L'auteur : PhilippeG-651
La course : Tarn Valley Ultra Trail - 153 km
Date : 3/5/2025
Lieu : Mas De La Barque (Lozère)
Affichage : 295 vues
Distance : 153km
Objectif : Se dépenser
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3 autres récits :
Après ma visite en Normandie sur un 50km, le trail des collines normandes il y a 3 semaines:
(trail des collines normandes)
Et bien j'ai porté mon dévolu ou plutôt j'ai été attiré il y a un petit moment déjà sur les 153km du Tarn Valley trail qui met en avant avec beaucoup de justesse l'autenticité, la simplicité au niveau de l'organisation ("sa démarche prenant à contre pied l'évolution du trail globalisé" selon eux) ainsi que des paysages sauvages.
De plus j'ai pû constater un nombre restreint de participants et donc de finisseurs (en français) c'est ça qui me plaît surtout.
- Le parcours:
Ce devrait être la 4e édition, 153km en mai c'est un peu tôt pour bien se préparer mais j'ai bien anticipé avec plusieurs courses au compteur depuis le début de l'année, de bonnes séances d'entraînement spécifiques (renforcement musculaire, pliométrie et endurance de force) pour essayer de compenser l'absence de dénivelé à la maison.
J'ai regardé les vidéos disponibles et lu le récit de Runphil60...
Question logistique, un logement réservé et situé à 400m de la gare de Millau, lieu du départ des navettes car le départ de la course ayant lieu très loin, à Mas de la Barque en Lozère, il faut compter presque 3h de route pour s'y rendre et donc ces navettes partent à 3h du matin ! 😮
Coup de chance, je trouve rapidement une place pour me garer dans Millau car dans cette ville il reste peu de stationnement gratuit.
(Je vais découvrir cette ville très particulière le lundi au travers d'une visite guidée que je recommande)
Je me rends aux dossards où l'on gagne déjà quelques cadeaux locaux de bienvenue très sympas et mon n° 45. 🤞
Mon challenge sera d'essayer de terminer mieux placé que ce numéro plutôt que de viser un temps.
Je rencontre Dominique qui met à disposition son studio et nous discutons des différentes courses de la région, échange sympathique.
Côté prévisions météo, la tendance s'est inversée rapidement, le temps chaud précédent devrait tourner aux orages, pas de chance mais je compte quand même mettre mon débardeur. 😎
(J'ai noté que nous sommes 250 inscrits, nous serons 212 à prendre le départ)
Départ donc à Mas de la Barque à environ 1400m d'altitude pour une arrivée à 379m donc il y aura plus de descente que de montée, 5600m annoncés.
A la sortie des cars il vraiment froid et heureusement nous avons droit à un café, j'avale 2 tranches du gâteau magique d'une amie et en porte 2 autres pour la suite, ce qui va bien m'aider à terminer (grand merci à elle !!) 🤗
Gilles Bertrand, l'organisateur, nous lit un texte inspirant sur le silence, j'adore ! ("c'est une page blanche sur laquelle vous allez écrire votre histoire...")
Départ au calme dans des chemins très larges au début, en forêt, puis à découvert, au milieu de paysages cévenols qui ne me dépaysent pas trop car je connais un peu.
(Je précise que les photos ne sont pas de moi)
J'ai mis sur kikourou que ce n'était pas trop folichon car c'est la suite et surtout les fameuses gorges qui m'attirent plus. 🤩
Par contre c'est vrai que c'est sympa, on passe un beau pont en pierres, le chemin se rétrécie, tournicote tout en longeant une rivière et légèrement descendant jusqu'au 1er ravitaillement de:
- Pont de Montvert 18e km (pointé 72e) ravitaillement très bien fourni, comme tous les suivants et avec beaucoup de produits salés.
La section suivante nous mène après 23km à Bédouès.
Une belle montée au milieu de rochers dès le début avec les genêts en fleurs, nous avons énormément de chance car le beau temps se maintient avec un bon soleil, cool tout ça pour moi.
Pourvu que cela dure !
