Récit de la course : Valmalenco Ultradistance Trail - 90 km 2025, par shef

L'auteur : shef

La course : Valmalenco Ultradistance Trail - 90 km

Date : 25/7/2025

Lieu : Chiesa (Italie)

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Distance : 90km

Objectif : Pas d'objectif

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Pas d'autre récit pour cette course.

Mamma mia!

Comment suis-je arrivé là ? Janvier 2025, je demande à Jérôme, qui réside en Italie, s’il connaît un ultra 100/160k sympa en Italie, bien Alpin. La réponse fuse « Valmalenco Ultra Trail VUT! Splendide, alpin... ça te plaira !!!!». Cette épreuve m’est inconnue, et je me rends compte que la plupart des trails en Italie, à part les grosses machines By UTMB ou le TOR, n’ont que très peu de résonnance de notre côté de la frontière. Ces vacances dans la botte seront l’occasion de voir qu’il y a, comme chez nous, pléthore de courses dans des paysages superbes, et dont la difficulté n’a rien à envier à nos pires ultras. 

Une petite visite sur le site Valmalenco UltraDistance Trail met en avant en effet un caractère assez alpin, technique, minéral, dans une ambiance familiale, à taille humaine. Ça sera donc l’objectif de l’été (jusqu’à ce que je me rajoute une Echappée Belle, mais c’est une autre histoire). Je vais passer les mois suivants à répéter très régulièrement la même réponse à la même question « alors, c’est quoi ta grande course de l’année ? ». « Valmalenco ». Je me décide quand même à regarder précisément où ça se trouve sur une carte histoire de ne pas raconter de bêtises, car je voyais (à tort) ça très à l’Est, au-delà des Dolomites. Pour être bien précis, c’est une vallée qui se trouve dans l’extrême Ouest de la Lombardie, entre le lac de Côme et Bormio, à la frontière Suisse, juste au sud de la Bernina (le 4000 le plus à l’Est des Alpes). L’influence Suisse est d’ailleurs assez visible : tout est bien propre, bien rangé, bien tondu...

Valmalenco Ultra Trail : c’est une course de 90km avec environ 6000mD+, dont une grande partie sur des sentiers vraiment très techniques, style Echappée Belle, avec des chaos de blocs, des cols affreux, des descendes très raides, etc. Il y a beaucoup de refuges et ravitaillements sur le parcours, 12 au total ! Le départ est à 22h (petit point négatif car la majorité de la course se fait de nuit sans profiter des jolis paysages).

Nous débarquons sur place avec le van la veille de la course. On est très loin du barnum : le village est encore très calme, à part une ou deux banderoles, et l’aire de départ qui s’installe doucement. Ca commence à s’agiter doucement le lendemain, avec le retrait des dossards (et une belle dotation avec fromage, bière, viande séchée, mais aussi une serviette et même un couteau). Repos comme on peut, puis vers 21h je rejoins l’aire de départ qui s’est franchement animée. Il y a un sas avec contrôle intégral du matos obligatoire et remise d’une balise GPS à tous les concurrents, c’est du sérieux.

Le départ est donné dans une ambiance de maboule : public en feu, speaker rugissant, feu d ‘artifice et même la sirène du village. Je n’en crois pas mes oreilles. Le début du parcours est en chemin/route le long du cours d’eau pendant environ 5km, ce qui permet de bien étirer le peloton et est encore l’occasion de nombreux encouragements à chaque fois que la route principale est proche. 

La première bonne montée se fait principalement dans la forêt, de nuit, c’est juste un petit échauffement au regard de la suite. Il y a ensuite une descente de transition un peu barbante sur une piste forestière. La prochaine vraie section un peu facile sera dans quasi 60 kilomètres. Le col suivant (Passo Ventina) à 2676m est un mur : une première partie en forêt puis alpage hyper raide, avec de hautes marches, tout le monde est dans son rythme, ça ne rigole pas beaucoup ! Et un peu plus haut, le sentier disparaît dans un chaos de gros blocs et de dalles. Le balisage étant très présent, la recherche d’itinéraire est limitée, mais de nuit ça reste une sacrée épreuve.

 

Je ne suis pas au bout de mes peines. A la bascule en haut, je n’en crois pas mes yeux. Je vois les frontales franchement en contrebas. La descente est extrêmement raide, je n’ai jamais vu un truc pareil en course. Et pour ajouter du pesto à la salade, les rochers sont franchement glissants, suite aux pluies récentes. Le sentier n’est pas en reste. Je glisse régulièrement et dois faire preuve d’une immense concentration pour ne pas tomber (ce qui finit quand même par arriver). Mais qu’est-ce que c’est que ce truc de malade !! On perd 400m en 1km, puis la pente redevient humaine (encore bien raide, mais humaine), avec toujours pas mal de cailloux sur le sentier, qui parfois se transforme en ruisseau.

