Communauté des sports d'endurance

Le lien vers le récit sur mon blog

Raid VTT des Monts d'Ardèche

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Petit préambule : 

Désolé à ceux qui viendront sur ce récit pour avoir un descriptif et un détail de l’épreuve du Raid VTT des Monts d’Ardèche.

Dans cette phrase, je dévoile tout ce que je peux en dire : c’est une super épreuve, des bénévoles aux petits soins, des parcours (sûrement) splendide, une organisation rodée, un super site de départ/arrivée le dimanche… Bref une bien belle épreuve.

Mais donc mon récit va plutôt concerner des traileurs qui basculeraient d’un seul coup à une activité VTT.

 

Le 1er mai 2024, je récupère mon vélo au DKT à Annecy.

Le 20 juin 2025, je prends le départ du Raid VTT des Monts d’Ardèche.

J’ai eu un VTT à mes 30 ans (en 2002), mais j’avais très peu pratiqué à l’époque et je l’avais revendu en 2011 je pense.

Après toutes mes blessures de 2024, en 2025 je finis par me convaincre de lâcher les baskets pour essayer de m’en sortir, mais du coup j’axe toute ma pratique sur le vélo.

J’ai pris de belles pelles en VTT, l’apprentissage est hard, impactant physiquement, et la progression technique est présente… mais loin de l’aisance encore !

Mais cette année j’ai quand même besoin d’un chalenge, couplé au fait que le Cheylard est la ville la plus proche de la maison secondaire de mes parents… et couplé aussi surement à un peu d’inconscience.

 

On arrive vendredi fin de matinée, récup du dossard (très sympa l’accueil, la bénévole offre même un second T-shirt pour ma fille).

Dernier bout de trajet pour rejoindre mes parents à la maison à une petite ½ H du Cheylard. Niveau timing tout va bien.

Le projet : remonter les roues sur le vélo, manger, et descendre en vélo au départ situé à 20 min de la maison.

Je remonte les roues... Et ça merde niveau frein arrière !!! Pas de mordant, levier tout moux … C’est la Méga-M…e !!!

J’essaie de bricoler sur les plaquettes, les disques… Rien de vraiment mieux.

On mange.

A 13H30, j’appelle le mag « Bouttière Loisirs » au Cheylard. En panique, je lui explique mon cas, où je suis actuellement par rapport au Cheylard… Le gars super calme, me dit « venez, ça va le faire si vous partez tout de suite » …

J’avais besoin d’entendre ça. Le timing est quand même ultra serré.

Chargement du VTT dans le Partner de mes parents, préparation en 2 min de mes affaires, et c’est parti en mode rallye sur les routes d’Ardèche.

Je refais mon chek mental dans la voiture… P…n, dans le stress j’ai oublié mes chaussures à la maison … C’est méga la m…e !!!

Bon on file au mag, on fera le point là-bas pour tenter le fait que Céline reparte faire un A/R pour me les chercher.

Arrivée au mag, le gars tranquille prend en charge mon vélo, je lui explique mon cas… « Vous faites quelle pointure ? » … ça matche, sa femme va revenir avec 2 paires à lui pour me les prêter !!!

Incroyable.

Réparation du vélo, essaie des chaussures, le gars me dit en gros filez, on s’arrangera ce soir ...

Et c’est reparti pour aller au départ.

Je m’équipe, 1 kil pour aller au départ, dans le stress mon tel est resté dans la voiture… Pas grave en soi, sauf pour la fin de course et se rejoindre avec ma femme et ma famille.

Bon me voilà au départ, fond de ligne… On ne peut pas dire que je sois au mieux… Je ne sais pas dans quoi je m’embarque, j’ai speedé comme un malade…

C’est parti !!!

Ma femme est finalement là sur la ligne de départ, on a le temps de se dire pour le tel… 
C’est bon, une préoccupation de moins, je sais qu’elle va gérer.

Je peux me mettre dans le flot…

Et en fait, je ne vais plus avoir grand-chose à raconter proprement dit sur ce qui se passe en course sur ces 3 jours…

Le VTT me demande tellement de concentration, j’ai tellement de lacunes techniques…

En pédalage, temps en temps je tiens, puis dès que ça demande un peu de maitrise c’est beaucoup plus compliqué pour moi… Du coup je relève à peine les yeux pour profiter des paysages d’Ardèche !

Je suis dans le dur toute l’étape, taquet, rupteur à bloc. 
Profil une grande montée, puis descente.

