L'auteur : kiki91
La course : Grand Raid du Golfe du Morbihan - 175 km
Date : 27/6/2025
Lieu : Vannes (Morbihan)
Affichage : 24 vues
Distance : 175km
Objectif : Faire un temps
Partager : Tweet
89 autres récits :
L’Ultra-Marin c’est quoi ?
L’Ultra-Marin c’est 7 courses de différentes distances et qui réunit durant le week-end environ 10 000 coureurs et plus de 1 500 bénévoles mobilisés jour et nuit. La course phare est bien entendu le Grand Raid : épreuve de 175 km se déroulant en une seule étape, avec la particularité de comporter une traversée en Zodiac entre Port-Navalo et Locmariaquer. Le temps de passage en bateau est décompté du temps de course final. Mine de rien, il faudra s’enquiller un peu plus de 4 marathons d’affilés ! L’organisation offre aussi la possibilité aux coureurs d’acheminer des effets personnels sur la base de vie à Arzon.
Le temps maximal de l'épreuve est fixé à 42 heures, toutes pauses comprises. L'épreuve comporte 11 points de ravitaillements dont quatre avec plats chauds. En 2025, l’Ultra-Marin célèbre son 20ème anniversaire, un moment fort pour cette manifestation emblématique qui fait battre le cœur du Golfe Du Morbihan, imaginée en 2004 par Bernard Landrein et qui au fil des années va sans cesse évoluer.
Prologue :
En 2014, j’avais dû abandonner au km 105. J’avais retenté l’aventure l’année suivante en 2015 et avec un entrainement soigné, j’avais alors bouclé l’épreuve en 34 h 00’ 00“. Oui, incroyable précision digne d’une montre « Suisse » …sans le faire exprès. Cette année-là, j’avais oublié d’arrêter mon chrono durant la traversée en Zodiac, ce qui fait que je ne savais plus où j’en étais niveau chrono (quel con…)
2025, comme c’est le 20ème anniversaire de cet Ultra-Marin, l’occasion était trop belle pour s’y inscrire et passer sous ces maudites 34h qui me hantent encore...c’est donc avec un objectif revanchard que je reviens tenter l’impossible sur cette course de malades
Le 4 décembre 2024, dès l’ouverture des inscriptions, je me suis précipité sur le PC pour m’inscrire au Grand Raid. Et hop, voilà c’est fait, mais j’ai eu de la chance car les 1800 dossards sont partis en…2h !!! C’est donc environ 6 mois d’entrainement plus ou moins intensifs qui m’attendent avant ce jour J. Je me suis préparé un plan de route pour terminer l’édition en moins de 34h. C’est assez délicat de se prédire un temps final, car au vu de la distance, il peut se passer plein de choses. Il faut aussi prendre en compte la météo et l’état du bonhomme ce jour-là. Certes, j’ai 10 ans de plus au compteur, mais on va dire avec 10 ans d’expérience en plus…et en mélangeant tout ça, ma confiance est intacte pour passer sous cette barre des 34h.
Jeudi 26 juin :
Arrivé la veille de la course, je me rends au village de L’Ultra Marin sur l'esplanade Simone Veil, du Port de Vannes, lieu de retrait des dossards et de l'arrivée de toutes les courses. Il n’y a pas trop de monde c’est cool, cela évite la cohue du lendemain. Le précieux dossard vite récupéré, ainsi que la magnifique boite de gâteaux spécialement conçue pour l’évènement par la biscuiterie « La Trinitaine », je fais un petit tour parmi les exposants et bien sûr effectue quelques petits achats.
Le Jour J : vendredi 27 juin :
Ça fait 2 nuits d’affilées que je ne dors pas bien, ce n’est jamais très bon avant ce type d’épreuve. J’ai tout de même réussi à faire une micro sieste de 40mn cette aprèm. Avant de se rendre au départ, je dépose mon sac d’assistance au stade de La Rabine. Il sera acheminé à la base vie d’Arzon. C’est le stade de l’équipe de rugby du RC Vannes qui était monté en Top14 cette année et qui vient malheureusement de redescendre de division.
