Récit de la course : Marathon de Savoie 2009, par Matov

L'auteur : Matov

La course : Marathon de Savoie

Date : 20/9/2009

Lieu : Chambery (Savoie)

Affichage : 620 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Objectif majeur

5 commentaires

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Le récit

Le marathon de Savoie est un bon objectif pour moi car je peux pleinement consacrer mon été à l’entraînement de course à pied. Cette course a lieu en septembre et est facilement accessible à partir de Lyon.

 

J’y participe cette année pour la 3ème fois (après 2005 et 2008). L’année dernière je suis descendu sous la barre symbolique des 3h ici-même, et je n’étais pas loin de décrocher une place sur le podium, et j’ai fait 2ème sénior. Cette année j’y vais carrément avec l’idée de décrocher la 3ème  place. Je me dis qu’au mieux je peux atteindre les 2h53 au vu de me performances lors de mes entraînements. J’annonce donc la couleur, j’y vais en compétiteur et non en touriste.

 

 

Seulement voilà, après quelques 7 ou 8 semaines d’entraînement assez costauds, je décide naturellement de me reposer la semaine avant l’épreuve. Le relâchement et la fatigue sont terribles et me plombent un peu le mental à quelques jours de la course.  Je me rends compte qu’il est assez difficile de gérer la semaine d’avant course où le repos doit primer. Comment faire pour éviter un tel relâchement ?

 

 

 

La veille de la course je me sens limite malade et je commence sérieusement à me  poser des questions sur ma participation au marathon. Bon, je déciderai le matin même au réveil.Dimanche matin, après une nuit de sommeil courte où j’ai transpiré toute la nuit, je me réveil sans trop savoir comment je me sens. Je vais participer à ce foutu marathon fichu pour fichu !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On avait annoncé des nuages, mais pas de pluie. Mais le constat est là lors de mon trajet entre Lyon et Chambé : il pleut des trombes.    J’essaie de ne pas y penser et je continue à croire aux prévisions météo. Finalement, les goutent s’estompent plus on s’approche de Chambéry. Heureusement. Car après un marathon de Marseille bien trempé 5 mois auparavant, j’ai pas trop envie de boire la tasse à nouveau ici.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Niveau forme, je me sens fatigué et usé. Ce ne sont pas trop les sensations que j’aime ressentir avant un tel effort. J’essaie de garder l’esprit positif.

 

 

Ma femme et moi arrivons en voiture sans problème au Stade du Mas Barral de Chambéry, mais nous arrivons seulement 50 minutes avant le départ et cela ne me laisse pas énormément de temps pour me préparer. L’échauffement se fera à l’arrachée, et même au coup de pistolet du départ j’ai encore la main sur le lacet de mon short en train de le serrer à cause du poids des gels que j’ai mis dans la poche arrière. Avant la course, j’aurai eu le plaisir de retrouver un participant catalan (espagnol) qui avait fait ce même marathon l’année dernière. Il me dit avoir cartonné au marathon de Seville avec un temps de 2h52 ! C’est justement dans sa roue que je me cale en début de course. Je me dis qu’en le suivant je pourrais adopter un bon rythme. Mais je m’aperçois au bout de 8 bornes que ce n’est pas son jour. Je le distance donc et me retrouve seul pendant quelques kms. A ce stade-là je sais déjà que je suis dans les 10 premiers. Malheureusement je me rends compte que le podium ne sera pas pour moi aujourd’hui car un petit groupe s’est détaché en tête dès le début de course. La première moitié du marathon nous fait parcourir les rues de Barberaz et de Chambéry. L’ambiance n’est pas au rendez-vous, c’est à peine si les passants et les automobilistes ne nous chamaillent pas à cause de la priorité qu’on leur demande.  

Vers le 12ème km un jeune arrive à mon niveau. Mon orgueil est piqué car jusque là dans mon expérience du marathon de Savoie, j’ai plutôt l’habitude de voir des seniors expérimentés me donner du fil à retordre. Mais aujourd’hui, j’ai affaire visiblement à un espoir très motivé. Il me colle sur 2 ou 3 bornes, à tel point qu’il commence à m’agacer car il me coupe à plusieurs reprises dans ma trajectoire. Sa respiration est lourde et je me demande comment il fera pour tenir comme ça encore bien longtemps. Au 16ème kilomètre il me largue et je me demande à quel jeu il joue car l’effort qu’il produit est visiblement trop poussé compte tenu de la distance qu’il reste à parcourir. Finalement je me rends compte qu’il s’agit d’un participant au relais. En effet sa course s’achève à 17,5 kms et son père prend le relais pour les 24,5 kms qu’il reste à faire. Le père s’envole très loin devant et je n’aurais pas l’occasion d’admirer son splendide effort.