La bascule dans la descente me fait du bien.

Eclair de lucidité dans la descente, je sens que je me pousse beaucoup trop pour être dans le rythme, et je suis à la (ma) limite…

Fin de l’étape.

E1 : 25km - 775mD+/D- - 2 :02 :07 - 99e/142 classés

 

Ma famille est Pont de Fromentière. Je suis un peu groggy de ce premier round !

Allez gestion maintenant, 1 -allez rendre les chaussures au mag.

Tellement de merci. Ma course a été sauvé grâce à lui… 
Et tout ça gratos !!! Parce qu’il est cycliste et qu’il connaît… Pro, sympa. La classe !!!

Ma femme passe me récupérer, retour à la maison, nettoyage, vélo, garçon, massage, repos, dodo.

 

Le 21 juin 2025

LA grosse journée.

Franchement un véritable sentiment d’inquiétude ne me quitte pas… C’est dur à gérer, entre envie de réaliser ce challenge, mais pas envie de me faire mal, pas envie d’aller au-delà, sentiment d’être à la limite…

Descente tranquille en vélo au Cheylard.

Départ 7H30.

C’est reparti. Idem la veille…. Je ne vois pas trop le jour.

Je sais de beaux paysages et … une arrivée de crampes au km 25, un arrêt pour m’étirer, de la gestion comme je peux pour endiguer, relâcher ventre/abdos car je suis tellement contracté que je dois me bloquer toute ma chaine musculaire, des douleurs bas du dos/hanches droits (j’essaie de passer en danseuse pour me détendre de temps en temps), une tentative de soleil dans une descente… avortée mais bien plaquée au sol…

Un réel soulagement à l’arrivée au Borée fin de l’étape.

 

E2 : 49km – 1 584mD+ - 884 mD- - 4 :13 :58 - 144e/178 classés

 

Mais comment je vais faire pour l’étape de l’aprem ??

Manger « rapidement », profiter de quasi 2 H pour me poser, m’allonger, étirement sans trop forcer (les crampes viennent vite…).

Focus : uniquement 400 m de D+ en gros, et plutôt étape en descente…

Bon finalement ça va passer… Et c’est fou parce que c’est toujours pareil je suis tellement concentré que je n’ai quasi pas de souvenirs…

Je suis par contre surpris par les jambes, rien ne se déclenche, même si je suis à la limite à la fin d’une ou deux côtes, mais la descente permet de moins forcer… même si je reste bien tendu en permanence.

Je pense avoir chuté deux fois dans la journée… Mais je ne sais même plus si la 2eme était le matin ou l’aprem.

Fin d’étape sur la place du Cheylard, ma famille est là.

Trop content d’arriver, un grand pas de fait. Soulagé de la gestion malgré tout de l’aprem.

E3 : 27km - 430mD+ - 1 122 mD- - 1 :45 :45 - 121e/170 classés

 

Allez, pas trop trainer, pour essayer d’enchainer rapidement retour à la maison, nettoyage, vélo, garçon, massage (gros focus), repos, dodo (à 22H00 je dormais à point fermé… même si je vais me lever 4, 5 fois dans la nuit pour aller au toilette because hydratation max).

 

Le 22 juin 2025

Dernier levée à la maison et chargement de mes sacs dans la voiture pour préparer le départ direct depuis l’aire d’arrivée cette après-midi.

Puis je file tranquillement au départ en vélo.

Aujourd’hui départ en contre la montre, ça me sur-stresse un peu + (en + de ma dose normale) car tous ceux devant moi au classement vont me rattraper et me doubler (et ça fait un paquet !).

Précision au départ : attention grosse descente au km7… => Dose stress +++++

C’est parti par contre en petit groupe d’une dizaine donc ça c’est cool.

Ça part en montée, je suis dans un « sous-groupe » de 4, tout va bien.

Puis arrive le « km 7 », coucou de mon mécano préféré de « Bouttières Loisirs », … bon comme d’hab j’essaie… ça chute (un bien belle), ça se couche, c’est trop pour moi, je ressaye, je ne passe pas… Bref je suis dans le rouge… Au-dessus de mes limites…

Fin de la descente, remontée bien hard il me semble à beaucoup pousser le vélo, ravito.

Purée totalement secoué. Peut-être bien même plus tout à fait lucide

On rejoint un sentier que je connais pour l’avoir fait en rando en famille (sentiers des 5 sens). Je suis cramoisi. Je galère au moindre obstacle sur le chemin.

