CCC Finisher 2009 : le récit d'une première participation
6h30
dddrrIIINNNGGG !!! Ça y est l'heure de se lever, un ch'ti bisou à ma douce et hop je file à la douche.
C'est qu'il ne faut pas traîner, Jean-Christophe arrive dans une heure pour me conduire à Courmayeur,
donc timing serré, mais une minute de sommeil gagnée est une minute.
Et sur ce coup-là, 1000 fois merci à Jean-Christophe qui m'a fait gagné 2 heures de sommeil.
Je devais effectivement aller moi même à Chamonix, me garer, prendre la navette pour Courmayeur.
Trop sympa de sa part, d'autant plus qu'il devait faire la CCC avant de devoir déclarer forfait suite à une mauvaise entorse à la cheville.
Donc douche rapide, puis ptit déj : jus d'orange, yaourt maison et une bonne portion de Gatosport.
Voici maintenant l'heure de vérifier le sac : remplir la poche à eau, revérifier la check-list, ne pas oublier le dossard posé à côté.
LE MATOS
J'en ai épluché des forums, des sites de conseils, des revues techniques et finalement voici les éléments retenus:
une paire de batons eiger, 180g les 2 batons
un sac à dos Raidlight 10L endurance
une poche a eau de 2 litre Source
une lampe frontale Petzl Myo XP Belt
une lanpe frontale Petzl Tikka XP
une paire de chaussure de trail Asics Trabucco
un bandana
une paire de chaussettes Speed Metal
un cuissard
le T Shirt du semi d'Annecy
un coupe vent super leger super transpirant
Voila pour le plus gros, tout y est, c'est bon en route vers l'aventure.
7h30
Le temps de dire au revoir à mes 2 chéries, et hop je descends les escaliers pour rejoindre Jean-Christophe qui
m'attend déjà en bas de la maison. on charge le sac à l'arrière de la voiture et c'est parti !
80km d'autoroute, le temps de discutailler de la gestion de la course , de choses et d'autres...
Une bonne occasion de ne pas trop cogiter sur la course et de repousser le stress d'avant-course
8h45
Arrivée à Courmayeur, Jean-Christophe me dépose mais doit vite repartir, je sens que qu'il en a gros sur la patate,
et je le comprend, une course comme celle la on la prépare depuis pas mal de temps et c'est sur d'être le jour J au départ et de ne pas pouvoir participer.
Je suis alors le flot de coureurs et remonte jusqu'au départ. Il y a déjà beaucoup de monde. Je sens la pression me gagner alors je me promène un peu dans les environs mais la pression reste là. Je décide alors de me diriger vers le sas de départ qui se remplit déjà, et je tape la discute avec d'autres concurrents et petit à petit je m'imprègne de l'ambiance de la CCC et toute pression disparaît : ça y est, j'y suis, je vais le faire...
Le départ
A 9h59 la musique de Vangelis se répand dans les rues de Courmayeur, la tension et la nervosité des autres concurrents (sans oublier la mienne) sont palpables : puis vient le décompte 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, GGGOOOOOOO !
Au vu du monde, les premières dizaines de mètres se font au pas, puis tout doucement la cadence augmente,
ca y est, je trottine maintenant et les premiers virages dans les rues de Courmayeur sont passés. Les spectateurs sont venus nombreux pour assister à cet évenement. De multiples "brava !", "Forza !" nous chatouillent les oreilles et nous encouragent.
Nous quittons Courmayeur et poursuivont un moment sur la route avant de prendre à droite vers un chemin de terre le long de grillage anti rochers. Les premiers arrêts pipis sont constatés et je ne tarde pas à en faire autant, vu les quantités d'eau bues avant le départ . Comme tous les débuts de courses, j'ai mal un peu de partout, mais je ne m'inquiètes pas, je sais que ces douleurs vont disparaître au bout de 20 minutes. Nous rejoignons ensuite le bitume dans une ascension peu pentue mais régulière à travers les villages d'Entrèves et Palud, de magniviques villages qvec des maisons en bois et en pierres apparentes.
Je retrouve alors Didier qui s'était élancé en pole avec des amis mais qui a vite calmé le jeu pour ne pas se griller.
Il me donne quelques conseils pour aborder le début de course.
L'ascension de Bertone
Ca y est nous bifurquons à droite et abordons les sentiers plus étroits. Ca devient plus dur de doubler, je me retourne mais ne vois plus Didier, zut, je ne lui ai même pas souhaité bonne course... La pente se raidit, une longue file indienne se dessine au flanc de la montagne, et le rythme s'apparente un peu au périphérique parisien un matin de semaine, ca freine, ca réaccélère...
Dans les portions raides je reste sagement derrière et j'en profite pour m'alimenter. L'alimentation est la chose que je redoute le plus sur ce parcours, toujours se forcer à manger régulièrement et le tout sans que l'estomac ne se rebelle. Alterner sucré, salé...
La nourriture compte d'ailleurs pour pas mal dans le poids de mon sac, 3kg900 sans l'eau : et oui, je sais, c'est trop lourd... Mais je préfère faire mon mulet et ne manquer de rien. Dès que la pente debient plus clémente, je pousse un peu plus sur les batons pour doubler et dès qu'elle s'apparente à du faux plat, je cours pour doubler un peu plus. Mais pas évident car le sentier est étroit.
1h50 après le départ, nous croisons les coureurs qui repartent du refuge de Bertone alors que nous nous dirigeons vers celui-ci.
Nous apercevons sur la gauche les coureurs qui abordent la montée vers la Tête de la Tronche, et quelqu'un derrière moi dit "a bah ca va, ca a pas l'air si terrible". Sauf qu'en montagne, la perspective nous joue des tours et une bosse peut en cacher une autre bien plus grosse. Bref on verra ca tout a l'heure. Arrivée au refuge Bertone (1h55, 12,3km, 830m D+) : premier ravito, je bois 2 verres de coca cul sec, puis une chtite barre au chocolat, un verre de Maxims et hop je repars aussitot.
La tête de la Tronche
Je reprends position dans cette drôle de procession et dès le début de la montée gobe un ptit tube Spécial "coup de fouet" et hop, le oudo turbo compressé avec sa potion magique, avant d'une vitesse maitrîsée mais qd même assez rapide pour se permettre quelques dépassements. Mais là, frayeur : mon estomac n'est apparemment pas ami avec le maxims ingurgité précédemment. Je multiplie donc les gorgées d'eau histoire de faire passer ces ptits maux, et ca marche.
Ma méfiance envers la bosse précedemment citée était de bonne augure : il y avait bien la "vraie" montée de la tete de la tronche cachée derrère la première bosse ! Mais entre les 2 un peu de faux plat, tantôt montant, tantôt descendant, histoire de se dégourdir un peu les jambes en courrant un peu, et comme les à-côtés étaient stables, pas de problème pour doubler un peu.
Mais rapidement, le vraie grimpée de la Tronche arrive, alors je reprends mon allure cool et soutenue à la fois, le tout étant de ne pas faire monter le palpitant tout en marchant vite et avec tout ca de trouver le rythme avec les batons. J'ai trouvé un repère, sur l'inspiration je reonte les batons le plus loin possible et sur l'expiration, je pousse très fort sur les bras pour décharger les jambes.
Comme dirait l'ami Bichu, technique Oudo, technique banco, ca fonctionne a merveille. Le point culminant de la CCC n'est plus qu'à quelques enjambées mais sous un soleil de plomb. Heureusement que le couvre chef était onligatoire, du coup mon bandana me protégeait du soleil et me rafraichissait quand je trouvais un point d'eau pour l'y plonger.
Ca y est arrivée à la tête de la tronche (16.3km, 1483 D+, 119 D-). Mais pas de ravito ici, juste un poste de pointage et de sécurité. Mes réserves en eau sont encore bien remplies, donc no problem...
Descente vers le refuge Bonatti
La descente se passe bien, la vue sur la valéée à gauche est magnifique, de monstres glaciers dominent les montagnes se trouvant de l'autre côté. Je continue doucement ma remontée, mais j'ai du mal a choisir entre me concentrer sur le sentier et observer ces paysages somptueux. Puis tout d'un coup j'apercois devant moi au loin, en haut d'un sommet, un petit point jaune et la je me souviens mes lectures de récits des éditions précédentes de la CCC et je me dis : c'est la bas que nous allons, le col du Grand-Ferret, celui qui fait trembler tout le monde. Le temps d'en discuter avec mon voisin de l'instant, nous abordons une montée, et la je me dis : mince, j'ai du confondre, en fait il n'y a pas ravito avant la montée du grand Ferret, argh....
