Récit de la course : Le Grand Raid du Mercantour 2007, par stef73

L'auteur : stef73

La course : Le Grand Raid du Mercantour

Date : 16/6/2007

Lieu : St Martin Vesubie (Alpes-Maritimes)

Affichage : 1664 vues

Distance : 0km

Objectif : Faire un temps

3 commentaires

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Grand Raid du Mercantour : Une course quasi parfaite !

Prologue :
Voici 1 des 2 objectifs de l'année avec l'UTMB.
Tout le début de ma saison de Trail a été tourné vers ce premier gros objectif.

Après le Nivolet Revard qui fût difficile, j'avais décidé d'intercaler le Grand Raid 73 (70km, 4500m D+) pour mieux me préparer.
Même si la charge était importante avec 3 grosses courses en 6 semaines, cela m'a permis de faire du volume.
Après le Grand Raid 73, il y a 3 semaines (voir CR), j'avais assez vite récupéré.
Un petit tour chez l'Ostéo pour me remettre droit (bassin de travers sur la gauche) et une reprise de l'entrainement 4 jours après la course.
Au cours de la semaine précédant le Grand Raid du Mercantour, je vais finir l'entrainement par une séance d'1 heure 30 le lundi avec d'excellentes sensations (mais avec un rythme tranquille) et un footing léger d'1 heure le mardi; avant de relâcher complètement.
Je ne connais pas mon état de forme mais je suis déterminé à terminer.
Même si je me trouve fatigué (état général) et si j'ai un peu peur de l'accumulation entre les trails et un d'entrainement assez chargé.

J'ai quand même dans la tête l'objectif inavoué de finir en 17h, en me basant sur les résultats de l'édition 2005 où le premier avait mis 12h30.
La suite montrera que j'étais loin du compte, puisque le premier mettra 14h30 cette année !

En effet, Le Grand Raid du Mercantour avec ses 102 km et ses 7000m D+ qui s'est couru ce Samedi 16 Juin a été ralongé un peu en distance et dénivelé, mais avec un parcours vraiment beaucoup plus costaud !

Je rencontre sur le forum Kikourou, Riad38 avec qui je vais co-voiturer jusqu'à St Martin de Vesubie pour arriver vendredi après midi. Bien sympa !
Retrouvailles avec Michel_C puis pas mal d'autres UFO (Cyr, Silvain, Fabrice, ...)
On récupère les dossards, briefing et resto tous ensemble, avant d'aller se coucher quelques heures.

La course
Le départ est donné à 4h du matin, le samedi, par Dawa Sherpa (blessé, qui ne prendra pas le départ).
Je suis (comme d'hab) bien placé vers la 3ème ligne, histoire de ne pas me faire coincer.
Dès le départ, je me fixe de partir tranquille et comme j'ai plutôt du mal à aller cool sur les premières heures, je me base uniquement sur mon cardio.
Je décide de rester entre 155-158 pulsations/minutes.
En gardant ce rythme, je suis juste derrière Michel_C qui a largement le niveau de finir dans les 10 premiers (ce qui est son objectif à cette course).
Cela me surprend un peu ! Mais j'essaye de ne pas en tenir compte et gère mon début de course.
Nous ferons 4,5km sur une route montante jusqu'au village de Venanson où nous prenons un bon sentier.
Les sensations sont toujours très bonnes et je reste rivé sur mon cardio pour rester dans un rythme normal.
Arrivés au sommet de la première montée (700m D+) nous redescendons sur la station de St Dalmas (1290m), en observant le début des premières lueurs d'une journée qui s'annonce bien belle !

Nous remontons rapidement vers le Col du Barn (2452m) après le passage dans le village et les premiers encouragements des locaux, familles de coureurs et de l'organisateur qui m'annonce que je suis 22ème.
Un peu étonné ! mais bon, je ne force pas et tous les voyants sont au vert.

J'arrive en 2h au ravitaillement du 15ème Kilomètres (2040m).
Il y a beaucoup de vent, et le soleil n'est pas encore là. Je remplis juste ma poche à eau, un bout de banane et je repars rapidement.
La montée au Col de Barn est très belle et nous passons à côté de 3 beaux lacs. Je me régale !

