Récit de la course : Via Romana 2004, par Gamajade

L'auteur : Gamajade

La course : Via Romana

Date : 8/8/2004

Lieu : Piedicroce (Haute-Corse)

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Distance : 38km

Objectif : Pas d'objectif

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Via Romana 8/08/2004 – Un vrai trail CLM

La Via Romana c’est avant tout la course d’une équipe menée par un homme, Jean Nasica, fiers de leur région, la Castagniccia et désireux d’en partager la beauté avec le plus grand nombre. C’est depuis quatre ans un des objectifs de la Via Romana.

Avant de vous parler de la course (c’est quand même l’objectif d’un CR), je voudrais juste vous faire le portrait de Jean qui à mon avis reflète bien l’âme de ce trail, généreux, authentique et hospitalier. Quel personnage ce Jean Nasica. A une semaine de mon départ pour la Corse, je n’avais pas reçu la feuille de route. Coup de téléphone au numéro contact et c’est Jean qui me répond, il était dans la montagne en train de placer les marques de parcours. Il me demande où il peut m’envoyer la feuille de route et à mon arrivée elle m’attendait chez mes amis de Bastia. La veille de la course je me rends à Piedicroce pour retirer mon dossard, Jean est là à courir dans tous les sens, accueillant les coureurs, réglant les derniers problèmes de logistique. J’en profite pour le remercier de m’avoir envoyer la feuille de route. Et là surprise, il me lance un « Ah oui, bienvenu monsieur Robillard, vous êtes le monsieur de Lyon n’est ce pas ? » Bon d’accord, on n’est que 120 inscrits, mais quand même, ça fait plaisir et ça donne la gnaque d’être accueilli aussi chaleureusement même si on ne s’appelle pas Daichhiri Sherpa où Gilles Diehl (qui le méritent pourtant plus légitimement).
C’est encore lui qui une demi heure avant le départ donné à 7h00 du matin arpentait les ruelles de Piedicroce au volant de sa voiture, micro et mégaphone en main pour rassembler les coureurs derrière la ligne et appeler Monsieur le maire à venir donner le coup de pistolet
Dernier exemple du sens aigu de l’hospitalité et de la convivialité du personnage (promis après je vous parle de la course, mais je crois que beaucoup d’organisation gagneraient à offrir cette simplicité). Lors du buffet d’après course, attablé avec les coureurs et les membres de l’organisation, Jean Nasica félicitait chacun à haute voix, recevait les cadeaux (beaucoup de spécialités locales) de coureurs venus d’autres régions. Je me suis approché pour lui demander de transmettre mes félicitations à tous les organisateurs et aux bénévoles qui ont vraiment fait un travail superbe sur cette épreuve. Aussitôt et très bruyamment Jean se lève et me dit « Eh ! Alors ! Ca il faut que tu le dises au micro que tout le monde l’entende !! » Et il m’entraîne vers le portique d’arrivée où il demande au speaker de me donner la parole pour que mes félicitations soient entendues directement par ceux à qui elles étaient destinées.

Bon la course maintenant !

La Via Romana est un trail de montagne couru sur 37Kms avec 2600m D+ et 2600m D-. Le départ est donné de Piedicroce petit village de moyenne montagne (650m) situé dans la région de la Castagniccia, entre la côte orientale et la région de Corte. Le parcours est très complet puisqu’il traverse des zones de sous bois de hêtres et de châtaigniers avec des sols souples et donc agréables à courir en faisant attention aux pièges cachés sous les feuilles. Des pierriers et des pentes de rocailles bien casse pattes à la descente. Des D+ bien marqués puisque la plus grande partie des 2600m se trouve sur moins de la moitié du parcours. De longues descentes dans lesquelles il faut soit avoir les jambes, soit ne pas être trop gourmand et ne pas aller trop vite si on veut qu ça réponde à la remontée et éviter la chute dans la rocaille. Ah ! Une bonne chose, le parcours est parsemé de multiples sources d’eau qui offre un rafraîchissement salvateur en plus des ravitaillements officiels.