Mais la montée, bien que très raide, fut assez brève et le refuge Bonatti avec nos incroyables bénévoles se profilent et ca y est, j'arrive (3h52, 21,8km, 1573 D+, 773 D-) : je décide alors de faire une pause un chouilla plus longue, je me prends donc 2 coca d'affilée, j'évite cette fois le maxims, je grignote 2 ou 3 trucs en évitant les cochonnailles ou frometons qui me font du charme sur l'étale et je me dirige plutôt vers le stand soupe aux vermicelles: Ahhh la soupe aux vermicelles, les meilleurs récits comtaient des coureurs n'ayant absorbé presque que ce breuvage. Et a force d'en entendre parler, j'allais enfin la découvrir : somptueuse, cette sensation de chaud et ce ptit goût salé, avec juste ce qu'il faut de vermicelles, un vrai régal ! J'en profite également pour remplir ma poche à eau avec de l'eau bien fraiche sortie du tuyau descendant de la montagne. Et ensuite, c'est pas tout ca, mais y a encore de la route, alors je renfourche mes jambes et hop hop hop, ptit braquet et c'est parti. Entre temps j'ai pu jeter un coup d'oeil à la carte et en fait il me reste de la descente avec un ravito à Arnuva avant d'attaquer le col du Grand Ferret, trop cool !!!!
Descente sur Arnuva
La fatigue semble gagner les concurrents, alors je me dits que c'est le moment de me prendre un peu de revigorant, et hop un chti concentré de glucose en tube, avec de bonnes gorgées d'eau pour faire passer le goût pas top (la soupe aux vermicelles est déjà loin). Et je profite donc du baisse de tonus de certains pour doubler, à coup de "a gauche !!! merci", "a droite !!! merci", y a aussi des furieux qui me doublent d'ailleurs. A ce moment, la vue sur les glaciers est toujours aussi superbe, et le spectre du Grand Ferret, coiffé de jaune, nous surveille toujours. A ce moment, nous croisons 3 coureurs de la PTL. La PTL, petite trotte à Léon, juste 240km et 21000m de dénivelé a faire en moins de 114h. Vous voyez, y a plus fou que moi. La descente n'est pas trop pentue, Arnuva se rapproche tout toucement de nous, à moins que ce ne soit l'inverse, les neurones et l'altitude, vous comprendrez que...
Bref, sur la fin, la pente s'accentue et mes jambes commencent un peu à se manifester, ben ouais les descentes, les quadriceps n'aiment pas trop, mais grâces a mes manchons Q for quads, la douleur est plus que supportable.
Plus nous nous rapprochons d'Arnuva, et plus les gens sont nombreux à nous encourager : "Allez Ludo, c'est super !" Hein ?? on me connait ? ah non c'est vrai, il y a le nom et le prénom de chaque coureur sur les dossards, trop top !!!
Ca y enfin, arrivée à Arnuva (4h58, 26,2km, 1769 D+, 1669 D-). Miam, encore de la soupe aux vermicelles, mais avant ne pas oublier de prendre les 2 verres de coca réglementaires (et la, ce n'est ni coca zero, ni coca light, du bon vrai de coca qui colle au fond du palet
JE repars assez rapidement, passe devant le ravito des poches a eau, mais je me dis que je ravitaillerai au col du Grand Ferret : une grosse erreur que je découvrirai bientôt...
Le col du Grand, grand, très grand Ferret
D'après Patrice, un pote du club, c'est un col interminable. Et Patrice, c'est du genre avion de chasse en course à pied, donc pour que lui dise ca, je m'attend au pire. C'est 3 heures de l'après-midi, le soleil tape très fort... ca va saigner ! je reprends ma bonne vieille technique (5h, c'est vieux, non ?) : expiration, plantée de baton, expiration... Tiens ca me rappelle quelques choses... D'ailleurs des fois, le sol il est trooop dur, et ca riiipe. Y a aussi des fois ou le pied avance trop vite et hop le baton dans le pied... le 1000 pates humains qui me précèdent forme de nombreux zigs et autant de zags à perte de vues... La montées est rude, même si je tiens le rythme, je n'hésite pas à m'arrêter 20s de temps en temps pour boire sans m'essoufler ou manger un morceau. La motivation est la, en haut, la longue redescente vers la Fouly puis Champex au bout... rien que d'y penser, les jambes retrouvent de la vigueur, le petit point jaune, grossit, grossit, et finalement ca y est je vois le monsieur avec son bipouilleur de dossard, youhou, j'y suis, BIIIIPPPPP !!!
(6h23, 30,7km, 2437 D+, 1120 D-)
Mais la, pas de ravito : miarde, j'ai merdé. LE ravito c'est à la fouly, soit 18km après Arnuva dans encore 9 bornes : mais bon, c'est de la descente et apparemment il reste pas mal d'eau dans ma poche.
Je me trouve un ptit bout de rocher pour m'assoir et boire et manger une chtite barre pour me requinquer. J'en profite pour discuter un peu avec les uns et les autres : tout le monde semble ne jurer que par une phrase : "la course commence à Champex". J'en profite également pour relire quelques SMS recus. J'en avais déjà lus pas mal au refuge Bonatti, mais comme mon iPhone n'a pas arrêté de bipper pendant la montée, je retrouve de nouveau tout une foule d'encouragement, et j'ai mes des amis qui me disent mon classement : je remonte aparemment bien le classement, cool ! Même si ce n'est pas un objectif, c'est toujours bon pour le moral. Allez, il est temps d'aborder la descente.
Descente vers La Fouly
Cette descente de 9km qui sera aussitot suivi de 10km après la Fouly, m'inquiète depuis des mois. Et oui, c'est dans les descentes qu'on se rend compte s'il nous reste du jus dans les quadriceps ou non. Et bien la réponse est oui : aucune douleur à déclarer, la descente est assez douce, le sentier assez large pour facilement dépasser et bien dérouler la foulée.
Un petit passage par le Peule ou il y a possibilité de remplir les réserves d'eau, mais je décide de passer mon chemin, la fouly n'est plus si loin. La descente se poursuit à perte de vue, puis d'un coup devient beaucoup plus raide, c'est bon signe, c'est l'amorce de l'atterrissage sur la Fouly
Mais bon, là, mauvaise surprise : je commence a ressentir d'énormes douleurs dans mes gros orteils de pied. Et la je réalise que d'avoir été feinéant hier en me disant que j'allais couper mes ongles de pieds ce matin, ben je le paie car j'ai totalement oublié. Et chaque posage de pied devient un calvaire, mais bon, vu la pente, quelque soit la vitesse j'aurais aussi mal, je décide donc d'accélérer le pas pour que la douleur soit moins longue.
Les premiers toits de la Fouly apparaissent, chouette ! nous rentrons dans le village par une route bitumée, c'est un faux plat montant, ah les cons, ils l'ont mis ou le ravito... on continue de traverser le village et les supporters sont géniaux, ils nous encouragent par nos prénoms, ambiance de folie. Puis au détour d'un virage, c'est le mimi, le rara, le miracle ! Le ravito.
( 7h46, 40,1km, 2467 D+, 2094 D- ) 760ème ca remonte doucement, mais surement...
Nous sommes guidés par des barrières vers l'intérieur d'un bâtiment ou je trouve d'abord de quoi remplir ma poche a eau, et il était temps, elle était entièrement vide. Ensuite c'est le traditionnel duo coca, suivi d'une bonne soussoupe aux vermicelles que je prends le temps de siroter en m'asseyant 5 minutes. J'en profite d'ailleurs pour lire les derniers sms, yes, mon classement s'améliore apparemment, chouette. Je prends également quelques trucs solides et hop c'est reparti ! Prochaine étape Champex, YYYEEESSS !!!!!
Champex me voila !