On rejoint un refuge, puis petite liaison de sous-bois et on arrive à la « base-vie ». C’est un hôtel/restaurant, le ravito est en plein air, mais on peut entrer dans le hall si on veut être au chaud. Il ne fait pas très froid, je reste dehors et avec le sac de change je peux mettre des chaussettes sèches et me rincer un coup. Clémence a pu venir faire coucou tandis que Léna n’a pas trouvé le courage de se lever du lit.

 

La montée suivante est plus tranquille au début en forêt jusqu’à rejoindre de nouveau une belle zone de blocs, dalles et compagnie, puis passage au joli refuge Longoni où l’accueil est royal. Les premières lueurs de l’aube apparaissent tandis qu’un fort vent se lève et nous accompagne dans la descente vers la vallée. Quand ce ne sont pas des cailloux glissants, ce sont de grosses marches, des racines, la progression se mérite. On rejoint une piste forestière pour quelques moments de répit. C’est là que je rattrape Lisa Borzano (multiple vainqueure et podiums sur le TOR, UT4M, TDS, etc), qui m’explique gentiment que le col de cette nuit c’était costaud, mais qu’après c’est pire et que ça va durer comme ça jusqu’au kilomètre 70 environ. 

En réalité la partie suivante est « un peu » plus tranquille, plutôt en sous-bois, même si on croise encore du bien raide avec parfois des marches immenses. On passe à proximité d’un joli lac. C’est à ce moment que la pluie fait son apparition et ne nous lâchera presque plus jusqu’à l’arrivée. A partir du km 50 commence une section magnifique et exigeante.

D’abord traversée de beaux alpages, puis on entre dans le minéral. C’est une longue remontée de vallée. On devrait avoir au-dessus de nous le majestueux Piz Bernina. Bien sûr on ne voit rien car le plafond est bas et il flotte assez copieusement. 

Au début le sentier est assez bien marqué mais plus ça va, plus il disparaît dans la caillasse, les blocs, les moraines. Il y a deux cols à 2800m à passer, entre les deux, un refuge. J’ai la tête dans la capuche, il y a du brouillard, de la pluie. Je suis comme un mouton le coureur devant moi qui s’engage dans la descente du sentier de grande randonnée marqué d’un triangle jaune qu’on suit régulièrement pendant la course. Au bout d’un petit moment de descente, ça manque de fanions. Je consulte ma montre et nous sommes effectivement hors trace. Le coureur devant est trop loin et ne m’entend pas l’appeler. S’il continue il va retomber au ravitaillement que nous avons passé 12 km plus tôt ! Je rebrousse chemin (environ 150D+, le petit détour me coûtera environ 20 minutes). De retour au refuge je vois le balisage pourtant évident qui bifurque sur la gauche sur une sente chaotique puis disparaît dans un pierrier immense. C’est la dernière grosse section, avec blocs taille XXL (frigos, machines à laver, voitures), et enfin le dernier point haut à 2819, Forcella di Fellaria. La descente qui suit marque la fin des difficultés techniques à mesure que l’on descend vers un gros lac artificiel.

La pluie est toujours bien présente lorsque j’atteins le refuge de la joie (Rifugio Zoia). C’est aussi le point où la course de 35km (Il y a également un 13k) rejoint notre parcours. La fin va être un peu longue car je commence à bien ramer, il y a une dizaine de kilomètres en montagnes russes où il serait bienvenu de relancer, ce que je fais plus ou moins bien. Il pleut toujours et nous sommes dans le brouillard, les flaques, la boue... La descente finale est à peu près tranquille même si un peu glissante à cause de la pluie et des nombreux passages précédents.

Grosse ambiance à l’arrivée dans le village (voisin de celui du départ). Je suis trempé et file à la douche, puis nous allons en terrasse profiter d’un bon café chaud tout en encourageant les autres concurrents.

Mamma mia, quelle course ! Je n’ai pas souvenirs d’avoir emprunté des sentiers aussi compliqués (techniques et très pentus). Les paysages sont superbes (nous avons vérifié après course en retournant en randonnée sur certaines sections). C’est vraiment alpin, technique à souhait, avec plusieurs cols assez hauts, et notamment une section de presque 30km au-dessus de 2000m. L’ambiance est géniale avec pas mal de supporters même au milieu de la nuit. Les nombreux ravitos, bien fournis (sucré, salé, boissons-y compris bière en canette !-, régulièrement des pâtes chaudes), font que la course est quand même plutôt « facile » à appréhender, avec des étapes courtes, même si parfois le côté technique peut surprendre. 

J’ai vu dans le village départ qu’il y a eu une année un 160km avec 12000D+, ça devait pas être de la rigolade.

Bref, une jolie course bien technique et qui mérite le détour, en amortissant un peu le voyage avec quelques vacances dans le coin (l'occasion par exemple de rendre visite au triptyque Stelvio/Gavia/Mortirolo à bicyclette).

 

NB : Article agrémenté de quelques photos prises avant/après course, car pendant celle-ci il a fait nuit et ensuite pas mal plu, j’ai donc pas mal gardé le téléphone dans la poche !

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