Récit de la course : Marathon de la Cité 2004, par cigaloun dupuy

L'auteur : cigaloun dupuy

La course : Marathon de la Cité

Date : 10/10/2004

Lieu : Carcassonne (Aude)

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Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Marathon de Carcassonne (Aude)
Dimanche 10 octobre 2004


Distances :
42,195 km

Humilité, ce mot qui s'applique au sport en général et plus particulièrement aux sports d'endurance, trouve dans ces lieux magiques de la Citadelle de Carcassonne, encore plus son sens.

Comment ne pas tout relativiser lorsqu'on se retrouve au pied de cette magnifique cité et de ses remparts plein d'histoire, de notre histoire.
Et c'est ce que je fais.

La journée a commencé vers 7 heures, avec le rituel habituel.
Je réalise ce matin que je vais aborder mon 6ème marathon sans compter celui plus particulier du triathlon d'Embrun.
Je suis loin d'être un vieux "briscard" mais j'ai déjà mes petites habitudes, je déjeune d'abord tranquillement, avec selon l'humeur du jour soit carrément pâtes ou riz ou blé soit céréales complètes, avec café, laitage, fruit. Puis je commence ma préparation sportive avec "graissage" des zones sensibles : tétons plus sparadrap par-dessus, pied, aine, nettoyage des pieds avant de mettre les chaussettes pour éviter les petits cailloux, idem pour les chaussures.

Pour aller au départ de ce marathon, le premier du genre, je pars tranquillement à pied du camping où nous sommes arrivés la veille, en suivant un parcours de santé très sympa au bord d'un ruisseau, en commençant mon échauffement, marche, course à pied, étirements actifs, tout en gardant un œil sur la Citadelle qui se dressait fièrement devant et au-dessus de moi.
Arrivé sur une partie pavée dans la citadelle, je marche pour éviter toute blessure, et j'ouvre grand mes yeux pour savourer le spectacle, même si l'aspect commercial de ce monument est un peu trop développé (beaucoup trop de commerces) le lieu reste malgré tout assez magique.
J'ai continué mon échauffement au pied des remparts, en faisant mes étirements sur le chemin de ronde, avec une vue superbe sur les alentours. Certains se sont permis de "petits pipis" qui m'ont particulièrement choqué.

Les organisateurs annoncent un changement de parcours à la demande du Préfet, ce ne sera plus deux boucles de 21 km mais 3 de 14 km.
En attendant le départ, je re-nettoie mes pieds et mes chaussures pour éviter la présence de tout petits cailloux pouvant générer une entaille douloureuse.
Le départ fictif se fait en marchant, le départ réel étant donné au pied de la citadelle, il y a une bonne ambiance, même si les spectateurs sont peu nombreux hormis la famille et amis.
Je me sens bien. J'ai eu une grosse semaine d'angoisse, car des douleurs à l'ischio gauche, au talon gauche et au mollet droit sont apparues comme ça et là plus rien…
J'ai branché mon GPS je tourne pas trop mal, je passe le premier kilomètre en 5 minutes 10 ou 15, c'est bien, je me suis fixé comme objectif de finir en moins de 4 heures, 3 h 45 si je peux. Je compte donc passer au semi en 1 heure 50 minutes.
Le peloton, composé des coureurs et coureuses du semi et du marathon s'élance, et "l'écrémage" commence à se faire doucement, la file des coureurs s'allonge. Je suis toujours bien, je tourne toujours entre 5 minutes 15 ou 30 au kilomètre, je passe d'ailleurs les premiers 5 kilomètres en 26 minutes 14 secondes soit 11,48 km/heure de moyenne c'est ce que je me suis fixé comme moyenne, 11,50 exactement.
Je me sens super bien, car en plus je me retrouve dans un petit groupe de disons…. Soixantenaires, très débonnaires, très volubiles, des gens qui semblent être du coin puisqu'à certains endroits j'entends des "allez gourdon" lorsqu'ils passent. Je plaisante avec eux, ils semble partis pour finir en 3 heures 45/50, je me dis que ce serait bien si j'arrivais à rester avec eux.
Le parcours de départ de la boucle est sympa, de petites routes, mais avec des faux plats montants, les ravitaillements sont nombreux, tous les 2/3 kilomètres.
La deuxième boucle nous fait passer le Pont Vieux avec une petite montée assez raide qui fera mal au troisième tour sûrement, puis passage au bort de l'Aude je crois, et retour vers la ville par la caserne des Pompiers avec une montée d'un petit kilomètre.
Arrivés la veille, nous avons fait un petit tour dans la ville l'après midi, et nous avons été frappés par les odeurs d'égout que nous y avons senti.
Et bien elles sont toujours là ces odeurs, certains endroits sont "durs" à passer, presqu'en apnée.
Je passe au 10ème kilomètres en 25 minutes 56 secondes soit 52 minutes 04 en tout soit 11,75 km/heure de moyenne sur les 5 derniers et 11,53 sur les 10. Je suis serein, je me sens bien, l'ambiance est bonne dans le petit groupe que nous formons mes pulsations cardiaques sont stables à peu près 150 c'est bon.
Nous passons dans la ville, avec toujours très peu de monde au bord du parcours, puis nous reprenons une nouvelle fois le bord de l'Aude pour repartir par un virage montant en épingle vers la ville, de l'autre côté de l'Aude vers le stade.
Je finis cette première boucle assez frais, toujours avec le groupe des "gourdonnais" qui met une bonne ambiance le long du parcours.
Le passage au 15ème se fait en 25 minutes 56 secondes pour les 5 kilomètres et 01 heure 18 minutes en tout soit 11,74 km/h de moyenne pour les 5 kilomètres et 11,54 km/h total.
Mon GPS m'a lâché, plus de pile je crois, je n'ai plus la vitesse d'affichée juste le chrono.
Pour l'instant, tout au début de la deuxième boucle, je suis bien, nous repassons bien sûr aux mêmes endroits, les petites montées commencent à ne plus être petites, les bénévoles aux divers ravitaillements sont toutes et tous très sympas et attentionnés.