Au départ de la Fouly, j'entends qu'il y a 10km de descente puis 5km de montée pour arrivée à Champex. Zut, encore de la descente, avec mes pieds cramoisis, ca va être chaud, fort heureusement la descente est vraiment douce, sur un chemin longeant un gros torrent : splendide ! L'idée d'arriver à Champex me donne des ailes, comme je sais que la pause sera plus longue à Champex, j'accélère et je me dis que même si je me rapproche un chouilla du rouge, je pourrais récupérer. Les 10 km sont long mais je peux suivre l'avancée grace à ma montre GPS, que j'avais d'ailleurs malencontreuseument arrêtée une heure auparavant, du coup il va me manquer une partie du parcours au milieu, et aussi à la fin, car je ne me fais plus d'illusion sur le fait de terminer en moins de 20h, mais bon ca ne me turlupine pas plus que ca... Bref, chemin faisant, nous arrivons au début de la montée, et là, dur dur, la montée est bien plus costaud que ce que je pensais, mais bon, au bout des 5 bornes la récompense... Le jour commence tout doucement à tomber et la température a bien baissé. Des nuages bas viennent s'accrocher à la montagne, le brouillard n'est pas loin... Je continue à pousser comme un ouf sur mes batons et d'un coup je vois un gars descendre à contre sens en courant en criant : "bravo les gars, plus que 5 minutes pour Champex !" Kayamba !!! mode turbo on, les premières maisons apparaissent dans le brouillard naissant, puis le bitume, et enfin une foule de gens nous encourageant, des épouses venues à la rencontre de leur mari pour les soutenir, des anonymes juste venus en badaud mais tout aussi encourageant, puis le bivouac apparait, ca y est je suis à Champex le lac, là ou la course va soit disant commencer, mais pour ma part, l'avant course, je l'ai bien ressentie, avec ses 54,7km, 10h11 d'efforts, 3000m D+ et 2743 D-
673ème , yes bonne remontée, mais maintenant que la course va commencer je vais pouvoir m'exprimer
La pause KitKat !
Champex, c'est le gros ravito de la CCC. Pasta party, grandes tablées, une foule de coureurs hallucinante. Je préfère ne pas tester les pâtes, pas envie de prendre le risque du mal de bide en attanquant la course de nuit. Alors je me rabats vers la soupe aux vermicelles (et oui, quand on aime ca, on compte pas ! Et on ne change pas une formule qui gagne) et je m'autorise un extra : le yoghourt à la vanille, super frais, un quartier de banane et une morceau de fromage. Top moumoute, non ? me voila les bras bien remplis à la recherche d'un bout de table et si possible un bout de banc, trouvé ! Je m'installe, et la une fois bien installé, je me rend compte que j'ai oublié le coca, damned !!! Trop tard, l'enjambage de banc puis l'installation des jambes sous la table a été trop dur, je boirais après... Je me sustente donc trinkilement en prenant la température auprès des concurrents : tous sont bien contents d'être arrivés jusque là.... Mais au fil des minutes, des douleurs de partout apparaissent dans mes mollets, mes cuisses, je prends vite conscience qu'il va pas falloir que je m'éternise si je veux pouvoir repartir... Je zappe donc la banane et le fromage et hop, je pars a la conquete du coca, et j'en profite pour passer à la pompe pour faire le plein en eau. Ensuite je resquatte un bout de banc, après quelques négotiations avec une charmante demoiselle qui avait réservé pour son copain. 30s, pas plus !!! OK, je me depeche de prendre ma frontale dans le sac, mon vetement longues manches, je mets tout ca sur le bonhomme et hop je déguerpis, mais en me dirigeant vers la sortie je ressens le froid qui vient du dehors, et je décide mettre mon coupe vent en plus par dessus, je prend donc la premiere table pour poser mon matos et récupérer mon coupe vent, et la une nana me demande mon numero de dossard.... euh, pour quoi faire ? Ben vous n'abandonnez pas ?? Ben non, ah je me suis mis sur la table des abandons, désolé. AUssitot équipés je passe le tapis de sortie et sur la droite j'apercois la tente de la croix rouge, et le je me dis : mes pieds !! Je rentre donc dans une tente et explique mon problème à une secouriste, qui me dit ne pas avoir de petits ciseaux, puis s'en va s'oocuper de quelqu'un d'autre... ah non, et moi, elle revient et me dit, ah non avec ces ciseaux cava pas le faire, puis repars... Je commence à trouver le temps long, mais je ne veux pas finir la course sans pouvoir courir dans les descentes, j'insiste donc un peu, mais en ayant conscience de ma bétise, et finalement elle tente de couper les ongles avec sa grosse paire de ciseaux, victoire ca fonctionne tant bien que mal, meme si pour ca, elle appuie comme une brute sur mes orteils biens sensibles, c'est pas graves, je la bénierais jusqu'au bout de la course. Je me dépêche de renfiler mes chausettes et mes chaussures, et gogogo, en avant. Chamonix n'a jamais été aussi près : plus que 43km !
Bovine - définition : de l'espèce du boeuf
En voila une montagne qui porte bien son nom ! Mais avant de commencer son ascension (900m avec 20% de moyenne), je me refais une jeunesse après la pause douloureuse, en déroulant ma foulée d'abord sur du plat le long du lac, puis sur une pente douce descendente dans chemin forestier assez long ou des enfants cachés dans le noir s'amusent à nous faire peur. C'est aussi l'occasion de se familiariser à la course nocturne. Mon ptit bricolage avec mes deux lampes frontales fonctionne à merveilles, la lampe de secours cousue à ma ceinture pectorale pour un éclairage diffus devant mes pieds et la lampe sur la tête pour éclairer plus loins dans la direction de mon regard. Merci aux comteurs de l'édition 2008 pour ce filon. 4,5 km de faux plat descendant plus loin, Bovine se dévoile, et pas en douceur la dame ! La montée commence cash, une bonne vieille pente, je décide donc comme a mon habitude de prendre tout de suite un truc à manger pour rallumer un peu la chaudière. La montée se passe bien, du bon jus et pas de douleur particulières, le palpitant sous contrôle, top moumoute. Mais bientôt les choses se corsent, ce n'est plus un chemin très pentu qui se déroule sous les pieds mais une succession de gros rochers à escalader! Les batons ne sont plus seulement la pour pousser mais aussi pour garder l'équilibre dans certains franchissement. La température doit maintenant friser les 0 degrés, mais je suis persuadés que personne n'avait froid. Une lumière pointée vers nous se rapproche a grande vitesse : ahhh, les martiens attaquent ! Mais non, c'est le messie, celui qui vient nous annoncer la bonne nouvelle, plus que 10 minutes pour arriver au sommet, yess!!! Puis une petite tente perdu dans le noir peut être distinguée de mieux en mieux, ca y est un coup de cup de passé sur 3 pour ce finish !
64km, 12h56, 3704m D+ et 2937 D- : 620eme, wahou, jolie remontée
Descente vers Trient
C'est frigorifié que je repars, mais avec mes deux lampes, j'y vois clair comme en plein jour, je peux donc garder un bon rythme et trottiner, tout en veillant à ne pas rencontrer l'entorse qui mettrait fin tout de suite à la course. Je continue mon ascension dans le classement en doublant dès que le terrain le permet les concurrents apparemment moins en forme et/ou avec un moins bon éclairage. De nouveau des lumières dans notre sens : "Col de la Forclaz, bravo, continuez". Punaise, je ne sais pas pourquoi ce col plutot qu'un autre, mais j'étais trop content d'avoir franchi cette étape ! Puis en me remémorant le profil, je me souvient d'un passage presque vertical avant d'arriver sur Trient. C'est effectivement ce quii se dessine bientôt sous les rayons de ma lampes, d'abord des marches d'escaliers avec des planches assez àloignées, puis bien verticales, je reste étonné du tonus de mes quadriceps... préparation qui a porté ses fruits ? efficacité des manchons de compression Q for quads, nul ne le saura jamais, surement le cocktails des 2 réunis. Bref, les escaliers passés, c'est une pente bien raides formées de lacets qui s'amorcent avec une bonne descente vers Trient, les concurrents que je double reste souvent dans mon sillage pour bénéficier de mon éclairage, et bonne nouvelle : plus aucune douleur aux pieds, la coupe de la croix rouge a été plus qu'efficace, c'est un grand OUF de soulagement... Des acclamataions d'encouragements ne tardent pas a se faire entendre, puis les premières têtes, c'est l'entrée dans Trient, puis le ravito qui pointe le bout de son nez, la descente aura été courte.
70.1km, 14h18, 3778m D+ et 3698 D- : 587eme, héhé, ca continue
Quand Catogne rime avec Besogne...
2 cocas et une soupe aux vermicelles plus tard, me voila reparti, les poches à eaux blindées. Un ptit échauffement sortir du village et hop, un chti sentier dans la fôret en pente soutenu mais correcte (10%), nickel pour prendre les batons d'une main et de l'autre deguster une chtite barre de céréales. Des lucioles illuminent cette forêt à flanc de montagnes, c'est trop joli !