On attaque la montée vers le point haut de la course avec encore de belles pistes bien larges, on passe un grand ensemble étonnant de cairns sur notre gauche, et ensuite une longue descente vers:
- Bédouès, 41e km (pointé 34e)
On traverse le village pendant plusieurs km puis un pont au dessus du Tarnon qui débouche sur le village de Florac en tournant de suite à droite.
Un habitant met gentiment à notre disposition un baquet d'eau pour mouiller la casquette que je viens de sortir car la chaleur se fait sentir.
J'ai le souvenir d'une piste ensoleillée qui alterne montées et descentes et on débouche au ravitaillement suivant dans lequel on peut trouver notre premier sac d'allègement.
Quézac , 56e km (pointé 30e)
Je récupère une compote issue de mon sac et malheureusement fidèle à mon habitude je n'avale pas grand chose, je n'arrive pas à me forcer 🤨
C'est à partir d'ici que je vais commencer à utiliser les bâtons car auparavant le D+ était peu présent.
Nous avons droit à un point d'eau salvateur à Montbrun situé à un peu plus de 5km, une fontaine dans un très beau petit village où tous les coureurs s'arrêtent pour faire le plein et se raffraichir !
Encore des chemins pas trop pentus au départ mais avec des belles vues sur le Tarn à droite puis le magnifique village de Castelbouc adossé à la falaise sur notre gauche.
Juste avant je viens de me faire doubler par Thierry Breuil (qui n'est pas très causant) qui accompagne son frère et par la 2e féminine...
A sa sortie on attaque toujours à gauche une très belle montée avec les vues que j'attendais sur les gorges, c'est vraiment magnifique ! 🤩
Encore une autre montée pour arriver à:
- Chaldas, 73e km (pointé 31e) situé sur le plateau du Causse Méjean.
Les coureurs qui arrivent à cet endroit commencent à se plaindre de la chaleur et s'attardent un peu.
Je remplis une flasque, avale 2 compotes sans sucre (alors qu'il nous en faut) et repars en discutant avec un jeune qui accompagne son copain plus rapide que moi et qui vise moins de 24h, bigre.
Le jeune me propose une autre compote bien sucrée que j'ai la bétise de refuser, dommage !
Une très belle descente, par moment technique, nous ramène au dessus du Tarn et avec en point de mire Sainte Enimie, souvenir pour moi d'un bon camp d'ado il y a très longtemps et situé à la sortie ce beau village.
Et là je retrouve un chemin emprunté il y a quelques années avant ma 1ère opération en 2020 du syndrôme d'Haglund, que du plaisir de le ré-arpanter alors que j'étais dans les douleurs de ne plus pouvoir courir à cette époque, je savoure ce moment et j'en prends plein les yeux. 🤩
Ce sont des moments pareils que je recherche, lorsque l'on est encore bien, en forme pour continuer à courir facilement au milieu de paysages qui s'offrent à nous grâce à ce type de courses.
Si seulement cela pouvait se prolonger ainsi jusqu'au bout, j'ai l'impression d'être tout seul et à l'écoute de mes sensations, mes réflexions se perdent à regarder et écouter l'environnement, plus de doutes, plus d'ennuis ou de contraintes liés à notre monde moderne et quelquefois stressant, on entend la nature, les oiseaux qui chantent, on peut observer les couleurs qui défilent de la flore lièes au printemps bien installé, le pied, comme un rêve qui se réalise ! 😃
Enfin c'est le meilleur moment qui s'offre à moi alors je prends pleinement conscience de notre merveilleuse Nature que l'on doit apprendre à mieux protéger.
Ce chemin, rempli de petits cailloux n'est pas trop difficile et pour l'instant tout va bien (madame la marquise) on rencontre de temps en temps des murets de pierre sur notre gauche pour protéger le sentier et le matérialiser pour l'avenir, grand merci aux anciens qui l'on construit.
Et finalement après une petite descente c'est le magnifique village de Saint Chély du Tarn, lieu du ravitaiment suivant.