Le départ du Grand Raid initialement prévu à 19h, sera retardé à 19h20 afin d’être diffusé en direct au journal régional de FR3 Bretagne. Contrairement annoncé à la météo, le ciel est couvert et il fait lourd, très lourd même. Quelques petites festivités sont sur le port pour célébrer cet anniversaire. Je m’engage dans le sas n°3, et quelques minutes plus tard, le départ des 1832 fauves est donné et le chrono réel pour chaque coureur se déclenchera au passage sous l’arche grâce à la puce que chacun possède. Ce départ est monumental ! Quelle ambiance incroyable dans les rues de Vannes et tout le long du port, du monde partout, partout, même aux fenêtres, vraiment un début de course magique ! Des encouragements à gogo, j’ai entendu mon prénom (inscrit sur le dossard) des dizaines de fois. Il y a dix ans, c’était plutôt une ambiance assez...feutrée
En partant du quai Éric Tabarly, le cortège de coureurs effectue d’abord un petit kilomètre dans la vielle ville de Vannes en passant par la porte St Vincent avant de retrouver l’autre côté du port. Le rythme est je trouve assez élevé. Après avoir quitté le port, on attaque les premiers sentiers. On n’a pas fait 2km que déjà ça coule sur le front, il fait moite de chez moite, l’air est chaud et avec la grosse chaleur qui s’annonce pour la journée de demain, ça ne va pas être une partie de rigolade et j’imagine déjà de nombreux abandons. La première nuit s’annonce douce (19°) mais demain c’est canicule pour tous !
Je baisse un peu l’allure et adopte un rythme tranquille. En gros, je ne coure pas plus de 10/12 minutes d’affilée et ne marche pas plus de 2/3 minutes. Cela me permet de maintenir une vitesse grosso modo de 7 à 8 km/h au moins sur les 40 premiers km. Mais je ne suis pas à regarder ma montre sans arrêt, je passe en mode marche selon l’envie ou selon le profil du terrain. Faut pas emballer la bête non plus, la route est longue. Un seul mot d’ordre : boire une petite gorgée d’eau toutes les 20mn environ, et avaler quelque chose toutes les 45mn. Ce rythme, je me l’impose dès le départ afin d’éviter tout problème de déshydratation. En fait, avec la chaleur il va s’avérer que je vais boire bien plus que ça.
Km 14,5 – SENE Barrarac’h – 1h46 de course – 1377ème :
Après avoir fait le tour de la presqu’île de Séné, avec une alternance de sentiers côtiers et de chemins, il est un peu plus de 21h et le premier ravito arrive finalement assez vite au km14,5. J’avais prévu d’y être en 1h58, j’ai donc 12 minutes d’avance sur mon plan de route. Je m’accorde à peine 5 mn de pause le temps de pouvoir recharger ma petite bouteille de St Yorre qui est déjà vide. Ce Grand Raid, malgré un dénivelé relativement faible au regard de la distance, est une épreuve qui reste difficile. Les sentiers aux endroits piégeurs, les portions de route, les passages dans le sable (voir aussi dans l’eau), les deux nuits qui ralentissent la cadence expliquent la difficulté d’une telle épreuve.
Après avoir contourné la Pointe du Bill, nous abordons la Réserve Naturelle des Marais de Séné. La nuit commence à tomber, et le temps est venu de sortir la frontale car les passages en sous-bois sont assez obscurs. J’adore ce moment, courir la nuit, je prends un pied pas possible ! Et là, le ciel est vraiment noir, pas de lune. La nuit est douce, j’avais emmené une paire de manchettes et un t-shirt technique à manches longues, mais pas besoin, je resterai toute la nuit en maillot manches courtes. Discerner les frontales au loin (ou derrière), j’adore cette ambiance de lucioles. Mais la nuit il faut redoubler de vigilance, faire attention aux racines, aux trous, sans oublier de regarder partout pour vérifier que je reste sur le bon chemin en suivant le balisage, qui je peux le dire est parfait, même de nuit.