Fort de ma barre céréalière, je continue a pousser les watts, et hop hop hop, je double, après tout ce n'est que Catogne, de la gnognotte après Bovine.. Ce sera en fait la plus dure montée de la CCC, enfin de mon ressenti. Il faut dire c'est quand même 5km de montée, et 711m de D+, soit 14% de moyenne. Mais déjà une luciole à contre sens, yes, bientot arrivé ? lui demandès-je...
Ah non, désolé mais la il y en a encore pour un moment... OK, ca m'apprendra a poser des questions bêtes à 1h du mat... Mais bon, après Catogne c'est la descente vers Vallorcine et après pluss qu'un gros coup de cul, donc GAZ GAZ GAZ !!!!
Le brouillard devient plus dense et la température plus fraiche encore, ce qui permet de maintenir la cadence, le refroidissement de la machine fonctionne a merveille. Tiens, bizarre, ca redescend un peu, mais rapidement de nouveau une luciole, mais cette fois fixe, ca y est, Catogne, yes !!!
75km, 15h53, 4556m D+ et 3765 D- : 510eme, punaise, vive les montées !!!
Je prends mes 2 verres de coca et j'allais repartir quand une odeur connue vint me chatouiller les narines : de la soupe aux vermicelles !!! JE craque, je m'en sers donc un bol que je deguste sur un banc, mais je prends vite froid, alors je me depeche de me ravitailler en haut et hop, c'est reparti, direction Vallorcine !
Retour chez les gaulois !
C'est de nouveau comme un glacons que je repars et dans une purée de pois ! Du jamais vu ! Ben ouais, vous mettez souvent des glacons dans une purée de pois, vous ? :p
Je tente plusieurs réglages sur mes lampes mais la vision reste floue, la lampe fait un halo dans le brouillard, mais bon, profil légèrement descendant, un peu casse pattes par endroit, il faut donc être vigilant, alors je redouble d'attention et j'arrive quand même à garder un bon rythme. Mais deux ou trois tordage de pattes plus loin, je décide de ralentir un peu pour assurer le coup, une blessure est vite arrivée et ma vigilence n'est plus la même qu'à Courmayeur... Nous rentrons dans la forêt et le brouillard se dissipe maintenant un petit peu et il est plus facile de savoir ou poser les pieds. Je reprends une allure plus rapide tout en restant toutefois sur mes gardes, la montée à la tête aux vents qui nous attends apres Vallorcine est terriblement longue et dure, alors j'aurais tout loisir de doubler à ce moment... la descente s'accentue et nous pouvons apercevoir les premières lueurs de Vallorcine en contrebas, mais la route semble encore longue... La fatigue se fait un peu ressentir, alors je recalme de nouveau le rythme pour me préserver pour la fin de course. Finalement, les premiers encouragements se font entendre, allez Ludo (trop fort ces dossards) et c'est de nouveau un ravito qui s'offre a nous, celui de Vallorcine.
79.6km, 17h05, 4566m D+ et 4526 D- : 526eme, ca va, ma prudence ne m'a pas fait perdre trop de place.
La der des der
La conviction d'arriver au bout est maintenant à son comble, nous quittons vallorcine et abordons la pente douce vers le col des montets. Cette montée sert un peu d'échauffement à la longue ascension qui nous attends au pied de la tête aux vents. Bien que facile, le troncon Vallorcine - Col des Montets me semble long, mais bon au loin se distinguent une ligne en zig zag sur le flanc d'une montagne : la tête aux vents. Nous croisons un panneau indiquant le col à 10 minutes et bientôt nous y arrivons, nous longeons une série de tentes et l'envie me démange de crier "REVEIL !!!" mais je me retiens : a presque 4h du mat, on ne peut pas savoir la réaction des occupants. Mais si j'avais su qu'Anne So et Aude étaient dans ces tentes, alors là je n'aurais pas hésité
Traite de plaisanterie, les choses sérieuses vont commencer, nous traversons la route et nous dirigeons vers le mur aux vents avec tout en haut sa tête. Je décide de m'arrêter 2 minutes histoire de grignotter un truc et de faire une pause pipi. Du coup c'est la voie libre que je repars, et le fait de savoir que c'est la dernière montée me donne un sentiment d'invincibilité, je prends une allure bien appuyée que je maintiendrai jusqu'au sommet, les concurrents que je double doivent me prendre pour un fou et ils n'ont peut etre pas tort, une si longue course n'est pas sans sequelles
Après de longs zigzag, le chemin bifurque à gauche mais continue de grimper, puis un bruit se fait entendre, un groupe électrogène, des lumières, ca y est, place à la descente sur Cham !
87.2km, 19h37, 5441 D+ et 4531 D- : 496eme : mon meilleur classement.
L'arret est inexistant, pas de ravito ici, le benevole nous annonce Flégère a 25 minutes : en avant !
Les grandes acrobaties
Patrice nous avait parlé l'an dernier de ce passage après la tête aux vents, et j'ai bien pensé à lui au départ de cette descente accrobatique. Dans le genre pas roulant du tout, vous prenez de gros rochers, le tout recouvert de bout et vous posez un ludo dessus : verdict, pas stable du tout. Tous autant que nous sommes, nous nous prenons quelques gamelles et de bonnes frayeurs,
ne savant plus comment progresser tout en restant sur nos 2 jambes... tant bien que mal je me sers de mes batons pour me stabiliser mais je sais que tout appui trop fort sur l'un dans eux lui sera fatal, on peut pas avoir de l'ultra leger et de l'ultra solide en meme temps. Mais finalement ils ont survécu, et moi aussi
Les 25 minutes annoncées était très optimiste, car au bout de 20 minutes nous voyons un panneau annoncant la Flégère à 50 minutes, arghhh... Le chemin devient beaucoup plus roulant, mais 3 personnes devant moi marchent et ne semblent pas décidées à courir, alors je décide de rester bien sagement derrière : le chemin et étroit et les a côtés à pic... une petit grimpée nous surprend puis nous voyons enfin les chalets de la flégère, avec une guirlande électrique iluminant les lieux.
90,6km, 20h25, 5505D+ et 4848 D- : 498ème
Je m'arrête prendre un coca, et ptet meme une soupe, je ne sais plus trop. Mon esprit est ailleurs, déjà à Cham : je ne perd donc pas de temps et aborde cette dermière descente !
La conquête du Graal !
C'est non sans émotion que j'aborde la dernière descente de ce long périple, premier virage, un doute : le balisage n'est pas clair, je sens qu'il faut partir à droite mais en meme temps le chemin à gauche a l'air tentant. Puis j'entends des gens remonter de gauche en ralant : c'est bon, c'est à droite ! GO GO GO : un large chemin forestier à gros cailloux pour commencer en pente douce, puis nous bifurquons à gauche et commencons une longue descente dans les bois, il faut être vigilent : pas mal de grosses racines, mais le jour est maintenant levé et il est facile de naviguer au travers de ces pièges, je descend donc d'un pas certain mais sans m'emballer, je ne suis plus à 5minutes près et la place m'importe peu désormais. Chamonix est là, à portée de main et pourtant il semble de pas se rapprocher, il faut dire que la pente est vraiment douce ! Puis l'inclinaison devient plus importante, et l'approche est vraiment significative, puis un dernier petit chemin forrestier, puis la route bitumée, un virage, 2 virage, le gymnase de retrait des dossard, la ligne droite en travaux le long de l'arve, la place du mont blanc, la traversée du pont de l'arve, un virage a gauche et une longue ligne droite, j'accélère le pas et d'un coup : "LUDO; LUDO; BRAVO LUDO" : j'appercois mon fan club, ma femme chérie, Anne-So et Aude, une amie que je ne connais pas encore, mais ou est Ilona ? ah je l'apercois dans sa poussette, elle commate encore un peu la pauvre. Un dernier détour autour du paté de maison, et j'apercois le boudin d'arrivée, Carole et Ilona m'attendent et me prennent pas le bras et c'est en famille que nous franchissons la ligne d'arrivée (2 ou 3 concurrents profitent de l'action pour nous griller la politesse sur la ligne d'arriver, dur de leur en vouloir).
CA Y EST, JE L'AI FAIT, JE SUIS UN FINISHER DE LA CCC !
98km, 21h42, 5505D+ et 5690D- D- : 502ème, j'en espérais pas tant...
