Récit de la course : Etape du tour 2000 2000, par poussman

L'auteur : poussman

La course : Etape du tour 2000

Date : 11/7/2000

Lieu : Carpatras (Alpes-de-Haute-Provence)

Affichage : 3538 vues

Distance : 170km

Objectif : Pas d'objectif

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Pas d'autre récit pour cette course.

Le récit

Dossard 1445.

Tour de France 2000, 12e étape Carpentras Mont Ventoux, ce jour-là, les favoris du tour du millénaire devront se dévoiler.
Amstong, Pantani, Ulrich, Virenque vont ce jour-là se battre sur l’un des cols les plus mythique du tour de France. À l’heure ou j’écris ces lignes je ne sais pas qui se distinguera mais une chose est sûre celui qui franchira la ligne le premier entrera dans la légende du cyclisme.
Le Ventoux est un massif calcaire à l’est de Carpentras culminant à 1912 mètres, nom signifiant’Venteux’’car le mistral balaie sans relâche son sommet déplumé de toute végétation.
Le Ventoux ne sert à rien, il ne permet pas comme un col des Alpes de passer d’une vallée à l’autre ou d’atteindre un village en altitude, on le monte dans le seul but de le redescendre, il semble avoir été créer pour torturer les coureurs cyclistes!
Pourquoi vous parler de cela tout simplement car 2 jours avant les géants du tour s’élancera la plus grande cyclosportives de France sur le même parcours et permettra aux 7 500 cyclistes (Venu des 4 coins d’Europe) de se mesurer avec la légende, je serais l’un d’eux…


Mardi 11 juillet 2000.

4 Heures le réveil sonne la nuit fut très courte, je me lève sans bruit il me faut partir vers Carpentras où le départ aura lieu dans maintenant trois heures. J’ai un peu peur, bien sûr ce n’est pas ma première course de l’année, mais c’est la plus prestigieuse. J’ai appris hier dans l’Equipe que Greg Lemond (ancien vainqueur du tour de France) serait là, je me vois déjà rouler à ces cotes et l’attaquer dans une bosse…

5 Heures voilà tout est prêt le vélo est accroché à l’arrière de la voiture, en route vers la souffrance.

6 Heures 30 Parking des coureurs, des cyclistes dans tous les coins qui se préparent avec soin pour une journée qui s’annonce difficile.

7 Heures 30 le départ est donnée après une heure d’attente sur la ligne de départ ma tactique est simple vu le nombre imposant de cycliste, partir vite pour me retrouver dans des bons groupes. Après 30 km de plat à 40 km heure nous attaquons le col de mur long de 11 km à environs 5 %. Les premiers présomptueux commence à être planté au milieu de la route, je ne peux m’empêcher de penser qu’ils font connaître une journée très difficile. Moi, je suis plutôt bien si ce n’est ma tendinite au quadriceps qui se réveille, je me dis que les 7 000 km accompli à l’entraînement depuis le 1 janvier servent à quelque chose. Le ciel commence à se couvrir et il fait déjà froid. Impossible de savoir où je me trouve par rapport au reste de la troupe. Nous approchons du 100 eme km, je suis dans un groupe d’une cinquantaine de coureurs et déjà je remarque que tous ceux qui sont autour de moi on l’air affûtés, les cyclistes du dimanche ont disparu! Le col de notre dame avec ses pentes à 6 % continue l’écrémage, je commence à me dire que j’aurais peut-être dû prendre un coupe-vent car le ciel est vraiment très gris et la température descend. 20 Km c’est la cote de Mormoiron longue de 3 km qui finit de nous fatiguer et pourtant la course ne fait que commencer… Au loin dans le brouillard je distingue le géant de Provence avec son interminable montée sans aucun repis de 21 km à près de 10 % de moyenne. Il est 11 h 40 quand j’entre dans Bédoin après 4 heures et 10 minutes de course. Le mistral souffle très fort, mais je suis encore en pleine forme, je remonte un à un des coureurs en perdition, je me dis que dans environs 1 heure 30 je serais arrivé. J’ai prévu une montée prudente pendant 15 km, puis de finir les 5 derniers à fond pour essayer d’atteindre mon objectif (Rentrer dans les 1000 premiers). Les 10 premiers km sont durs, très durs, mais je me dis que c’est bientôt fini, avec l’altitude, le froid devient difficile à supporter, le mistral n’arrange rien. Plus que 5 km c’est là que je voulais accélérer, mais en fait je n’ai plus du tout envie, j’ai froid, ma cuisse me fait mal, j’ai le cerveau qui lache , je me demande pourquoi je fais ça, je me trouve 1000 bonnes raison pour descendre du vélo, je n’en vois que très peu de continuer. Ma volonté est au bout, il gèle, un orage de grêle s’abat sur nous, plus que 2 bornes, les plus dure au milieu de nulle part dans une tempête indescriptible, à chaque tour de pédale je me dis que c’est le dernier, que je ne pourrais pas aller plus loin, je m’insulte en me disant que je n’ai pas le droit de mettre pied-à-terre… 500 Mètres ce n’est rien 500 mètres, mais j’ai l’impression que je ne pourrai jamais y arriver. 200, 100 C’est fini je suis arrivé, il est 13 heure 30 je suis heureux, j’ai froid. Je m’aperçois qu’il neige et que les organisateurs sont en doudounes il fait 1 degré et le mistral souffle à plus de 100 et je suis en tee shirt ! Le village d’arrivée et le ravitaillement sont à Malaucene 20 km plus bas, la course est finie, mais il faut redescendre. Je crois n’avoir jamais eu aussi froid de ma vie que dans cette descente, imaginez vous skier par mauvais temps sans gants et en tee-shirt et vous comprendrez. 20 Km de calvaire entrecoupé de nombreux arrêts pour essayer de me réchauffer un peu.
Me voilà au village d’arrivée je profite de la présence de kiné pour me faire masser en attendant que les premiers résultats arrivent. Ça y est ils sont affichés, je sais que j’ai mis 6 heures, je cherche mon nom… 428 ! Je suis 428 eme sur les 7 500 partants!! La fatigue est oubliée, je suis très satisfait de ma performance, j’ai l’impression d’être le champion que je ne serais jamais, je cherche les journalistes, les photographes, personne! Tant pis pour eux j’avais plein de chose à leur dire. Je remonte sur mon vélo direction Carpentras et ma voiture, la journée est finie, je pense à ceux qui y sont encore…


Mardi 12 juillet

La Provence titre « Galère pour les cyclo sportifs » j’apprends que sur 7 500 partants il y a eu 3 500 abandons dont 700 personnes furent soignés pour hypothermie, les derniers concurrents seront stoppés dans le Ventoux vers 15 heures 30 alors qu’ils leur restaient encore prés de 3 heures de course. Vive le sport!

Demain les pros s’élanceront sur le même parcours et accompliront la distance en un peu plus de 4 heures (Le vainqueur de ma course un Russe d’un très bon niveau a mis 5 heures), alors dopage ou pas ils méritent tout le respect du monde.


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