- 85ekm (pointé 30e)
Je prends une chaise tout en discutant avec les bénévoles.
J'avale 2 compotes de suite et retrouve juste après Thierry Breuil et son frère qui s'attardent à leur ravito perso.
On quite ce village en montant dans des ruelles pavées et on rejoint le couvert forestier qui longe le Tarn pendant plusieurs kilomètres avec des senteurs persisitantes d'aïl des ours (je ne sais pas d'où vient ce nom mais au moins j'ai appris à reconnaître cette odeur)
Une montée pour arriver à:
Rieisse, 99e km (pointé 23e)
Là c'est le début de la galère qui commence pour moi !
Direction les toilettes, ça c'est un soulagement mais la suite se corse car j'essaie d'avaler une délicieuse soupe aux lentilles puis un yaourt aux myrtilles mais un haut le coeur me fait me précipiter à nouveau à ces toilettes repérées pour tout rejeter, catastrophe 😞
Rien dans le ventre mais au bout de 20' je repars quand même...
Je devine que la suite ne va pas être facile, c'est un coup de moins bien qui s'annonce comme dans chaque ultra et je m'y prépare.
Après l'euphorie de tout à l'heure je vais prendre sur moi pour puiser dans mes ressources et ce qui va un peu m'aider et bien c'est la nuit qui commence.
La lampe est prête.
Comme il fait nuit maintenant je n'ai pas trop de souvenirs de la descente mais plutôt de la montée suivante qui nous fait couper plusieurs fois des virages d'une route où assez bizarrement, malgré le fait que je n'ai rien avalé depuis un bon moment et bien je ne ressens pas encore de perte d'énergie mais plutôt une espèce d'euphorie lièe certainement à la solitude et l'écoute exacerbée de mes sensations.
C'est assez étonnant mais tant mieux car je rejoins:
- St Rome de Dolan au 111e km (pointé 24e)
C'est la "base vie" où l'on peut récupérer un sac avec nos affaires, j'en profite pour changer chaussettes et chaussures car je sens des ampoules aux talons qui se sont formées mais j'évite de regarder pour ne pas prendre peur, c'est habituel chez moi, je n'ai pas bien gagné au tirage au sort ;)
Je ne vais pas me plaindre car malgré ces douleurs j'arrive quand même à terminer même si c'est trèèès difficile :(
Le pire souvenir étant le GRR ou la Transmartinique avec le sable et le passage dans l'eau de mer salée, mmm j'ai vécu pire...
De mémoire nous abordons plusieurs kilométres en forêt sur de larges pistes où je rencontre un phénomène rare, ce sont des éclairs de chaleur qui se déchaînent dans une partie de ciel sombre et ce de façon incessante, vraiment extraordinaire car le tout sans aucun bruit.
Ou descend enfin à gauche dans un petit chemin puis on chemine dans une petite forêt sur un chemin presque horizontal dans lequel je dois me forcer à courir, ça tournicote sans arrêt, c'est fatiguant et je commence à avoir un coup de barre, le sommeil ma gagne et je suis vraiment au ralenti.
Enfin:
- Le Rozier, 126e km (pointé 21e)
Pas beaucoup de souvenirs non plus, je suis en mode zombi mais je m'accroche à ma gestion de course coûte que coûte.
Normalement on doit retrouver un point d'eau à la Cresse et je crois l'avoir loupé car le temps me parait infini.
Enfin j'y arrive et c'est là que la pluie est tombée avant que j'y arrive car c'est tout mouillé.
Je commence à avoir des hallucinations visuelles à cause de mon éclairage dans la forêt, mon cerveau me joue des tours et j'imagine même que à cause du tonnerre que l'on entend gronder la course vient d'être annulée car je chemine sans voir personne.
Le jour se lève lorsque je rejoins un plateau avec le chemin qui se rapproche d'une falaise et une belle vue en contrebas.
Je cherche le viaduc, signe que l'arrivée est proche mais sans succès !