Arrivée au Col de Barn (18km - 2h35) où enfin on bascule au soleil.
Je me fais doubler par un coureur juste au sommet (j'observais le paysage ;-) ) et descends avec une bonne cadence juste qu'à la vacherie du Collet (23km - 3h05) avec un autre coureur vraiment très sympa.
Nous passons dans des forets de mélèzes magnifiques ! Le paysage est vraiment fantastique. On se régale.

Remontée par un chemin forestier légèrement montant où j'alterne marche et course à pied.
Passage au col de Salèse (25km - 3h22) et nous redescendons avec le même coureur par un beau sentier puis par la route jusqu'au Boréon (30km- 3h52) en doublant quelques coureurs.

On nous annonce que nous sommes 18ème au ravitaillement du Boréon.
Michel_C (qui ne m'a pas vu) repart juste quand on arrive.
Toujours du mal à croire que je suis aussi bien placé. Je n'ai pourtant pas forcé mais je commence à douter (est ce que je ne suis pas allé trop vite ?)
Je prends bien 5 minutes au ravitaillement, refais le plein d'eau et essaye de manger.
Pas grand chose ne passe hormis les bananes.

Je repars avec le même coureur, mais celui-ci attaque fort dans cette remontée très raide vers le Pas des Landres.
Je le laisse partir, je me calme un peu, mange un gel et reprends un bon rythme.
Je relance sur chaque plat et faux plat et marche vraiment d'une bonne cadence dans les montées.
Le cardio est toujours surveillé avec attention, mais tout semble bon.

Je redouble encore quelques coureurs avant la dernière pente très raide du Pas des Landres (38km - 5h20), qui semblent déjà fatigués.
Je passe le Pas en 15ème position avant de remonter au Col de la Fenestre et je redescends assez cool jusqu'au refuge de la Madone (43km-6h05).
Je prends le temps de me ravitailler même si toujours pas grand chose ne passe, et maintenant j'ai vraiment bien mal au ventre.
Un coureur est resté là sous la surveillance des bénévoles après une belle entorse.
Je suis seul au ravitaillement et tous les bénévoles sont aux petits soins avec moi.

Je repars tranquillement vers la montée du Pas du Mont Colomb.
J'ai un coup de moins bien, cela est certainement dû au mal au ventre et à ma faible alimentation depuis le départ.
Je reprends un gel et essaye de remettre la machine en route.
Je me ferai rattraper par 2 coureurs avec qui je vais faire la fin de la montée jusqu'au col (2548m).
La fin est vraiment très raide.
Nous franchissons ce col très étroit (46km-7h05) avant une redescente hyper technique.
Obligé de mettre les mains sur les 1er 100 mètres, puis passage dans des gros blocs où il est impossible de courir, puis encore un sentier bien technique.
Je me ferai doubler par 3,4 coureurs plus à l'aises que moi, dans ce dédale de rochers.

J'arrive enfin au Pont du Countet (51km-8h15) où je récupère mon sac amené par l'organisation.
Massage des jambes à l'Arnica, Spasfon pour le vendre et j'avale un bouillon de nouilles.
Je repars vers la 18ème place du ravitaillement.

Le mal au ventre, se transforme en ... "vite il faut que je trouve un endroit pour ...&§$&@..."
Ce que je ferai 2 fois dans la montée. Cela va un peu mieux, mais je suis vidé !
La montée du Col de l'Arpette (2511m) va vraiment être laborieuse et le moral est moins bon au vu des coureurs qui m'ont doublé pendant mes 2 pauses et de mon état.
Pourtant les jambes sont encore fraiches, aucune douleur.
Je franchis le Col (54,8km-9h32) sous les encouragements des bénévoles et prends mes bâtons à la main, puisque interdiction de les utiliser dans la réserve des Merveilles.
Je rencontre des chamois et je me régale des magnifiques paysages.
La descente est plus facile et j'arrive à bien relancer pour arriver au ravitaillement du refuge des Merveilles (58km-10h) où on me signale que je suis 21ème.