Km 28,8 – SENE Gymnase Cousteau – 3h53 de course – 1461ème :
En fait, j’arrive assez vite au ravito de Séné avec 11mn d’avance sur mon plan, il est 23h17. Nous longeons d’abord le stade avant de pénétrer à l’intérieur du gymnase grouillant de monde. J’suis relax, je vais pouvoir grignoter deux trois trucs paisiblement et remplir mes flasques. J’avais initialement prévu un arrêt buffet de 15mn, et… je suis reparti pile poil au bout de 15 mn, direction Noyalo, avec le passage sur le pont qui enjambe la rivière du Plessis suivi d’une portion de bitume avant de retrouver les sentiers qui nous amèneront au prochain point de ravito. Entre Séné et Le Hezo, j’ai eu un petit passage à vide entre le 30ème et 38ème kilomètre
Km 42,5 – LE HEZO Ecole Vert Marine – 6h25 de course – 1518ème :
Voici Le Hezo, j’y arrive à 1h49 le samedi matin avec simplement une petite minute de retard sur mon horaire prévu, c’est pas beau ça ? Pour le classement, j’ai encore perdu des places : 141 places depuis le premier pointage, pourtant je n’ai pas l’impression de ralentir la cadence, enfin bref, mon objectif reste ces 34h, le classement est secondaire, mais je sais que demain avec la chaleur je vais regagner du terrain avec la sélection naturelle qui va y avoir…D’ailleurs en me retournant je vois des coureurs allongés attendant la navette abandons, 48 n’iront pas plus loin. Comme je le disais, la sélection naturelle commence déjà son travail et cette chaleur sournoise provoque des dégâts…Je trouve ça énorme surtout que l’on a fait que 42 bornes ! Qu’est-ce que ça sera demain avec la canicule. Après 12 mn d’arrêt au stand, je repars dans la nuit au taquet et dépasser quelques coureurs.
Km 58,5 – SARZEAU Salle Cosec – 9h22 de course – 1492ème :
En 16 bornes, ça y est enfin, je remonte au classement. Sarzeau, c’est la première base de vie où nous avons droit à un plat chaud. Je n’ai que 6 petites minutes de retard sur mon plan, mais je prends le temps de manger tranquille. Au menu du jour, ou plutôt de la nuit, car il est 4h46 : soupe de légumes (super bonne, un régal), assiette de pâtes/gruyère/jambon et du riz au lait en dessert le tout arrosé de 2 grands verres de coca. Je prends le temps aussi de recharger un peu le téléphone et la frontale. Après cette petite pause repas qui aura durée 39mn, je repars sur les sentiers. Ici les abandons sont encore plus nombreux qu’au Hézo : 89 coureurs resteront à quai, je n’en reviens pas ! Courir de nuit c’est courir dans un monde silencieux et lorsque le jour se lève entre Sarzeau et St Gildas, c’est un plaisir pour les oreilles d’entendre les oiseaux chanter et toute la nature se réveiller. J’ai passé une bonne nuit à courir, je n’ai pas eu froid et je n’ai pas vu le temps passé non plus.
