Récit de la course : Trail Verbier St Bernard - 76 km 2025, par Happy74

L'auteur : Happy74

La course : Trail Verbier St Bernard - 76 km

Date : 12/7/2025

Lieu : Verbier (Suisse)

Affichage : 58 vues

Distance : 76km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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X-Traversée 2024: superbe et exigeant

Après 6 ans sans dépasser les 20 km, que ce soit en course ou à l'entraînement, le projet de courir un ultra vient me titiller, à l'automne 2024. Dans un accès d'optimisme délirant, je m'inscris pour le 80 km du trail du Cirque du Fer à cheval, en mars L'an dernier, j'ai délaissé la course à pied au profit du VTT, si bien que la reprise d'un entraînement sérieux est difficile. Je ne suis plus toute jeune, et des douleurs musculaires viennent me perturber dès que je dépasse les deux heures de course. Petit à petit, je parviens à allonger les distances et je signe ma première sortie de 4 heures en février. Trop peu, trop tard. Bien que tous les signaux soient au rouge (une grosse chute en VTT 10 jours avant la course), je prends le départ du Trail du Cirque du Fer à cheval en mars... pour abandonner au bout de 27 km et 1500 m de dénivelé, les jambes dures comme du bois et incapable de courir un mètre de plus... C'est peu dire que je me sens humiliée. En mai, je fais une course de 46 km (la première du trail du Grand Colombier), et, à nouveau, je suis à 2 doigts de devoir abandonner au bout de 30 km tant j'ai les jambes dures.. Courir en compétition est un métier, et il semble bien que je l'ai perdu. Seule consolation à ce long calvaire, je constate que je double des wagons de gens dans la dernière montée, ce qui me laisse penser que mon endurance, elle, est toujours là. Fin mai et juin, je mets les bouchées doubles et enchaîne de nombreuses sorties de 4 ou 5 heures, qui se passent plus ou moins bien. Je reste peu optimiste sur ma capacité à courir 76 km et plus de 5000 m de dénivelé en une seule journée, mais je me décide à tenter le coup, d'autant que, depuis le début du mois de juillet, je suis en très bonne forme.

