L'auteur : Zaille
La course : Trail des Forgerons
Date : 20/10/2024
Lieu : Reichshoffen (Bas-Rhin)
Affichage : 145 vues
Distance : 39km
Objectif : Faire un temps
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Pas d'autre récit pour cette course.
Ça fait un bail que je n’ai pas pratiqué le trail en compétition et c’est par une publication tombée je ne sais plus comment dans mon fil Facebook que j’ai découvert l’existence de ces nouvelles courses trail pas loin de chez moi. 14 ou 39km avec très peu de dénivelé de quoi me tester un peu sur les sentiers des Vosges du Nord.
Sub4
Les Courses des Amoureux du Fer ! Sous cette appellation plutôt étrange se cachent plusieurs épreuves pédestres organisées depuis le site industriel créé par la famille De Dietrich il y a fort fort longtemps. Il y en a pour tous les goûts : marche, 5km ou 10km route et trail. On avait dit « trail » et autant y aller pour une distance qui vaille le déplacement, me voilà inscrit pour 39km et 900m de D+.
Considérant le ratio km/D+ plutôt faible, je me décide très vite d’en faire une épreuve de vitesse. Après analyse du tracé, je me rends compte que je connais déjà certains tronçons et je visualise donc plutôt bien la difficulté du terrain. Je me dis qu’un 5:45 de moyenne est jouable avec donc un objectif de sub4, moins de 4 heures.
Tout juste une quarantaine
Le départ étant à 8h, le réveil est à 6h. Pour un dimanche matin ce n’est pas super agréable mais bon ... Le temps de me préparer et de manger ma traditionnelle banane me voilà parti en direction de Reichshoffen. Un immense parking nous accueille mais il y a bien 10 minutes de marche jusqu’au pôle départ situé dans l’enceinte de l’espace industriel.
Je récupère mon dossard à peine 15 minutes avant le départ, pas le temps de s’échauffer surtout qu’il faut encore que je trouve un endroit où mettre mon sac et il n’y a pas de consigne de prévu. On me propose gentiment de le déposer dans un coin du local infirmier, merci. Je suis en short et manches courtes, il ne fait pas franchement froid mais je sautille quand-même un peu pour me réchauffer, on est quand-même fin octobre au petit matin et en Alsace.
Quelques inscrits de dernière minute mettent à mal l’informatique de l’organisation et retardent le coup feu de 5 minutes. On n’est pas nombreux, tout juste une quarantaine, la faute, selon moi, à une publicité plutôt timide de l’évènement. Le speaker désigne le cador de la journée, le gagnant de l’X 2023 (une sorte de backyard du coin) qui avec son physique d’adolescent à lunettes à l’habitude de dézinguer tout le monde.
Comme des balles
On finit par partir quand-même, et comme des balles ! Le dézingueur à lunettes tout devant et moi tout juste dans le top 10. Je sais que je vais trop vite mais ce sera toujours ça de pris d’autant que là on nous fait traverser les locaux de l’usine, c’est plus que roulant. Les odeurs d’huile ou de peinture dans ces ateliers où sont fabriqués des rames de TER me rappellent ma jeunesse en lycée technique il y a 35 ans !
Je profite d’une vue dégagée pour compter le nombre de coureurs qui me devance : 9. Pour l’instant ça ne veux rien dire mais ça me permettra de connaître ma place au gré des km et des dépassements. Je vais bientôt lever le pied je commence à être essoufflé et la première petite montée sera tout de suite après en sortant de l’enceinte.
Déjà 3 minutes d’avance
J’ai configuré une stratégie PacePro sur ma montre qui pourra me dire si je suis en avance ou pas sur mon objectif de 5:45 de moyenne. Pour l’instant, après pas tout à fait 2km j’ai déjà 3 minutes d’avance … A se demander pourquoi j’échafaude des plans si c’est pour tout envoyer valser en moins de 10 minutes. Disons que la réalité du terrain oblige parfois à ne pas bêtement écouter sa Garmin qui ne reflète qu’une stratégie bassement théorique … Ok, j’arrête de me justifier !
Km2, j’ai les pieds mouillés ! La faute à un pré à l’herbe encore bien chargée en rosée matinale. D’ailleurs je pense que cette rosée a encore de belles heures devant elle avec cette brume qui ne veut pas se lever. La visibilité est même réduite pour nous et les banderoles de balisage demeurent parfois invisibles un long moment avant de nous réconforter du bon chemin emprunté. D’ailleurs en voilà déjà 3-4 qui reviennent sur leur pas après une première erreur de parcours.