Le bilan
Une semaine après, force est de constater que l'entrainement a payé puisque je n'ai quasiment pas eu de moment de souffrance dans cette course et que ma récupération d'après course a été l'une des plus rapide jamais connue après une course. Je n'ai qu'une hâte, rechausser les godillauds pour le prochain trail, qui sera surement celui des Alpes Maritimes à la fin du mois.... à suivre
MERCI BEAUCOUP A TOUTES ET TOUS POUR VOS ENCOURAGEMENTS AVANT ET PENDANT LA COURSE
MERCI A JEAN-CHRISTOPHE DE M'AVOIR POUSSER DANS CETTE EXTRAORDINAIRE AVENTURE
MERCI A ANNE SO ET AUDE D'AVOIR BIVOUAQUE POUR VENIR ME VOIR A L'ARRIVEE
MERCI AUX ORGANISATEURS ET A TOUS LES BENEVOLES POUR L'ORGANISATION DE CET EVENEMENT
MERCI AUX 2 FEMMES DE MA VIE QUE J'AIME PLUS QUE TOUT
dddrrIIINNNGGG !!! Ça y est l'heure de se lever, un ch'ti bisou à ma douce et hop je file à la douche.
C'est qu'il ne faut pas traîner, Jean-Christophe arrive dans une heure pour me conduire à Courmayeur,
donc timing serré, mais une minute de sommeil gagnée est une minute.
Et sur ce coup-là, 1000 fois merci à Jean-Christophe qui m'a fait gagné 2 heures de sommeil.
Je devais effectivement aller moi même à Chamonix, me garer, prendre la navette pour Courmayeur.
Trop sympa de sa part, d'autant plus qu'il devait faire la CCC avant de devoir déclarer forfait suite à une mauvaise entorse à la cheville.
Donc douche rapide, puis ptit déj : jus d'orange, yaourt maison et une bonne portion de Gatosport.
Voici maintenant l'heure de vérifier le sac : remplir la poche à eau, revérifier la check-list, ne pas oublier le dossard posé à côté.
LE MATOS
J'en ai épluché des forums, des sites de conseils, des revues techniques et finalement voici les éléments retenus:
une paire de batons eiger, 180g les 2 batons
un sac à dos Raidlight 10L endurance
une poche a eau de 2 litre Source
une lampe frontale Petzl Myo XP Belt
une lanpe frontale Petzl Tikka XP
une paire de chaussure de trail Asics Trabucco
un bandana
une paire de chaussettes Speed Metal
un cuissard
le T Shirt du semi d'Annecy
un coupe vent super leger super transpirant
Voila pour le plus gros, tout y est, c'est bon en route vers l'aventure.
7h30
Le temps de dire au revoir à mes 2 chéries, et hop je descends les escaliers pour rejoindre Jean-Christophe qui
m'attend déjà en bas de la maison. on charge le sac à l'arrière de la voiture et c'est parti !
80km d'autoroute, le temps de discutailler de la gestion de la course , de choses et d'autres...
Une bonne occasion de ne pas trop cogiter sur la course et de repousser le stress d'avant-course
8h45
Arrivée à Courmayeur, Jean-Christophe me dépose mais doit vite repartir, je sens que qu'il en a gros sur la patate,
et je le comprend, une course comme celle la on la prépare depuis pas mal de temps et c'est sur d'être le jour J au départ et de ne pas pouvoir participer.
Je suis alors le flot de coureurs et remonte jusqu'au départ. Il y a déjà beaucoup de monde. Je sens la pression me gagner alors je me promène un peu dans les environs mais la pression reste là. Je décide alors de me diriger vers le sas de départ qui se remplit déjà, et je tape la discute avec d'autres concurrents et petit à petit je m'imprègne de l'ambiance de la CCC et toute pression disparaît : ça y est, j'y suis, je vais le faire...
Le départ
A 9h59 la musique de Vangelis se répand dans les rues de Courmayeur, la tension et la nervosité des autres concurrents (sans oublier la mienne) sont palpables : puis vient le décompte 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, GGGOOOOOOO !
Au vu du monde, les premières dizaines de mètres se font au pas, puis tout doucement la cadence augmente,
ca y est, je trottine maintenant et les premiers virages dans les rues de Courmayeur sont passés. Les spectateurs sont venus nombreux pour assister à cet évenement. De multiples "brava !", "Forza !" nous chatouillent les oreilles et nous encouragent.
Nous quittons Courmayeur et poursuivont un moment sur la route avant de prendre à droite vers un chemin de terre le long de grillage anti rochers. Les premiers arrêts pipis sont constatés et je ne tarde pas à en faire autant, vu les quantités d'eau bues avant le départ . Comme tous les débuts de courses, j'ai mal un peu de partout, mais je ne m'inquiètes pas, je sais que ces douleurs vont disparaître au bout de 20 minutes. Nous rejoignons ensuite le bitume dans une ascension peu pentue mais régulière à travers les villages d'Entrèves et Palud, de magniviques villages qvec des maisons en bois et en pierres apparentes.
Je retrouve alors Didier qui s'était élancé en pole avec des amis mais qui a vite calmé le jeu pour ne pas se griller.
Il me donne quelques conseils pour aborder le début de course.
L'ascension de Bertone
Ca y est nous bifurquons à droite et abordons les sentiers plus étroits. Ca devient plus dur de doubler, je me retourne mais ne vois plus Didier, zut, je ne lui ai même pas souhaité bonne course... La pente se raidit, une longue file indienne se dessine au flanc de la montagne, et le rythme s'apparente un peu au périphérique parisien un matin de semaine, ca freine, ca réaccélère...
Dans les portions raides je reste sagement derrière et j'en profite pour m'alimenter. L'alimentation est la chose que je redoute le plus sur ce parcours, toujours se forcer à manger régulièrement et le tout sans que l'estomac ne se rebelle. Alterner sucré, salé...
La nourriture compte d'ailleurs pour pas mal dans le poids de mon sac, 3kg900 sans l'eau : et oui, je sais, c'est trop lourd... Mais je préfère faire mon mulet et ne manquer de rien. Dès que la pente debient plus clémente, je pousse un peu plus sur les batons pour doubler et dès qu'elle s'apparente à du faux plat, je cours pour doubler un peu plus. Mais pas évident car le sentier est étroit.
1h50 après le départ, nous croisons les coureurs qui repartent du refuge de Bertone alors que nous nous dirigeons vers celui-ci.
Nous apercevons sur la gauche les coureurs qui abordent la montée vers la Tête de la Tronche, et quelqu'un derrière moi dit "a bah ca va, ca a pas l'air si terrible". Sauf qu'en montagne, la perspective nous joue des tours et une bosse peut en cacher une autre bien plus grosse. Bref on verra ca tout a l'heure. Arrivée au refuge Bertone (1h55, 12,3km, 830m D+) : premier ravito, je bois 2 verres de coca cul sec, puis une chtite barre au chocolat, un verre de Maxims et hop je repars aussitot.
La tête de la Tronche
Je reprends position dans cette drôle de procession et dès le début de la montée gobe un ptit tube Spécial "coup de fouet" et hop, le oudo turbo compressé avec sa potion magique, avant d'une vitesse maitrîsée mais qd même assez rapide pour se permettre quelques dépassements. Mais là, frayeur : mon estomac n'est apparemment pas ami avec le maxims ingurgité précédemment. Je multiplie donc les gorgées d'eau histoire de faire passer ces ptits maux, et ca marche.
Ma méfiance envers la bosse précedemment citée était de bonne augure : il y avait bien la "vraie" montée de la tete de la tronche cachée derrère la première bosse ! Mais entre les 2 un peu de faux plat, tantôt montant, tantôt descendant, histoire de se dégourdir un peu les jambes en courrant un peu, et comme les à-côtés étaient stables, pas de problème pour doubler un peu.
Mais rapidement, le vraie grimpée de la Tronche arrive, alors je reprends mon allure cool et soutenue à la fois, le tout étant de ne pas faire monter le palpitant tout en marchant vite et avec tout ca de trouver le rythme avec les batons. J'ai trouvé un repère, sur l'inspiration je reonte les batons le plus loin possible et sur l'expiration, je pousse très fort sur les bras pour décharger les jambes.
Comme dirait l'ami Bichu, technique Oudo, technique banco, ca fonctionne a merveille. Le point culminant de la CCC n'est plus qu'à quelques enjambées mais sous un soleil de plomb. Heureusement que le couvre chef était onligatoire, du coup mon bandana me protégeait du soleil et me rafraichissait quand je trouvais un point d'eau pour l'y plonger.