Je me sens toujours bien, aucune douleur, aucune fatigue, le souffle est bon, juste un peu mon pied droit qui à tendance à se raidir de temps en temps, mais c'est très bref.
Tout le groupe passe au 20ème kilomètre en 26 minutes 16 secondes soit 11 km/heures et en totalité en 1 heures 44 minutes soit 11,52 km/h, je suis semble t il dans les temps que je m'étais fixé, je voulais passer dans les 1 heures 50 au semi, cela devrait se faire.
Confirmation un peu plus loin nous passons au semi en 1 heures 50 minutes 16 secondes. Je suis assez satisfait, les "gourdonnais" semblent l'être aussi.
Je reste toujours dans le groupe, mais je sens comme un léger engourdissement gagner mes cuisses, pourtant je suis toujours dans le rythme du groupe, mais peu de temps après, je commence à me faire lâcher, et je n'ai pas la ressource de suivre le train. Je me dis que ce n'est peut être qu'un passage à vide, je recharge un peu les accus en prenant des boissons et aliments dits "toniques".
Je passe aux 25ème kilomètre en 26 minutes 38 89 soit 11,37 km/h et au total 11,44 km/heures.
Je me motive en disant que je reviendrais sur eux plus loin, mais au fil des hectomètres je sens que mes cuisses se durcissent de plus en plus, je n'ai mal nulle part ailleurs, rien qu'à ces satanés cuisses. Je suis définitivement lâché, je reviens à mon tour sur un petit groupe de trois à quatre coureurs, dont un qui court avec un sac à dos, je crois qu'il s'appelle Charly, il a l'air assez connu par ici, et un autre qui est handicapé d'un bras. Un peu avant la fin de la deuxième boucle après un petit "raidar", Charly motive le groupe en disant de rien lâcher, et de continuer à ce rythme, il a l'air bien ce garçon.
Je continue avec l'autre coureur nous arrivons au stade ensemble, et dans l'avenue avant de pénétrer sur la piste, nous nous faisons doubler par le premier. C'est un jeune du coin, il connaît la personne avec qui je cours, et nous tape dans les mains, il semble énormément heureux, il vole, le présentateur annonce son arrivée, dans un stade quasiment vide, mais le vainqueur a droit à son triomphe quand même et c'est mérité.
Mon "collègue" essaie de faire croire à des amis à lui que nous sommes deuxième et troisième mais personne n'y croit, ben pourquoi Je rentre dans le jeu et nous plaisantons un moment là-dessus.
Ce petit intermède humoristique m'a fait du bien, je reste quelques kilomètres avec cette personne, dont je ne me rappelle plus, hélas le prénom, mais plus loin je me fais lâcher. Je passe au 30ème kilomètre en 32 minutes 03 secondes soit 9,37 km/heures. Ouf la gifle !!!!
Je suis passé en 2 heures 43 minutes au 30ème, la moyenne a chuté 11,04 km/heures, ce n'est pas encore très mauvais, mais je sens que je vais finir dans les choux, en Alsace ça ne m'aurait pas gêné mais à Carcassonne….
Bon c'est reparti pour un tour, les mêmes endroits, les petites difficultés me semblent être devenues dorénavant des immenses difficultés, les kilomètres défilent et mes cuisses elles, se sont défilées.
Plus de jus, plus de forces, le moindre montée, même de 5 mètres, est un calvaire et pourtant nous ne sommes pas en Bretagne…Je commence à perdre ma lucidité, car je ne reconnais pas les endroits où je suis pourtant passé déjà deux fois.
Les défaillances sont nombreuses, devant moi, un coureur s'est arrêté auprès de son épouse et pleure, je lui tape sur la fesse et l'encourage à repartir avec moi, ce qu'il fait, je me mets à son rythme, car de toute façon le mien….. Je lui parle, l'encourage, lui donne des conseils, mais à la dernière montée au Vieux Pont il s'arrête de nouveau. J'ai eu le plaisir de le voir passer la ligne d'arrivée peu de temps après moi, et je suis content pour lui.
Je ne m'arrête pas car depuis que j'ai mal aux cuisses, je me motive pour ne pas marcher, je me ressasse "NE PAS MARCHER" continuellement, ce sera mon pari jusqu'à la fin.
Moi aussi je cale sur cette petite montée du Vieux Pont, je m'arrête 2 secondes, puis je repars, il faut dire que c'est là qu'il y avait le plus de spectateurs, et qu'ils m'ont beaucoup encouragé, si seulement ils avaient pu me prêter leurs cuisses, oh pas pour longtemps, juste une petite dizaine de kilomètres, je ne les aurais pas abîmé….
Sur un carrefour, j'ai eu le plaisir d'entrevoir un ami internaute, Patrick, l'ancien rugbyman, je pense qu'il avait du repérer mon dossard, car c'est lui qui m'a appelé. Il m'a demandé si cela allé je lui ai répondu en toute franchise "non".
La fin est interminable, je discute encore un long moment avec un coureur qui fait son premier marathon, il me dit qu'il ne se doutait pas de la dureté, de cette épreuve, il s'est pourtant bien préparé me dit il.
Je lui dis qu'un marathon restera toujours un marathon, c'est ce qui fait la beauté de cette épreuve, beauté, mon œil t'as qu'à voir l'état de mes cuisses
J'ai tellement perdu ma lucidité que j'oublie de prendre le temps au 35ème kilomètre, heureusement que je m'en suis rendu compte assez vite car je n'en voyais plus la fin de ces 5 kilomètres là.
Deux ravitaillement sur la fin n'ont plus d'eau, mais j'ai toujours mon bidon de boissons énergétiques, énergétiques………..!!!
La montée après la caserne des pompiers me semble interminable, et immense, je n'en peux plus, je m'arrête contre une barrière, mais, "piting" comme je me suis pas fait engeuler par le concurrent après moi !! "T'arrêtes pas, cours, ne marche pas" Il m'a même fait peur, sur le coup car je ne 'lavais pas entendu arriver, mais ce coup de gueule m'a donné un, petit, coup de fouet. Je repars illico presto, et je passe enfin les 40 km en 3 heures 58 minutes 10,08 km/heures, j'ai fait les 10 derniers kilomètres en 1 heures 15 minutes soit 8 km/heures.
Faudra me donner le nom du Préfet, j'ai deux mots à lui dire……
Grandeur et décadence. Décidément je n'arriverais donc jamais à passer sous les 4 heures.
A deux petits kilomètres de l'arrivée, je vois au détour d'un virage juste au dessus de moi les "gourdonnais", un d'entre eux semble peiner.
Je finis laborieusement, conscient depuis pas mal de kilomètres maintenant que je ne passerais pas aujourd'hui cette barre fatidique des 4 heures. Je rentre sur le stade à grande peine, j'avance un peu comme un automate, me forçant à courir, inexorablement, alors que je sens que mes cuisses vont exploser sous peu. Je passe l'arrivée dans l'indifférence générale, très peu de spectateurs dans le stade si ce n'est toujours la famille et les amis des coureurs.
Les organisateurs me donnent un sachet, que je prends mécaniquement, je me dirige tant bien que mal au ravitaillement, mais qu'elle idée ils ont eu de le mettre dans les tribunes avec des marches à monter……..mes cuisseuuuuuuuuuusssssssssssss
Je retrouve la famille qui était aller visiter le Citadelle, je réussis péniblement à m'allonger pour récupérer, mais je ne peux pas m'étirer, mes cuisses sont trop douloureuses.

