Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées 2009, par tounik

L'auteur : tounik

La course : Le Grand Raid des Pyrénées

Date : 28/8/2009

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3119 vues

Distance : 150km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Le récit

Attention aux sensations faciles de début de course. Quand on est préparé tout semble aisé au départ mais ça reste une épreuve longue !! ( donc cool et ça va le faire mieux qu'à la montagn'hard)

Cette petite recommandation du Dingo avant la course me revient à l'esprit au moment du départ. Cet abandon à la Montagn'Hard a été un moment difficile de ma préparation. Il a été l'occasion d'une bonne remise en question, manque d'humilité, départ trop rapide, explosion en plein vol lors de l'ascension du Mont Joly. Pour la première fois de ma courte carrière de traileur, j'avais décidé d'opter pour un vrai plan d'entrainement, celui de TRACE DE CIME et bêtement j'avais décidé d'utiliser la Montagn'hard comme trail de préparation. Comme si les 120 km et 10000 D+ de la Montagn'hard n'étaient pas un objectif à part entière !!!

Fort de cet abandon, je suis au départ du GRP avec comme seul objectif de terminer, si possible en moins de 40 H (et oui, rien n'y fait, il reste toujours un fond de compétition). On est prévenu, c'est plus difficile que l'UTMB. Pour ma préparation finale, j'ai profité de mes vacances avec ma petite chérie d'angevine pour randonner dans Paris à l'invitation de Marioune, faire une dernière petite sortie avec Benos et terminer par un petit repas diététique chez Ampoule 31. Nous avons aussi emprunté les routes bucoliques de la 1000 kil et rencontré quelques concurrents, ça remet les choses en place. Il faut un sacré courage pour s'engager sur un tel défi. Bravo à Cathy et Vincent, qui parviendront au bout de l'aventure en autonomie complète. Merci à Gilbert pour les conseils (il termine 3ème) et à ses accompagnateurs pour leur invitation à partager le repas .

Voilà, je suis au départ du GRP, fort de toutes ces rencontres et entouré de quelques amis, Supersteph69, Sanggi, Le Troll, Olivier BCA et soutenus par nos pom-pom girls de choc Bactérie et Karine …. C'est le bonheur.

C'est le départ, tout est relativement rapide sur le plat avant de se calmer dès les premiers contre-forts de la montée vers le col du Portet. De toute façon il est difficile de doubler alors je reste calmement dans la file, la course est longue. Plus haut, je profite de la largeur des pistes pour remonter quelques places mais sans forcer, on discute un peu avec les organisateur de la Trans-layon qui connaissent bien Benos : le monde est petit, surtout celui du trail. Le col arrive vite et je ne m'arrête pas au ravito, juste une pose pour ranger la frontale dans le sac. J'aperçois Sanggi en discussion avec les bénévoles et Olivier BCA qui avale un sandwich jambon.

Nous continuons sur une partie en balcon relativement roulante. Je rattrape Pascal PENOT qui est blessé et est venu faire de la rando pour admirer les paysages malgré un plafond bas en ce début de course. Il me pronostique un temps de 35H, je mets ça sur le compte d'une prise trop importante de cachets contre la douleur. Mon objectif est moins de 40 H donc doucement. Le col de Bastanet passe comme une lettre à la poste, normal en ce début de course, le temps est idéal pour moi qui n'aime pas les grosses chaleurs.

C'est la descente vers Artigues où doit m'attendre Karine, je ménage les quadriceps et me laisse glisser tranquillement, tout va bien et je suis accueilli par Badgone et Martine mais pas mon ange gardien. Il est 10H et ma meilleure prévision devait m'amener à Artigues après 11H. Petit coup de fil à ma chérie pour lui dire de ne pas se déplacer, elle me retrouvera plus loin. Arrêt rapide au ravito, recharge du camel et c'est reparti, avec mes bâtons grâce à Martine et sous les flashs de Badgone. Cette fois, il faut vraiment ralentir, je me fixe comme règle de ne doubler personne.

