L'auteur : jpoggio
La course : Trail des Passerelles du Monteynard - 42 km
Date : 13/7/2025
Lieu : Treffort (Isère)
Affichage : 30 vues
Distance : 40km
Objectif : Terminer
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(titre à lire avec la voix et les mimiques d'Austin Powers, sinon c'est nul)
Souvenons-nous du dernier "vrai" récit de course, celui de l'Échappée Belle 2015 où j'avais cru crever - pour les rétifs à la lecture sur écran, il est dans le Tome 2 de "Si Kikouroù m'était conté" en vente à la boutique.
Donc depuis, rien, la perte d'un tiers du ventricule gauche par insuffisance coronarienne ayant rendu discutable la participation aux trucs à la con de ce genre.
Jusqu'à un message de l'aînée de mes filles (ci après "Sarah") : "Tu voudrais pas le faire avec moi des fois ?" accompagné d'une copie d'écran de la page d'inscriptions au trail des Passerelles.
Je laisse passer quelques semaines tout en surveillant le nombre de dossards disponibles, tout en jaugeant ma capacité à enfin augmenter en charge d'entraînement.
Bref, je vous la fais courte, me voici au petit matin du 13 juillet dans le sas de départ du Maratrail, au bord du fort joli lac du Monteynard.
J'ai en tête un plan de marche en 9h (même pas Jalbhac) qui ne se déroule pas trop mal, puisqu'à la première passerelle (celle de l'Ebron) nous avons cinq minutes d'avance. Bon, la première passerelle n'est pas une partie de plaisir, d'abord parce que je n'aime pas du tout ce genre de dispositif (le gaz en falaise ça va, le gaz en pont/balcon et autres "skyview" pas du tout). Et en plus elle oscille en maudit, je traverse le regard fixé sur le sac de la dame devant moi qui n'en mène pas large non plus, et nous commisérons le temps de la traversée.
Ensuite, une première vraie bosse nous permet de gagner la seconde passerelle, celle sur le Drac, plus courte, avec un peloton plus clairsemé, qui oscille moins et je profite davantage de la couleur flamboyante de l'eau.
Une montée bien raide nous amène à Mayres-Savel où se trouve le premier ravito, qui passe fluide sans perte de temps. Et dès la sortie, nous attaquons le gros morceau, l'ascension du Sénépi et ses 1769 m. La semaine de randos de bourrin en Ubaye le mois dernier est dans les jambes et nous montons bien (entre 750 et 1000 m/h), c'est notre moment Borgniol tant ça tombe de tous les côtés dans cette belle draille heureusement boisée qui nous mène jusqu'à 1450 m l'altitude où le tracé part dans un loooong balcon jusqu'à pouvoir entendre la sono de la base nautique mille mètres plus bas. Le sentier est roulant mais je bougonne pas mal car nous nous éloignons considérablement du sommet que je suis impatient d'atteindre pour bénéficier de la vue, notamment sur le Dévoluy où j'ai fait mes premières armes de montagnard sur les pentes du Pic de Bure.
Au bout de ce balcon, nous rejoignons le tracé de la Grande Course : Sarah part devant tandis que je reste derrière un gruppetto de coureurs...puis je profite d'un dédoublement du sentier pour dépasser tout ce monde, alors que nous arrivons sur la ligne de crête fort plaisante.
Je contemple le Mont Aiguille à gauche qui se détache du plateau du Vercors, tandis que l'Oisans comme le Dévoluy sont noyés dans les nuages.
Nous basculons après le Sénépi qui marque la mi-course dans un truc un peu scabreux à travers les alpages qui brutalise un peu les cuisses, puis une piste bien roulane jusqu'au ravito où je suis accueilli par des bénévoles brumisateurs et surtout par Sarah qui m'attend.
Plein d'eau, grignotage rapide et on reprend la descente. Nous quittons la piste pour un monotrace, mais au bout d'une centaine de mètres une douleur fort désagréable (voire un mal de chien) émanant d'un orteil du pied gauche qui m'enquiquine de manière récurrente depuis quelques temps. La perspective de traîner plus de quinze bornes comme ça est peu réjouissante; cramponné aux bâtons pour alléger les appuis, je laisse passer du monde en claudiquant quelques minutes, ça s'atténue et je relance un peu. La trace devient bizarre : en examinant la carte, il est évident que l'orga a écarté l'option de plusieurs kilomètres sur une piste forestière, mais les passages terreux fort raides sécurisés (?) par des cordes sont un peu cons je trouve. Bon, on finit par retrouver du roulant, le pied râle régulièrement et le soleil de plomb - il est près de 14h, avec peu d'ombre, incite à la prudence. La moyenne indiquée reste au-dessus de 5 km/h, et quand nous retrouvons du facile, je relance dans l'espoir de finir en moins de huit heures ce qui serait inespéré. Donc nous retrouvons Mayres-Savel au petit trot et accueillis par les amis de Sarah et aussi (surtout ?) les brumisateurs bien venus. Ravito rapide - petit sandwich, quartier d'orange et eau pétillante servis par des bénévoles adorables et nous repartons.
Seconde traversée de la passerelle du Drac : nous avons rejoint le tracé aller et les difficultés sont prévisibles dans la mesure ou les ressources cognitives ne sont pas trop entamées : longue remontée dans la forêt, faux-plat, bon raidard bien à l'ombre, petite section de route où l'on peut courir et méchant raidard poussiéreux en plein cagnard qui donnera du boulot aux secouristes, mais déboule sur un point d'eau/brumisateur bienvenu.
Il reste une descente pleine de racines jusqu'à la passerelle de l'Ebron ou la douleur est globalement supportable, bien qu'à force d'appuis déséquilibrés un adducteur proteste désagréablement : la passerelle passe mieux que le matin, même si je n'aime toujours pas ça. Un courte (mais raide) montée poussiéreuse nous dépose à un ravito "surprise" : nous en sommes à 7h05 de course, soit 55mn pour faire moins de huit heures. Le tracé emprunte un sentier globalement confortable, l'état physique général est celui d'une quarantaine de bornes avec quelques manifestations de mauvaise humeur du pied et nous courrons tout ce qui est raisonnablement courrable. Le principal désagrément vient maintenant des concurrents de la Grande Course version relais, frais comme des gardons qui nous fondent dessus en gueulant "à gauche" alors que nous trottinons paisiblement sur la trace de droite du sentier qui fait quatre mètres de large. Enfin, nous retrouvons après un dernier coup de cul la route prise à l'aller, nous relançons une (avant) dernière fois pour sécuriser le "sub huit".
Il commence à y avoir beaucoup de promeneurs et la certitude de l'arrivée fait apprécier les encouragements. Une dernière montée, devant le parking coureurs et une dernière relance : descente pleine pente le long d'un pré, un dévers dégueulasse, un dernière traversée de route et la petite boucle d'arrivée.
7h48.
Bah dites donc, une heure dix sur le roadbook, c'est pas dans les habitudes de la maison, d'ailleurs Strava ne d'y trompe pas :
Même Garmin me fait grâce d'un "Productif", c'est dire.
Mais tout ça ne vaut pas grand chose finalement...
Parce que quand même, partager l'aventure avec sa progéniture devenue grande, c'est inestimable, et ça, c'est fait.
J'allais oublier : +16 grands carrés pour l'Isère avec ça.
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