Récit de la course : Treg - Ennedi Trail 2018, par leptitmichel

L'auteur : leptitmichel

La course : Treg - Ennedi Trail

Date : 31/1/2018

Lieu : Ennedi (Tchad)

Affichage : 1071 vues

Distance : 180km

Matos : Cf fiche équipement sur mon site

Objectif : Terminer

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Pas d'autre récit pour cette course.

Le TREG 2018… De sable de vent et de roche

Le CR de La course

Le TREG 2018… De sable de vent et de roche


Tout est parti de là !

Que de raffut dans ce Spartan de l’armée de l’air tchadienne, mais ce vol entre N’Djamena, la capitale du Tchad, et Fada, au nord-est du pays fait partie intégrante de notre entrée en conditions dans l’univers du TREG.

Dire que sur les éditions précédentes il fallait une journée de 4x4 pour rejoindre le camp de base du TREG, avec toute la fatigue que cela peut engendrer. Depuis 2 ans, c’est l’armée de l’air qui assure une rotation avec deux avions, un ATR pour une partie de l’équipe (coureurs et organisateurs), et le Spartan pour la seconde partie de l’équipe ainsi que le fret. Par contre avant d’en arriver là il s’est passé plusieurs années.

Tout cela a dû commencer je pense après la première édition du TREG en 2014 Les photos diffusées alors après la course montraient des paysages tout à fait extraordinaires. Le genre de photos dans lesquelles projetez et où vous vous dites, il faut que j’y sois !

J’ai connu ça il y a longtemps, très longtemps, avant de me lancer sur mon premier ultra trail. C’était en septembre 1993, la première édition de ce qui s’appelait alors le Supermarathon du Verdon s’était déroulée pendant l’été, et dans Jogging International, un reportage m’avait interpelé, pour ne pas dire perturbé. Avec des images de coureurs dans des paysages qu’on avait l’habitude de voir en vacances, mais pas en course.


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Ce jour-là je me suis dit, je dois y aller… A l’époque je ne faisais que de la route, et un marathon par an maximum, mais peu importe il fallait que j’aille dans ces photos. Rien de rationnel dans tout ça, juste un appel.

9 mois plus tard, avec Serge, Marc et Dany, 3 potes de club, on était au départ de ce qui allait être notre premier trail et de notre premier ultra. Pas d’équipement spécifique, pas de chaussures de trail, pas de sac à dos, ni de couverture de survie… Non rien …

Juste une tenue de coureur sur route, short, débardeur, casquette chaussures de route. L’insouciance d’une activité qui débutait en France, le Trail.

Première partie de la course, et au bout de quelques kilomètres, je me retrouve là où la photo que j’avais en tête depuis un an a été prise… Puis d’un seul coup, je passe de l’autre côté. Je ne regarde plus la photo dont je rêvais, je suis dans la photo, en fait je suis la photo…

Retour en 2014, pratiquement 20 ans après cette première expérience troublante, voilà que cela recommence. Pourtant entre temps, j’ai eu l’occasion de faire pas mal de courses, de tous types, toutes distances, dans tous les environnements, mais même si j’ai eu l’occasion de voir des choses absolument formidables, jamais un appel de ce genre ne s’était manifesté à nouveau.

Et là, une simple photo d’un coureur dans ce massif de l’Ennedi, paysage minéral mélangeant roche et sable, mais à une échelle presque humaine.

Pendant les années qui vont suivre cet appel va perdurer, progressivement renforcé par les contacts avec Jean-Philippe Allaire, l’initiateur de cette course. Soirée de présentation, bonne bouffe, concert, et même un ultra trail !

Comme tout n’est pas toujours aussi simple qu’on le souhaiterait, certains freins apparaissent, les deux principaux étant le budget et bien sûr la question de la sécurité.


Vue de France aller courir au Tchad dans une région bordée au nord par la Libye et à l’est par le Soudan peut paraitre un peu irresponsable. Et il serait probablement anormal de ne pas se poser la question (la politique de l’autruche n’a jamais réduit les risques). Mais sur ce point les réponses sont claires et précises. Sans refaire le film, la zone n’est concrètement pas plus dangereuse que la plupart des autres régions du monde. Un mode de vie différent, une histoire récente parfois troublée, mais depuis quelques années maintenant, le niveau de stabilité de cette partie du Tchad est tout à fait satisfaisant.

L’aspect budget va se régler de lui-même… Le temps de me décider à y aller, je vais avoir l’occasion de remplir la cagnotte nécessaire à cette aventure.
Après tout ce temps d’attente, la décision de franchir la ligne est prise. Ce sera pour l’édition 4 en février 2018.


Dimanche 28 janvier 2018 - Objectif N’Djamena

Rendez-vous est pris à 13h à Roissy Charles de Gaulle pour y retrouver Caroline, la femme de Jean Philippe ainsi qu’une bonne partie des concurrents et des bénévoles.

On récupère un carton de « fret » que nous allons prendre avec nous pour le vol entre Paris et N’Djamena, située dans le sud du pays. Un peu plus de 6h de vol direct, puis une arrivée dans la capitale. Le temps de régler les formalités, de sortir de l’aéroport, d’aller à l’hôtel, la journée est bien entamée, pour na pas dire proche de la fin.

On est hébergé au Radisson Blu, un hôtel tout neuf (il a à peine 6 mois) avec de très belles chambres

A peine le temps de poser nos bagages qu’on nous annonce un premier briefing prévu à… minuit !
«- Heu mais on aimerait bien aller dormir nous ! »

Quelques rappels sur l’agenda prévu sur les jours à venir, ce qui permet de se plonger quelques instants dans le tracé de cette édition 2018

La course se fait dans le sens inverse des années précédentes. Vu le caractère technique évoqué sur la liaison CP1-CP2, il est prévu que nous fassions tous ce secteur de jour. Le camp de base est donc déplacé plus à l’est que les années précédentes. Le reste du parcours va nous faire passer par les principaux sites naturels de la région

Suite du briefing… Pour arranger le tout on apprend que la nuit sera courte car les premiers vont repartir de l’hôtel à 5h00 du matin, les autres deux heures plus tard. Par chance, je suis dans le second groupe, et Philippe, avec qui je partage la chambre également. C’est toujours ça de pris.

Lundi 29 janvier 2018 - Découverte du camp de base

Après une bonne et courte nuit, un petit déjeuner avec œuf, bacon, pain, fromage, croissants, on retourne direction l’aéroport de N’Djamena.

Là on récupère le Spartan, l’avion de transport de l’armée de l’air tchadienne. Le fond de l’avion a été chargé avec les bagages et le fret, et les coureurs se casent sur les superbes banquettes en filet, méga confortables… enfin probablement confortables quand on est en tenue de saut en parachute…

Pendant le vol on est même autorisé à passer dans le cockpit, et même pour certains à prendre la place du copilote

Dans l’avion je suis à côté de Sébastien. Ce n’est pas n’importe qui dans le monde trail Sébastien. Un CV de coureur long comme mes deux avant-bras mis l’un derrière l’autre, et quelques jolies victoires et podiums comme sur le Lybian Challenge ou l’UTMB pour ne citer que celles-là. Un prétendant à la victoire sur la course, et probablement une place de perdue pour moi au classement général ;-)

En fait de façon plus générale, il y a sur cette course pas mal de connaissances. C’est assez drôle mais sur cette course on retrouve toute une équipe de personnes qui étaient sur l’Ultra Trail de la Plage Blanche en mai dernier au Maroc, course organisée par Cyrus qui cette fois-ci vient en tant que coureur, mais sur laquelle était venu courir Jean-Philippe, organisateur du TREG.


On retrouve donc comme ça Cyrus, Katia, Pascale, Maître Guy, Frank et Xavi. A cette liste viennent s’ajouter Christine, Philippe, Dominique et Bernard, deux coureurs connus sur la Trans 333 il y a quelques années, et bien sûr pas mal de concurrents avec qui j’aurais l’occasion de faire connaissance plus tard

Après environ 2 heures de vol, le Spartan se pose sur la piste de l’aérodrome de FADA. Enfin je dis Aérodrome, parce qu’il faut bien le nommer, mais en fait c’est une piste de cailloux, avec juste une petite cabane (fermée). Même en mode panorama 360° on peut toujours essayer de chercher le duty free shop, la buvette ou ne serait-ce qu’un coin d’ombre.

Là commence l’opération de déchargement de l’avion et le transfert dans les pickups qui vont nous emmener au campement. C’est parti pour 3 heures de 4x4 dans le désert pour rejoindre le camp de base de la course situé à… j’oserais dire au milieu de nulle part. Le trajet se fait sans encombre et nous permet de profiter des paysages qui déjà s’annoncent majestueux. Rien qu’avec ce que nous voyons actuellement la promesse semble tenue.

La fin de parcours nous permet de découvrir le village qui sera notre base de vie pendant toute la semaine. Il s’agit d’un ensemble de Yégué, installées en cercle à la façon des chariots dans les westerns

Avec au centre un grand espace couvert qui sert de pièce de vie commune

A l’extrémité du campement se trouve toute la partie cuisine et réserve, car il faut quand même nourrir les 45 coureurs, le staff d’organisation et les tchadiens pendant toute cette semaine.

Les Yégués sont affectés, comme ça pas de bousculade. Je vais partager le mien avec Christine, Guy et Philippe.

Ce sont des sortes de cabanes construites sur une ossature réalisée avec des branches mortes sur lesquelles on place des nattes tressées. Simple, efficace, résistant aux vents qui soufflent par là-bas et dans lesquelles il règne toujours une température agréable.

Tout le village a été monté par une communauté de femmes de la région en à peine deux semaines. Un gros boulot.

Côté hygiène, on dispose à l’extérieur du village de douches et de toilettes. Là encore tout est monté de la même façon, branches + nattes, avec une structure en spirale permettant un peu d’intimité.

Pour les toilettes ce sont des toilettes sèches, simples et efficaces.

Pour les douches, c’est un retour à une technique que je n’avais pas utilisée depuis longtemps... Un fond de douche réalisé dans un vieux fût métallique, un seau d’eau, et un gobelet pour s’asperger. L’eau est bien fraiche le matin, un peu plus douce en fin de journée.

L’eau étant rare, on nous demande bien sûr de l’économiser, et donc de prendre une douche lorsque cela est nécessaire (comprenez, quand vos voisins de Yégué vous font remarquer que vous sentez fort !).