Le coureur avec son bras handicapé passe devant moi et me reconnaît, il me demande si j'ai bien fini, je lui réponds tout simplement que j'ai fini, il a compris, il sourit.

Je vais me faire masser, l'organisation est à ce niveau impeccable avec pleins de jolies masseuses, hé, hé qu'est ce qui faut pas faire pour se faire tripoter par une jolie fille……

Bon, ça va déjà nettement mieux, si ce n'est ces cuisses, dis docteur, je peux pas m'en faire greffer des nouvelles ??
C'est ça le plus qui m'énerve dans tout ça, je récupère très facilement et rapidement, puisque j'ai même trouvé la force de rentrer à pied au camping où nous étions garés (à peu près 2 à 3 km), je n'ai mal qu'aux cuisses, pourtant après un marathon je devrais avoir mal un peu de partout, non ???
Après le massage je retourne dans les tribunes me ravitailler de nouveau surtout du liquide pour recharger la "mule", et là je rencontre, cette fois-ci de près, Patrick dit "le bouc" et son épouse mamy gâteau dont je ne connais pas le prénom d'ailleurs, un ami internaute, rencontré sur les divers forum sportifs, courir, rugby…
Nous discutons longuement de la course, il me présente le vainqueur, toujours aussi heureux, et l'organisateur à qui j'ai failli dire deux mots
C'est à chaque fois un plaisir de mettre un visage sur tous ces amis des divers forums internet.

Les chiffres :

Classement 208ème sur 274 arrivants, 30 abandons
Pulsation cardiaque moyenne : 149
Temps dans la zone 143/160 : 3 heures 20

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