Récit de la course : Kronion Perasma - 70 km 2018, par anilem54

L'auteur : anilem54

La course : Kronion Perasma - 70 km

Date : 14/7/2018

Lieu : Lakonia (Grèce)

Affichage : 483 vues

Distance : 70km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Mon troisième ultra

www.anilem54.wordpress.com/2018/08/14/mon-troisieme-ultra/

Quatre semaines ont passé depuis ma dernière course… quatre semaines « au feeling », avec pas mal de sorties vélo ou VTT, un peu de trail quand même, juste pour le plaisir… quatre semaines vécues comme une coupure, nécessaire pour encaisser cette nouvelle expérience très riche en sensations.

Le 14 juillet dernier donc, je prenais part à mon troisième ultra-marathon, le Kronion Pérasma, au coeur du Péloponèse. Je m’étais décidé assez tard à y participer, sentant le besoin de rebondir après mon dernier marathon, celui de Rhodes en avril. Deux petites semaines de repos post-marathon, j’avais enchaîné sur une mini-préparation de neuf semaines, axée bien évidemment sur l’endurance… Du très simple : des footings tranquilles, un peu d’allure marathon, la sortie longue au rythme Cyrano, et une séance de vélo hebdomadaire pour diversifier les plaisirs. Une préparation tout en douceur, sans aucune contrariété, idéale…

Samedi matin, 5h, nous avons rendez-vous place Metaxourgio, en plein coeur d’Athènes… Ambiance bizarre, ce sont plutôt les couche-tard qui peuplent les rues d’Athènes à cette heure, mais on est quelques dizaines de coureurs à attendre le bus qui va nous emmener à Agios Pétros, dans la belle région d’Arcadie. L’occasion de faire connaissance avec Mario, qui fait son entrée sur les longues distances.

Un peu avant Tripoli, le chauffeur fait une pause, pour que l’on puisse se dégourdir les jambes… Lieu vraiment bien choisi, le parking de l’aire de repos donne tout juste sur le tout petit village de Sagas, bien connu du petit monde de l’ultra ! Trois ans ont passé, mais mes souvenirs sont encore très forts, et je revis intensément la belle course de Jean-Philippe, que j’avais eu la chance de suivre lors de son spartathlon, en 2015 ! Ce village, je ne l’avais pas vu cette année-là, puisque ce n’est pas un arrêt prévu pour les suiveurs des spartathlètes… J’attendais JP au village suivant, Nestani, en pleine nuit, juste après la redoutée « montagne », et juste avant la pluie… instants magiques, inoubliables, qui ont sans doute été pour beaucoup dans ma volonté de tester les longues distances… En ce petit matin, tous ces souvenirs me permettent de commencer à me mettre véritablement dans l’ambiance.

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Quelques heures plus tard, nous sommes plus d’une centaine à attendre le départ. Belle ambiance, beaucoup semblent se connaître, certains ont déjà participé aux précédentes éditions de la course. Pour ma part, je profite de tous ces instants, pas de stress particulier, j’ai décidé de partir assez prudemment. Les deux premiers kilomètres sont en descente, faciles, mais ensuite, nous entrons dans la grosse difficulté du parcours, 16km de montée assez forte.

J’en ai bouffé à l’entraînement, des kilomètres de montée, et j’aime bien ça… En effet, cette partie de la course se déroule très bien : mes sensations sont bonnes, mais mes pulsations sont un poil trop haut, et tout se joue ici, toutes les difficultés que je vais rencontrer plus tard trouvent leur origine dans cette partie de la course, que pourtant j’ai l’impression de contrôler… vu avec le recul : que de progrès à faire !!!

CP1 : km5.7, 38′, FCm 143
CP2 : km10.6, 1h11′, FCm 156
CP3 : km14.9, 1h42′, FCm 161
CP4 : km18.9, 2h10′, FCm 162

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Mais voilà, on n’est pas à l’entraînement, et au passage du sommet, il me reste encore 50 bornes à parcourir… une distance que je n’ai parcourue que deux fois par le passé ! Pourtant, je me sens bien à cet instant de la course, et le coup de fil aux miens, c’est plutôt pour les rassurer, parce que je sais que ce n’est pas facile pour elles, et qu’elles s’inquiètent un peu.