Lundi en fin d’après-midi, petit briefing du boss avant de passer à la première étape sérieuse : l’apéro ! Hé oui, chaque midi et chaque soir, avant le repas il y a un rituel appelé apéro ;-)

Va s’en suivre un repas dont l’organisation restera la même toute la semaine. Plusieurs grands plats contenant suivant les jours du riz, des pâtes, des lentilles, du ragout de pommes de terre, des légumes cuits, de la soupe et de la viande. Un service dans des assiettes en alu (pas de plastique), et on va déguster ça sous la tente commune.

Cette fin de première journée sera rapide. Ici la nuit tombe vers 18h00, et vue la journée fatigante, je suis couché à 20h00.


Dès que le soleil disparait, avec le vent du soir, il fait tout de suite frais dehors. Je supporte largement un sweet et une veste. Pour la nuit, j’ai pris mon duvet Lafuma. Je pense qu’il sera suffisant car il est prévu pour des conditions normalement bien plus difficiles qu’ici où la température ne devrait pas trop descendre sous les 10°.

Je pense qu’il m’a fallu environ 1mn15 pour m’éteindre complétement.

Mardi 30 janvier 2018

Vers 6h30 je suis réveillé alors que le jour est à peine en train de se lever. Ça fait quand même une bonne nuit de pratiquement 10h, preuve que j’étais bien claqué.

J’enfile mon sweet et ma veste. Tant que le soleil ne se montre pas, la température est comme la veille au soir un peu frisquette.

Le temps de prendre pied dehors et je vois que pas mal de gens sont déjà au buffet du petit déjeuner.

Le planning de la journée prévoit essentiellement les contrôles techniques et médicaux, des briefings, un test grandeur nature de l’utilisation des GPS et bien sur la préparation de nos sacs pour le départ prévu demain matin à 7h00.


Je décide d’évacuer rapidement la partie contrôle technique. Je commence par l’atelier sécurité où je récupère ma balise Spot et mon GPS

La balise spot va permettre de nous localiser pratiquement en temps réel. De cette façon l’organisation sait toujours où nous sommes, mais cela permet aussi de demander de l’aide dans certains cas. On a un bouton en cas de problème avec notre GPS d’orientation, un bouton en cas de besoin d’assistance (abandon, blessure, ou autre), et un dernier bouton destiné à une intervention spécifique en cas d’urgence vitale, qu’heureusement personne n’aura besoin d’activer.

Vient ensuite le GPS d’orientation. Des Foretrex 301 ou 401 suivant les cas. Des bons vieux GPS à piles. Hé oui aucun des nouveaux modèles à accus n’ont une autonomie suffisante pour ce type d’épreuve.

Rappel du mode de fonctionnement que je connais déjà, et que de toute façon on manipulera de nouveau cet après-midi. Je fais signer la feuille de contrôle, et hop, une étape de faite.

J’enchaine avec la partie dossard et road book. C’est rapide, et comme j’avais déjà imprimé les vues satellite envoyées par JP avant le départ, je me contente de prendre seulement le dossard.

Troisième étape, le contrôle médical. Au-delà de la fourniture de notre certificat et de l’électro d’effort, on vérifie surtout si on a le matériel minimum pour se soigner en cas de soucis pendant la course. Pas de soucis j’ai tout ce qu’il faut. Petite discussion sur notre état général, RAS, tout va bien.

Dernière étape le contrôle du matériel obligatoire. La liste est restreinte, difficile d’imaginer partir sans.

Ah toute la check list est remplie… Cool… je vais pourvoir commencer à me concentrer sur la façon de remplir mon sac maintenant. Ce sera toujours ça de fait.

Je n’ai pas encore parlé de ma liste de matériel… Ca vous surprend ? Ceux qui me connaissent savaient que ça allait forcément arriver.

Pour ne pas agacer celles ou ceux qui se fiche totalement de cette partie de l'aventure, j'ai fait comme d'hab... Tout est présenté dans la fiche équipement associée à ce CR LIEN FICHE EQUIPEMENT Petite pose apéro (hé oui c’est l’heure !) enchainée avec le déjeuner, puis je vais me faire une petite sieste dont je vais sortir pour assister au départ d’Elodie.

Elodie, plus connue sous le nom de Reine de l’Ennedi, et qui a déjà remporté le TREG va cette année faire le 180km en compagnie d’un… dromadaire !

En fait dans le cadre d’un projet humanitaire, elle souhaite tester la progression en compagnie d’un dromadaire, et bien sûr de son chamelier. Au fait on dit aussi chamelier pour un dromadaire ?

Elle va donc parcourir les 180km, en autosuffisance complète, à pied (elle ne montera pas sur le dromadaire). Pas question de chrono, juste de gérer un mode de progression un peu différent sur une durée assez longue puisqu’elle terminera son périple le vendredi.

En deuxième partie d’après-midi, on a le briefing GPS, suivi d’une mise en pratique sur une boucle de 5km. Pas certain d’avoir besoin d’autant de distance pour reprendre l’outil en mains, mais la manipulation n’est jamais totalement inutile.

Je pars avec Sébastien pour faire une boucle un peu raccourcie, ce qui va me permettre de prendre un cours de géologie lorsque nous allons trouver des noyaux de fer et des trucs (dont j’ai oublié le noms) et qui sont à l’origine de l’apparition de pétrole si j’ai bien tout suivi. Ballade sympa ponctuée de quelques photos tout en croisant d’autres concurrents en plein apprentissage de la maitrise du GPS. Pour certains c’est même pire que ça, n’est-ce pas Bernard ? ;-)

Retour au campement et on enchaine les briefings suivants. Sécurité, médical, tracé… tout y passe jusqu’au moment de nouveau tant attendu par tout le monde de l’apéro suivi du diner (oui encore !)

Pendant la soirée on évoque les stratégies de course. De mon côté j’ai toujours été clair. La course je la ferai seul. Non pas que je refuse de progresser avec d’autres coureurs, mais pour moi sur ce type d’épreuve, j’ai besoin d’avancer à mon allure en fonction de mon état. C’est loin d’être quelque chose de linéaire, donc je veux éviter de devoir ralentir pour attendre quelqu’un au moment où je suis bien et galérer pour en suivre un autre lorsque j’ai un coup de mou.

Donc je pars seul, je retrouverai probablement du monde sur la course avec qui je ferai certainement un bout de chemin, mais ce sera quelque chose de naturel, et non de programmé.

Je sais que Frank, Pascale et Katia ont prévu de le faire ensembles. Ils se connaissent, et c’est une approche qu’ils ont envisagé déjà bien avant la course. A deux ça peut le faire, à trois il faut bien se connaitre, mais à mon avis au-delà de trois, ça devient vite compliqué.

Ce soir encore je ne vais pas trop trainer, d’autant que le départ est prévu demain matin pour 7h00, et qu’avant le départ il doit y avoir le discours des officiels.

Le temps de discuter un peu sous la tente commune et hop, direction le dodo pour ma dernière nuit avant au moins 72h

Du départ à CP1 - Jusque-là, tout va bien !

Mercredi 31 janvier 2018


La nuit a été très bonne. Je me lève à 6h00 de façon à avoir le temps d’aller prendre un bon petit déjeuner, puis je vais me mettre en tenue de course. J’en profite pour bien ranger tout le reste car le sable rentre dans le Yégué et au bout de 2 à 3 jours il va y en avoir partout.

6h45 je suis prêt. Je circule dehors entre ceux déjà dans les starting blocs et ceux qui seront prêts juste au dernier moment, comme sur toutes les courses en fait !

On sent bien que les horaires sont à la mode locale… Du coup on nous annonce un retarde de 30mn, mais on nous précise que les barrières horaires seront également retardées de 30mn. Ouf !

Puisqu’on parle des horaires, je reviens sur ma feuille de route. Autant parfois j’essaye de faire quelque chose de très précis, autant là, ma méconnaissance du terrain m’a poussé à faire quelque chose que j’imagine réaliste au final, mais sur une allure et une gestion très linéaire (ce qui n’est jamais le cas en ultra). La feuille de route est simple… Progression à une moyenne de 4km/h, et pose aux CP en moyenne de 30mn. Si je reporte ça aux distance des tronçons fournis par Jean-Philippe, et en prenant en compte les 30mn de retard annoncés, voilà ce que cela donne

Pas question de piloter ma course avec cette feuille de route, c’est avant tout un outil de constat à postériori. Ma priorité est d’avancer à une allure à laquelle je me sens bien, et ça devrait le faire !

Mais revenons à notre départ. L’heure approche, et avant de nous libérer, on a le droit au discours des officiels dont le gouverneur de l’Ennedi Est (l’équivalent de notre préfet vraisemblablement).

On va ensuite se positionner sous l’arche… une arche gonflable au pays des arches naturelles !!! Il y a peut-être un truc à creuser là :D

Petit précision, ici le départ est donné au pistolet, mais pas avec une arme chargée à blanc comme chez nous… Non juste de quoi vous rendre sourd pendant 5mn si vous êtes trop près du starter

Pan !

Du départ à CP1

C’est parti. Et voilà que je pars… en courant ! Bon, en fait je trottine, et puis c’est juste pour la vidéo du départ, c'est-à-dire sur 300m…

Tout de suite après je me cale à mon allure de marche cible. Je sais que les premiers kilomètres vont me permettre de me mettre en route. La course est longue, et elle va se jouer sur la durée.

Cette première section de 17km n’est pas vraiment compliquée, et même plutôt agréable et variée. La plupart des concurrents sont partis en courant ce qui fait que je me retrouve assez rapidement dans le groupe… de queue ! C’était à la fois normal et prévisible, mais ça fait quand même cogiter un peu. Le piège serait d’essayer d’accélérer et de s’accrocher. Je sais que si je fais ça je le payerai plus tard, alors je reste concentré sur mes sensations, mon allure et bien sur les paysages.

La température n’est pas trop élevée, il est encore tôt, et ça reste agréable.
Sur cette section, j’enfile mes manchettes cyclistes quand le soleil devient permanent. Pas envie de bruler avec ma peau blanche. Pour le reste, je me laisse porter par l’allure.

Je suis parti avec mes deux bidons de 75cl, + 0,5l de réserve dans le sac, ce qui devrait être suffisant vue l’heure et la distance.

Pour l’orientation je reste bien concentré sur mon GPS. Par contre je ne vais jamais regarder la distance restant jusqu’au CP suivant (ca peut être motivant comme terriblement démoralisant). Ma technique est simple, avancer sans me poser de question jusqu’à ce que je vois le CP…

Et c’est justement ce qu’il va se passer. Sans m’être réellement rendu compte de la distance je vois apparaitre une haute flamme aux couleurs du TREG. Pas de doute c’est le PC1.