Je monte donc tranquillement vers le col de Sencours, le temps est maintenant dégagé et nous avons la chance d'admirer des paysages somptueux. Ainsi, le temps passe plus vite et le col est déjà là, juste le temps d'une pause et il faut repartir pour la succession de col, le tout en restant à plus de 2000 mètre, quand on vient de la plaine le souffle est court et pas seulement pour moi. Je respecte ma règle de ne pas doubler mais dans les côtes plusieurs coureurs s 'écartent pour me laisser passer. J'ai pourtant l'impression d'être en mode récupération et de profiter pleinement des paysage, somptueux depuis qu'ils sont inondés de soleil.

En chemin, je rencontre Serge, un Basque qui joue au yoyo avec moi depuis un petit moment. Après le ravito d'Autacam, nous décidons de faire route ensemble. Les choses se font naturellement, nous sommes sur le même rythme et c'est souvent plus agréable de ne pas être seul. Tout en discutant nous trottinons dans la descente vers Villelongue, nous ne marquons pratiquement aucune pause et avons hâte d'arriver à la première base vie.

Après pointage, je récupère mon sac et change immédiatement ma tenue pour l'équipement nuit. Même si il est encore tôt, le fond de l'air est déjà suffisamment frais pour supporter le tee-shirt manches longues. Je change également de chaussettes pour garder les pieds au sec, cette dernière opération s'avèrera veine tant l'humidité sera présente tout au long de la nuit.

Direction le buffet, une personne me propose de m'installer et de m'amener tout ce qu'il me faut !! Je refuse gentiment car il ne serait pas raisonnable de tomber dans trop de confort ! Tout est à disposition, les bénévoles sont vraiment très serviables, il faut faire attention de ne pas trop tarder. Je me dirige vers la sortie et signale à Serge que je repars en marchant pour qu'il puisse me rejoindre. Je profite de la portion de route pour appeler ma accompagnatrice de charme et faire le point sur mes temps de passage qui sont très en avance sur mes prévisions. Elle me retrouvera après le Cabaliros.

Serge n'est toujours pas là mais je me relance tranquillement, le morceau à venir va probablement être très difficile, il faut bien gérer l'effort. Sur la première partie, la pente est douce et permet de monter sans se mettre dans le rouge. C'est un peu long, c'est humide, mais sans aucune difficulté. L'ambiance dans la petite cabane de Turon de Bene est très agréable. Deux bénévoles, tout sourire, apportent du réconfort à une petite dizaine de coureur dans un espace pas plus grand que ma salle de bain, l'atmosphère est identique, chaleur et humidité. Il fait bon être ici, raison de plus pour ne pas s'attarder.

Juste le temps d'échanger quelques mots avec Serge qui arrive au ravito, Le chemin vers le sommet est encore long, dans le brouillard et la nuit tombante. J'ai enfilé mon coupe vent et ne souffre pas du froid malgré une ambiance surchargée en humidité. Il ne pleut pas, on fend le nuage qui nous recouvre d'eau. Le premier petit col peut donner de faux espoirs mais n'offre qu'un moment de répit avant l'ascension final. Je pointe auprès des deux CRS de haute montagne serrés l'un contre l'autre dans leur refuge de fortune, parés pour passer la nuit dans le froid et l'humidité.

Je remets la frontale pour entamer la descente vers Cauterets. Petit à petit, je prends confiance, je suis à la tête d'un petit groupe et nous prenons beaucoup de plaisir à courir sur ce petit mono-trace, ainsi le temps passe plus vite et nous oublions les conditions météo difficiles. Juste une petite chute sans conséquence, nous rejoignons une chemin plus large et je passe en mode marche pour ne pas trop me pénaliser pour la suite.

Karine m'attends en bas, nous marchons main dans la main dans les rues de Cauterets, elle m'explique les conditions dantesques pour arriver jusqu'ici en voiture, finalement c'est plus facile pour nous! J'essuie mes chaussures pour entrer dans la mairie et retrouve le 'Catalan' qui à fait route commune depuis le Cabaliros, il sera mon prochain compagnon de route.


