Récit de la course : Trail des Reculées - 33 km 2009, par Lucien

L'auteur : Lucien

La course : Trail des Reculées - 33 km

Date : 5/4/2009

Lieu : Lons Le Saunier (Jura)

Affichage : 2350 vues

Distance : 33km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Le récit

Le beau temps était prévu sur la Franche-Comté, malgré un matin très frais. Vers 7h30 le soleil apparaissait sur le Jura après s’être extirpé de la masse bruineuse qui l’enveloppait  depuis son lever. D’une belle couleur orangé il réchauffait déjà l’atmosphère ; Lons n’était plus très loin, encore quelques kilos et je serrai arrivé au Parc des Bains. Et bien sûr comme l’année dernière je rate le panneau « TRAIL ». Demi-tour vers la gare et cette fois-ci pas question de perdre encore un temps précieux.  

 

Arrivé sur les lieux, je me gare. A quelques encablures j’aperçoit mon collègue Kikoureur, on se salut, il est accompagné comme toujours par sa chère dulcinée, qui ne rate pas une occasion pour encourager sa vedette. Je file prendre mon dossard, derrière moi Serge, un copain de longue date, c’est sympa de se revoir dans ce type de course qui au fil du temps prend de l’ampleur.

 

Aller, on s’échauffe, tranquille et sans soucis. Mais mes jambes sont lourdes et toutes rouillées, ça commence bien. Tant pis, je ferai comme si de rien était. Le départ est imminent, encore quelques minutes juste le temps d’aller au toilettes. Sur la ligne il y a du beau monde, nous sommes prêt et attendons l’ordre pour démarrer ce Trail dans les meilleures conditions.

 

C’est parti mon kiki. Bon dieu, je n’avance pas, jambes coincés comme si je venais de manger une énorme choucroute. Il est vrai que je parts avec 2 kilos de plus par rapport au dernier Trail du 22 mars. J’ai tellement « bouffé » depuis que je n’ai pas eu le temps de perdre un peu de cette graisse superflue et surtout de digérer mes derniers repas. Je suis un goinfre, ça me perdra. Je ne vous cacherai pas que c’est la saison des pissenlits alors je ne vous parle pas des lardons, de l’ail  et de toutes cette graisse qui donne un excellent gout à cette plante. Parlons de la course, après un petit tour dans le parc on emprunte un chemin qui suit un petit cours d’eau et par moment nous sommes obligés de marcher car ledit chemin finit en goulot en passant sous un petit pont. Nous longeons ensuite le terrain de foot, le sol est tendre mais une poignée de minutes plus tard voilà la route et ça monte assez sec. Là par contre mes jambes s’allègent, je vais mieux. Une petite portion herbeuse avec quelques cailloux  avant de grimper vers l’Ermitage. Je prends le sillage d’une nana qui a l’air de bien de débrouiller, elle me donne le tempo, on grimpe comme à la parade alors je reste derrière elle et ne la double pas car c’est très bien comme ça, de plus le chemin forestier est trop étroit je risque de faire trébucher la belle. Elle va bien la mignonne, elle me donne du punch, nous avons le même rythme. De temps en temps, nous doublons des concurrents en faisant très attention et en choisissant le bon moment. Et tout ça jusqu’ au 1 er ravitaillement ( 5.5 km ). Je la remercie et son sourire me transperce le cœur. Le temps de boire 2 verres d’eau, elle s’est volatilisée. C’est toujours comme ça avec les femmes, elles disparaissent au moment où l’on a le plus besoin d’elle (lol).