Un coureur est présent, c'est Michel_C.
Encore bien surpris de le retrouver, et lui aussi !
Il me dit qu'il n'a pas la grande forme et pas trop d'envie.
Il repart avant moi, le temps que je mange un bout de fromage et remplisse ma pipette.

La montée est encore superbe en longeant les lacs, et j'arrive à bien relancer.
La vue de Michel juste au-dessus m'a redonné des ailes et le mal au vendre me laisse un peu de répis.
A la moitié de la montée, Michel m'attend et nous finirons ensemble pour passer le Pas du Diable (60km-10h30) après 300m D+ où nous pouvons enfin reprendre nos bâtons.
De belles photos de ce passage ici (la 5ème, c'est Michel et moi-même)
La 1er partie de la descente est technique, puis devient plus facile. Nous remontons un peu pour atteindre la Baisse Cavaline avant de prendre un sentier très roulant (le 1er !).
Passage au Col de Raus, Michel veut s'arrêter un peu et me parle d'abandonner.
J'essaye de le convaincre et rien n'y fait.

Je reprends la descente seul en lui disant qu'il me retrouvera certainement derrière un arbre pour ..§è&"*... .
Je descends vraiment vite en relançant bien jusqu'au Grange du Colonnel où on remonte une belle côte avant de prendre un chemin à flanc de montagne (sur 4km) où il faut sans cesse relancer entre des petites remontées.
J'éprouve une certaine lassitude et ne vois pas le bout de ce chemin.
Le moral en prend un coup quand je me fais doubler par 3 fusées !
Puis on reprend une piste forestière sur 2 km qui ne fait que descendre (enfin !).
Puis succession de remontées et de descentes sur encore sur 3km pour atteindre le Relais des Merveilles où juste avant je rencontre Cyr et Sylvain qui ont abandonné sur le parcours et qui encouragent les copains.

J'arrive au ravitaillement (76km-12h50) dans un état moyen, même si les jambes sont encore bonnes, j'ai toujours un mal au ventre terrible.
Dawa (qui est vraiment adorable) me remplira ma pipette, je mange un peu et change de chaussettes.
Puis je me dirige vers les toilettes, pour un ènième ..§è&"*... .
Michel qui a réussi à faire du stop jusqu'ici, a bien abandonné.
Il me demande si je continue ?
Voilà, que cette question me met des doutes !
Et je lui répond d'un air déterminé "Bien sûr, et j'irai au bout", mais au fond de moi, je commence à douter.

Je reprends la montée de la Baisse du près (800m D+) et chaque mètre sera un effort énorme.
Au bout de 300 mètres, je n'ai qu'une envie, redescendre, laisser mon dossard et aller manger et me coucher.
Il me faudra vraiment prendre sur moi, pour continuer et continuer encore.
D'autant plus que je suis encore obligé de m'arrêter 2 fois .... et je me fais encore doubler.

A la Baisse du près (80km-14h40), on m'annonce que je suis 39ème !
Et merde !!!
Bon, maintenant mon objectif, c'est d'arriver ! Et ce serait très bien d'être dans les 50 premiers.
Le début de la descente est encore technique et la suite devient plus roulante, puis encore technique.
Petite remontée pour arriver au ravitaillement de la Madone de Fenestre (85km-15h20) où j'arrive en même temps que 2 coureurs que je viens de reprendre.

Et là Cyr m'accueille et m'encourage énergiquement.
Je lui confie que j'ai perdu beaucoup de places et que je suis au moins 40ème !
Il me dit que c'est impossible et va se renseigner.
Il revient et me confirme que je suis 30ème et que ce sont des coureurs qui ont décidé de ne pas faire la boucle de refuge des Merveilles de 25km qui sont sur cette fin de parcours avec nous.
L'organisation ayant décidé d'offrir une alternative aux coureurs ne se sentant plus l'énergie de faire le tour complet.
Cela me regonfle !
On m'aide à remplir ma pipette avec du produit énergétique et j'arrive enfin à manger des pâtes et du fromage.
La 1er féminine arrive (Sandrine Baron) et repart tout de suite.
Je décide de la suivre, ayant constaté la régularité des filles dans les montées.
Elle est 100 mètres devant, mais je vais vite la rattraper.
Je suis bien dans ma tête, je sais que je vais finir !
Et j'ai repris la forme, l'envie et les jambes sont encore bonnes.
Je vais encore doubler 1 coureur et d'autres qui font le parcours de replis.
Nous allons faire toute la montée à discuter ensemble jusqu'au sommet du Piagu (91km-17h00) où j'avais pris quelques dizaines de mètre d'avance afin d'admirer le coucher du soleil.