CP1 - Mercredi 31 janvier 2018 – 10h15 - Km17
Temps prévu section 4h15 – Temps réalisé section 2h45
Temps total prévu course 4h15 – Temps total réalisé course 2h45

Première pose, et premier état des lieux !

Je commence par mettre en œuvre mon protocole de ravitaillement.
Sortie du sachet contenant mon ravito et le ravito pour la prochaine section, préparation de l’eau gazeuse pour me réhydrater, puis je lance la réhydratation de mon plat Lyo. Ici j’ai opté pour un crumble, froid, ce qui avec la journée qui avance va me faire du bien. Par contre je n’ai absolument pas touché au ravito que j’avais prévu sur la section Départ-CP1. Ce n’est pas critique, mais il faut quand même que je pense à m’alimenter un minimum.

Pendant que tout cela se met en place je refais le plein des bidons et de la réserve car la prochaine section est longue (23km), réputée technique et surtout elle va se faire sur le créneau le plus chaud de la journée, et je sais par expérience que ce créneau est souvent éprouvant pour le physique.

Sur le CP je retrouve les copains (Frank, Katia, Guy, Pascale, Marie Georges - dont on n’a pas le droit de dire le nom…) mais je constate surtout que la plupart des concurrents repartent rapidement de ce CP. On est frais, il fait bon, c’est tentant d’essayer de gagner 5 ou 10mn, mais de mon point de vue c’est une erreur qui se payera plus tard. Je m’en tiens à mon idée de base. Je me ravitaille correctement sans regarder le chrono, et je repars quand je pense être prêt.

Petit coup d’œil à la feuille de route. J’ai mis 1h30 de moins que prévu et sans forcer. Je savais que j’avais un peu sous-évalué mon allure, donc je ne m’enflamme pas.

Le CP est à l’ombre de grands rochers, il y fait bon, on aurait presque envie d’y rester, mais bon, ce n’est pas tout, c’est que j’ai un TREG à faire et contrairement aux courses horaires où quand on s’arrête la ligne d’arrivée se rapproche quand même, ici, ce n’est pas le cas !

De CP1 à CP2 - Une course d’équipe !

Je repars de CP1 à 10h35, soit un arrêt de seulement 20mn par rapport aux 30mn prévues initialement.

Là on part pour la section présentée comme la plus « technique » du parcours avec le labyrinthe de Oyo, la montée sur le plateau pour admirer la Guelta d’Archeï et les zones de pierrier bien techniques en fin de section.

Le départ se fait en montant une sorte de colline dune (ou une dune colline)… je repars tranquillement le temps de remettre la machine en route et de retrouver ma vitesse de progression. On longe les grandes barres rocheuses avant de déboucher sur une large plaine dégagée (repère 1 sur la carte).

Je crois que c’est par là que je retrouve Frank, Katia, Pascale, Marie, mais aussi Guy, Séverine, philippe… bref un gros groupe.

On va progresser plus ou moins ensemble dans cette plaine si ce n’est qu’il me semble qu’on va perdre Guy et Philippe (plus rapides ? je ne m’en souviens plus trop, si finalement ils étaient devant ou derrière).

La chaleur commence à se faire sentir. On traverse cette plaine et on finit par voir au loin les grands blocs rocheux du Labyrinthe d’Oyo (repère 2 sur la carte).

Imaginez un vrai labyrinthe naturel composé de bloc rocheux de plusieurs dizaines de mètres avec une multitude de cul de sac dans toutes les directions.

Pour arranger les choses, au milieu de ces blocs la réception des GPS peut s’avérer assez irrégulière. Donc JP a placé en plus des morceaux de chiffons et tracer par endroit des flèches sommaires. Bref en plus d’être un labyrinthe, cela va être un exercice d’orientation (ce qui n’est pas pour me déplaire). Notre petit groupe me propulse orienteur en chefCa me va, mais j’ai quand même besoin des yeux de tout le monde pour ne pas louper un balisage.

Dès le début, le fait d’être attentif nous évite de partir sur une mauvaise piste. Bon, met dans le bain. On ne progresse pas très rapidement mais de façon assez régulière. Chacun prend sa part d’observation et à plusieurs reprises ce sont mes équipiers du moment qui vont trouver le balisage, parfois un peu masqué par l’effet du vent.

Même si notre moyenne horaire en prend un coup dans le nez, il faut reconnaitre que ce passage est finalement assez plaisant.

Plus on approche de la fin du labyrinthe plus on retrouve des concurrents qui ont visiblement tourné en rond, certains étant partis de CP1 presque 30mn avant nous !

Vers la sortie, c’est Pascale qui, une nouvelle fois, nous trouve le bon passage. Elle a fait la course dans l’autre sens l’an dernier et elle a des images qui lui reviennent. Elle nous fait remonter dans une faille en nous disant « l’an dernier il y avait une chèvre morte dans ce passage ». Bingo, la chèvre est toujours là. Bien desséchée, on peut même dire qu’elle n’a que la peau sur les os, mais elle est bien là.

Une fois sur le plateau, on va faire une longue section sur une zone rocheuse (repère 3 sur la carte). J’essaye de me mettre au train, et notre groupe se fait et se défait en fonction des coups de moins bien des uns et des autres, mais ça avance. Sur la fin de cette zone j’ai un passage à vide, et comme toujours dans ces cas-là je m’isole dans ma bulle le temps que ça passe (car ça finit toujours par passer). Je me lance dans une descente rocheuse (repère 4 sur la carte) suivi par Guy, et Guy, comment vous dire, ne peut pas courir sans parler. Ne cherchez pas, ça n’arrive pratiquement jamais.

Sauf que là, quand je suis dans ma bulle, je ne parle pas, mais il ne faut pas me parler non plus… Et du coup à un moment je l’envoie un peu balader. Il se passe vraiment des trucs bizarres parfois en course ! (J’irai d’ailleurs m’excuser un peu plus tard lorsque j’aurai repris un peu du poil de la bête).

Une fois en bas, on longe un oued puis on tombe sur Marc. J’en profite pour refaire le plein des bidons avec la réserve, mais je suis presque à sec. Plateau découvert + période chaude = 2,5l de boisson, et il ne me reste que 0,5L pour rejoindre le PC. Il va falloir gérer.

Je repars avec Pascale sur mes talons. Elle a un très bon rythme de marche, ce qui fait qu’on avance correctement. Philippe nous a rejoints et nous arrivons sur les points de vue de la Guelta d’Archeï. Juste fabuleux. On nous a prévenu de ne pas trop nous approcher, car il n’y a aucune protection et surtout un a pic de 150m…

On continue notre progression sur le bord de la falaise mais là j’ai un souci avec ma trace. On devrait être un peu plus sur la gauche, sauf qu’à gauche… c’est le vide !

En fait comme je n’ai pas encore tout à fait récupéré de mon coup de mou, j’ai manqué d’attention et on a loupé de quelques centaines de mètres l’endroit où la piste descend dans le fond de la gorge. Rien de grave mais ce genre d’erreur à tendance à m’énerver.

On fait demi-tour, et on trouve la bonne piste, voyant nous passer sous le nez un groupe de 5 ou 6 personnes. On descend dans la gorge puis on suit le groupe qui nous précédait. Là en regardant mon GPS je ne vois plus de trace. Je m’arrête prévenant ceux qui sont avec moi, les autres devant ont continué à descendre la gorge. Je dé-zoom ma trace et je me rends compte qu’en suivant les autres on a loupé la piste qui remonte sur le plateau de l’autre côté de la guelta (repère 5 sur la carte).

Je propose de faire demi-tour rechercher le bon passage. En fait, je ne le propose pas réellement, je dis que je vais remonter chercher là où je pense que se trouve la bonne piste, après, chacun fit en fonction de son avis… me suivre ou pas. Je remonte quelques centaines de mètres et là il y a une large brèche bien raide sous forme de gros pierrier. Mois qui ait horreur du D+ je suis servi.

Je passe devant et j’essaye de monter non-stop. J’ai trop de mal pour ne pas me pousser à tout faire d’une seule traite. Une fois en haut je me pose 5mn en attendant les autres. Ca a suivi finalement, et ils ont bien fait car on a retrouvé certains balisages en tissus. Même le second groupe qui était devant nous a finalement décidé de faire demi-tour pour revenir avec nous. L’inattention nous fait friser la correctionnelle !

C’est reparti dans un enchainement de zones rocheuses, principalement en plateau jusqu’à la descente final. On va avoir le droit à une descente dans un méga pierrier (repère 6 sur la carte), sans aucune piste visible, où il va falloir passer de rochers en rochers. Un passage dans lequel je vais laisser pas mal de jus, surtout moi qui suis aussi à l’aise en descente technique qu’en montée. Là je pense à Sébastien qui avec son expérience de la montagne a du bien s’amuser ici.

Assez vite dans la descente Frank me double. Il est assez à l’aise là-dessus. Un peu plus tard, c’est Philippe qui me dépasse, mais là, on a l’habitude du « chien fou », donc je ne cherche pas à m’accrocher.

Je termine ma descente à mon allure et vers le bas je tombe sur Marc, en poste pour réaliser quelques photos. On ne le sait pas encore mais on va être amenés à se recroiser plusieurs fois encore sur la course.

En passant près de la voiture de Marc, je vois Philippe avachi sur une couverture. Il est explosé… Le « chien fou » aurait-il laissé quelques plumes, pardon, quelques poils dans la descente ? Il est en sécurité, donc je ne m’attarde pas plus que ça , surtout que le CP n’est plus très loin, j’ai même vu des voitures droit devant pendant la descente, donc je me poserai au CP, et pas avant.

En fait j’ai vu des voitures droit devant sauf que… mon GPS me fait bifurquer sur la gauche. Piège, ce que j’ai dû prendre pour le CP n’était pas le CP… comme quoi il ne faut pas lâcher le GPS jusqu’au bout !

Je contourne tout le pied du massif rocheux, et là quelques centaines de mètres plus loin, je vois le vrai CP, avec la flamme du TREG, et les bénévoles qui me font de grands signes. Cette fois je coupe droit devant moi jusqu’à eux, bien content d’arriver car je suis totalement à sec.

CP2 - Mercredi 31 janvier 2018 – 16h15 – Km 40
Temps prévu section 5h45 – Temps réalisé section 5h40
Temps prévu course 10h30 - Temps réalisé course 8h45

J’arrive au CP et je me pose sur un des lits de camp. Comme ce sera le cas sur tous les CP, je n’ai même pas le temps de demander quoi que ce soit que je suis pris en charge par les bénévoles.