Mais…oui, il y a un mais…mes petits ennuis vont s’aggraver. Je n’en n’ai pas parlé… mais depuis la veille j’ai des soucis au niveau…euh…des fesses. Jeudi soir, j’ai fait resto Asiatique avec au menu : poulet basilic/ail – nouilles sautées aux légumes - beignets de bananes, le tout arrosé d’une bouteille d’eau gazeuse locale. Le lendemain matin, jour de la course, direction toilettes…mais rien ne sort…je ne vous fait pas un dessin, pour la suite et pendant toute la course...diarrhée, diarrhée mais…liquide clair...mais…et là ça devient problématique : mes petites fesses me brulaient. Avec la crème anti-frottement que je mets d’habitude dans l’entre jambes, ça a dû faire une réaction chimique avec l’acidité des gaz d’échappement, ça me brulait ! Surtout quand j’ai besoin de m’arrêter uriner, je ne pouvais contrôler la sortie arrière, et rebelote, incendie arrière ! Cela ne m’était jamais arrivé, et j’endure ça depuis environ le…km 5 !!! A chaque foulée, la douleur devient de plus en plus intense. Il fallait souffrir jusqu’à Arzon, où là je pourrais prendre une douche, me changer, et repartir…au sec.
Alors que nous quittons le joli petit port de plaisance de St Jacques, et une fois la pointe passée, on passe devant des toilettes municipales. Je mets mes warnings à gauche toute et ni une ni deux, je m’y engouffre, elles sont en plus très propres. Du coup, je me libère et j’envoie toute la purée possible. Le temps de me laver les mains (et il y a du savon), je reprends la route soulagé, ouf, ça fait du bien. On longe la plage du camping, il est 7h00 et il y a déjà trois jeunes vacanciers qui se baignent. Entre St Jacques et St Gildas, le parcours devient plus technique et plus accidenté donc moins monotone, ce qui me convient mieux.
Km 74,8 – ST GILDAS Plage des Govelins – 13h10 de course – 1421ème :
Il est 8h34. J’ai accumulé 46mn de retard sur mon plan, mais je reste confiant avec comme ligne de mire Arzon pour reprendre des forces (et me changer). Entre les dépassements et les abandons, j’ai tout de même regagné 71 places ! Quasi pas de pause ici, juste le temps de refaire le plein en carburant. Pour la suite du parcours, on passe devant l’école de voile du Fogeo avant d’atteindre le port du Crouesty.
Port Crouesty est le plus grand port de plaisance de Bretagne avec plus de 1432 places sur pontons. Nous en ferons d’ailleurs le tour complet, c’est magnifique et je trace bien sur cette partie, les jambes sont légères, j’ai bien la caisse.
Km 88,4 – ARZON Stade Chapron – 15h30 de course – 1363ème :
Il est 10h54. Comme je le pressentais, j’ai rattrapé un peu de temps perdu, et je n’ai plus que 15 mn de retard sur mon plan, c’est tout bon ça ! Nous voici donc à la base de vie. Je récupère mon sac d’assistance laissé à Vannes, et je file direct à la douche. Cool, elles sont chaudes, ça fait du bien et j’en sortirai avec…les fesses propres. Je me change complètement. L’état des pieds est très satisfaisant, aucune ampoule. Je leur fais un doux massage à la crème Nok et je rechausse ma deuxième paire de pneumatiques. Bon, je ne vois pas l’état du train arrière, mais ça me chauffe quand même…mais avec un slip propre, je revis (un peu…)
Je vais chercher mon plateau repas qui sera exactement le même qu’à Sarzeau et pendant que je mange, je recharge le téléphone et change la batterie de ma frontale en prévision de la deuxième nuit.
A cette base de vie, 38 coureurs n’auront pas la force d’aller plus loin. Une fois le ventre rempli, le plein de flasques, je redépose mon sac d’assistance qui sera rapatrié sur Vannes. Ici, j’avais prévu un arrêt d’une heure max et j’y suis resté…58mn : royal ! Il est donc 11h52, faut pas trainer, il reste en gros 3 bornes pour arriver à l’embarquement. Je lâche donc les chevaux et je double ainsi quelques coureurs.