8ème
Les 10 premiers km ne sont pas très compliqués, pas de gros dénivelé mais juste un peu de boue. Il faut regarder où on marche et parfois bien lever les pieds dans les herbes hautes ou les sentiers bordés de ronces. J’avance bien et je suis 8ème avec un coureur en ligne de mire. Deux fois déjà un coureur m’interpelle pour me signaler que la direction à prendre. J’ai la tête dans le guidon mais c’est aussi le balisage qui est plutôt discret par endroit et notamment aux intersections.
Km10, le 1er ravito que je snobe sans même ralentir, j’ai toujours de l’avance mais n’éprouve aucun besoin de quoi que ce soit. Le règlement nous impose 1 litre de liquide et j’ai donc 2 flasques de boisson de l’effort qui vont probablement me tenir la totalité de la course. Je déroule encore pas mal avec des kilos sous les 5:00 sur les parties roulantes et j’ai hâte d’arriver aux premières vraies difficultés.
14ème !!! Quoi ?
Un premier raidillon après le passage d’un petit ruisseau en mode hors-piste me font faire mes premiers mètres de marche. Ce n’était pas très long et je repars à la course sans avoir trop ralenti finalement. Je sais que la première montée est située après le km14 en direction des 2 châteaux du Windstein, un coin que je connais un peu mieux que ce début de course.
Puisque c’est le thème, on nous fait passer par le site des anciennes forges de Jaegerthal, je reconnais le passage déjà emprunté il y a 2 ans lors du 80km du Défi des Seigneurs. Un bénévole nous attend avec une scanette de pointage, j’en profite pour lui demander mon classement, j’hésite entre 7ème et 8ème : 14ème !!! Quoi ? Comment ? Impossible, personne ne m’a doublé, c’est forcément une erreur à moins que 6-7 coureurs se soient perdus et finalement retrouvés devant moi ?
Au loin un nouveau coureur
C’est en pleine cogitation que j’aborde la première ascension. On est sur du gros chemin sans technicité et j’arrive à courir doucement sans trop de difficulté. Comme à Millau, je cours coûte que coûte. J’ai deux coureurs sur les talons, ils m’avaient dépassé avant que je les redépasse après une erreur de parcours et l’obligation de rebrousser chemin. J’avance tête baissée, je sais que cet effort sera entre-coupé par une petite partie descendante, je sers les dents et maintiens l’allure.
Dans le petit km de descente avant de terminer ce premier gros morceau, je vois au loin un nouveau coureur. Un nouvel objectif pour me motiver. Il est coriace, autant dans la descente que dans la montée il semble avoir exactement la même allure que moi, je ne lui prends pas un seul mètre et pourtant je ne m’économise pas. J’ai encore 4-5 minutes d’avance, tout va bien.
7ème
Km22, au pied du nouveau Windstein (on est déjà passé à côté de l’ancien mais je ne l’ai pas vu) une montée en zig-zag me fait passer à la marche prolongée pour la première fois. J’ai finalement rejoint mon prédécesseur que j’ai hélé alors qu’il filait tout droit au lieu de bifurquer sur ce petit single que je connais bien. J’en profite pour le questionner sur notre classement et il est du même avis que moi, on doit se situer aux alentours de la 7ème place. On verra bien … à l’arrivée sûrement !
Une descente bien raide nous ramène dans la vallée vers le ravito du km23. Mon nouvel ami est passé devant, je suis resté prudent dans la descente. On fait tous les deux un arrêt express, juste le temps de sucer deux quartiers d’orange en marchant. A présent on va attaquer le dernier gros morceau pour rebasculer du côté Reichshoffen.
5ème
On traverse la route pour à nouveau s’engouffrer dans la forêt via un petit sentier bien pentu où il n’est pas question de courir, du moins pour moi et le 6ème (ou 13ème ???) qui avance bien mieux que moi. Je le garde à l’œil et dès que c’est faisable, je trottine mais avance à peine plus vite qu’à la marche. Ce seront 3km très éprouvants où les battements de cœur raisonnaient jusque dans mes tempes.
Arrivé au point culminant de la course je repars direct à la course et remonte mon ami avec qui j’échange encore un peu avant de le distancer pour de bon, du moins je l’espère. Km25, caché dans la brume, un bénévole esseulé pour un nouveau pointage. Et là … Enfin la bonne nouvelle : 5ème ! Je suis rassuré mais quand-même un peu étonné car je pensais être au mieux 6ème. Un top 5 (sur 40) c’est pas mal quand même, en tout cas ça a le don de me satisfaire et me donner un bon petit coup de boost.
Hors parcours
A présent ça ne sera plus que du faux-plat ou de la grosse descente. Je déroule, requinqué par la perspective d’un classement scratch rarissime dans ma carrière de coureur amateur. Je reste cependant aux aguets, les bruits de la forêt me donnent sans cesse l’impression d’être suivi de près. Je surveille aussi régulièrement ma montre avec le tracé, j’ai trop peur de me perdre !