Du coup je me concentre uniquement sur mon protocole de ravitaillement, le même qu’au CP1, avec pour seule différence cette fois que je vais me faire un bon plat de pâtes bolognaises. Cette section m’a un peu cramé, à cause de la partie technique et aussi du fait qu’on a tapé essentiellement la partie chaude de la journée.

Un peu après m’être installé, voilà Frank qui arrive. Etrange, lui qui est descendu bien plus vite que moi aurait dû être là depuis quelques temps, sauf qu’il a vu comme moi les voitures au loin droit devant pendant la descente et qu’il a été droit dessus sans contrôler sa trace…

Dans la foulée tout le reste du groupe arrive. 6 ou 7 personnes d’un coup sur un CP ça fait du monde. Quelques-uns vont jusqu’au bout de la Guelta. En fait sur le plan on devait aller dans la Guelta pour ensuite revenir au CP… mais en arrivant avec les signes des bénévoles, je suis venu direct au CP. Tant pis pour le petit crochet, sachant que la Guelta on l’a bien vu de la haut tout à l’heure.

La pause ravitaillement se passe bien, et surtout en étant arrivé avant tout le groupe, ça me permet d’éviter un peu la bousculade… Pas de stress, je prends bien le temps de faire tout ce que j’ai à faire, puis je commence à ranger mon sac et à me préparer pour la prochaine section sur laquelle je vais trouver ce que j’attends avec impatience, la nuit.

J’adore vraiment la nuit dans le désert.

A la différence de beaucoup de gens, je n’écoute pratiquement jamais de musique en courant, y compris en ultra. J’ai un vrai besoin de « sentir » ce qu’il se passe autour de moi, et le fait de mettre des écouteurs m’isole trop. Cette fois je ne les ai même pas emportés.

Au moment de partir, Abderrahim qui était là bien avant nous me propose de repartir avec lui. J’hésite un instant car il est visiblement plus rapide que moi, et j’ai peur de devoir cravacher pour rester au contact. Du coup OK pour partir ensemble mais si il va trop vite je le laisserai filer. On n’a fait que 2 sections sur 9… Trop tôt pour se cramer.

De CP2 à CP3 - Une nuit de super lune !

Je repars de CP2 à 17h00, soit un arrêt de 45mn par rapport aux 30mn prévues initialement, mais si je suis resté un peu plus longtemps c’est que j’en avais besoin.

On part sur une piste et un terrain qui deviennent assez vite roulants. La nuit devrait arriver vite, le soleil étant couché à 18h00. Pour le moment on profite de la lumière qui baisse et surtout de la température qui est super agréable. C’est pour ainsi dire la meilleure partie de la journée.

Abderrahim marche d’un bon train mais on arrive à rester proches l’un de l’autre mais je ne suis pas certain de pouvoir me coller à son rythme très longtemps.

Finalement cette question ne se posera pas. Au bout d’un moment, je ressens le besoin de devoir m’arrêter pour réaliser une pose technique. Je le laisse partir devant le temps de mon arrêt.

Quand je repars je devine sa silhouette au loin. Pas question d’accélérer pour essayer de le rattraper, on verra comment cela va passer de façon naturelle.

La nuit tombe, mais tout reste étrangement lumineux. Il faut dire que non seulement JP a calé la course sur la période de pleine lune, mais en plus ce soir on a une super lune, c’est-à-dire une configuration qui fait que la lune est encore plus lumineuse qu’à l’habitude.

Le fait d’avoir profité progressivement de la tombée de la nuit fait que mes yeux se sont habitué à cette obscurité, et avec cette lueur lunaire, je n’ai même pas besoin d’utiliser la frontale. Seul un vent un peu fort vient légèrement perturber mes réflexions

Si j’avais regardé la carte, j’aurais bien vu qu’on allait viser un gros bloc rocheux qui indiquait le premier tiers du parcours, sauf que, comme pour le chrono ou les distances restantes, j’ai décidé de ne pas regarder les cartes, et de ne me concentrer que sur le GPS et … les paysages.

Même de nuit je profite. Je ne sais plus où est Abderrahim. Je me suis écarté de la trace de quelques centaines de mètres, mais comme le terrain est au top là où je suis-je ne vois pas l’intérêt de revenir sur la trace initiale. De temps en temps il me semble deviner l’éclair d’une frontale, mais si ça se trouve c’est juste un tchadien. Peut-être progresse-t-il comme moi, sans frontale.

J’arrête de me poser des questions et je profite de ma nuit. Je dis « ma » nuit, parce que j’adore ce moment-là. Seul, au milieu de nulle part, juste à écouter les bruits, la vie du désert, sans aucune perturbation. C’est magique.

Je passe le fameux rocher sans y faire attention puis je traverse une longue partie totalement dégagée. Aucun sous le sol est porteur et permet d’avancer d’un bon rythme (tout est relatif). Sur cette section je vais être doublé par Carl, un coureur néerlandais du 90km qui me semblait mal en point au CP2 et qui là me double en courant, l’air facile.

Par contre je vais devoir faire un petit arrêt pour enfiler mon maillot de nuit. Je ne l’ai pas mis en partant du CP car il faisait bon, mais là ça comment à être un peu juste. J’en profite pour sortir la frontale quand même. Je ne l’allume pas mais en cas de nécessité je l’aurais sur le front.

Je déplace également mon dossard. Il était attaché au porte dossard sur la sangle du sac à dos, mais avec le froid provoqué par le vent, je commence à avoir mal au ventre. Je positionne le dossard juste sur le milieu du ventre et cela a pour effet de couper l’air frais. Il ne fait pas assez froid pour mettre la veste en tyvek.

Ma progression continue jusqu’à ce que j’atteigne finalement l’entrée du canyon. Je rentre comme l’indique la trace, sauf que le GPS tombe en panne de batteries. Zut ! Nouvel arrêt pour sortir les piles de rechanges, et je repars.

J’ai aussi une sensation d’écœurement à chaque fois que je bois de l’hydramov J’adore ce goût agrume, ça passait très bien sur CP1 et CP2, mais là j’en arrive pratiquement à avoir la nausée. Je pense qu’à partir du prochain CP je ne vais plus en mettre dans le bidon.

Cette partie passe bien jusqu’au moment où on passe dans des gorges très étroites. Là je suis doublé par Virginie et Patrick qui sont sur le 90km et qui alternent marche et course. Le fait de passer dans un canyon étroit m’oblige ponctuellement à allumer la frontale car je me retrouve à l’ombre de la lune, et là c’est bien sombre.

La progression reprend normalement ensuite, toujours frontale éteinte, que du bonheur. La section finale est troublante. Avec un peu de difficulté, me voilà à serpenter dans des mini ravines sablonneuses. Et ce n’est pas un accident puisque la trace est pile dessus. En fait, il s’agit d’un petit crochet, ou plutôt d’un petit slalom (pour ce dont je me rappelle) destiné à nous faire admirer l’arche Toukouloula

A peine sorti de ce mini labyrinthe, je tombe sur PC3 !

CP3 - Mercredi 31 janvier 2018 – 21h40 – Km 63
Temps prévu section 5h45 – Temps réalisé section 4h40
Temps prévu course 16h45 – Temps réalisé course 14h10

CP3 n’est pas n’importe quel PC… C’est celui où officie Isa.

A ce moment-là je me sens étrangement bien. La section est bien passée, je suis en pleine forme, bref tous les voyants sont au vert, et je m’empresse de le faire savoir à Isa ;-)

J’enclenche ma petite procédure de ravitaillement. Idrolitina, viande des grisons et je réhydrate mon crumble. Je Recale mon sac, je fais le plein d'eau’ juste 2L qui devraient être suffisant, la prochaine section ne se faisant que pendant la nuit. Ça devient presque routinier, mais la chaleur de l’accueil sur les CP depuis le début permet de personnaliser chaque CP.

J’en profite pour remplacer l’Hydramov par la partie d’Idrolitina que je n’ai pas bue. Cela va me faire un bidon avec un petit goût salé et un autre avec de l’eau claire. Je récupère également un jeu de piles de rechanges pour mon GPS, de façon à ne pas prendre le risque de me retrouver bloqué.

Côté tenue j’enfile mon maillot à manches courtes par-dessus le maillot Craft pour me protéger de la fraîcheur de la nuit et je sors le bonnet, à la fois pour protéger les oreilles, et aussi pour moins sentir la frontale.

Bon c’est pas tout mais j’ai encore des menhirs à livrer. J’enfile mon sac, je charge la nouvelle trace dans le GPS et hop c’est reparti

De CP3 à CP4

Je repars de CP3 à 22h10, soit un arrêt de 30mn, soit exactement le temps prévu.

Que vous dire de cette section ?

En fait mes souvenirs me font cruellement défaut, mais je n’ai pas non plus en mémoire de difficulté particulière. J’ai probablement dû mettre le cerveau sur OFF pendant quelques heures.

Seul moment un peu particulier, la traversée d’un troupeau de dromadaire, et de ce que j’imagine être des maisons (des Yégués), le tout protégé par des chiens qui n’ont pas l’air spécialement commodes. Il y en a plusieurs qui tournent autour de moi. J’allume la frontale à la puissance max ce qui a pour effet de faire ressortir parfois juste deux yeux verts, mais ca semble les tenir à distance. De toute façon s’ils approchent je crois que je n’hésiterai pas un instant à m’en débarrasser.

Finalement je dois sentir trop mauvais avec la transpiration, et ils préfèrent lâcher le morceau :D

A part ça… tout va bien jusqu’à ce que j’arrive à rejoindre CP4 (et voilà mon CR d’interposte le plus rapide depuis le début de la course)

CP4 - Jeudi 01 février 2018 – 02h15 – Km 82
Temps prévu section 4h45 – Temps réalisé section 4h05
Temps prévu course 22h00 – Temps réalisé course 18h45

CP4, Le « girly CP » comme cela nous avait été annoncé, tenu que par des filles !

Lorsque j’arrive sur le CP j’ai la surprise de retrouver Cyrus ! Pour moi il était loin devant. Il est pratiquement sur le point de repartir, mais cela ne fait pas un gros écart.

J’enclenche mon protocole habituel, avec un bon plat de pâtes pour attaquer la fin de la nuit. Comme au CP précédent, je zappe l’hydramov pour recharger mes bidons (et en fait je vais désormais le zapper à chaque CP) pour le remplacer par de l’Idrolitina lorsque je n’ai pas tout bu sur le CP.