Km 91,8 – ARZON Port Navalo – 16h53 de course – 1315ème :
Port Navalo est un ancien port de pêche côtière, mais il faut en faire tout le tour pour rejoindre l’embarcadère. A 12h17 je pointe pour l’embarquement, j’ai bien carburé et regagné quelques places. En y regardant bien, je n’ai plus que 6 petites minutes de retard sur mon plan fixé au départ et après presque 17 heures de course, c’est top ! Durant la traversée en Zodiac, le chrono est neutralisé et reprendra une fois à terre de l’autre côté. J’enregistre une petite vidéo souvenir et j’enfile un gilet de sauvetage. Nous sommes 8 ou 9 à bord, plus le capitaine. Je suis assis à l’arrière bien placé. La traversée dure une dizaine de minutes. Question météo, le ciel est bleu avec quelques nuages blancs, mais on sent que ça ne va pas tarder à taper.
Arrivé au Guilvin, mon petit fan club local m’attend juste devant le bateau avec une pancarte d’encouragements. Après un petit papotage, et poser pour quelques photos, il est temps de rebiper la puce pour redémarrer le chrono. A ce moment-là, j’ai vraiment le moral gonflé à bloc à l’entame de cette seconde moitié de course !
Du Guilvin, on rejoint Locmariaquer, puis Kerouarch par le sentier douanier que je connais par cœur. On va atteindre la fameuse petite digue qui isole une partie de la baie d’où le moulin à marée de Coët Courzo est érigé sur le côté de la digue. Ce moulin est désaffecté depuis les années 60, mais il a gardé tout son charme. C’est justement là que je me pose 3 ou 4 minutes pour me mettre de la crème solaire, ça commence à cogner sévère. A partir de là, on quitte la côte pour pénétrer à l’intérieur des terres pour rejoindre le village de Crac’h qui est le prochain point de ravito et les voyants sont au vert.
Km 102,7 – CRAC’H Espace des Chênes – 18h39 de course – 1296ème :
Me voici au ravito de Crac’h avec quelques places gagnées, dues sans doute aux 4 trailers arrêtés chez l’ostréiculteur, mais c’est vrai aussi que j’en ai doublé. Je me retrouve maintenant avec 2 minutes d’avance sur mon horaire prévu. Après un peu plus de 100 bornes, c’est bien calculé, yes ! L’espace des chênes est en fait la salle des fêtes de la commune situé dans un joli parc arborisé. On en fait le tour en y entrant d’un côté, puis en ressortant de l’autre. Ici, je ne m’attarde pas, petite pause éclair de 12 minutes. Cette partie entre Crac’h et St Goustan est assez compliquée car une grande majorité en plein soleil, et des portions bitumées bien chaudes sous les pieds. En sous-bois, on peut courir un peu, mais le reste du temps ça sera de la marche. D’ailleurs, tous les coureurs sont passés en mode marche, quelle chaleur ! Le centre d’Auray est aussi un peu compliqué à passer avec une bonne côte bien raide à franchir avant de redescendre sur le bord de la rivière d’Auray. Voici au bout de cette ligne droite le très joli petit port touristique de Saint-Goustan (pour votre culture générale, St Goustan est le patron des marins et des pêcheurs).
Allez, je me remets en mode marche/course jusqu’au Bono. Cette partie en sous-bois est assez agréable, mais attention, pas mal de racines. On longe la rivière d’Auray pour atteindre la pointe de Kerisper et de longer cette fois la rivière du Bono. Voici enfin ce vieux pont suspendu (il date de 1840), bon signe car le ravito est juste ensuite au bout du quai.
