A mon tour de faire un debrief dont l'objectif essentiel va être d'expliquer pourquoi je vais être en désaccord total avec la plupart des critiques que l'on ne va pas manquer de lire (probablement plus sur les réseaux sociaux qu'ici même, mais allez savoir) à propos de l'organisation de ce week-end....compliqué.
Il m'a fallu le temps pour le faire car il fallait que je redescende de la Lune où il n'y a pas de réseau...et ça prend du temps. Surtout quand on redescend grâce à la compagnie "Taxi-Phi-Phi", le seul taxi de la vallée qui va te chercher aux Chapieux le lundi matin à 10h du matin et se fait rémunérer pour cela de....quelques heures de bavardage entre potes en attendant mon train de retour.
Pour ma part, déjà, je suis donc finisher, apparemment, du "TPSB Repli 4" une des innombrables distances courues ce dimanche rien que par les concurrents incrits au "68 km". Le truc dont on est certains, c'est qu'en fait personne n'a couru 68 km, ça c'est sûr. En gros, cela allait à peu près, je pense, de 42km à 80km, sans compter les variations quantiques dûes à l'imprécision des GPS des montres. Bon, de toute façon, le kilométrage, on s'en fout en montagne, ce qui compte c'est le terrain.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que le terrain n'a pas trop aidé l'organisation, bien aidé en cela par Dame Météo. En résumé rapide, vu qu'il a fait le temps abominable décrit par Manu un peu plus haut, pour la course du samedi (et les jours précédents), eh bien nous en avons eu, le dimanche, la conséquence immédiate. En résumé rapide de la neige de plus en plus abondante de 2200m (2400 en versants Sud) jusqu'à 2700m. Ce qui n'est pas très simple quand, sur les 68km du parcours initialement prévu, 56 environ se déroulent à plus de 2000m.
Alors, posons les jalons, pour ceux qui liraient ceci et soit n'ont pas fait la course, soit ne connaissent rien aux cartes. Le mieux, pour suivre, si vous ne connaissez pas le coin, c'est de prendre une carte IGN (coup de bol, y'a les parties italiennes aussi, dessus) :
- Départ sur La Lune....enfin, les Chapieux (1500m...j'arrondis les altitudes), hameau microscopique perdu au début de la Vallée des Glaciers
- remontée de la Vallée des Glaciers (1800m), façon UTMB, sur une "route" (enfin, un machin avec du goudron) jusqu'à la Ville des Glaciers.....qui est tout sauf une ville
- un premier col, l'Ouillon, à 2600m
- redescente dans un vallon désert jusqu'à 2050m
- un deuxième col, La Forclaz, à 2500m
- redescente "roulante" jusqu'au Petit Saint-Bernard (2200m). Ravito
- Petite descente au Lac du Verney (2100m)
- longue montée (6,5km), en deux temps (2550m, 2450m, 2720m) au Col de Bassa Sera
- traversée légèrement descente au Col de Chavannes (2600m)
- descente légère au hameau de Bério Blanc (2400m)
- montée du Col de Bério Blanc (2800m)
- arête du Mont Fortin (2700m)
- descente sur Lac Combal (2000m)
- Refuge Elisabetta (2200m). Ravito
- Col des Pyramides Calcaires (2550m)
- Descente puis remontée au Col de la Seigne (2500m)
- Redescente de toute la Vallée des Glaciers pour revenir au départ
Décor planté.
Premier souci : dès jeudi soir, la descente du Mont Fortin sur Lac Combal est jugée dangereuse par l'organisation (qui balise sous la flotte et la neige depuis mercredi).
Bassa-Sera-Chavannes-Bério Blanc-Mont Fortin-Combal-Elisabetta devient Bassa-Sera,Chavannes-Bério Blanc-Fortin-Chavannes-Elisabetta
C'est sur ce parcours que nous partons théoriquement le dimanche matin à 6h30. Du moins, comme le dit l'organisation, "cela peut changer au cours de la journée".
Début de parcours pas simple, mais tout le peloton fait le parcours prévu jusqu'au Lac Verney. Moi compris. Je passe la BH du PSB avec 1/2h d'avance (elle avait été retardée de 30 minutes suite au départ tardif). Je ne suis pas tout derrière, il doit y avoir quelques dizaines de coureurs derrière.
Au Lac Verney, surprise : je commence à voir arriver face à moi, dans la longue montée à Bassa Sera, des coureurs au dossard noir...donc des coureurs du 68km. Clairement des coureurs rapides, plus ou moins la tête de course. Assez vite, il devient évident que ces coureurs, dont le nombre augmente progressivement, ont fait 1/2 tour. J'essaie de demander à certains, j'arrive à apprendre que "en haut, on nous fait faire 1/2 tour". Bon, comme la plupart des coureurs ne sont pas des psychopathes de la carte, je n'arrive par à savoir où est ce "haut" : au premier "col" (Pointe Rousse) à 2550, ou à Bassa Sera. Cela est quand même probable que ce soit à Bassa Sera. Je commence à comprendre que l'orga a du juger que nous faire faire le passage délicat Bassa Sera-Chavannes est trop dangereux, mais qu'ils ont souhaité maintenir la montée à Bassa Sera, le plus bel endroit de la course.