Ca y est arrivée à la tête de la tronche (16.3km, 1483 D+, 119 D-). Mais pas de ravito ici, juste un poste de pointage et de sécurité. Mes réserves en eau sont encore bien remplies, donc no problem...
Descente vers le refuge Bonatti
La descente se passe bien, la vue sur la valéée à gauche est magnifique, de monstres glaciers dominent les montagnes se trouvant de l'autre côté. Je continue doucement ma remontée, mais j'ai du mal a choisir entre me concentrer sur le sentier et observer ces paysages somptueux. Puis tout d'un coup j'apercois devant moi au loin, en haut d'un sommet, un petit point jaune et la je me souviens mes lectures de récits des éditions précédentes de la CCC et je me dis : c'est la bas que nous allons, le col du Grand-Ferret, celui qui fait trembler tout le monde. Le temps d'en discuter avec mon voisin de l'instant, nous abordons une montée, et la je me dis : mince, j'ai du confondre, en fait il n'y a pas ravito avant la montée du grand Ferret, argh....
Mais la montée, bien que très raide, fut assez brève et le refuge Bonatti avec nos incroyables bénévoles se profilent et ca y est, j'arrive (3h52, 21,8km, 1573 D+, 773 D-) : je décide alors de faire une pause un chouilla plus longue, je me prends donc 2 coca d'affilée, j'évite cette fois le maxims, je grignote 2 ou 3 trucs en évitant les cochonnailles ou frometons qui me font du charme sur l'étale et je me dirige plutôt vers le stand soupe aux vermicelles: Ahhh la soupe aux vermicelles, les meilleurs récits comtaient des coureurs n'ayant absorbé presque que ce breuvage. Et a force d'en entendre parler, j'allais enfin la découvrir : somptueuse, cette sensation de chaud et ce ptit goût salé, avec juste ce qu'il faut de vermicelles, un vrai régal ! J'en profite également pour remplir ma poche à eau avec de l'eau bien fraiche sortie du tuyau descendant de la montagne. Et ensuite, c'est pas tout ca, mais y a encore de la route, alors je renfourche mes jambes et hop hop hop, ptit braquet et c'est parti. Entre temps j'ai pu jeter un coup d'oeil à la carte et en fait il me reste de la descente avec un ravito à Arnuva avant d'attaquer le col du Grand Ferret, trop cool !!!!
Descente sur Arnuva
La fatigue semble gagner les concurrents, alors je me dits que c'est le moment de me prendre un peu de revigorant, et hop un chti concentré de glucose en tube, avec de bonnes gorgées d'eau pour faire passer le goût pas top (la soupe aux vermicelles est déjà loin). Et je profite donc du baisse de tonus de certains pour doubler, à coup de "a gauche !!! merci", "a droite !!! merci", y a aussi des furieux qui me doublent d'ailleurs. A ce moment, la vue sur les glaciers est toujours aussi superbe, et le spectre du Grand Ferret, coiffé de jaune, nous surveille toujours. A ce moment, nous croisons 3 coureurs de la PTL. La PTL, petite trotte à Léon, juste 240km et 21000m de dénivelé a faire en moins de 114h. Vous voyez, y a plus fou que moi. La descente n'est pas trop pentue, Arnuva se rapproche tout toucement de nous, à moins que ce ne soit l'inverse, les neurones et l'altitude, vous comprendrez que...
Plus nous nous rapprochons d'Arnuva, et plus les gens sont nombreux à nous encourager : "Allez Ludo, c'est super !" Hein ?? on me connait ? ah non c'est vrai, il y a le nom et le prénom de chaque coureur sur les dossards, trop top !!!
Ca y enfin, arrivée à Arnuva (4h58, 26,2km, 1769 D+, 1669 D-). Miam, encore de la soupe aux vermicelles, mais avant ne pas oublier de prendre les 2 verres de coca réglementaires (et la, ce n'est ni coca zero, ni coca light, du bon vrai de coca qui colle au fond du palet
Le col du Grand, grand, très grand Ferret
D'après Patrice, un pote du club, c'est un col interminable. Et Patrice, c'est du genre avion de chasse en course à pied, donc pour que lui dise ca, je m'attend au pire. C'est 3 heures de l'après-midi, le soleil tape très fort... ca va saigner ! je reprends ma bonne vieille technique (5h, c'est vieux, non ?) : expiration, plantée de baton, expiration... Tiens ca me rappelle quelques choses... D'ailleurs des fois, le sol il est trooop dur, et ca riiipe. Y a aussi des fois ou le pied avance trop vite et hop le baton dans le pied... le 1000 pates humains qui me précèdent forme de nombreux zigs et autant de zags à perte de vues... La montées est rude, même si je tiens le rythme, je n'hésite pas à m'arrêter 20s de temps en temps pour boire sans m'essoufler ou manger un morceau. La motivation est la, en haut, la longue redescente vers la Fouly puis Champex au bout... rien que d'y penser, les jambes retrouvent de la vigueur, le petit point jaune, grossit, grossit, et finalement ca y est je vois le monsieur avec son bipouilleur de dossard, youhou, j'y suis, BIIIIPPPPP !!!
(6h23, 30,7km, 2437 D+, 1120 D-)
Mais la, pas de ravito : miarde, j'ai merdé. LE ravito c'est à la fouly, soit 18km après Arnuva dans encore 9 bornes : mais bon, c'est de la descente et apparemment il reste pas mal d'eau dans ma poche.
Je me trouve un ptit bout de rocher pour m'assoir et boire et manger une chtite barre pour me requinquer. J'en profite pour discuter un peu avec les uns et les autres : tout le monde semble ne jurer que par une phrase : "la course commence à Champex". J'en profite également pour relire quelques SMS recus. J'en avais déjà lus pas mal au refuge Bonatti, mais comme mon iPhone n'a pas arrêté de bipper pendant la montée, je retrouve de nouveau tout une foule d'encouragement, et j'ai mes des amis qui me disent mon classement : je remonte aparemment bien le classement, cool ! Même si ce n'est pas un objectif, c'est toujours bon pour le moral. Allez, il est temps d'aborder la descente.
Descente vers La Fouly
Cette descente de 9km qui sera aussitot suivi de 10km après la Fouly, m'inquiète depuis des mois. Et oui, c'est dans les descentes qu'on se rend compte s'il nous reste du jus dans les quadriceps ou non. Et bien la réponse est oui : aucune douleur à déclarer, la descente est assez douce, le sentier assez large pour facilement dépasser et bien dérouler la foulée.
Un petit passage par le Peule ou il y a possibilité de remplir les réserves d'eau, mais je décide de passer mon chemin, la fouly n'est plus si loin. La descente se poursuit à perte de vue, puis d'un coup devient beaucoup plus raide, c'est bon signe, c'est l'amorce de l'atterrissage sur la Fouly
Les premiers toits de la Fouly apparaissent, chouette ! nous rentrons dans le village par une route bitumée, c'est un faux plat montant, ah les cons, ils l'ont mis ou le ravito... on continue de traverser le village et les supporters sont géniaux, ils nous encouragent par nos prénoms, ambiance de folie. Puis au détour d'un virage, c'est le mimi, le rara, le miracle ! Le ravito.
( 7h46, 40,1km, 2467 D+, 2094 D- ) 760ème ca remonte doucement, mais surement...
Nous sommes guidés par des barrières vers l'intérieur d'un bâtiment ou je trouve d'abord de quoi remplir ma poche a eau, et il était temps, elle était entièrement vide. Ensuite c'est le traditionnel duo coca, suivi d'une bonne soussoupe aux vermicelles que je prends le temps de siroter en m'asseyant 5 minutes. J'en profite d'ailleurs pour lire les derniers sms, yes, mon classement s'améliore apparemment, chouette. Je prends également quelques trucs solides et hop c'est reparti ! Prochaine étape Champex, YYYEEESSS !!!!!
Champex me voila !