Km 117,9 – LE BONO Le Port – 22h49 de course – 1248ème :
Pas d’inquiétude, mais j’ai maintenant 45 minutes de retard sur mon plan de route, il y a encore le temps de remonter ça. A cet endroit de la course, c’est ici que seront recensés le plus d’abandons : 130 ! Je fais une pause de 17 minutes en mangeant un peu, boire aussi un peu, surtout remplir les flasques, car la suite s’annonce très hard, car il va y avoir 23,6 km sans ravito et…il fait très chaud, même encore à 19h ! Ces 10 premiers kilomètres sont passés difficilement, je commence à avoir une allure pas très fluide, je commence aussi à me trainer (je ne suis pas le seul mais quand même…), mes fesses me brûlent et sous mon pied droit je sens un échauffement se développer. Dire que 15 bornes plus tôt ça allait bien…Je fatigue, je n’arrive à courir qu’une dizaine de mètres, pas plus et je suis stoppé par cette sensation de brûlure aux fesses. J’enrage, tout allait bien jusque-là. Je suis contraint à de la marche d’escargot, l’inquiétude me gagne, je suis vraiment dans le dur. Le prochain ravito est encore loin et l’arrivée bien plus loin. Ça me semble interminable, j’avance mais j’avance dans la souffrance. A 21h30, je fais une dernière vidéo avec le soleil couchant et aussi pour me donner une peu de courage et relancer la bête meurtrie.
Je fais des calculs dans ma tête, combien de temps pour atteindre le prochain ravito, l’arrivée ? J’avance encore un peu mais maintenant à chaque foulée, le train arrière me chauffe grave. Et sous ce pied droit, ça me chauffe aussi…Pour monter une marche ou passer un rocher ça va, mais descendre ne serait-ce qu’une marche… aïe…moi qui adore m’entrainer dans les escaliers, là c’est terrible…alors voyons, il reste encore 9,5km avant Baden. Je me traine à 20mn/km...donc...en gros…j’en ai pour 3 heures à galérer avec les fesses en feu. Il me reste à peine 70cl d’eau dans le réservoir.
Plus de 26 heures que je coure, en regardant le tableau des temps de passages que j’ai dans mon sac, je suis dans les temps de moins de 36h. Bien, mais…reste encore la portion Baden/Vannes à avaler, soit encore 30 bornes. Là, je ne m’y vois franchement pas. Pas envie de marcher pendant 30 bornes à galérer comme ça, c’est fait, ma décision est prise je vais arrêter là. A la sortie du sentier, on prend une petite portion de route pour rejoindre le sentier suivant, et là je dis stop. J’appelle le PC Course pour signaler mon abandon afin d’éviter des éventuelles recherches. Du coup, j’aurai pu stopper au Bono, étant donné que je n’ai pu rallier Baden, je suis déclaré ayant abandonné au Bono… J’arrête donc mon Ultra-Marin au bout de 132 km parcourus et de 26 h 28’ de course…dommage.
Epilogue :
Alors la question : était-ce bien d’avoir abandonné ? J’y réfléchit encore. C’est sûr, qu’aujourd’hui, j’ai des regrets… Sur le moment, non je ne me posais pas cette question, c’était trop l’enfer. Il ne me restait que…9 bornes pour rallier Baden et me refaire une santé, peut-être dormir un peu, me reposer une bonne heure, je ne sais pas. J’aurai sans doute pu continuer, surtout qu’à part ce problème aux fesses (première fois que j’ai ce souci dans toute ma carrière de trailer) physiquement j’étais pas mal. Mais 9 bornes dans la douleur en ne pouvant plus courir, c’est long, très long, trop long…Ces maudites 34 heures vont continuer à hanter mes nuits…Alors RV dans 10 ans ? Qui sait ? On verra bien…joker !
Quelques chiffres :
Le vainqueur : Gwenaël HELLEUX
(AC Ancenis) / 14 h 59’ 19
1ère féminine : Stéphanie GICQUEL
(Stade Français) / 17 h 02’ 15 (et 10ème au scratch)
Temps du dernier classé :
41 h 52’ 20 (barrière horaire fixée à 42h)
1er de ma catégorie M5H : 23 h 39’ 01
1832 partants – 1250 finishers – 582 abandons (31,77% des partants) dont 6 hors délais
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
Aucun commentaire
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.