Puis plus loin, il me semble, c’est le gros des costauds qui arrivent et nous passent. On est sur un petit single, où je suis toujours plus bien lucide, toujours pas à l’aise. Galère. 
Et en voulant laisser passer un groupe, je mets le pied dans le vide et je chute du chemin dans les ronces…

Je repars vraiment doux. J’ai un peu lâcher là… Et de toute façon il faut que je lâche un peu là.

Du coup on finit par sortir de là, et tranquillement je vais reprendre le fil, arrive à discuter un bout avec un mec et la fin de l’étape sera beaucoup plus agréable.

E4 : 31 km – 1242 mD+/D- - 3 :24 :09 - 116e/148 classés

Ma famille est là à l’arrivée.

Immense soulagement. Vraiment.

 

FINAL : 11 :25 :59 - 101e/125 classés

Vainqueur : 6 :51 :47

 

Petit rinçage au jet d’eau du vélo et du bonhomme. On file manger en famille le Rougail saucisse du Rugby-club, en profitant de la remise des prix.

Puis c’est le départ pour rentrer sur Annecy.

 

Conclusion de ce Raid…

Cette photo, et petit écriteau résume bien mon sentiment.
Donc immensément fier d’avoir fait ça.
Mais totalement et littéralement hors de ma zone de confort… 
Un peu trop peut-être quand même… même si je m’en sors sans trop de casses et si donc au final prédomine la satisfaction.

Mais sentiment très mélangé tout de même entre cette fierté finale et la difficulté que ça a été pour moi pendant 3 jours.

Fierté car je franchis la ligne dans une épreuve que je classe, à chaud, parmi les 5 plus dures de ce que j’ai fait …
Dureté pour moi parce qu’ en fait elle l’a été sur un plan différent des autres : l’engagement physique qu’il a fallu mettre en action, le manque de bagage technique que j’ai ressenti, la pression de l’adversité dans un domaine où je me ressens encore bien novice, la dimension mentale et la concentration que ça m’a demandé tout le long…
Une mauvaise gestion bide/hydratation/manque de relâchement le samedi m’a bien impacté aussi.
Et ce tunnel/tension du vendredi midi au dimanche midi dans lequel il a fallu que je me place pour mener à terme cette aventure.

A comparer aux épreuves trail auquel j’ai plus l’habitude de participer et où je « maitrise » un peu plus l’environnement et le sujet, les difficultés que je ressens proviennent plus de la gestion d’un impondérable « simple » : météo, blessure, longueur…
Même en comparant aux quelques rares épreuves de ski-alpi ou de triathlon auxquelles j’ai participé, je n’ai pas ressenti autant d’inconfort… Pour les triathlons (type M) car la durée d’inconfort (partie natation) était largement plus limitée dans le temps, et pour le ski-alpi, inconfort plus lié à la dureté et intensité de l’effort (mais sur une pratique (ski) quand même plus connu et pratiqué).

Un peu « chagriné » par la prise de risques dans lequel j’ai bien voulu me laisser entrainer quand on ne maitrise pas le sujet… Y a quand même 2, 3 passages que je passe parce que c’est une course, que j’ai posé le cerveau, que je ne veux pas lâcher… 
Pas du tout en conscience et complètement effrayé à posteriori.

Et 2, 3 passages où je me ramasse encore bien, + toutes les petites erreurs de trajectoires, de grip, de clipsage des chaussures, les petites glissades, rattrapages in extremis ou pas, …

Je n’ai pas foncièrement envie de tout ça…

Et en même temps, quelle progression ce weekend en osant ainsi ?

Mais avec les chutes, l’impact physique à 50 ans est quand même difficile. Je ne me vois clairement pas refaire ça (à J+1, … Serment de sportif, faudra voir à J+7, J+30 , ….).
Ou il faudrait que je progresse techniquement d’un pas de géant.
Le VTT en « loisir » est un réel plaisir, il faut de toute manière que je continue de progresser techniquement pour finir par limiter/réduire/annuler mes chutes, mais le gap « compet » est bien trop imposant aujourd’hui pour envisager retourner vers un dossard.

J’ai « bénéficié » de la chance/inconscience du débutant sur ce Raid. Enclenché un second dossard serait aussi une autre paire de manche mentalement …

Même si le temps nous joue facilement des tours, et que comme tout le monde j’ai tendance à oublier vite…

Par contre retrouver prochainement l’ambiance VTT sur une rando me fait clairement envie.