Etape 1 Piedicroce-Bocca Merza 10km et 900m D+

7h15 le départ est donné, les pros et d’autres partent comme des fusées moi je décide de partir prudemment, il va falloir gérer le dénivelé. Le premier km est en descente dans les châtaigniers ça me permet de terminer de m’échauffer et de doubler quelques coureurs partis plus lentement que moi. Il a plu un peu la veille (et oui, il pleut aussi en Corse en plein mois d’Août, Canicule ils ont dit…) Le terrain est un peu humide et les coureurs devant moi on piétiné la marjolaine et la menthe sauvage au bord du chemin ça sent bon…. Bon la descente est terminée. On commence à monter en en lacets raides. Je suis bien, je cours et je dépasse encore quelques coureurs. Après 2 kms on arrive à Pie d’Orezza (source d’eau minérale gazeuse bien connue en Corse). Là je rejoins un coureur de Toulon (dont j’ai oublié le prénom oops désolé) qui a un rythme qui me convient bien pour les 8 km de montée très raide qui nous reste jusqu’au premier col. On monte ensemble en se passant le relais. On ne voit personne devant nous, les autres sont vraiment partis vite, on verra si ça paye… et personne derrière, ceux là on du s’arrêter un moment aux sources de Pie d’Orezza et on ne les reverra plus.

A 1km du premier col Bocca Favalta on rejoint un groupe de 4 coureurs…ils peinent, partis trop vite…On les rattrape au ravitaillement (altitude 1400m). Ils s’arrêtent plus longtemps que nous et on repart devant. La crête nous emmène tranquillement jusqu’à 1420m en prairie rocailleuse découverte. La vue est magnifique on voit toute la chaîne montagneuse du centre d’un côté et la mer de l’autre (oui !!! j’ai pris quelques photos !!!). On est en courbes de niveau sur 4 kms jusqu’au 3ème point de contrôle. C’est tranquille, beau, je suis bien.

Là Juste après le ravitaillement en eau, erreur, au lieu de suivre le faux plat montant sur la gauche on déboule à gauche sur un chemin plus large et qui surtout descend, après 200m on entend les bénévoles crier « à gauche ! à gauche ! ». je suis emballé et je me retourne pour voir qu’effectivement plus haut les autres bifurquent à gauche, mais je ne vois pas la pierre devant moi et…soleil !!! Je m’étale lourdement sur la cuisse gauche, aïï ! ça tu le payeras peut-être plus tard ! Bon on rebrousse chemin et on repart.

Etape 2 Bocca Merza-Alzi 5km et 500m D-

Ca y est, ça commence à descendre. Rocaille au départ puis sous bois. C’est super agréable à courir, sol souple, il faut juste se méfier des souches et des pierres sous les feuilles. Mon partenaire de Toulon est moins à l’aise dans la descente je le distance. Mais d’autres coureurs me dépassent (dont ceux qu’on avait doublé juste avant le col), ils volent littéralement. J’espère pour eux que les genoux et les quadriceps tiendront le coup. Deux kms avant Alzi on se met à descendre dans le maquis. Le chemin est étroit, raviné avec de gros décrochements de pierre…bien casse patte, mais là aussi ça sent très bon le maquis. J’arrive au 4ème point de contrôle au km 17 (Mazzola), en 2h38. Je suis plutôt confiant, certes il reste encore une belle montée, mais ensuite ça descend sur près de 10 kms jusqu’à 3 kms de l’arrivée

Etape 3 Alzi-Caldane 9km et 924m D+

Au point de contrôle de Mazzola, je refais le plein du sac. Là je dépasse pas mal de coureurs qui était devant moi et prennent leur temps. J’ai doit prendre le mien aussi car je ne vois pas que mon partenaire de Toulon me dépasse lui aussi et est déjà parti dans la montée. Je commence à monter moi aussi mais plus lentement que je ne le prévoyais car la descente sur Alzi m’a quand même bien abîmé malgré la prudence.