Pendant que je me ravitaille, Jean-Noël essaye de négocier son départ du CP avec Isa de l’équipe médicale. En fait il n’arrive à rien manger depuis le début de la course, et sa glycémie étant faible, YYY ne veut pas le laisser repartir. Comme il ne peut rien avaler de solide, il demande à YYY si elle a du coca. Et là ça fait tilt ! Je lui propose de prendre un de mes gels au goût cola, et de le diluer dans de l’eau, comme ça cela passera mieux, et c’est ce qu’il va se passer…

Le temps de finir de me ravitailler, de refaire mon sac, et voilà qu’on repart pratiquement tous les deux en même temps.

De CP4 à CP5 - Hanoko, le CP sans fin !

Je repars de CP4 à 2h40, soit un arrêt de 25mn par rapport aux 30mn prévues initialement.

Je sais déjà que je vais terminer ma nuit sur ce CP et que je verrai le lever du jour (6h30) avant CP5.

Rapidement Jean-Noël prend quelques longueurs d’avance. Il va trop vite pour moi et je préfère ne pas essayer de le suivre (mais pourquoi je lui ai filé mon gel moi ?... Humour …). En fait toute la première partie d’interposte se fait dans un sable mou fatiguant, et là-dedans moi j’ai énormément de mal à avancer.

Par contre comme il est 100m devant, il me fait la trace ce qui fait qu’il me reste juste à contrôler mon GPS par sécurité de temps en temps mais moins souvent que si j’étais seul.

L’allure se maintient et je continue de profiter des lueurs de sa lampe pour me guider. J’ai maintenant bien récupéré de la partie en sable mou et j’avance plutôt bien. Dans une longue montée (repère 1 sur la carte) je reviens sur Cyrus. Je me dis qu’il m’attend et qu’il va accrocher pour qu’on fasse un bout de chemin ensemble, mais quand j’arrive à sa hauteur il est au ralenti. Visiblement il est dans le dur, et il me dit d’y aller. Je suis sur une période où j’avance bien, du coup je repars en laissant Cyrus derrière.

Une longue descente, le jour qui commence à se lever et … je prends un coup de bambou colossal ! Obligé de me poser 5mn après avoir trouvé un emplacement à l’abri du vent qui souffle fort, de grignoter un peu de saucisson sec puis de repartir un peu au ralenti. La trace me fait monter une grosse dune bien raide (repère 2 sur la carte).

À ce moment-là, j’apprendrai plus tard que certains ont coupé et ne sont pas passés par l’arche (tracé en pointillé orange sur la carte). Perso je ne me suis même pas posé la question. Au départ j’ai dit à JP que je suivrai la trace et du coup, … je vais la suivre.

Passage par l’arche Chinékeï, puis changement de cap pour piquer vers le CP.

À ce moment-là je retrouve Marc (le photographe). Quelques photos puis il me dit que le CP est au niveau du gros rocher que je vois au loin… Hanoko. C’est la meilleure nouvelle que j’ai entendu depuis pas mal de temps, je ne m’attendais pas à le voir tout de suite.

Bon soyons honnête, je le vois mais il y a encore quelques kilomètres. En fait plus j’avance moins il se rapproche. C’est l’horreur ce truc, mais je le garde en ligne de mire, et j’avance.

Le vent est vraiment fort et froid, même avec le jour qui s’est levé. Finalement à force de le fixer, il se rapproche… jusqu’à ce que je découvre enfin le PC

CP5 - Jeudi 01 février 2018 – 08h45 – Km 107
Temps prévu section 6h15 – Temps réalisé section 6h05
Temps prévu course 28h45 – Temps réalisé course 25h15

Cette section a été mitigée. Un début difficile, puis une partie où j’ai super bien tourné pour finir par un coup de bambou.

Le CP est vide lorsque j’arrive. Par contre il est du côté à l’ombre du rocher, et surtout en plein vent. Et à cette heure-là ça caille sec. Les bénévoles me proposent une grosse couverture pour que je ne prenne pas froid, et pour la première fois je vais l’accepter (en général je refuse car c’est trop dur de s’en séparer pour repartir).

Je déroule mon protocole de ravitaillement comme d’habitude avec un Crumble en guise de petit déjeuner, puis je refais mon sac, je me charge bien en eau car je sais que pour atteindre PC6 je vais me taper la partie chaude de la journée, un peu comme sur CP1-CP2

De CP5 à CP6 - Seul face aux éléments !

Je repars de CP5 à 9h30, soit un arrêt de 45mn par rapport aux 30mn prévues initialement.

Sur cette section ça va être très simple côté orientation puisque c’est 25km sur un long plateau toujours en ligne droite jusqu’à l’arche de la Lyre. Bon ça c’est la vision sur le papier, parce que sur le terrain il va y avoir une petite différence… Le vent de face.

Je me suis harnaché façon vent de sable avec le bonnet, les lunettes et le buff pour couvrir toute la moitié basse du visage et me permettre de respirer malgré le vent.

Pendant toute la traversée, c'est-à-dire pratiquement 6h00, je vais progresser en plein soleil, avec un vent de face qui se transforme en petite tempête de sable par moment. Cette section va être de loin la plus éprouvante physiquement parlant. Tout va se faire sur le mental.

Quelques petits soucis de GPS, rien de méchant mais à plusieurs reprises quand je le regarde il me donne des orientations différentes. Comme c’est tout droit je sais à peu près ce qu’il devrait m’indiquer, mais là j’ai parfois des orientations à +/- 90°… Surprenant, surtout que c’est un 301, donc qu’il n’est pas nécessaire de le recalibrer comme les 401. Il me l’a déjà fait une fois ou deux avant, mais là c’est de plus en plus souvent. Ce n’est pas ultra critique, car dès que je retrouve un azimut correct, je vise un point le plus lointain possible et je ne reprends le GPS qu’une fois sur ce point. Pas critique mais ch…. !

Pas le choix il faut progresser, encore et encore sans regarder trop loin devant puisqu’il n’y a rien. Avec le vent on baisse la tête et on lui rentre dedans. C’est sans fin, mais il faut en passer par là.

Sur les 5 derniers kilomètres on commence à retrouver un peu de blocs rocheux. C’est impressionnant car tous ces blocs et ces massifs rocheux sont sculptés de façon monumentale. Des personnages de diverses époques des têtes géantes, et beaucoup plus surprenant, des têtes moderne. Il y en a même deux qui ressemble à des têtes de personnages Lego, un peu comme si certaine sculptures avaient été reprise il y a peu de temps pour faire perdurer cet art assez particulier !

Plus je me rapproche du massif où se trouve le CP, plus les sculptures se densifient. Vraiment surprenant.

Sur la fin de la traversée je retrouve une fois encore une des équipes photo de la M&M team. Petite pause interview, mais après ces heures passées seul face au vent ça fait du bien de parler 5mn à quelqu’un d’autres qu’aux rochers

Avant d’arriver à la Lyre, il faut contourner tout un bout de massif, passer près d’un hôtel en construction (on apprendra que l’état a fait interdire sa construction et qu’il devrait être rasé), puis enfin j’arrive sur PC6, complètement lessivé cette fois.

CP6 - Jeudi 01 février 2018 – 15h20 – Km 130
Temps prévu section 5h45 – Temps réalisé section 5h50
Temps prévu course 35h00 – Temps réalisé course 31h50

Il y a 4 ou 5 coureurs au CP quand j’arrive à CP6, mais plusieurs sont sur le départ.

Je me pose, je souffle et j’entame mon protocole. Idrolitina, viande des grisons, et plat de pâtes bolognaises. Avec la chaleur j’ai du mal à manger. Je prends le temps tranquillement. De toute façon il faut que je prenne le temps de récupérer et je préfère attendre que la chaleur retombe avant de repartir.

Je traîne un peu, je n’ai pas envie de dormir, mais je me retape doucement, je discute avec les bénévoles du bivouac. En fait je commence à être bien. Je sens que le redémarrage sera difficile. Arrivée d’un concurrent, puis c’est au tour de coureurs du 57 et du 90 de passer nous voir. J’ai le plaisir de retrouver Abderrahmin et Xavier qui ont finalement basculé tous les deux sur le 90.

J’échange rapidement avec un vincent ( ?) sur ces fameuses sculptures lui faisant remarquer qu’on se croirait presque à Disneyland, et que si ça se trouve, l’arche de la Lyre n’est pas totalement naturelle. Après tout s’ils ont sculpté des massifs de + de 100m de haut, pourquoi ne pas aider la nature pour la Lyre ?

J’anticipe un peu sur la suite de récit avec cette histoire de sculpture, mais on reparlera de tout ça plus tard dans le CR… Promis !

Le temps passe, la chaleur est retombée, je me sens mieux et du coup je me prépare pour reprendre la route.

De CP6 à CP7 - Quand la boussole remplace le GPS !

Je repars de CP6 à 17h00, soit un arrêt de 1h40mn par rapport aux 30mn prévues initialement. Encore une fois je n’ai pas regardé la montre jusqu’au moment du départ. Je repars maintenant uniquement parce que je me sens mieux, que le coup de barre est passé. Si j’ai pris 1h40, c’est simplement que j’en avais besoin.

Pour quitter le CP Vincent me propose un petit crochet pour aller admirer Djoulia, l’arche de la Lyre. Quelques centaines de mètres, mais franchement avec tout ce voyage ce serait dommage de passer à côté sans en profiter.

Ensuite il me ramène sur la trace et là on a un problème. Sur son smartphone, la trace lui donne une direction, et encore une fois, mon GPS m’en donne une autre. Il va falloir près de 20 mn avant que nos traces convergent, même en zoomant et dé-zoomant l’affichage. Je passe parfois d’une échelle à 2 ou 5km pour voir la direction générale, puis je descends à 50m ou moins pour vraiment me positionner sur la trace d’origine, mais rien n’y fait.

Avec tout ça la nuit commence à tomber.

Je pars sur la trace et j’attaque rapidement une zone rocheuse assez compliquée à traverser (repère 1 sur la carte). Je sors la frontale car par endroit c’est limite dangereux, surtout avec l’attention qui n’est plus aussi présente qu’au départ à l’arrivée de cette seconde nuit.

Je perds sans cesse la trace avec le GPS, je galère vraiment et j’arrive même à me faire peur par moment sur des zones avec des trous assez importants. Après pas mal de galère je sors de ce passage, en me demandant ce qui a pu pousser JP à nous faire passer par là ?