Km27, il reste quand-même 13km. Dans ma tête j’étais sur la fin de course alors qu’en fait il reste un bon tiers, ça va être long. J’avance encore bien mais j’ai 2 minutes de retard et je n’ai pas l’impression d’inverser la tendance, les cuissots commencent à chialer. Je me perds dans mes pensées et bim !!! … Me voilà hors parcours, j’ai pris à gauche au lieu de bifurquer à droite et ça fait un moment que je ne suis plus bon. Heureusement que les 2 chemins sont plus ou moins parallèles et je réussis à rattraper mon erreur en traversant une coupe forestière. Sans la trace sur ma montre, je ne sais pas où j’aurai atterri !
Reste 8km
Apparemment mon erreur de parcours ne m’a pas couté de place mais je ne suis pas serein et redouble de vigilance quant au balisage. Enfin j’arrive au Heidenkopf et son petit refuge « Blechhutte », je me sens presque chez moi et en plus c’est le début d’une longue descente après cet enchaînement de faux-plats. D’abord un long zig-zag dévalé à fond les ballons et qui me permet de jeter un œil plus haut pour vérifier que je n’ai pas de poursuivant direct. Tout va bien, je suis seul mais il reste 9km.
Km 32, dernier ravito. J’ai failli le loupé celui-là. Si les bénévoles ne m’avaient appelé j’aurais probablement continué un petit moment sur ce gros chemin au lieu de tourner dans un champ. On me demande gentiment si je n’ai besoin de rien mais je ne m’arrête pas et décline l’offre entre 2 lourdes respirations, je n’ai pas de temps à perdre. Un dernier coup d’œil en arrière, RAS, il reste 8km.
Retour à la civilisation
Au loin un clocher, c’est Niederbronn, ça sent la fin mais pas tant que ça, encore 5km. Je suis épuisé et commence à avoir mal un peu partout. Ce rythme effréné que je tiens depuis le début n’est plus dans mes habitudes d’ultra-fondu. C’est surtout le manque de pause qui est difficile pour moi ici, moi qui aime bien m’installer un peu aux ravitos pour mieux repartir.
Encore une petit raidard où je marche et qui m’emmène sur les hauteurs en périphérie de Reichshoffen. J’ai une vue sur le pôle d’arrivée mais aussi sur l’arrière où je constate définitivement que je vais assurer ma place. Voilà un peu de bitume et le retour à la civilisation. Des jalonneurs m’indiquent le chemin à suivre, je monte sur les trottoirs pour ne pas gêner la circulation maîtrisée à minima.
6ème … 5ème … 6ème
Gauche, droite, gauche … J’arrive aux abords du parc De Dietrich et son château. Je slalome entre des cohortes de marcheurs tout de rose emmaillotés à l’occasion de l’octobre rose. Ce n’est pas facile, ils ne m’entendent pas arriver et comme les quatre premiers sont déjà passés depuis un moment (20 minutes selon le bénévole du km25), la plupart ne savent même pas qu’il y a une course qui passe par là.
Pardon … Attention … Je passe sur les zones engazonnées, je me faufile toujours stressé par un éventuel retour d’un poursuivant. Bravo, encore 500m, vous êtes 6ème ! Quoi ? Va falloir vous mettre d’accord ! Bon OK, ça me va aussi mais bon … Je reconnais les lieux, c’est bon j’y suis, encore un virage. Je jette mes dernières forces et passe la ligne en 3h56 … The job is done.
Je suis 5ème selon le bénévole qui m’accroche la médaille autour du coup mais 5 minutes plus tard, en discutant avec le chronométreur derrière la ligne d’arrivée pour connaître mon classement par catégorie (1er M3H sur …1), on m’annonce que je suis, définitivement 6ème.
Podium
Je quitte le ravito d’arrivée très light avec juste de l’eau et quelques bretzels et quartiers d’orange pour aller me doucher. Elle est loin cette douche, mes jambes sont flinguées mais je suis content du résultat et de mon pari gagné sur le chrono. Une fois tout propre mais bien fatigué, j’attends la cérémonie des podiums une bière à la main. C’est un peu déçu que je reçois comme seule récompense une 2ème médaille. C’est un peu minable, à ce tarif, pourquoi récompenser les catégories ? Autant ne rien faire et réserver le podium aux premiers du scratch, point barre.
Je termine ma bière et rentre malgré tout satisfait de ma matinée bien que très courbaturé. Il va falloir récupérer vite, très vite, dimanche prochain c’est entre Marseille et Cassis que je vais trottiner mais ça devrait être moins long 😉
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