 

Désormais la première difficulté passée, nous voilà parti en direction du belvèdère du Crançot par un chemin forestier assez sinueux avec des changements de direction en épingles à cheveux. On descend et on remonte sans arrêt, ce ne sont que des faux plats mais ça fini toujours par user un peu mais l’endroit est agréable. On entend piailler les oiseaux alors que nous longeons peu à peu les crêtes qui offrent une vue magnifique sur la vallée ou nous devrons descendre plus tard. Pas le temps de regarder depuis le point de vue du Crançot ( j’aurait du ), ça devait être chouette. Je me retrouve après quelques temps avec 2 féminines qui vont bon train avec le sourire, c’est beau tout ça. Une belle grande blondinette et sa copine brunette qui trottinent en évitant les cailloux qui nous empêche de nous donner à cœur joie. Le parcours est assez technique, il faut faire très attention. La brunette fait un écart et il me semble qu’elle a failli se tordre la cheville «  tout est ok «  nous dit-elle. Nous continuons notre chemin tout en exclamation. Nous savons déjà que la descente sur Baumes approche.

 

Quelle descente !!! Attention ça glisse et c’est assez raide. On se tortille entre les cailloux, nos corps font de gros effort pour ne pas aller trop vite, sinon cela signifirait  la chute. Nous ne sommes pas de grands techniciens traillers. Les jolies sont accompagnées par un beau gaillard qui prend bien garde à son harem. Pas de soucis alors je ne les attends pas, elles sont entre de bonne main. Enfin Baumes est là au bout de cette descente infernale. Un peu de route et nous sommes au ravito, 2 verres d’eau, les filles me rejoignent et nous repartons pour la grave et extraordinaire montée des Echelles de Sermu. Cà grimpe énorme parmi les cailloux et les gros rochers qui longent le sentier très raides qui nous obligent à marcher pratiquement tout le long. A proximité du sommet de grosses pierres de taille  forme un d’escalier qui nous oblige à lever les genoux, harassant comme technique. Enfin le belvèdère  (quelle belle vue sur Baumes), nous empruntons un chemin herbeux assez reposant après autant d’effort, les jambes ont souffert mais je trottine tranquille, il faut récupérer. Je préviens mes amis de galère que le plus dur est fait mais qu’il reste encore certaines difficultés à ne pas négliger. La grande blondinette me réponds « ok, j’en garde sous la semelle ». Sur ce, on file à travers la campagne bienheureux d’avoir passé le plus dur.  Bois, champs, sapinières, tout défile, il fait bon malgré toute cette sueur qui brule les yeux. De ma casquette dégoulinent des perles d’eau et de sueur, ça bouillonne la dessous. Plus tard je passe la 1 ère féminine qui marche et se ravitaille d’un produit pour l’ effort, je trottine car la côte est fatigante.  On est hilare tellement l’endroit est génial. Ravito du 21.2 km, tiens je vais boire du coca, seapen m’en a parlé, il m’a dit que ça se digérait bien et que cela ne gênait pas l’estomac pendant l’effort. J’en boit 2 verres !!!. J’ai trop soif.

 

Encore des bois, des chemins carrossables, un peu de champs, enfin tout pour faire plaisir. Je n’ai guère de souvenirs de ces kilomètres à ce moment là. Tout le monde a disparu, il arrive un moment où on se retrouve seul, cela fait parti du trail, il faut savoir gérer sa cadence. Ca descend de nouveau et ça remonte dur parmi toute cette faune qui nous regarde (cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux) non pas les poux. Je sait, le délire est bien là. Tiens en bas d’une descente je vois des camions rouges, est-ce là les fameux mirages dont tout le monde parle mais il me semblait que cela n’arrivait que dans le désert. Mais non c’est le dernier ravito avec sa cohorte de secouristes. Doucement, 1 verre de coca (merci seapen ). Ca vaut le coup de discuter avec toi car depuis ces verres pétillants j’ai l’impression que cela va légèrement mieux.