J’enchaîne avec une partie un peu plus roulante, mais j’ai laissé beaucoup d’énergie dans ce passage. Aucune frontale visible devant, ni derrière. Je suis tout seul… Un peu plus loin je retombe dans une zone rocheuse montante, moi qui n’aime pas le D+. Cette zone va vite redevenir galère (repère 2 sur la carte). Le GPS continue de m’envoyer dans des directions différentes. Parfois quand je bouge de 10m, la trace réapparait 100m plus loin ! Incompréhensible.

En plus je ne trouve aucune trace au sol. Pas de piste pou de sentier sur lequel pourrait s’appuyer la trace du GPS. J’arrive à peu près à identifier l’orientation générale à suivre, mais quand on est dans des plaines c’est simple à suivre alors que là je suis régulièrement bloqué par de grosses ravines, ou des passages trop dangereux à franchir.

Je vais tourner un long, long moment de cette façon dans la zone indiquée par des pointillés bleus sur la carte, jusqu’à ce que je regarde ma montre… il est pratiquement 22h00 ! 5 heures que je suis parti et j’ai l’impression de ne pas avoir avancé. Impossible de rester dans cette situation.

Sur la balise Spot, on a un bouton d’appel en cas de dysfonctionnement du GPS, sauf que je ne vois pas trop comment ils vont faire pour me l’amener au milieu de ce massif, et puis avec la nuit, ils ont probablement d’autres choses plus importantes à faire avec d’éventuels coureurs en difficulté.

Je décide de prendre les choses en mains, à l’ancienne.

Je m’arrête, je sors la carte du road book et ma boussole. En étudiant l’environnement, j’arrive à me situer même de nuit (l’avantage de maîtriser l’orientation), et sur la carte on a clairement une grande zone de sable à l’ouest de ma position.

La route que j’aurais dû suivre est en rouge sur la carte. En bleu c’est celle que j’ai suivi. Je décide de prendre un azimut globalement nord-ouest pour rejoindre le sable, en m’appuyant sur un massif rocheux que je compte laisser sur ma droite, puis de longer tous les massifs jusqu’à ce que j’arrive à l’entrée de la grande plaine sableuse (repère 3 sur la carte - croix orange) qui me séparera du PC7.

J’éteins le GPS, mais je garde bien sûr la balise spot allumée pour que le PC course ne me perde pas de vue.

J’ai les boules, parce que je me dis que comme je quitte la trace, je vais certainement être disqualifié. Mais même avec cette idée en tête je ne peux pas faire autrement.

La descente vers la plaine sableuse est rapide, et là je trouve finalement un sol stable qui va me permettre d’enchainer la section à une bonne allure. Après mes déboires, j’ai l’impression que cette reprise en main de mon orientation a provoqué un regain de forme.

Pendant tout ce temps je n’ai vu aucune frontale, aucune lueur, rien…

Je longe les massifs, j’identifie les passes entre les massifs m’appuyant un peu sur la carte mais surtout sur les visuels ce qui me permet de savoir si je dois contourner ou non tel passage. Heureusement la lune est là. Pas aussi lumineuse qu’hier soir, mais dans cette zone finalement peu technique, je peux à nouveau progresse sans frontale.

J’avance convenablement jusqu’à ce que j’arrive au niveau du dernier gros bloc rocheux, qui vu du sol ressemble à une proue de navire géante.

Par sécurité je vais pratiquement jusqu’au pied de ce massif, puis je vise un mamelon rocheux bien identifiable, un peu plus isolé au nord-ouest. Ce sera mon dernier point d’appui fiable avant la traversée de la plaine.

A partir de là je prends un azimut direct, pratiquement plein nord vers un massif rocheux qui se détache bien, à la fois sur la carte et sur le terrain. Je garde la boussole par sécurité, mais la situation fait que je ne la ressortirai qu’occasionnellement pour assurer ma progression.

A tout moment je m’attends à voir apparaitre un 4x4 de l’organisation venir voir pourquoi j’ai quitté la trace initiale. Mais aucune lueur à l’horizon pour le moment.

J’enfile cette traversée dans le vent (pour ne pas changer) mais j’ai vraiment l’impression d’envoyer comme il faut. Cette section se fait facilement, aucun soucis particulier jusqu’à l’approche de la langue rocheuse.

Le final est un peu plus compliqué car j’imaginais le CP juste derrière cette langue rocheuse, mais il est plus loin, et pour tout arranger cette partie se fait dans un put… de sable mou.

Par contre quel bonheur d’arriver enfin au CP, un CP qui a été légèrement déplacé pour être mieux protégé, mais j’ai été guidé par un 4x4 garé sur une dune avec un feu clignotant ce qui me permet de le trouver sans soucis.

CP7 - Vendredi 02 février 2018 – 1h30 – Km 155
Temps prévu section 6h15 – Temps réalisé section 8h30
Temps prévu course 41h45 – Temps réalisé course 42h00

Quelle galère, mais quelle galère. Par rapport à mon allure réelle de progression je dois perdre plus de 3h, sans compter l’énergie que j’y ai laissée.

J’arrive, je me pose près du feu de camp, et en entamant mon protocole de ravitaillement je raconte ma mésaventure aux bénévoles. Alors que je m’attendais à me faire tirer les oreilles, c’est presque des félicitations que je reçois pour avoir bien géré la situation… Du coup la pression retombe.

Pendant que je me ravitaille (j’ai décidé de remplacer le crumble prévu ici par le plat de pâtes que j’avais initialement prévu pour CP8 car j’ai faim) un bénévole contrôle mon GPS. En statique il n’y a rien de spécial à constater. Par chance un 4x4 d’assistance passe par là, ce qui me permet de récupérer un autre GPS. Je n’étais pas vraiment rassuré par le fait de devoir repartir avec l’ancien GPS…

Sur le CP, trois coureurs sont en train de dormir, ce qui fait que je suis tout seul avec les bénévoles. Cette pose me fait du bien, d’autant qu’à partir de maintenant il ne me reste que 2 CP assez courts (14km) pour terminer. Je commence à me dire que c’est bon, et que sauf accident ça devrait aller au bout.

On est bien près du feu mais j’ai un peu peur d’avoir froid en repartant. Pour la première fois je vais sortir la veste en Tyvek. Le coup de pression du CP précédent est retombé, maintenant il va falloir gérer.

J’enfile le sac à dos, je prends le nouveau GPS sur lequel les bénévoles ont activé la trace vers le CP8 et me voici reparti pour un nouveau CP

De CP7 à CP8 - Le marchand de sable va bientôt passer !

Je repars de CP7 à 02h20, soit un arrêt de 50mn par rapport aux 30mn prévues initialement. De toute façon avec le temps perdu sur le CP précédent, je ne regarde même plus ma feuille de route.

Le tout début est à la fois magique et galère…

Magique car quelques centaines de mètres après le CP on passe sous l’arche d’Aloba (repère 1 sur la carte), la seconde plus grande arche naturelle du monde. Même en pleine nuit elle est impressionnante !

Je n’ai pas fait de photo de nuit, mais pour vous donner une idée voilà une photo faite le lendemain lorsque j’y suis retourné, avec un zoom pour vous montrer la taille d’un homme à côté…

Tout de suite après l’arche il faut monter une énorme dune très raide. En voyant le mur je n’imagine même pas qu’il faut la monter et du coup je fais toute la longueur au pied de la dune, mais une fois au bout la trace disparait au sud-est. Pas de doute il faut monter. Du coup je reviens en arrière pour trouver une trace par où ont pu passer les autres coureurs. Pas simple tout ça. C’est mou, très mou, très raide, en gros on fait trois pas on recule de deux. Dur dur, surtout en cette seconde nuit blanche.

Une fois en haut on contourne, toujours dans le sable, un énorme bloc rocheux pour repartir en nord-ouest. Début de progression plus simple qui se transforme ensuite en la traversée d’une longue gorge rocheuse. Juste avant d’entrer dans cette gorge, je salue des nomades qui bivouaquent autour d’un feu de camp.

J’attaque donc le passage dans la gorge (repère 2 sur la carte) lorsqu’un des nomades me rejoint et de dit de le suivre. On est en pleine nuit, il est en sandales avec une lampe de poche à la main, et il me montre le chemin. Simple au début les passages deviennent rapidement techniques. Je dois avouer que par sécurité je jette régulièrement un œil à mon GPS, mais il ne semble pas trop s’éloigner de la trace.

Le pire est qu’il saute de rocher en rocher comme un… chamois ! Ouais pas réellement approprié au contexte, mais c’est pourtant l’impression que j’en ai.

Cette descente me parait interminable mais surtout il me fait passer dans des endroits improbables où je me dis que j’aurais eu du mal à trouver ma trace moi-même.

Vers la fin de la section rocheuse il s’arrête pour parler avec d’autres nomades, près d’un point d’eau avec des ânes. Je me dis qu’il m’a juste accompagné pour aller voir ces personnes, mais non, il repart de plus belle en me disant de le suivre. A plusieurs reprises je suis obligé de lui dire de ralentir. Je vais exploser. J’ai 130 bornes dans les jambes et je ne peux pas tenir son allure. Il va m’accompagner de la sorte jusqu’à ce qu’on retrouve un sentier qui part dans la montagne. Peut-être 2, 3km au total, impossible de calculer. Je n’ai pas le temps de le remercier qu’il a fait demi-tour et qu’il repart d’où on est arrivé. Je suis un peu déstabilisé, et complètement crevé également.

Drôle d’endroit pour une drôle de rencontre, en tous cas, merci, encore merci !

J’attaque maintenant un petit sentier de montagne à grimper (repère 3 sur la carte). Raide et caillouteux, serpentant dans la roche. Heureusement que ce n’est pas trop long. Je n’ai plus de jus, la descente précédente m’a vidé.

Petite descente avant de retrouver une zone sableuse entre les massifs. En regardant la carte après coup, ce n’est pas très long, sauf que, j’ai un grand passage à vide sur cette section (repère 4 sur la carte). A plusieurs reprises je vais m’endormir en marchant sans en avoir réellement conscience. En fait si j’en avais pris conscience, je me serais posé 15mn pour un sommeil flash, mais là ça ne m’est même pas venu à l’esprit. Je vois avancer à 2km/h, je m’imagine dans un paysage de neige ( ???) et quand je m’endors, je perds la trace. Heureusement que l’environnement n’est pas dangereux sur ce passage.

Cela va se reproduire, mais je ne sais ni à quelle fréquence, ni combien de fois, ni même combien de temps cela a duré.