Le parcours, fantastique, dans les premiers kilomètres de la descente, je suis seul, les émotions, intenses, et je profite de la forêt, extraordinaire de richesse… sans aucun doute, le meilleur moment de la course pour moi ! Je m’arrête pour me rafraîchir à une source, sans me douter que la suite va être bien plus dure…

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A partir du km25, je commence à me remettre en questions, à regretter d’être venu, à me demander ce que je fais là… A peine un peu plus du tiers de la course, alors que je pensais retrouver ces pensées bien plus tard ; là, je commence déjà à avoir des problèmes d’estomac…

 » Merde, 25 bornes seulement, combien de fois j’ai couru cette distance, mais déjà des soucis, et ceux-là, totalement nouveaux pour moi ! A chaque fois, ce sera donc un nouveau problème ? « 

Je m’arrête une première fois dans les sous-bois, sans résultat, et je me traîne tant bien que mal jusqu’au village suivant, Vamvakou, heureusement, les paysages sont époustouflants ! Dans mon désarroi, j’en oublie de recharger mon bidon, je m’en aperçois quelques centaines de mètres plus loin, et commence à stresser, il me reste à peine deux-trois gorgées jusqu’au ravito suivant. Mince, jusque quand je ferai ces erreurs de débutant ? Heureusement, les organisateurs ont prévu le coup, et je trouve un peu plus loin des bouteilles d’eau, à l’ombre d’un olivier, ou d’un noyer, je ne sais plus…

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Quelques kilomètres plus loin, je rejoins le village suivant, Varvitsa, qui est aussi le point de ravitaillement principal… le menu est simple, des pâtes, mais il m’est impossible d’avaler ne serait-ce qu’une bouchée. Impossible non plus de profiter des toilettes de la taverne du village, mon transit intestinal est définitivement hors service… 10′ d’arrêt, sans doute beaucoup, mais je n’étais pas loin de m’arrêter définitivement à cet endroit.

CP5 : km24.7, 2h47′, FCm 149
CP6 : km28.2, 3h14′, FCm 155
CP7 : km33, 3h47′, FCm 151 (Vamvakou)
CP8 : km39.5, 4h39′, FCm 154 (Varvitsa)

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Sur encore 25 kilomètres interminables, je vais traîner ma misère, avec des hauts, des bas, mais surtout mes problèmes intestinaux récurrents… des nausées, deux autres arrêts dans les fourrés, les incertitudes sur ce que je dois faire aux tables de ravitaillement…  J’en perds même toute logique, j’essaye de faire de savants calculs, et me demande si j’arriverai dans les délais, alors que finalement, mes temps sont à peu près conformes à mes prévisions. Tant bien que mal, je poursuis mon parcours, et me raccroche à ce que mes amis ultra-marathoniens m’ont souvent répété, à savoir qu’il y a toujours un moment où l’on va rebondir… Et puis surtout, il y a ces petits riens qui font toute la différence : l’énergie que l’on puise auprès des autres coureurs, anonymes, chacun dans sa souffrance ; les sourires des bénévoles, aux petits soins malgré les longues heures d’attente ; la voix rassurante de ta dream team, au téléphone.

CP9 : km45.6, 5h38′, FCm 145 (Karyès)
CP10 : km48.8, 6h05′, FCm 146
CP11 : km53.7, 6h41′, FCm 147
CP12 : km59.8, 7h39′, FCm 142 (Vourvoura)

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La vitesse flanche, je marche, souvent, et peste contre les mouches qui se font de plus en plus insistantes en cette fin de journée… mais mine de rien, j’avance, et arrive enfin au bout de la dernière difficulté du parcours. Il me reste 5 ou 6 kilomètres à faire, mais le tout en descente, et le village d’Agios Pétros est désormais bien visible. Je vais la savourer, cette fin de course, j’ai même l’impression de voler (le GPS me ramènera plus tard à la réalité, 6’20 sur cette portion !).

CP13 : km65.4, 8h29′, FCm135
Arrivée : km68.5, 8h49′, FCm150

Accueilli comme un roi à l’arrivée, comme chacun des coureurs : Pavlos, l’organisateur, a un mot gentil pour chacun d’entre nous, merci à lui, et à toute son équipe, cette course est décidément formidable.

Pour ma part, sitôt la ligne franchie, je pars m’asseoir un peu à l’écart : je sentais l’émotion m’envahir, depuis le dernier ravito, et les paroles si sympathiques des bénévoles qui me voyaient bien fatigué… Je passe un coup de fil rapide à Christina, pour la rassurer, mais surtout pour les entendre toutes les trois, mais impossible de parler. Le coeur qui bat la chamade, l’étourdissement, les jambes qui tremblent, les larmes qui ne sont pas loin de couler… Je repense à tous les moments difficiles de cette course, où je n’étais vraiment pas loin de l’abandon. Mince, mais qu’est-ce qui nous pousse à aller si loin, à la limite entre plaisir et souffrance ? Et pourquoi, à chaque fois, on a tellement envie d’y retourner ?

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2 commentaires

Commentaire de Ze Man posté le 04-09-2018 à 11:42:35

super CR plein d'émotion. Merci et bravo !

Commentaire de anilem54 posté le 07-09-2018 à 10:20:39

Merci à toi, Ze Man !!!

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