Nous jardinons un peu dans les rues de Cauteret, un coup de fil à l'organisation nous remet sur le bon chemin, petit problème de débalisage ?? L'humidité est toujours très présente, difficile de garder les pieds au sec et ma plante de pieds détrempée commence à poser des petits problèmes malgré une bonne préparation et une attention constante depuis le début de la course. Rien de très grave mais à surveiller. Nous nous relayons avec le Catalan pour donner le rythme, nous n'avons pas trouvé de langue commune pour échanger alors nous avançons sans un mot. Les lumières un peu plus haut sont des motivations qui nous tirent vers le sommet.

Pas trop de souvenir du col de Riou, mais dans la descente nous effrayons un cheval endormi dans la nuit. Grosse frayeur pour tout le monde, cavalcade nocturne pour le pauvre animal qui n'avait rien demandé. Cette petite distraction nous fait perdre toute vigilance et après quelques centaines de mètres nous constatons l'absence de balise. Il faut remonter et nous retombons sur le petit chemin et le ravito en contre-bas de la route. Les quatre lits de camps sont occupés par des coureurs rattrapés par la fatigue. Pour moi ça n'a jamais été un problème et je préfère continuer jusqu'à Luz pour profiter du confort de la base vie.

Je ne ressens aucune lassitude dans cette partie qui, il est vrai, est plutôt en descente. Seul le final dans Luz est un peu long, mais je rejoins le ravito où m'attend mon ange gardien. Langevine devait me suivre toute la nuit, mais le brouillard persistant rend les routes de montagne dangereuses et nous décidons qu'il est plus rassurant pour moi et plus sûr pour elle de passer la nuit au chaud. Akuna est également ici en attente du jour et d'un hypothétique soleil qui lui permettrait de ramener de magnifique trophée à accrocher sur le mur de sa galerie. Je prends le temps de me changer, même s'il est encore trop tôt pour remettre le tee-shirt manche courte. Je change de chaussettes en prenant soin de me sécher les pieds et de les enduire de Nok. Ils souffrent beaucoup avec toute cette humidité mais, grâce à une bonne préparation, ils résistent bien.

Je suis prêt pour le dernier tronçon. Le catalan s'est arrêté pour dormir à Luz, je suis seul pour la fin de la nuit. Difficile de donner des détails sur ce moment de la course. La lassitude et la fatigue font que peu d'images me restent. Je croise quelques coureurs mais chacun est enfermé dans sa bulle. J'arrive à Tournabou avec le jour, le brouillard est toujours présent, mais les bénévoles du ravito annoncent du soleil plus haut. Inutile de s'attarder, il faut rejoindre le soleil synonyme de beaux paysages et annonciateur de la présence d' Akuna qui arrive avec Tibichique au moment où je quitte le ravito.

C'est le dernier gros col, la pente est un peu plus raide, la promesse d'une éclaircie plus haut permet de garder un bon rythme. C'est un petit coin de verdure …. le soleil inonde le brouillard de ce petit vallon, instant magique et suspendu ...qui, loin d'arrêter le soldat, donne de l'énergie. J'y emmènerai ma petite chérie un jour, c'est certain ! Le reste de la course se fera sous le soleil. Les paysages sont superbes à nouveau, il faut profiter de chaque instant, je fais une partie de la dernière pente avec Akuna qui peut s'en donner à cœur joie. Petite pause photo au col de Barèges avant de se lancer sur la descente cassante qui mène au lac de l'Oule.


Physiquement, la course s'est très bien passé jusqu'ici, mais les quadriceps commencent à donner des signes de fatigue. Je suis rejoins par Frédéric et nous faisons route ensemble. Quelques vaches ont décidé de redescendre par le même chemin que nous, mais elles ont tout leur temps, difficile de doubler, il faut se méfier de ces animaux presque sauvages. Un peu de patience et nous trouvons la faille. L'arrivée eau ravito du lac de L'Oule est un soulagement, les cuisses ont hâte que ça se termine. Une petite portion plate le long du lac pour rejoindre la dernière ascension. Il faut repasser par le col de Portet mais la montée ne pose pas de problème. Très rapidement nous apercevons le sommet et tranquillement nous le rejoignons.