Au départ de la Fouly, j'entends qu'il y a 10km de descente puis 5km de montée pour arrivée à Champex. Zut, encore de la descente, avec mes pieds cramoisis, ca va être chaud, fort heureusement la descente est vraiment douce, sur un chemin longeant un gros torrent : splendide ! L'idée d'arriver à Champex me donne des ailes, comme je sais que la pause sera plus longue à Champex, j'accélère et je me dis que même si je me rapproche un chouilla du rouge, je pourrais récupérer. Les 10 km sont long mais je peux suivre l'avancée grace à ma montre GPS, que j'avais d'ailleurs malencontreuseument arrêtée une heure auparavant, du coup il va me manquer une partie du parcours au milieu, et aussi à la fin, car je ne me fais plus d'illusion sur le fait de terminer en moins de 20h, mais bon ca ne me turlupine pas plus que ca... Bref, chemin faisant, nous arrivons au début de la montée, et là, dur dur, la montée est bien plus costaud que ce que je pensais, mais bon, au bout des 5 bornes la récompense... Le jour commence tout doucement à tomber et la température a bien baissé. Des nuages bas viennent s'accrocher à la montagne, le brouillard n'est pas loin... Je continue à pousser comme un ouf sur mes batons et d'un coup je vois un gars descendre à contre sens en courant en criant : "bravo les gars, plus que 5 minutes pour Champex !" Kayamba !!! mode turbo on, les premières maisons apparaissent dans le brouillard naissant, puis le bitume, et enfin une foule de gens nous encourageant, des épouses venues à la rencontre de leur mari pour les soutenir, des anonymes juste venus en badaud mais tout aussi encourageant, puis le bivouac apparait, ca y est je suis à Champex le lac, là ou la course va soit disant commencer, mais pour ma part, l'avant course, je l'ai bien ressentie, avec ses 54,7km, 10h11 d'efforts, 3000m D+ et 2743 D-
La pause KitKat !
Champex, c'est le gros ravito de la CCC. Pasta party, grandes tablées, une foule de coureurs hallucinante. Je préfère ne pas tester les pâtes, pas envie de prendre le risque du mal de bide en attanquant la course de nuit. Alors je me rabats vers la soupe aux vermicelles (et oui, quand on aime ca, on compte pas ! Et on ne change pas une formule qui gagne) et je m'autorise un extra : le yoghourt à la vanille, super frais, un quartier de banane et une morceau de fromage. Top moumoute, non ? me voila les bras bien remplis à la recherche d'un bout de table et si possible un bout de banc, trouvé ! Je m'installe, et la une fois bien installé, je me rend compte que j'ai oublié le coca, damned !!! Trop tard, l'enjambage de banc puis l'installation des jambes sous la table a été trop dur, je boirais après... Je me sustente donc trinkilement en prenant la température auprès des concurrents : tous sont bien contents d'être arrivés jusque là.... Mais au fil des minutes, des douleurs de partout apparaissent dans mes mollets, mes cuisses, je prends vite conscience qu'il va pas falloir que je m'éternise si je veux pouvoir repartir... Je zappe donc la banane et le fromage et hop, je pars a la conquete du coca, et j'en profite pour passer à la pompe pour faire le plein en eau. Ensuite je resquatte un bout de banc, après quelques négotiations avec une charmante demoiselle qui avait réservé pour son copain. 30s, pas plus !!! OK, je me depeche de prendre ma frontale dans le sac, mon vetement longues manches, je mets tout ca sur le bonhomme et hop je déguerpis, mais en me dirigeant vers la sortie je ressens le froid qui vient du dehors, et je décide mettre mon coupe vent en plus par dessus, je prend donc la premiere table pour poser mon matos et récupérer mon coupe vent, et la une nana me demande mon numero de dossard.... euh, pour quoi faire ? Ben vous n'abandonnez pas ?? Ben non, ah je me suis mis sur la table des abandons, désolé. AUssitot équipés je passe le tapis de sortie et sur la droite j'apercois la tente de la croix rouge, et le je me dis : mes pieds !! Je rentre donc dans une tente et explique mon problème à une secouriste, qui me dit ne pas avoir de petits ciseaux, puis s'en va s'oocuper de quelqu'un d'autre... ah non, et moi, elle revient et me dit, ah non avec ces ciseaux cava pas le faire, puis repars... Je commence à trouver le temps long, mais je ne veux pas finir la course sans pouvoir courir dans les descentes, j'insiste donc un peu, mais en ayant conscience de ma bétise, et finalement elle tente de couper les ongles avec sa grosse paire de ciseaux, victoire ca fonctionne tant bien que mal, meme si pour ca, elle appuie comme une brute sur mes orteils biens sensibles, c'est pas graves, je la bénierais jusqu'au bout de la course. Je me dépêche de renfiler mes chausettes et mes chaussures, et gogogo, en avant. Chamonix n'a jamais été aussi près : plus que 43km !
Bovine - définition : de l'espèce du boeuf
En voila une montagne qui porte bien son nom ! Mais avant de commencer son ascension (900m avec 20% de moyenne), je me refais une jeunesse après la pause douloureuse, en déroulant ma foulée d'abord sur du plat le long du lac, puis sur une pente douce descendente dans chemin forestier assez long ou des enfants cachés dans le noir s'amusent à nous faire peur. C'est aussi l'occasion de se familiariser à la course nocturne. Mon ptit bricolage avec mes deux lampes frontales fonctionne à merveilles, la lampe de secours cousue à ma ceinture pectorale pour un éclairage diffus devant mes pieds et la lampe sur la tête pour éclairer plus loins dans la direction de mon regard. Merci aux comteurs de l'édition 2008 pour ce filon. 4,5 km de faux plat descendant plus loin, Bovine se dévoile, et pas en douceur la dame ! La montée commence cash, une bonne vieille pente, je décide donc comme a mon habitude de prendre tout de suite un truc à manger pour rallumer un peu la chaudière. La montée se passe bien, du bon jus et pas de douleur particulières, le palpitant sous contrôle, top moumoute. Mais bientôt les choses se corsent, ce n'est plus un chemin très pentu qui se déroule sous les pieds mais une succession de gros rochers à escalader! Les batons ne sont plus seulement la pour pousser mais aussi pour garder l'équilibre dans certains franchissement. La température doit maintenant friser les 0 degrés, mais je suis persuadés que personne n'avait froid. Une lumière pointée vers nous se rapproche a grande vitesse : ahhh, les martiens attaquent ! Mais non, c'est le messie, celui qui vient nous annoncer la bonne nouvelle, plus que 10 minutes pour arriver au sommet, yess!!! Puis une petite tente perdu dans le noir peut être distinguée de mieux en mieux, ca y est un coup de cup de passé sur 3 pour ce finish !
64km, 12h56, 3704m D+ et 2937 D- : 620eme, wahou, jolie remontée
Descente vers Trient
C'est frigorifié que je repars, mais avec mes deux lampes, j'y vois clair comme en plein jour, je peux donc garder un bon rythme et trottiner, tout en veillant à ne pas rencontrer l'entorse qui mettrait fin tout de suite à la course. Je continue mon ascension dans le classement en doublant dès que le terrain le permet les concurrents apparemment moins en forme et/ou avec un moins bon éclairage. De nouveau des lumières dans notre sens : "Col de la Forclaz, bravo, continuez". Punaise, je ne sais pas pourquoi ce col plutot qu'un autre, mais j'étais trop content d'avoir franchi cette étape ! Puis en me remémorant le profil, je me souvient d'un passage presque vertical avant d'arriver sur Trient. C'est effectivement ce quii se dessine bientôt sous les rayons de ma lampes, d'abord des marches d'escaliers avec des planches assez àloignées, puis bien verticales, je reste étonné du tonus de mes quadriceps... préparation qui a porté ses fruits ? efficacité des manchons de compression Q for quads, nul ne le saura jamais, surement le cocktails des 2 réunis. Bref, les escaliers passés, c'est une pente bien raides formées de lacets qui s'amorcent avec une bonne descente vers Trient, les concurrents que je double reste souvent dans mon sillage pour bénéficier de mon éclairage, et bonne nouvelle : plus aucune douleur aux pieds, la coupe de la croix rouge a été plus qu'efficace, c'est un grand OUF de soulagement... Des acclamataions d'encouragements ne tardent pas a se faire entendre, puis les premières têtes, c'est l'entrée dans Trient, puis le ravito qui pointe le bout de son nez, la descente aura été courte.
70.1km, 14h18, 3778m D+ et 3698 D- : 587eme, héhé, ca continue
Quand Catogne rime avec Besogne...
2 cocas et une soupe aux vermicelles plus tard, me voila reparti, les poches à eaux blindées. Un ptit échauffement sortir du village et hop, un chti sentier dans la fôret en pente soutenu mais correcte (10%), nickel pour prendre les batons d'une main et de l'autre deguster une chtite barre de céréales. Des lucioles illuminent cette forêt à flanc de montagnes, c'est trop joli !
Fort de ma barre céréalière, je continue a pousser les watts, et hop hop hop, je double, après tout ce n'est que Catogne, de la gnognotte après Bovine.. Ce sera en fait la plus dure montée de la CCC, enfin de mon ressenti. Il faut dire c'est quand même 5km de montée, et 711m de D+, soit 14% de moyenne. Mais déjà une luciole à contre sens, yes, bientot arrivé ? lui demandès-je...