Après une belle descente bien raide et glissante, je m'accroche à toute la végétation qui dépasse pour ne pas tomber, j'atteins le dernier ravitaillement de:
- Paulhe, 142e km (pointé 21e)
Ca fait très longtemps que je n'ai pas rencontré âme qui vive alors ça fait du bien d'échanger un peu...
Je demande le nombre de kilomètre restant à faire et une sympathique dame m'indique 10,9km ! Ca c'est de la précision !
Reste donc la partie la plus facile normalement, on emprunte des pistes montantes vers une falaise mais on descend avant puis ça remonte à nouveau, bref j'ai l'impression de faire le yoyo, à chaque fois c'est pareil, le traceur prend un malin plaisir à nous trouver une ou plusieurs difficultés pour nous saper le moral.
Je blague bien sûr car nous sommes venus pour ça 😉
Enfin je devine Millau, j'essaye de ne pas faiblir pour éviter comme souvent lors de mes fins de courses précédentes de perdre des places.
Je croise un groupe de plusieurs personnes qui m'encourage (merci à eux) et qui m'annonce 3kms avant l'arrivée, chouette !
Même si j'aspire à marcher, je me force à courir tout doucement en utilisant les bâtons.
On passe un pont, tourne à gauche puis on longe le Tarn, les berges, on traverse vers la droite Millau sud par des ruelles, j'entends le bruit de l'arrivée, j'entre dans la salle, je monte sur l'estrade et ça y est, victoire pour ma 649e course !! 👌
Merci, merci, c'est vraiment beau, un bon choix, je suis super content et pas si fatigué que cela finalement.
J'ai le temps d'aller prendre une douche avant d'essayer de manger un peu mais difficilement. J'attendrai patiemment le podium, cool tout ça, une bien belle région, de très beaux chemins, j'ai vraiment adoré ces moments de solitude, c'est ce que j'aime. 🤩
PS: Un grand merci aux messages reçus, avant, pendant par SMS et après, notamment par bubulle le fidèle qui m'a bien renseigné et piloté, Isabelle, Guillaume, Laulau, Jean-Jacques et bien d'autres car cela m'a fait très plaisir ! 😃
A bientôt pour la prochaine, j'espère...😇 (Ce qui devrait être la 1ère édition de l'ultra des Bauges 🙏)
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4 commentaires
Commentaire de bubulle posté le 19-05-2025 à 20:08:46
Vu comme ça, ça a l'air facile, l'ultra, même chez les vieux (mais, toi, tu fais tout gamin sur ce podium!).
Encore une au compteur, que je suis bien content d'avoir suivi à distance, même si le suspense sur la place de 1er M5 a vite été dissipé.
Bon, tout ça, c'est trop roulant pour moi, mais c'est quand même bien joli !
Allez, on se tourne maintenant vers le prochain challenge.....dans 4 jours !
Commentaire de PhilippeG-651 posté le 19-05-2025 à 20:37:45
Tu as bien raison, cette fois-ci j'ai trouvé cette course facile car jusqu'à 24h de course presque tout passe bien, c'est à partir de 24h qu'une perte d'énergie ralenti le corps.
Non, pas si roulant que cela, tu devrais tenter :)
Oui, prochain challenge et j'espère bien t'y voir en vrai !
@+
Commentaire de laulau posté le 20-05-2025 à 22:46:25
On sent dans ce récit toute ton expérience de l'ultra qui t'a encore bien servi. Une sacrée caisse encore à 60 ans passé ! Bravo !
Question: Tu n'es pas embêté par des pépins physiques ? Parce que moi aussi M5, et depuis l'an dernier surtout, les douleurs diverses me ruinent le moral !
Commentaire de PhilippeG-651 posté le 21-05-2025 à 10:25:32
Merci laulau, c'est vrai que l'expérience aide, je ne me base que dessus.
En fait j'ai bien sur perdu en vitesse et l'endurance intervient. Concernant les pépins physiques je me prépare en amont avec pliométrie, endurance de force, PPG et proprioception.
Et bien évidemment augmentation très progressive des distances sur des cources précédentes.
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