Au bout d’un moment, je sors de cet état brumeux, et je décide de regarder la carte pour voir où je suis et ce qu’il me reste à faire jusqu’au prochain CP. En fait, vue la forme de la trace sur le GPS je suis pratiquement à un angle (repère 5 sur la carte), et le seul angle à ce niveau-là est l’entrée du grand canyon qui mène vers le CP. Cette petite pause calage, associé à un petit ravitaillement saucisson, noix de cajou a pour effet de finir de me réveiller.

Un canyon en ligne droite et c’est le CP…

Je repars bien, le coup de bambou est derrière moi et il faut qu’il y reste. Par chance j’arrive à avoir une bonne lumière avec la lune dans le canyon, et je n’ai que peu souvent besoin d’allumer la frontale.

Ce dernier canyon est long, et à chaque fois que j’ai l’impression d’arriver au bout, un nouveau morceau apparait. Certains passages sont simples, d’autres plus techniques. Je vais même entrer dans un cul de sac. Pas long mais sableux. Ca fait partie du jeu

Dans la dernière partie du canyon, je tombe sur un bivouac de chameliers. Le jour est en train de se lever. Je les salue au passage, refuse poliment leur hospitalité en expliquant que notre camp est quelques centaines de mètres plus loin. Je vois aussi les fusils d’assaut alignés sous une couverture. Tous les nomades sont armés par ici.

J’ai tellement hâte d’arriver au dernier CP que je ne reste pas très longtemps avec eux.

La suite est simple. Il fait maintenant bien jour, et je vois au loin les voitures du CP… Yes !

CP8 - Vendredi 02 février 2018 – 6h40 – Km 169
Temps prévu section 3h30 – Temps réalisé section 4h20
Temps prévu course 45h45 – Temps réalisé course 47h10

Je vais mettre pratiquement 1heures de plus sur cette section que ce que j’avais prévu, contre effet su stress de la liaison CP6-CP7 et de mon coup de pompe.

Sur le CP je retrouve Isa. Content de la voir, surtout aussi près du but. J’apprends qu’Elodie, avec son dromadaire, n’est pas encore passée à ce CP. Je ne l’ai pas vue sur le parcours mais c’est normal car dans les sections un peu techniques elle avait un tracé légèrement modifié, et en plus il était prévu qu’elle bivouaque la nuit avec le chamelier. Donc il est possible que je sois passé près d’eux sans les voir s’ils dormaient.

J’enclenche mon protocole de ravito, en mangeant mon dernier crumble en guise de petit déjeuner.

Pendant que je me ravitaille les chameliers de tout à l’heure arrivent. Ils ont levé le camp et s’arrêtent quelques instants pour discuter avec nous. Même si je prends bien le temps de me ravitailler et de ne surtout pas zapper ce dernier CP, j’ai quand même un peu envie de repartir pour boucler cette foutue course. Je fais le plein d’eau, 2 litres, je range mon sac… En fait ça va vite puisque je n’ai plus grand chose à mettre dedans, et je salue tout le monde au CP, leur donnant rendez-vous au camp de base !

De CP8 à CP9 - Dernière ligne droite.

Je repars de CP8 à 07h10, soit un arrêt de 30mn comme prévu.

Ce CP sera une sorte de vraie dernière ligne droite. C’est toujours tout droit en longeant les massifs rocheux, puis lorsque j’en sortirai, il ne me restera qu’une jolie ligne droite dans le sable.

Un peu après avoir quitté le CP je retrouve le 4x4 de Marc. Pose photo et vidéo (et ma moyenne, vous y pensez à ma moyenne ?) et en jackpot, j’ai le droit à un cours de mise en place du chèche version tchadienne (différente de celle que j’utilise). Du coup je vais le garder comme ça jusqu’à l’arrivée.

La première partie est réalisée tranquillement. Je profite en fait de cette fin de course, sans un regard pour le chrono (put… de GPS). Une petite montée pour sortir de cette zone avant d’attaquer la dernière zone de sable. Une fois en haut, pour la première fois je vais me retourner pour voir s’il y a quelqu’un derrière. Ce n’est pas comme quand je faisais ça pendant la nuit. Dans la nuit je regardais si j’allais avoir de la compagnie. Non là c’est juste que j’ai pas envie de me faire remonter aussi près du but.

C’est totalement bête comme réaction, d’autant que je n’ai absolument aucune idée de mon classement (et que ce n’est pas important), mais c’est une sensation, une idée qui m’est entrée en tête à partir de là et qui ne va plus me quitter jusqu’à l’arrivée.

La dernière section va me paraitre interminable. A l’approche de chaque bloc rocheux, j’ai l’impression que le village est derrière, et à chaque fois, la trace du GPS continue encore plus loin.

Une fois, deux fois, trois fois… Et avec les heures qui passent la chaleur commence à se faire plus présente, et je n’ai pas envie de me refaire un grosse période chaude.

Je reste concentré sur un objectif, voir apparaitre le village. Pour la première fois je vais regarder une fonction particulière du GPS… La distance restante jusqu’à l’arrivée. J’ai toujours évité de l’utiliser car c’est une arme à double tranchant, mais là ça devient nécessaire pour maintenir le rythme (qui a quand même bien baissé).

Les derniers kilomètres passent doucement, très doucement. J’ai maintenant envie d’en finir. Je me vois m’allonger sur un matelas dans la tente commune, au frais…

Finalement le village finira par apparaitre. Normal, mais quel bonheur de le voir. Je vois les Yégués qui approchent. Je passe près du campement où les femmes qui ont monté le village se sont installées, et j’ai même le droit à quelques encouragements. Je contourne le village pour rejoindre l’entrée principale, celle où il y a l’arche orange qui va marquer la fin de la partie sportive de l’aventure.

Derniers mètres, les premières personnes du campement apparaissent, puis c’est le passage sous l’arche.

Arrivée - Vendredi 02 février 2018 – 11h10 – Km 183
Temps prévu section 3h30 – Temps réalisé section 4h00
Temps prévu course 49h45 – Temps réalisé course 51h40

Je tombe dans les bras de JP… It’s done !

La ligne est franchie !

J’embrasse les différentes personnes qui sont là pour m’accueillir. Beaucoup d’émotion ! Difficile de décrire ce moment, celui où tout se relâche ! Sensation très particulière. Je suis bien, je n’ai plus mal nulle part. Photo pour immortaliser tout ça !

On me dirige sous la tente commune. Tout est prêt pour chaque arrivée. J’enlève sac, je m’installe sur un lit de camp, et là j’ai le droit à une bière fraiche, et à une salade de fruits frais. Que du bonheur. Il fait bon sous cette tente. Il y a de l’air, je suis bien.

On commence à discuter de la course puis Jean-Victor m’apporte un seau d’eau pour y baigner les pieds. Excellent idée, merci encore ! J’enlève guêtres et chaussures, et je plonge mes pieds dans l’eau fraiche. Que c’est bon. Je vais trainer de la sorte un bon moment. Et même un très bon moment.

L’arrivée de benoît une heure plus tard ne me fera pas arrêter ce moment de bonheur. Au contraire. Il vient s’installer à côté de moi et profiter à son tour de ce moment.

En fait le déclencheur de « durée » sera l’arrivée de Cyrus. Dès lors qu’il est annoncé, je me prépare à me lever pour aller l’accueillir sur la ligne…

Je comprends que les jambes ne sont pas forcément tout à fait d’accord avec moi. Elles se rebellent en refusant de se plier … Mais pour Cyrus, j’aurais le dessus. Là je me rends compte que cela fait 3 heures que je traine ici. 3 heures à ne rien faire si ce n’est profiter du moment. C’est comme sur les CP, si j’y passe autant de temps c’est que j’en ai besoin. Et bien là ces trois heures post arrivée m’ont fait un bien fou !

Accueil de Cyrus. Emotion. Je me souviens que lorsque je l’ai doublé la première nuit, il m’a dit « allez vas-y c’est ton jour ». Je n’y croyais pas vraiment, et j’étais persuadé qu’il me rattraperait. Finalement 3h d’écart sur 55 heures de course, ce n’est quand même pas grand-chose. L’équivalent de 10mn sur un marathon…

Fin de l’épreuve…

J’essaye de regagner mon Yégué. Jambes raides. Dur de me plier pour passer sous la porte. Je retrouve Christine qui a bouclé son 45km qui en faisait en fait 57, Guy, Frank et Katia qui m’expliqueront par la suite les raisons pour lesquelles ils ont dû arrêter ainsi que Philippe dont les relations avec le reste de l’équipe se seront avérées compliquées.

J’apprends également la belle victoire de Sébastien, le podium de Guillaume et de Norimasa, un des 3 japonais de la course et celle de Valérie, 1ère femme et 4ème au scratch !

L’après-midi est bien entamée. Je me décide à aller prendre une méga douche (au sens local bien sur). Cette fois on a le droit à de l’eau chaude. Ayant entendu parler d’eau très (trop) chaude pour les premiers, j’anticipe en demandant de l’eau… tiède. On m’amène le seau juste à la bonne température. Là je vais passer encore un excellent moment. Ma douche donne sur un paysage fabuleux. Se doucher dans ces conditions, ce n’est que du bonheur

En sortant de la douche, je suis un homme neuf.

Pas de blessures si ce n’est une ampoule sur le côté de chaque pied. Broutille que j’ai gérée sans jamais y toucher pendant la course et que je ferai soigner par les docs histoire de régler le point définitivement.

La suite de la journée se partage entre le fait de refaire la course avec ceux qui sont arrivés, et l’accueil de ceux qui arrivent au fil des heures.

Pas question d’aller dormir. Je préfère attendre le soir pour ne pas me décaler.

Apéro du soir. Après les bières de l’arrivée, on alterne entre vin rouge et rhum arrangé. Rien de tel pour m’achever. Repas rapide (étrangement je n’ai pas très faim, et rapidement je vais m’excuser auprès des copains pour aller m’effondrer dans les bras de Morphée.

Pas besoin de somnifère… le TREG est bien plus efficace.

Samedi 03 février 2018 - Journée de récupération.

La nuit a été excellente. Je me lève avec le lever du jour. Comme tous les matins il fait frais. Il y a eu des arrivées pendant la nuit, mais je n’ai rien entendu. J’ai dormi comme un bébé.

Le petit déjeuner avec un bon chocolat et du pain me donne un peu de tonus. Par contre pour jambes, c’est comme qui dirait un peu raide. En fait tant que je bouge ça peut aller, mais dès que je m’arrête de bouger, là il me faut 10mn pour remettre la machine en route !

Courbatures, acide lactique… Dans 48h on en parlera plus, c’est l’avantage. Aucune blessure, juste une douleur dans le dos mais qui va s’estomper rapidement (probablement un contre effet du sac).