Ma chérie est là pour m'accueillir, elle ne me quittera pratiquement plus jusqu'à l'arrivée. Nous savons qu'il ne reste que de la descente mais finalement ce n'est pas obligatoirement une bonne nouvelle pour mes cuisses douloureuses. Nous décidons de courir le plus possible sur cette partie en balcon, Frédéric se dit que ce serait amusant de finir en 33H33, Karine est sur la route en contre bas et en profite pour immortaliser l'instant. Dès que la pente est plus raide je suis obligé de passer en mode marche, je pousse Frédéric à partir devant, il finira en 33H33. Pour moi c'est plus difficile, mais je ne vais pas me plaindre, tout s'est bien passé jusqu'à maintenant, pas de gros pépin, pas de grosse fatigue, alors il faut bien souffrir un peu. En plus j'aurai la chance de croiser l'ours, Supersteph69 qui part à la rencontre de Sanggi.

Un dernier effort et j'arrive sur la route pour un finish avec Le Troll dans un premier temps puis ma pom pom girl préférée qui a pris la bonne habitude de finir les courses avec moi et Bactérie pour un final à quatre dans les rues de Vieille Aure. Voilà la belle aventure est presque terminée, Le Troll propose d'organiser un petit barbecue, Tomlacaze ne pourra pas se joindre à nous mais la nouvelle fait son chemin et plusieurs kikoux nous rejoindrons pour partager un bon moment, évoquer des souvenirs de course, bon ou moins bon mais toujours dans la bonne humeur.

Les photos ICI

10 commentaires

Commentaire de Oliv'BCA posté le 19-10-2009 à 08:47:00

Super course avec une grosse perf à la clef, récit et photos impeccables...
A la prochaine sur une course,
Oliv'

Commentaire de taz28 posté le 19-10-2009 à 09:18:00

Très chouette récit Didier, accompagnée de ta chérie et de tes pom-pom girls, tout ne pouvait que bien aller .. !!!
Bisousssss

Taz

Commentaire de Mustang posté le 19-10-2009 à 10:05:00

quelle classe! bravo, récit serein comme ta course???,

Commentaire de marioune posté le 19-10-2009 à 15:04:00

Bravo tounik, superbe course qui a du te faire du bien après la montagn'hard! et un récit qui se lit comme un roman/gne photo!!!Bises, à bientôt

Commentaire de Tercan posté le 19-10-2009 à 16:32:00

Sympa ton CR !!!
Et belle revanche sur la montagn'hard.
A lire ton CR, cet ultra semble relativement facile :) preuve que tu l'as survoler !!!
Felicitations !!!

Commentaire de Françoise 84 posté le 19-10-2009 à 17:00:00

Merci pour ce récit bien sympa et bravo à toi! Bisous à vous deux!

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 19-10-2009 à 17:58:00

C'est le who's who de Kikouroù ton récit !

Bravo pour ce récit de course surhumaine... il faut dire qu'avec Karine, tu ne pouvais que finir, elle qui pousse les gens qui n'arrivent plus à monter...

Commentaire de langevine posté le 19-10-2009 à 21:06:00

Sacré Lutin! J'espère qu'il saura me pousser aussi quand j'en aurai besoin!! ;-)
un grand bravo pour cette course menée de main de maître! Après les citadelles et la Montagn'hard où je t'ai vu dans un état qui m'a inquiété, je t'ai trouvé presque facile sur ce GRP! Mais cette course était faite pour toi, tu t'es préparé pour, tu t'es servi des leçons des autres courses et tu l'as parfaitement géré le jour J!
Ne t'arrête pas, c'est un vrai plaisir de vibrer à tes côtés, j'en redemande.. jusqu'au jour où je ferai ça avec toi!! ;-)
gros bisous carino!

Commentaire de rapace74 posté le 20-10-2009 à 13:37:00

bravo pour ta course didier et tres heureux que tu ai pris une magnifique revanche sur la montagn'hard!!! allez prochain objectif le tordesgeants avec le castor ;-)))

Commentaire de redpanda posté le 10-11-2009 à 08:17:00

un beau Cr, bravo pour la perf, ca donne envie

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