Mais que se passe-t-il après, mystère ?
Mais je finis par croiser PhilippeG (alias "Taxi-Phi-Phi") qui m'explique qu'à Bassa Sera, on lui a dit qu'on allait redescendre au Lac (Verney, donc) puis "tourner à gauche" et "remonter" au Col de Chavannes. Traduction mentale du bubulle "ah ouais....en fait on va prendre le parcours de la TDS à l'envers, descendre au bout du Vallon de Chavannes (l'Alpetta, 1800m) et remonter toute l'interminable piste de 4x4 qui a tué des milliers de jambes sur la TDS, jusqu'au Col de Chavannes, et reprendre le parcours prévu.
Bassa-Sera-Chavannes-Bério Blanc-Fortin-Chavannes-Elisabetta devient Bassa-Sera-Lac Verney-Alpetta-Chavannes-Elisabetta (ou Chavannes-Seigne). Une grosse purge qui va rallonger.
Je finis à grand peine l'aller au Col de Bassa-Sera et là, l'unique bénévole pointeur nous indique qu'on va bien en gros faire Alpetta-Chavannes "avec une option pour ceux qui veulent pour aller au Mont Fortin". Et qu'après on ne descendra pas à Elisabetta, mais on coupe direct jusqu'à La Seigne.
Donc Bassa-Sera-Lac Verney-Alpetta-Chavannes-Seigne....avec un doute sur cette histoire de Mont Fortin.
Je repars en descente. Curieusement, je ne croise absolument plus personne dans la descente. Quelques coureurs sont arrivés après moi à Bassa-Sera, je m'attarde moins que d'autres en haut, mais....plus personne ne monte. J'étais donc tellement à l'arrière de la course? Peut-être bien, allez.
Et donc, prêt mentalement à faire cet immense détour "par le parcours de la TDS", je descends vaillamment ces 6,5km parfois un peu compliqués. Je m'attends alors à ne pas arriver au bout avant 22h voire 23h vu la distance qui reste (j'estime cela à 30km certes peu difficiles, donc environ 6 à 7 heures...en réalité c'est plutôt 32).
Surprise au retour au Lac Verney. Je m'apprête à tourner à gauche mais il y a un gros attroupement de coureurs et autres. Je me dis que, peut-être il y en a pas mal qui abandonnent et je vais partir quand je décide de m'arrêter pour nettoyer mes chaussures.....et là j'entends dire qu'en fait la course est stoppée ici pour nous. Apparemment depuis environ 45 minutes.
Bon, honnêtement, j'en prends mon parti : l'orga n'a pas envie d'envoyer la queue de course aussi tard sur 32km et devoir ensuite attendre du mon jusqu'à minuit voire bien plus tard. Je ne suis pas déçu, j'ai fait la plus belle partie de parcours, j'ai des images magnifiques dans la tête et....j'aurais bien galéré.
Je rejoins donc les 20-30 coureurs qui attendent "une navette" en me préparant un peu à ce que ce soit très long. En effet, en Savoie, on n'a pas encore inventé la génération automatique d'autocars 50 places et je me dis que, si jamais ils n'ont que des minibus (prévus initialement pour des abandons ou hors délais au PSB) ça va peut-être être long. Surtout que, jusqu'aux Chapieux, il y a au minimum 1h de route.
Petit coup de bol : j'avise sur le parking (où il y a des véhicules de suiveurs, 1 ou 2 camping-cars et c'est tout), une camionnette qui semble embarquer des coureurs, y compris dans son coffre(pas aménagé !!). Je demande, sans trop d'espoir, s'il ne reste pas une place. Coup de bol....il en reste une (et même pas dans le coffre)... Il s'avère que ce n'est pas une camionette "de l'orga" mais une de l'équipe de secouristes. Et nous voilà partis.....A mi-parcours de la descente, je changerai de place avec un gars du coffre car il commence à être malade. Je vous passe sur le bonheur d'un trajet de 45 minutes sur 2 routes de montagne, ballotés dans le coffre aveugle de la camionnette. Nous arrivons aux Chapieux à 17h30. La "vraie" navette vient de partir 30 minutes plus tôt. Là, j'ai eu beaucoup de chance. Les autres coureurs arrêtés auront attendu jusqu'à 18h probablement (donc près de 2h). Oui, c'est beaucoup.
Au final, j'aurai donc fait toute la course prévue jusqu'à Bassa-Sera....plus une redescente Bassa-Sera-Verney, soit 42km des 68..
