colline. A moins de 2 km à vol d'oiseau nous susurre doucement le GPS. A condition de descendre dans la vallée et de remonter l'autre versant corrige notre raison. Et notre raison a eu raison. « Ils auraient pu construire un viaduc. » commente, dépité, un concurrent harassé.
Je marche en grimpant. C'est rude. Mes bâtons m'aident bien. Je dépasse une jeune fille qui ahane sévèrement. Elle souffre, elle souffle, elle meurt. Fier, je double, l'air de celui qui domine la situation. Arrivé au sommet, je reprends mon rythme de sénateur, les orteils en feu mais les oreilles au vent. J'entends un ahanement bien connu, un souffle de haut fourneau déjà entendu et je vois la coureuse qui me dépasse péniblement. Ah ! Les femmes ! Je ne l'ai pas revue.


Les raidillons sont équipés par partie de marches constituées de billots de bois arrimés au sol et retenant la terre. La montée y est pénible mais les descentes sont terribles pour des pieds douloureux et des cuisses enflammées, ces marches sont un calvaire. Nous passons plusieurs ponts de bois enjambant des ruisseaux à sec pour la plupart. La végétation souffre, quelques pluies seraient les bienvenues. Ce même parcours de nuit en hiver pourrait être extraordinaire et d'une autre difficulté. Messieurs les organisateurs, ne dites pas que vous n'y avez pas pensé.
Nous sommes dans la vallée, il ne reste plus qu'à grimper (en marchant) jusqu'au cœur du village pour être acclamé par la foule en délire. Nous passons à côté du parking où notre voiture est garée. « On la prend ? » me disent mes orteils. Non, cela ferait mauvais effet.
Là, on retrouve le sadisme des organisateurs qui nous font faire des tours et des détours pour que l'on aborde le village par l'autre face. Il y a peu de chance qu'il y ait un sprint final vu la déclivité avant le podium. Je finis quand même en courant, je suis heureux. J'ai soif.


Je finis 207ème sur 260. Il y a 6 abandons et j'ai mis 3 heures 39 minutes.
Nous avons bu deux bières cul sec.


Petite leçon d'optimisme pour tous ceux qui comme moi mettent des temps nettement supérieurs aux premiers (le vainqueur a mis 2 heures 11 minutes)
Messieurs :

  •     Nous en avons pris pour notre argent. C'était tellement agréable que nous avons préféré courir longtemps.
  •     Pourquoi gâcher son plaisir en se débarrassant, somme toute inconsidérément, d'une si belle course.
  •     Dans tous les cas nous nous retrouvons tous ensemble auprès d'une bonne bière.

Merci les organisateurs, pas de faute, très bonne organisation. A l'année prochaine avec du 42 cette fois-ci.

1 commentaire

Commentaire de Kashmir57 posté le 03-07-2017 à 19:10:09

Merci pour ce récit tres humoristique de tes " déboires " ....Les pieds vont bien ?

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