 

 

 

C’est donc à partir du 17ème km que je me retrouve seul au monde pendant longtemps. Je garde un œil sur mon temps et je m’aperçois déjà que je peux dire au revoir à un temps de 2h53, mais je peux encore espérer un chrono entre 2h55 et 2h57 si mes jambes ne me lâchent pas lors de la deuxième moitié du parcours. Depuis le début de la course je ne me sens pas top, et je crains la grosse défaillance d’une minute à l’autre. J’ai un poing de côté qui m’a pris dès les premiers kms, et j’ai une douleur à l’ischio droit qui se réveille (élongation il y a quelques mois…). J’essaie de positiver et de ne pas laisser la paranoïa prendre le dessus. Mon adorable chérie m’attend vers le 19ème km et rien qu’en la voyant le courage me revient vite.

 

 

 

 

L’année dernière j’ai tapé le mur dès le 23ème km et j’attends maintenant ce point fatidique avec beaucoup d’appréhension. Je dépasse le point du 1er semi marathon avec un temps de 1h26’33’’. C’est à peine une minute de mieux que l’année dernière. J’essaie de nourrir mes espoirs en me disant que grâce à ma progression depuis l’an passé, j’aurais de meilleurs arguments à faire valoir lors de la deuxième moitié de la course et que cela me permettra de faire tomber mon record d’au moins deux minutes.

 

 

 

La deuxième moitié de la course se fait sur une piste cyclable entre Chambéry et Le Bourget du Lac avec un passage par la Motte Servolex. On y croise beaucoup de cyclistes et joggeurs du dimanche.

 

 

 

Je recroise ma chérie vers le 22ème km. Dernier petit moment de réconfort avant la véritable épreuve qui m’attend. Je sais que c’est à partir du 23ème km qu’on peut se faire une réelle idée de notre forme du jour. Contrairement à l’année dernière, le mur ne se fait pas sentir à ce point-ci de la course. Je continue donc mon chemin assez confiant, malgré le poing de côté qui refait son apparition, ainsi que la douleur à l’ischio qui me nargue encore. Jusqu’ici tout ne va pas trop mal. Je m’attendais à pire ce matin avant la course. Il faut dire que j’étais vraiment en-dedans au moment du départ. Je me dirige vers le lac du Bourget en me disant que je peux faire quelque chose lors des dix derniers kms. J’arrive au Bourget et c’est là que les jambes commencent vraiment à peser lourd. Une petite crampe menace dans le pied droit. Je n’ai pas assez serré ma chaussure…

 

 

 

 

 

J’espère que j’en arriverai pas au point où je ne pourrais plus poser le pied à terre. Heureusement, toutes ces petites douleurs que je ressens (poing de côté, douleur à l’ischio et au pied) ne s’intensifient pas. Elles me rappelent qu’effectivement, je suis en train de faire un marathon….. Au 31ème km il faut faire un 180 degrés pour repartir en direction de Chambéry. En longeant le lac, j’ai donc pu apercevoir les personnes en tête de course, puis ensuite celles qui me suivaient. Cela me permet de revoir le catalan qui malgré son mauvais jour démontre toute sa gentillesse et son calme en me lançant plusieurs mots d’encouragement.  J’ai pu constater que j’étais 7ème. D’ailleurs je commence enfin à me rapprocher d’un concurrent portant un maillot jaune. Ca fait plus de 17 kms que je suis tout seul quand même.

 

 

En revanche j’entends des pas venant de derrière. A partir du 32ème km, on se retrouve dans un petit groupe à trois qui n’est pas destiné à faire long feu puisque le concurrent venu de derrière s’échappe déjà devant nous. Celui au maillot jaune me devance aussi un peu.

 

 

Il me faudra quelques kms pour me rendre compte que mon rythme est vraiment très lent à ce point-ci. Pourtant je n’ai pas l’impression d’avoir rencontré ce fameux mur. Mais il est bien là depuis quelques kms ! Mais bon sang, à ce rythme-là je ne vais même pas faire aussi bien que l’année dernière.  Au 37ème km, je suis encore avec le maillot jaune. Il s’attarde un peu à un ravitaillement. Je décide de mettre un coup d’accélérateur pour faire en sorte que tout ne soit pas perdu aujourd’hui. L’homme nous ayant devancé quelques kms auparavant est maintenant à 300 ou 400 mètres au loin devant nous. Je le garde en ligne de mire sachant évidemment qu’il est trop loin pour que je puisse espérer le rattraper. Mais je peux au moins essayer de réduire l’écart autant que possible. J’augmente donc la cadence, et mes jambes tiennent le choc.