Puis je décide de partir seul devant, pour les derniers 1400m D-
Passage par des parties bien techniques jusqu'à la foret.
Je suis ivre de joie et remonté à bloc de terminer cette belle course.
Je mets mon lecteur Mp3 à fond et je repars à bloc.
Je crois que jamais je ne suis descendu aussi vite.
J'étais comme drogué, sur un nuage. J'enchaine les descentes, les virages comme un fou.
Je vais doubler encore 4 coureurs sur la fin, ils ont du me prendre pour un dingue !
Et je me lance à la poursuite d'un dernier coureur juste devant qui lui aussi donne maintenant tout ce qui lui reste (il terminera juste devant moi).
La musique toujours à fond, j'entends quand même le commentateur au micro, 200m plus bas.
Fini le chemin, on arrive sur les escaliers que je dévale avec un rythme effréné ! Passage sur la route encore des escaliers, puis la rue principale où je vole littéralement (à plus de 20km/h) et où les spectateurs me crient de bien prendre le dernier virage, tellement ma vitesse est importante.
Je prends le virage, sprinte encore sur les 50 derniers mètres et franchis la ligne d'arrivée fou de bonheur !!!
Michel est là et me prend en photo, l'organisateur vient me féliciter, mon pote de sport2000 , Antoine Guillon .... Je suis aux anges.
Pas fatigué, plein d'endomorphine...Heureux !
On m'annonce que je suis 25ème en 17h53mn.

Un grand Merci à l'organisateur et à tous les bénévoles qui ont été adorables.
Merci pour ce parcours très technique qui convenait mieux aux montagnards (et moins aux vrais coureurs).
Bravo à tous ce qui ont fini (297 sur 600 coureurs au départ). Les 50% d'abandons montre bien la difficulté d'une telle épreuve.
Chapeau à tous les autres coureurs d'être allés aussi loin sur une course aussi technique et dure.


J'ai récupéré rapidement, et j'ai repris la course à pied aujourd'hui tranquillement.
Encore une bonne fatigue générale mais je suis encore sur un nuage !

Je ne m'explique pas pourquoi j'ai bien réussi cette course.
Je pense que l'enchainement des courses de ce début de saison m'a permis de bien gérer celle-ci.

A l'avenir :
Surtout rester humble et modeste, puisque un Ultra c'est tellement long et dur, qu'il peut tout arriver.
Descendre de mon nuage, pour ne surtout me mettre en sur-confiance.
Et gérer la fin de l'entrainement avec efficacité et modestie pour bien arriver en forme à l'UTMB.
Prochaines étapes : Le Trail des Cerces (55km) le 8 juillet (pas sûr - A confirmer avec le planning familial) et un gros WE entrainement le 14 Juillet.

3 commentaires

Commentaire de béné38 posté le 21-06-2007 à 22:15:00

Bravo pour ta course ! Et respect aussi parce que t'as vraiment bien géré, malgré les problèmes gastriques toujours inattendus.
Béné38

Commentaire de oufti posté le 21-06-2007 à 23:00:00

Bravo pour cette superbe place!!!

Du premier au dernier, bcp ont eu dans l'idée d'abandonner. Bravo d'avoir trouvé la force de continuer!

Commentaire de akunamatata posté le 22-06-2007 à 20:25:00

Félicitations Steph!
finir comme ça c'est plutôt rare, tu as a pêche et surtout un bon esprit pour aborder toutes ces difficultés.

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