La pente suit la rivière Bravona en montée progressive. Juste avant de bifurquer pour la vraie montée jusqu’à Caldane, je vois mon toulonnais sortir du maquis en face de moi comme un diable pestant contre le marquage. Il n’a pas vu la flèche qui indique de tourner à droite pour rejoindre la côte…ça fait un quart d’heure qu’il est parti sur la mauvaise piste…il est démoralisé, dit que la course est terminée. Je sais que techniquement il sera mieux que moi dans la côte (et j’espère le rattraper dans la descente), je l’encourage et essaye de lui dire qu’il est toujours dans sa course et de relancer. Il repart en pestant !!!

Ca monte raide en sous bois et en lacets serrés. Là je ne peux vraiment pas courir. Je m’efforce d’être patient de faire de grandes foulées et de trotter sur les replats (il n’y en a pas beaucoup). Ce n’est pas grave, je dépasse quelques coureurs complètement cuits. Pas par la distance ou la montée, mais par la descente d’Alzi qu’ils ont prise trop vite et qui les a cassés. On sort de la forêt à I Castelli (1400m) en débouchant sur une prairie d’alpage…et dans les alpage il y a des vaches qui nous regardent passer un peu interloquées (avec nos tenues bariolées on a pas vraiment l’habit du berger Corse habituel). Bon le problème de la prairie découverte, c’est aussi qu’on voit très bien les 300m D+ qui nous reste à parcourir pour arriver au sommet et que j’ai beau essayer, je n’arrive pas à avancer plus vite.

Un bénévole me dit que les premier viennent d’arriver en moins de 4h10 (4 :04 exactement). J’ai beau savoir que ces gars là ne sont pas humains ou en tout cas pas faits comme moi, j’ai toujours du mal à les imaginer passer ici en courant (chapeau bas !!!)

Ca y est, j’arrive au point culminant du parcours. Que c’est bon de plaisanter avec les nombreux bénévoles qui nous y attendaient (il sont montés eux aussi !). La encore paysage magnifique. D’un côté les sommets du Cortenais sous le soleil. Et de l’autre, là où on va, brouillard. Bon j’y vais car la descente m’appelle et j’espère m’y refaire un peu. Salut et merci pour le réconfort !!

Etape 4 Caldane-Carpineto 9km et 1280m D-

Le premier km est en traversée en faux plat descendant sur de la prairie. J’avance vite, je me dis que si les 10 kms sont comme ça, ça va être du gâteau presque jusqu’à l’arrivée, mais une rapide mise en équation de l’altitude de départ, de l’altitude d’arrivée et de la distance me ramène à la réalité… ! En effet après la traversée et le passage du col ça se met à descendre très dur en sous bois clairsemé dans des ravines de ruissellement très étroite avec blocs de pierres et racines rampantes ! Pour tout arrangé on est passé sous la couche de brouillard et ça condense en petite pluie fine qui rend les pierres glissantes comme des savonnettes. Aller accroches toi, c’est quand même là que tu dois rattraper le temps perdu dans la montée ! J’accélère en me concentrant sur les 3 mètres devant moi pour anticiper les meilleurs passages. Ca tape dur dans les quadriceps et en plus il ne faut garder un œil sur le balisage. Sur cette partie et presque jusqu’au bas de la descente je suis seul, personne devant, personne derrière. C’est une sensation que j’apprécie, pas un bruit juste le celui de mes foulées et de ma poche à eau qui ballotte un peu sur ce terrain accidenté. Après le PC7 (848m – Chapelle St. Aliberoto) Le chemin devient plus large et moins cassant, mais la pente toujours aussi raide, ça fait déjà 7 kms que ça descend comme ça et ça devient un peu lassant. Les cuisses ça va, mais mon orteil droit vient buter contre le bout de ma chaussure à chaque foulée et je commence à avoir sérieusement mal à l’ongle…je peste contre ce pied qui glisse dans la chaussure et qui m’empêche de tout lâcher.
Je passe un coureur qui marche. Il a des crampes et terminera comme ça. C’est le premier coureur que je croise depuis près de 9 kms. On s’encourage mutuellement, petite tape sur l’épaule au passage. C’est bête, mais ça fait du bien de voir que d’autres sont plus mal en point que soi (même si on sait ce que ça fait).