 

 

 

En voyant le chrono, je me rends compte que je risque de ne pas descendre sous la barre des 2h58 si je ne me dépêche pas. Cela est donc ce qui me pousse vraiment à aller plus vite.  Peu à peu je grignote les mètres me séparant de mon concurrent. Celui au maillot jaune est déjà bien derrière. Au 41ème km, c’est l’alerte rouge. Il faut que je me défonce pour battre mon record d’au moins quelques secondes. Je peux d’ores et déjà remercier mon rival qui m’aura tiré vers lui lors des derniers kms. En effet, à 400 mètres de l’arrivée je ne suis qu’à 30 mètres derrière lui. Il parvient à garder son rythme mais ne peut accélérer comme je le fait depuis le panneau du 41ème km ! Je le double donc au « sprint » dans les derniers 100 mètres, je fonce vers la ligne d’arrivée avec les yeux rivés sur ma montre plus que sur l’arche des 42,195 kms. Jusqu’au dernier mètre je ne sais pas si je vais établir un nouveau record perso. Finalement je stoppe le chrono à 2h57’43’’ !!! 9 secondes de mieux que mon précédent record !!! Quel suspens ça été !!!!

 

 

 

Je félicite ce concurrent qui m’aura permis de revenir aussi fort en fin de course. Je m’excuse même de l’avoir doublé si près de la ligne. J’arrive donc in extremis en 6ème position et cela me convient largement pour aujourd’hui. Je vomis un bon coup (sous les yeux de ma pauvre femme qui décidemment doit beaucoup endurer avec moi). Cette séance de régurgitation me permet de constater que j’ai trop bu, voire trop mangé pendant la course.  Il a fait assez humide et lourd, et de telles quantités de liquide n’étaient sans-doute pas nécessaires. Avec du recul je ne peux qu’être heureux de ma performance étant donné l’état douteux dans lequel je me trouvais la veille et même au départ de la course.

 

 

 

La douche et le pique nique d’après course offert aux participants me permettent de retrouver mes esprits. De la bonne bière et du bon fromage savoyard nous attendent, avec des sandwichs au saucisson, des fruits desséchés et d’autres sucreries. Ce ravitaillement très copieux me permet de regagner mes forces et de profiter avec ma femme de la foire de Savoie, dont l’entrée nous est offerte.

 

 

 

Mon ami catalan m’encourage à venir lui rendre visite en mars et de participer au marathon de Barcelone. Je vais devoir réfléchir à cette proposition que me tente franchement !

 

 

La remise des prix se fait à 16h et est suivie d’une collation bien sympathique gracieusement offerte par les organisateurs de la foire de Savoie.

 

 

Beaucoup de rencontres sympathiques aujourd’hui. L’ambiance est vraiment bonne et me rappelle que c’est un petit peu pour ça que je cours aussi. Ce n’est pas seulement pour un chrono ou pour me prouver que je suis capable de tel ou tel exploit. Je me réjouis de la bonne mentalité que je retrouve ici aujourd’hui et espère pouvoir revivre de tels moments sur d’autres évènements de course à pied. 

5 commentaires

Commentaire de Estive 73 posté le 22-09-2009 à 09:13:00

Bravo, belle perf qui en annonce d'autres !
Au plaisir de se croiser ici ou là...

Commentaire de totoro posté le 22-09-2009 à 09:32:00

Et bien, quelle performance ! Bravo à toi !

Commentaire de daviff posté le 22-09-2009 à 10:17:00

Bravo Mathieu,

t'as vraiment fait fort! Les marathons ne sont pas faciles du tout, et t'as pu garder ton mental assez fort pour aller jusqu'a battre ton record personnel.

Maintenant j'espere que tu pourras te reposer sans tomber malade! Tu vas te reposer quelques semaines j'espere avant de reprendre les chemins du parc et des Monts pour la SainteLyon! Hein!

Commentaire de CROCS-MAN posté le 22-09-2009 à 10:29:00

Un grand bravo pour ta perf, du haut niveau.
Merci pour ton récit très vivant.

Commentaire de chanthy posté le 22-09-2009 à 11:57:00

excellent chono!!
le jour où je ferais moins de 3h....les poules auront des dents :).
en tout cas, c'est un très bon récit et très motivant pour courir.
bonne continuation.
au plaisir de se croiser.
NB: c'est vrai que le marathon de marseille n'était pas fameux,pluie de folie + vent du diable et parcours moyen sur la 2ième moitié, bref.

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