Ah non, désolé mais la il y en a encore pour un moment... OK, ca m'apprendra a poser des questions bêtes à 1h du mat... Mais bon, après Catogne c'est la descente vers Vallorcine et après pluss qu'un gros coup de cul, donc GAZ GAZ GAZ !!!!
Le brouillard devient plus dense et la température plus fraiche encore, ce qui permet de maintenir la cadence, le refroidissement de la machine fonctionne a merveille. Tiens, bizarre, ca redescend un peu, mais rapidement de nouveau une luciole, mais cette fois fixe, ca y est, Catogne, yes !!!
75km, 15h53, 4556m D+ et 3765 D- : 510eme, punaise, vive les montées !!!
Je prends mes 2 verres de coca et j'allais repartir quand une odeur connue vint me chatouiller les narines : de la soupe aux vermicelles !!! JE craque, je m'en sers donc un bol que je deguste sur un banc, mais je prends vite froid, alors je me depeche de me ravitailler en haut et hop, c'est reparti, direction Vallorcine !
Retour chez les gaulois !
C'est de nouveau comme un glacons que je repars et dans une purée de pois ! Du jamais vu ! Ben ouais, vous mettez souvent des glacons dans une purée de pois, vous ? :p
Je tente plusieurs réglages sur mes lampes mais la vision reste floue, la lampe fait un halo dans le brouillard, mais bon, profil légèrement descendant, un peu casse pattes par endroit, il faut donc être vigilant, alors je redouble d'attention et j'arrive quand même à garder un bon rythme. Mais deux ou trois tordage de pattes plus loin, je décide de ralentir un peu pour assurer le coup, une blessure est vite arrivée et ma vigilence n'est plus la même qu'à Courmayeur... Nous rentrons dans la forêt et le brouillard se dissipe maintenant un petit peu et il est plus facile de savoir ou poser les pieds. Je reprends une allure plus rapide tout en restant toutefois sur mes gardes, la montée à la tête aux vents qui nous attends apres Vallorcine est terriblement longue et dure, alors j'aurais tout loisir de doubler à ce moment... la descente s'accentue et nous pouvons apercevoir les premières lueurs de Vallorcine en contrebas, mais la route semble encore longue... La fatigue se fait un peu ressentir, alors je recalme de nouveau le rythme pour me préserver pour la fin de course. Finalement, les premiers encouragements se font entendre, allez Ludo (trop fort ces dossards) et c'est de nouveau un ravito qui s'offre a nous, celui de Vallorcine.
79.6km, 17h05, 4566m D+ et 4526 D- : 526eme, ca va, ma prudence ne m'a pas fait perdre trop de place.
La der des der
La conviction d'arriver au bout est maintenant à son comble, nous quittons vallorcine et abordons la pente douce vers le col des montets. Cette montée sert un peu d'échauffement à la longue ascension qui nous attends au pied de la tête aux vents. Bien que facile, le troncon Vallorcine - Col des Montets me semble long, mais bon au loin se distinguent une ligne en zig zag sur le flanc d'une montagne : la tête aux vents. Nous croisons un panneau indiquant le col à 10 minutes et bientôt nous y arrivons, nous longeons une série de tentes et l'envie me démange de crier "REVEIL !!!" mais je me retiens : a presque 4h du mat, on ne peut pas savoir la réaction des occupants. Mais si j'avais su qu'Anne So et Aude étaient dans ces tentes, alors là je n'aurais pas hésité
Traite de plaisanterie, les choses sérieuses vont commencer, nous traversons la route et nous dirigeons vers le mur aux vents avec tout en haut sa tête. Je décide de m'arrêter 2 minutes histoire de grignotter un truc et de faire une pause pipi. Du coup c'est la voie libre que je repars, et le fait de savoir que c'est la dernière montée me donne un sentiment d'invincibilité, je prends une allure bien appuyée que je maintiendrai jusqu'au sommet, les concurrents que je double doivent me prendre pour un fou et ils n'ont peut etre pas tort, une si longue course n'est pas sans sequelles
87.2km, 19h37, 5441 D+ et 4531 D- : 496eme : mon meilleur classement.
L'arret est inexistant, pas de ravito ici, le benevole nous annonce Flégère a 25 minutes : en avant !
Les grandes acrobaties
Patrice nous avait parlé l'an dernier de ce passage après la tête aux vents, et j'ai bien pensé à lui au départ de cette descente accrobatique. Dans le genre pas roulant du tout, vous prenez de gros rochers, le tout recouvert de bout et vous posez un ludo dessus : verdict, pas stable du tout. Tous autant que nous sommes, nous nous prenons quelques gamelles et de bonnes frayeurs,
ne savant plus comment progresser tout en restant sur nos 2 jambes... tant bien que mal je me sers de mes batons pour me stabiliser mais je sais que tout appui trop fort sur l'un dans eux lui sera fatal, on peut pas avoir de l'ultra leger et de l'ultra solide en meme temps. Mais finalement ils ont survécu, et moi aussi
90,6km, 20h25, 5505D+ et 4848 D- : 498ème
Je m'arrête prendre un coca, et ptet meme une soupe, je ne sais plus trop. Mon esprit est ailleurs, déjà à Cham : je ne perd donc pas de temps et aborde cette dermière descente !
La conquête du Graal !
C'est non sans émotion que j'aborde la dernière descente de ce long périple, premier virage, un doute : le balisage n'est pas clair, je sens qu'il faut partir à droite mais en meme temps le chemin à gauche a l'air tentant. Puis j'entends des gens remonter de gauche en ralant : c'est bon, c'est à droite ! GO GO GO : un large chemin forestier à gros cailloux pour commencer en pente douce, puis nous bifurquons à gauche et commencons une longue descente dans les bois, il faut être vigilent : pas mal de grosses racines, mais le jour est maintenant levé et il est facile de naviguer au travers de ces pièges, je descend donc d'un pas certain mais sans m'emballer, je ne suis plus à 5minutes près et la place m'importe peu désormais. Chamonix est là, à portée de main et pourtant il semble de pas se rapprocher, il faut dire que la pente est vraiment douce ! Puis l'inclinaison devient plus importante, et l'approche est vraiment significative, puis un dernier petit chemin forrestier, puis la route bitumée, un virage, 2 virage, le gymnase de retrait des dossard, la ligne droite en travaux le long de l'arve, la place du mont blanc, la traversée du pont de l'arve, un virage a gauche et une longue ligne droite, j'accélère le pas et d'un coup : "LUDO; LUDO; BRAVO LUDO" : j'appercois mon fan club, ma femme chérie, Anne-So et Aude, une amie que je ne connais pas encore, mais ou est Ilona ? ah je l'apercois dans sa poussette, elle commate encore un peu la pauvre. Un dernier détour autour du paté de maison, et j'apercois le boudin d'arrivée, Carole et Ilona m'attendent et me prennent pas le bras et c'est en famille que nous franchissons la ligne d'arrivée (2 ou 3 concurrents profitent de l'action pour nous griller la politesse sur la ligne d'arriver, dur de leur en vouloir).
CA Y EST, JE L'AI FAIT, JE SUIS UN FINISHER DE LA CCC !
98km, 21h42, 5505D+ et 5690D- D- : 502ème, j'en espérais pas tant...
Le bilan
Une semaine après, force est de constater que l'entrainement a payé puisque je n'ai quasiment pas eu de moment de souffrance dans cette course et que ma récupération d'après course a été l'une des plus rapide jamais connue après une course. Je n'ai qu'une hâte, rechausser les godillauds pour le prochain trail, qui sera surement celui des Alpes Maritimes à la fin du mois.... à suivre
MERCI BEAUCOUP A TOUTES ET TOUS POUR VOS ENCOURAGEMENTS AVANT ET PENDANT LA COURSE
MERCI A JEAN-CHRISTOPHE DE M'AVOIR POUSSER DANS CETTE EXTRAORDINAIRE AVENTURE
MERCI A ANNE SO ET AUDE D'AVOIR BIVOUAQUE POUR VENIR ME VOIR A L'ARRIVEE
MERCI AUX ORGANISATEURS ET A TOUS LES BENEVOLES POUR L'ORGANISATION DE CET EVENEMENT
MERCI AUX 2 FEMMES DE MA VIE QUE J'AIME PLUS QUE TOUT