 

On repart, cette fois-ci il y a un peu de monde, les maillots sont colorés, on se croirait au Tour de France (sans le dopage). Un chemin forestier clair puis une route gravillonnée, si je ne me trompe pas. Mes jambes sont raides comme les côtes que nous avons gravies depuis tous ces kilos. Nous entrons de nouveau en foret où se succèdent pentes et descentes parmi les feuilles mortes et les racines d’arbres, ça glisse, ça jure. Les yeux rivés au sol, je me sent tout à coup perdu dans cette immensité (employons les grands mots), plus de rubalises en vue, je continue avant de me rendre compte de mon infortune : je suis bien perdu. Je jure « sacrebleu, moules à gaufre », je profite de ce moment pour m’inonder le gosier d’une bonne rasade de rhum contenu dans mon camel. Je tourne, cherche mon chemin mais hésite et m’arrête et que vois-je au loin, une tache qui court et une autre qui suit d’un bon train. Je reviens sur mes pas  mais les coureurs ont déjà disparu. Ouf !! les rubalises sont là, je reprends vite la bonne direction, je rejoints peu à peu le groupe où se trouve la 1 ère féminine. Que de temps perdu mais tant pis, le principal est de se retrouver ensemble. Une descente terrible qui détruit les jambes, certains s’arrêtent, je passe doucement, une grosse bosse se présente devant nous et j’entends la jeunette crier, je me retourne et je crois comprendre qu’ elle souffre. Elle est accompagnée, donc pas de soucis. Brave jeunette, tant de courage. Ce n’est ensuite que des bosses dans le bois et des faux-plats montants et descendants  qui usent mais qui n’altèrent pas notre volonté d’en finir au plus vite. Nous apercevons Lons à travers les feuillages, la descente sur la ville s’accentue de plus en plus. Bientôt  le bitume nous attends, l’ épreuve la plus dure par ces vibrations néfastes pour nos os meurtris.

 

La route, encore 5 à 10 mn avant d’arrivée dans le Parc des Bains. Le soleil chauffe et le macadam ne pardonne pas, les crampes apparaissent mais ne se déclenchent pas, je boitille mais continue ma route, je suis en avance sur mon temps prévu alors je ne faiblis pas et ne veut surtout pas finir comme l’année dernière en marchant une partie des 2 kilos qui me reste à avaler. J’arrive vers les premières habitations, la route est très longue, les crampes peuvent me tétaniser, me bloquer sur place, je pense à autres choses mais à quoi ? les muscles se tendent jusqu'à me faire douter. Le paysage urbain file sous mes yeux, j’entends les spectateurs pousser des cris et des applaudissements pour ceux devant moi. Encore du courage, c’est tout ce qui nous reste. Enfin je vois le parc, peu à peu se dessinent sous les arbres, les bancs puis les spectateurs et le mot en grosse lettre « ARRIVEE ». Ca y est.

 

Bravo aux filles qui ont su fleurir le parcours de leurs foulées harmonieuses, bravo aux organisateurs et aux bénévoles sans qui nous n’aurions pu passer un beau dimanche dans ce site merveilleux du Jura. Merci aux spectateurs et aux randonneurs pour leurs encouragements. En un mot « Grand Merci »

4 commentaires

Commentaire de lulu posté le 08-04-2009 à 01:23:00

BRAVO à toi et surtout félicitations pour ce CR cousu d'humour et de réalisme....on s'y croirait !
J'ai adoré .....
Sinon, déçu de ne pas t'avoir rencontré !?
A une prochaine...

Commentaire de Oliv'BCA posté le 08-04-2009 à 14:41:00

Bravo!
PS: ça doit être le seul trail 95% féminin si j'en crois ton (très réussi) récit.

Commentaire de GrandAlex posté le 09-04-2009 à 01:34:00

Salut Lucien,

ça donne envie d'essayer, peut être l'année prochaine si je me remets bien (cette fois-ci) du trail de Quingey...

Commentaire de bluesboy posté le 10-04-2009 à 02:12:00

Bravo lucien
Je regrette de ne pas t'avoir salué ,ce n'est que partie remise
Comme moi tu t'es égaré dans la belle nature jurassienne .Toi tu as deux kilos en trop mais tu ne t'en es pas mal tiré ,moi j'en ai deux en moins ,encore une quinzaine à perdre pour étre à ton niveau (dans 10 ans ha ha ha !!!)

A bientot

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