Pardon pour ce long préambule. Me voici donc au départ de la X traversée, dans le froid revigorant de la Fouly. L'ambiance au départ est détendue, les gens ne se bousculent pas pour se mettre devant. Cela part vite, comme toujours, mais je suis bien décidée à écouter mon souffle et à ne pas me laisser emballer par le rythme des autres. Après quelques km roulants, cela devient plus raide et, à ma grande surprise, je dépasse beaucoup de monde. Je passe le col de la fenêtre en tête des femmes, en 1h13 et des poussières, soit 7 mn plus rapide que ce que j'avais prévu. La descente qui suit est ultra technique et assez raide et je n'ai pas l'intention de me démolir les jambes d'entrée de jeu. Je me fais doubler par des wagons de gens, dont une féminine (la Suissesse Miriam Niedenberger). Elle va très vite et je réalise que la descente ne va pas être mon point fort sur cette course. J'ai beaucoup perdu de mes compétences en descente technique, comme je l'ai constaté pendant ce dernier mois d'entraînement, et je me reproche de ne pas avoir plus mis l'accent sur ce point. Le passage du col du Grand Saint Bernard puis du col des chevaux est superbe et, même si je vois Miriam s'éloigner, je suis bien décidée à faire ma course pour moi-même, sans m'inquiéter des autres. La descente du col des chevaux jusqu'au lac de Toule est très technique et je me fais encore doubler. Après une seconde longue section roulante, nous arrivons à Bourg Saint Pierre, où je me ravitaille en boisson énergétique. Hélas, je constate dans la montée suivante que le goût de la boisson Nääk Lime est infect et beaucoup trop concentré. Je teste aussi la purée salée que j'ai acheté chez eux, et je manque de vomir tant le goût est... osons les mots, abject. Dans la montée, je cours là où les autres marchent et je rattrape plusieurs personnes. Cela va donner le ton de la journée: rapide en montée et lente à la descente. La montée jusqu'au col de Mille est vraiment longue, par un chemin que je connais puisque je l'avais pris en VTT avec les enfants il y a 2 ans. Au ravito du col de Mille, je ne sais pas trop quoi manger ni boire, alors j'opte pour une flask de boisson infecte et une flask d'eau, un morceau de pastèque, et je repars. Je sais que je ne mange pas assez mais rien ne me fait envie. La descente après la cabane est un calvaire, car d'atroces douleurs de ventre m'empêchent de courir et je me fais de nouveau beaucoup doubler. Par chance, il y a une montée qui coupe la descente en 2 et cela me permet de soulager mon ventre, avant de m'arrêter boire de grandes gorgées d'eau dans une rivière. Nous sommes en altitude mais il fait déjà chaud. Ces quelques gorgées d'eau fraîche ont sur moi un effet miraculeux, puisque je retrouve de bonnes jambes, qui me permettent de limiter les dégâts dans la succession de montées/descentes qui me séparent de la cabane Brunet. Dans la courte section roulante située sous la cabane Brunet, je recommence à doubler du monde: ça fait du bien. A ma grande surprise, on m'annonce que la première femme n'est pas loin. Il n'en faut pas plus pour me redonner la confiance en moi, envolée précédemment. Un petit verre de coca, une tranche de banane et mon combo boisson infecte/eau, et c'est reparti en direction de Panossière. Je me sens vraiment bien et rattrape rapidement Miriam, qui ne semble pas au mieux. Je luis dis quelques mots gentils en anglais et continue ma route. Bientôt, notre chemin devient commun avec le Marathon et je bute sur des centaines de coureurs et de coureuses, qui marchent lentement en file indienne. Il faut dire "pardon", "s'il vous plaît" et "merci" en continu. La plupart m'encouragent gentiment mais certains sont mal lunés et refusent de s'écarter. Après une longue section raide, vient la descente, mi-roulante mi-technique, jusqu'à la tant attendue passerelle de Panossière, que je traverse en courant et en me frayant un chemin comme je peux entre une file indienne de marcheurs. La montée sur la cabane de Panossière se fait sur une moraine assez raide mais je me sens encore bien. Un arrêt pipi et mon combo habituel plus tard, sans oublier d'admirer le superbe panorama glaciaire, et j'attaque la longue descente sur Lourtier. Les jambes sont dures et doubler sans arrêt des marcheurs me prend de l'énergie. Il va falloir travailler les descentes raides! Bientôt, un village est en vue et, croyant naïvement qu'il s'agit de Lourtier, je renonce à me tremper dans la belle fontaine qui me fait de l'oeil, mais qui est occupée par une quinzaine de personnes. Hélas, la traversée sur Lourtier est longue, et chaude. Arrivée à Lourtier, dans un ravito saturé de monde, je commets plusieurs erreurs: je tourne en rond sans trouver où boire le coca qui m'obsédait depuis un moment, je ne sais pas quoi manger ni boire, alors je remplis mes flask d'eau et repars allègrement dans la montée, sous un soleil battant. Le début de la montée se passe très bien et, d'un seul coup: plus de son, plus d'image et le coeur qui bat la chamade. Je m'assieds une première fois pour tenter de faire redescendre le palpitant, sans succès. Je retente deux fois l'expérience, avant de m'allonger. Et soudain, je me souviens du gel qu'un ami m'a offert et qui est dans la poche de mon short depuis le début de la course. Je l'avale en vitesse, bois une flask entière et... miracle, la machine redémarre... lentement, mais sûrement. Je monte très lentement mais je reste au même rythme que mes compagnons de calvaire, ce qui est rassurant. Bientôt, je crois distinguer un replat... pour m'apercevoir que, bien au contraire, il reste une montée bien raide, droit dans le pentu et sous le soleil. Enfin, arrive le replat, mais je suis incapable de courir. Les jambes ne répondent plus et j'ai des crampes énormes aux pieds. Quand nous débouchons sur une brève section de piste, je tente de courir, sans grand résultat. Au ravito, je fais le plein d'eau et m'élance (façon de parler) dans la descente finale. Les jambes sont douloureuses mais je suis bien décidée à ne pas les écouter. Je ne suis pas rapide, mais je cours, y compris dans les montées intermédiaires. 2 km avant le village, alors que j'entends déjà la sono, je me perds et atterris sur le parcours d'une autre course. Je suis inquiète mais je finis heureusement par retrouver le bon parcours, après avoir sans doute perdu un peu de temps. Il ne reste plus qu'à me laisser glisser dans les rues bondées du village et à tenter de suivre le balisage un peu absent (globalement, le balisage était parfois léger, j'ai douté plusieurs fois, seul petit point noir de cette belle organisation). Enfin, je passe l'arche d'arrivée, les larmes aux yeux, accueillie par le génial Ludo Collet puis par ma famille, qui a fait le déplacement pour l'occasion.

Voilà, c'était mon récit. Si vous aimez les trail techniques et alpins, cette course est faite pour vous.

4 commentaires

Commentaire de JuCB posté le 13-07-2025 à 08:50:22

Ravi de te voir de retour avec cette forme! !

On s'est croisé plusieurs fois dans le Salève en juin et il me semblait que les jambes étaient de retour.

Bon été !!

Commentaire de Mazouth posté le 13-07-2025 à 10:31:54

Bravo Caro, une championne qui a du r'tour ! Ça fait plaisir à lire, merci pour ce récit.

Commentaire de Happy74 posté le 13-07-2025 à 11:25:27

JuCB j’ai regretté d’avoir consciencieusement évité les descentes techniques du Salève 😂

Commentaire de map-o-spread posté le 13-07-2025 à 14:28:57

Merci pour ce récit.
Le marketing de Naak ne passera donc pas par toi 🤣
A un moindre niveau, j’ai bien redescendu les distances également et me reste sur marathon. Mais je me surprends à me redire « pourquoi pas », mais il faut laisser un peu de temps encore
Encore bravo 👏

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