Le début de journée va se passer en allant visiter le site de Bachikélé située juste à côté de PC6, L’arche de la lyre (PC6), et l’arche d’Aloba (PC7) ce qui va en plus me permettre de voir de jour ce que j’ai fait de nuit.

La ballade est sympa en 4x4, et on se fait même la longue ligne droite entre CP5 et CP6, celle de 25km avec le vent de face, sauf que là c’est quand même plus rapide. En approchant de la zone où se trouve l’arche de la Lyre, je recherche les fameux rochers sculptés vus en arrivant à CP6. Je n’en vois pas. On doit probablement arriver par une autre piste. Sauf qu’à un moment on passe devant le fameux hôtel abandonné, donc non, on a bien pris exactement le même chemin.

On dépasse l’arche de la Lyre (on y reviendra ensuite) pour aller à Bachikélé, un canyon très particulier... Jusqu’ici toujours aucune sculpture !

On gare les voitures et on continue à pieds. On nous prévient, interdiction formelle de mettre ne serait-ce qu’un orteil dans l’eau… Eux s’y baignent, nous on y laisse la moitié de la jambe !

On rentre dans la gorge, et on tombe sur un troupeau de peut-être 200 dromadaires en train de s’abreuver. Spectacle surprenant. En fait les chameliers amènent leur troupeau se ravitailler en eau, puis repartent dans le désert et reviennent environ tous les 10 jours faire le plein en eau.

Belle ballade, puis on revient en arrière voir l’arche de la Lyre. Une fois encore, aucune sculpture sur les rochers…

Heu… je me demande si…

C’est vrai que si de telles sculptures existaient, on en aurait probablement entendu parler… ne serait-ce que d’un point de vue touristique, et j’imagine difficilement notre visite d’aujourd’hui ne pas s’arrêter devant de telles œuvres.

Bref, il n’y a jamais eu de sculptures monumentales, juste mon esprit qui s’est mis à divaguer en plein jour après 36heures de course…

On quitte l’arche de la Lyre pour aller vers CP7, en empruntant quelque chose d’assez proche de ce que j’ai fait lorsque j’ai quitté la trace. Je découvre les zones que j’ai traversées de nuit, l’emplacement de PC7 et bien sûr la gigantesque arche d’Aloba ! Encore plus impressionnante de jour que de nuit !

Retour au campement, apéro, déjeuner, temps calme puis on débute la cérémonie de remise des prix. Discours des autorités locales, podiums, remise des médailles. Personne n’est oublié… Bien sur les podiums des différentes courses, mais tous les concurrents sont honorés, finisher ou non de même que toutes celles et ceux qui ont participé à l’organisation.

Présentation d’un film composé d’extrait de la course et monté en mode « sprint », ainsi que d’un premier diaporama.

Cette fois encore je ne vais pas résister très longtemps. Direction le yégué pour une seconde nuit de récupération malgré la musique qui a parait-il résonnée un peu tard, mais que je n’ai dû entendre que pendant les 5 premières minutes.

Dimanche 04 février 2018 - Retour sur terre.

Départ matinal du campement pour retourner à l’aérodrome de Fada. Pour le retour, je suis encore à bord du Spartan.

A l’arrivée de l’avion, la première étape consiste à le vider de tout ce qu’il contient à savoir… des arbres. Il y a un programme de replantation en cours à Fada.

Ensuite chargement des bagages.

Avant de repartir, on organise une séance photo de groupe sur le tarmak.


Au passage on s’en fait une version Ultra Trail de la Plage Blanche 2017 avec de gauche à droite Guy, Isa, Katia, Cyrus, Marie-Georges, Jean-Philippe, Frank, Pascale, Michel et Xavi.

Embarquement des passagers, et c’est reparti pour deux heures de vol en direction de N’Djamena.

Retour au Radisson Blu de N’Djamena vers 13h de mémoire. On a le temps de nous poser, sachant qu’on passe l’après-midi ici et qu’il y a un repas prévu en fin de journée avant d’aller reprendre l’avion pour Paris.

On a des chambres réservées pour nous permettre de prendre une vraie douche. Que du bonheur après une semaine passée dans le désert… sauf pour les serviettes de bain de l’hôtel !

L’après se passe à la piscine pour certains, dans les salons du bar pour d’autres autour de quelques bières, de flutes de champagne (merci Katia) et de petites choses sympa à grignoter.

En fin d’après-midi, direction la piscine pour le repas de clôture. JP a fait les choses en grand, on se croirait à un mariage.

Musique, apéro, excellent repas, et la présence de quelques personnalités dont l’ambassadeur de France au Tchad (le TREG devient « The Place To Be ») !

Le TREG restera une épreuve qui m’a beaucoup marqué pour énormément de raisons.

Je l’avais déjà fait dans le tout premier message publié lorsque je suis rentré, mais pour tout ce que j’ai eu le plaisir de vivre pendant cette aventure je veux à nouveau remercier sincèrement

Tous les tchadiens que nous avons eu l’occasion de rencontrer. Des gens d'une grande simplicité, souvent pauvres dans cette région du nord-est mais tellement accueillants...

Tous les bénévoles... Français, tchadiens ou autre, on ne se pose même pas la question. Une grande famille présente pour épauler les coureurs dès qu'ils en ont besoin. Alimentation, repos, soins, logistique, soutien moral, rien n'a jamais été laissé de côté. L'équipe se met en quatre (voire plus parfois) pour que nous puissions profiter de la course au maximum... Au camp de base, sur les CP, sur la piste... ils sont partout.

La team M&M’s Team, Michèle, Marc et … Marc (oui ça fait la M&M&M’s Team… ) pour les photos dont une grande partie illustrent ce CR. Je ne suis pas vraiment un habitué des pack photos sur les courses, mais là dans un tel environnement, il aurait été dommage de passer à côté, d’autant qu’ici pas de photographes installés à un point fixe comme au MDS ou sur l’UTMB qui prennent la même photo pour tout le monde. Non on avait 3 équipes qui circulaient et qui shootaient dès qu’ils voyaient arriver un coureur, où qu’ils soient. Résultat un vrai choix de photos variées et de qualité.

Vincent Kronental Photography pour la réalisation de la vidéo. Dans ces paysages les plans pris par les drones donnent une dimension exceptionnelle à l’épreuve !

Impossible de ne pas faire un focus sur la CLLIIM, l'équipe médicale animée par Isa, présente sur tous les CP, mais aussi avant et après la course. Pour nous, et pour les villages traversés. Quelle excellente initiative ! Ce sont des gens qu’on adore, mais on les adore encore plus quand on n’a pas besoin de faire appel à eux !

Les coureuses et les coureurs (désolé mais j'ai encore du mal à accepter le principe de l'écriture inclusive), sans distinction de performance. De toute façon on a toutes et tous été performant, le référentiel sur lequel s'appuie la notion de performance étant quelque chose de très relatif au final !

Et dans tout ça, des champions accessibles... à l'image de Valérie Levay et de Sebastien Chaigneau qui ont réalisé de vraies perfs en remportant le 180km chez les femmes et chez les hommes, mais aussi Vivien Bardary qui a remporté le 90km et l'extraordinaire Mahamat Ali Hisseine, capable de chrono de 5h37 sur le 57km, et terminant près de 2 heures avant le second, mais aussi tous les finisher et les non finisher, tant on sait que ce type d’épreuve n’est jamais gagné d’avance.

Mention pour Elodie, Abderaman et Gonih le dromadaire, en espérant que ton projet puisse se réaliser comme tu le souhaite

Une pensée particulière pour les copains aux destins assez variés…
- La belle réussite de CriCri sur le 57km, Le plaisir de voir Cyrus, Pascale et Marie George également finisher du 180.
- La probable petite frustration de Xavier qui a pu jouer avec les premiers pendant quelques CP avant de devoir se réorienter sur le 90km, tout comme Abderrahim avec qui j’avais quitté le CP2.
- L’arrêt prématuré de Katia, Frank, Guy et Philippe. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas, j’en sais quelque chose.

J’en profite également pour parler des photos qui illustrent ce récit. Il y a bien sur toutes celles de la M&M’s team (Marc Moitessier, Michele Moutardier et Marc Mellet) dont j’ai déjà parlé, quelques-unes également de Vincent Kronental, mais il y a toutes celles prises à mes amis coureurs, avec une mention particulière pour le reportage fait par Abderrahim avec des photos superbes, mais aussi celles de Frank, Katia, Guy, josé, Seb, Luc, et de l’orga en général… Plus probablement certains que j’oublie mais qui, je l’espère, m’excuseront.

Bien sur ce mini tour d'horizon ne serait pas complet sans notre couple préféré, je veux bien sûr parler de Caroline et Jean-Philippe, qui portent à bout de bras ce gros bébé depuis le début et dont les efforts méritaient vraiment d'être récompensés

Voilà, on arrive (enfin, dirons certains) à la fin de ce CR. Nul doute que nous allons continuer à entendre parler du TREG et j’espère aussi de l’Ennedi !

En tous cas, si vous avez tenu jusque-là, c’est que vous êtes prêt à vous lancer sur une des épreuves du TREG 2019 !

Bonne journée

Michel

4 commentaires

Commentaire de lstauf posté le 13-03-2018 à 06:55:55

Merci pour ce très beau récit.
C’est vraiment un pays extraordinaire que l’on peut découvrir par le texte passionnant et par les superbes photos.

Bravo aussi pour cet ultra qui me semble une aventure sportive et humaine hors du commun.

Commentaire de marathon-Yann posté le 15-03-2018 à 07:51:32

Fantastique. Quelle aventure et quel beau récit. Tu m'as fait rêver et je t'en remercie.

Commentaire de La Tortue posté le 30-03-2018 à 01:38:48

bravo mon 'tron !
la photo où tu brandis ton t-shirt de finisher est magnifique, on y voit à la fois de la fierté et de la modestie dans ton regard, comme si c'était une chose naturelle de boucler une telle épreuve.
te connaissant depuis tant d'années, je ne suis pas surpris par ta performance, mais quand même, quelle carrière ça te fait depuis le Verdon au...siècle dernier ;-)
grosse pensée au Chacal en lisant ton Cr !
merci, ça m'a fait rêver et voyager!

Commentaire de leptitmichel posté le 30-03-2018 à 06:58:29

Merci ma tortue... Franchement une épreuve superbe... 24 ans après ce fameux 1er ultra dans le verdon avec le Papy... On approche du quart de siècle quand même :D

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

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