On approche du but car les spectateurs commencent à faire leur apparition (il n’y en a pas sur la majeur partie du parcours en dehors des bénévoles, mais dans un sens quand la nature est aussi belle c’est pas plus mal). Le problème c’est qu’ils ont tous des notions du temps et des distances différents et qu’au passage ils se croient obligés de vous dire « aller courage c’est bientôt fini (ça, ça fait plaisir) plus que…1 heure (pour un), ¾ heure (pour l’autre), 1h15 (pour un autre encore)…qui dit vraiment la vérité…bon c’est pas grave…merci quand même d’être là.

Arrivée à Carpineto (650m) c’est presque la fin de la descente, cette traversée de village est très sympa, beaucoup de monde, un ravito gargantuesque. Je bois un peu et je repars. Il ne reste plus que 4 km !!! Les deux premiers en descente en sous bois. En bas je rejoins un coureur. On fait 500 mètres ensembles avant d’arriver au pied de la montée finale vers Piedicroce. C’est à cet endroit qu’on à la surprise de voir sortir d’un taillis une mère sanglier accompagnée de ses marcassins…Bon pas très accueillante la maman !!! Elle n’a pas du être briefée par l’organisation !…Nous en tous cas ça nous donne des ailes pour attaquer la montée.

Mon nouveau compagnon s’arrête vite de courir dans la montée. Moi je continue. C’est toujours pareil, dans les deux derniers kms tous mes bobos s’évanouissent et j’ai l’impression de voler. C’est une sensation géniale, qui tient du miracle. Mais bon je me dis toujours « pourquoi pas un peu plus tôt »

L’arrivée sur Piedicrocce est très motivante. On arrive par le bas en suivant une route (la seule qu’on emprunte vraiment sur tout le parcours) qui monte en lacets raides vers le village. Du coup les spectateurs sont en surplomb et les encouragements vous tire littéralement vers le haut. L’arrivée se fait par un escalier d’une dizaine de mètre qui aboutit sur la place de l’église…Le portique d’arrivée n’a jamais autant ressemblé aux portes du paradis (facile !!!).

Ça y est je suis arrivé. 6h31. En fait je me sens plutôt bien, pas trop cassé. Je me dis que j’aurais pu faire mieux en me poussant un peu plus dans la seconde montée. Mais bon je suis en vacances quand même…Et cette course c’était plutôt un bon prétexte pour arpenter les sentiers de cette Corse que j’adore.

Je retrouve mon partenaire Toulonnais qui est arrivé en 6h18. on s’assoit sous les platanes sur le parapet qui surplombe la route pour voir arriver les autres coureurs et les applaudir à l’arrivée. On discute en refaisant la course, mais c’est surtout des paysages et des odeurs qu’on parle, preuve qu’il s’agit d’un beau trail. Daichhiri Sherpa est lui aussi assis sur le mur à contempler la montagne Corse sous le soleil. Malgré les heures d’entraînement qui nous séparent, on se rejoint pour aimer courir dans la nature. C’est ce qui nous fait Courir Le Monde, découvrir d’autres horizons, rencontrer d’autres coureurs ou organisateurs.

Un grand merci à toute l’équipe de Boziorando pour avoir organiser ce très beau trail, merci aussi aux bénévoles et à la population des villages et hameaux traversés pour nous avoir encouragés.

Pour les M&Ms qui, je l’espère, voudraient participer à l’édition 2005 voici l’adresse du site web de l’organisation : http://www.boziorando.com

J’ai pris quelques photos pendant la course qui seront visibles sur le CR que je poste sur Kikourou, à moins que je puisse les mettre en ligne sur CLM.


Par ailleurs pour les chanceux qui pourraient prendre quelques jours en Octobre, sachez que les organisateurs de la Via Romana on concocté un vrai bijou d’ultra trail qui se court dans le cadre du circuit international Mare Monti. Un parcours vertigineux qui débute au niveau de la mer à Moriani pour monter jusqu’à Piedicroce. En tout 62 kms, 4800 D+ et 4200 D- des panoramas magnifiques avec vu sur la mer et la montagne. C’est le 3/10/04, une très belle saison pour courir en Corse et un plateau de coureurs bien fourni avec entre autres, le team Montrail. http://www.mare-monti.org

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