A ce moment, je me dis que "les coureurs devant" auront fait ces 42km plus les 32 supplémentaires. Je me dis que l'orga aura peut-être redescendu le ravito de Bério Blanc sur "Bério du Dessous", histoire que les coureurs aient un deuxième ravito (puisque Elisabetta était zappé). Long et un peu chiant, mais gérable. De toute façon, il est impossible d'arrêter tout le monde au PSB avant ou après un aller-retour car cela ferait trop de monde à rapatrier (comme écrit plus haut, il est difficile de parachuter 8 autocars 50 places au Petit Saint-Bernard)
Bref, je me dis que l'orga a pris la bonne décision et a été sympa de nous permettre d'aller voir le plus bel endroit du parcours.
Ensuite, dans la soirée, au gite des Chapieux, avec les autres coureurs, dont certains étaient sur ce 68km, j'apprendrai pas mal de compléments à tout cela :
- en premier lieu, il semble que, sur le repli Alpetta-Chavannes, on ait indiqué aux coureurs qu'ils pouvaient optionnellement quitter à Bério Blanc du Dessous, la piste 4x4 directe afin de remonter au Bério Blanc du Dessus (200m d'altitude plus haut) et y bénéficier du ravito. Voire même, au moins pour les premiers depuis de ravito, monter au Col de Bério Blanc, aller au Mont Fortin, puis revenir sur Chavannes. Les explications que j'ai eues à ce sujet sont un peu confuses car les coureurs qui me les ont données sont un poil moins psychopathes de la carte.
- a priori, il semble que l'orga ait à un moment redescendu le ravito de Bério Blanc vers la piste 4x4, afin que tout le monde en bénéficie tout en restant sur la trace directe
- enfin, et surtout, j'ai appris que, derrière moi, au Lac Verney (environ 15 minutes après, probablement), les coureurs de la queue de course ont été envoyés DIRECTEMENT sur le tracé TDS, sans faire l'AR à Bassa-Sera. Et ont ensuit fini avec 32km qui s'ajoutaient aux 28 alors déjà faits, donc 60.
Donc, en gros, les coureurs auront fait :
- 42km pour ceux qui, comme moi, ont fait l'AR Verney-Bassa-Sera puis ont été arrêtés
- 60km (!) pou rceux qui étaient derrière moi et n'ont pas fait l'AR, mais ont fini la course sur leurs jambes
- 74km pour ceux qui auront fait l'aller-retour Bassa-Sera, puis le retour par la "trace TDS" directe
- dans les 75-76km pour ceux qui ont souhaité monter à Bério Blanc du Dessus avant que le ravito ne soit redescendu, puis sont allés directement à Chavannes
- 78 voire 80 km pour ceux (sûrement uniquement les premiers) qui auront fait le Mont Fortin en prime.
Bref, un sacré galimatias. Qui va faire des classements carrément farfelus (à cette heure, ils semblent un peu incompréhensibles). Mais, pour ma part, j'applaudis des deux mains à ce qu'il me semble avoir été le souci majeur de l'équipe d'organisation : nous faire profiter au maximum de ce parcours magnifique, par cette journée magnifique, que nous soyons devant ou derrière. Tout en restant en sécurité. Et le tout dans un contexte qui complique tout :
- communications très difficiles (le téléphone passe quand il a envie et la radio, ça marche en vision directe avec les relais)
- topologie routière de la région compliquée (le seul accès routier au parcours est au PSB...et il y a 2h aller-retour depuis les Chapieux)
- équipe de bénévoles certainement pas très étoffée. Surtout, à mon avis, de bénévoles pouvant agir et décider en montagne.
Donc, ça va chouiner :
- pourquoi y'avait pas assez de navettes ?
- pourquoi l'info était parfois fragmentaire et contradictoire ?
- pourquoi c'est le bordel dans les classements ?
- est-ce que j'aurai mes points ?
- franchement, deux ravitos sur 74 km c'est pas beaucoup...
- et des tonnes de trucs que j'attends encore.
Moi, je retiens une chose : je suis venu faire un trail qui s'annonce très beau dans un secteur peu fréquenté. J'ai fait un trail magnifique et j'ai ds tas de photos à l'avenant. J'ai fait moins de kilomètres que prévu, mais j'ai été en sécurité tout le temps. Des fois, c'était un peu limite, mais je ne me suis jamais senti mis en danger et, cela tombe bien, c'est aussi pour ce type de sorties que je ne fais pas de marathons en ville (avec un ravito tous les 5km).
Et, du début à la fin, j'ai senti la volonté d'une équipe de montagnards de nous faire découvrir les endroits qu'ils aiment. Et en découvrir le plus possible. D'où les jongleries parfois assez déroutantes avec le parcours. Mais, et alors ?
Et, à tous ceux qui vont quand même chouiner, un conseil : passez au moins une fois ou deux de l'autre côté de la barrière, intégrez une orga de course de montagne (on est beaucoup à faire cela sur KKR, mais il y en a encore bien bien trop peu) et, par pitié, on en recause....
Ah, et pour terminer : j'étais super bien couvert et j'ai jamais eu froid. Et, pour une fois, c'était le cas de la grande majorité des coureurs de cette course.
Bon, maintenant que j'ai fait mon petit coup de gueule, je vais m'attaquer au récit et je rassure Arclu, y'aura plein plein de photos.
Allez, juste une....
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