L'auteur : bubulle
La course : Ultra Tour du Beaufortain
Date : 16/7/2022
Lieu : Queige (Savoie)
Affichage : 88 vues
Distance : 114km
Objectif : Pas d'objectif
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41 autres récits :
(ce récit est en fait la fusion de 2 très longs messages que j'avais faits dans le fil de la course.....en pensant faire un récit que je n'ai finalement jamais écrit)
La première phrase tue illico le suspense, mais bon....rappelons juste que cet UTB 2022 était supposément la revanche de l'UTB 2021 où j'avais abandonné à la Gittaz en, y arrivant totalement "hors d'haleine"....suivi de longues semaines avec de curieux symptômes comme des pieds très gonflés et un essouflement marqué persistant dès le moindre effort. Ce qui s'était conclu par un abandon au bout de 3 kilomètres à la Traversée Nord de l'Echappée Belle.....puis à la pose d'un pacemaker 2 semaines plus tard (insuffisance cardiaque "BAV3").
Donc, voilà ce récit de cet UTB....trois ans plus tard ! Et j'ai aussi rajouté quelques photos just epour montrer comment c'est pas moche, le Beaufortain.
Message posté après la course
Comme vous avez pu réussir à le décoder, j'ai effectivement arrêté à Roselend.
En pratique, après un départ assez prudent, environ aux 3/4 du peloton (ce qui m'a valu quelques bouchons dans la montée initiale, mais rien de bien méchant), je suis passé à Frette Basse avec 10-15 minutes d'avance sur le roadbook, qui était volontairement très pessimiste.
Quelques photos de ce début de course :
Toujours prudent et sur la défensive jusqu'au ravito du Chalet du Soufflet, j'ai plutôt bien géré celui-là, qui était un peu saturé par le flot de coureurs et en suis reparti assez vite.
La section jusqu'au Col de Grande Combe s'est passée mieux que je ne l'imaginais même si j'ai commencé à percevoir que je n'avais pas le rendement usuel en montée : je n'avais pas vraiment à me freiner pour ne pas me lancer dans du pacman car j'aurais pu difficilement avancer plus vite que ce que je faisais. Mais globalement, tout se passait bien.
La bascule a été assez simple : au Col de Grande Combe, on a débouché en haut avec une vue extraordinaire et....le soleil. En gros, à 9h du matin, on a commencé à se faire matraquer : jusque là, il faisait plutôt bon, à l'ombre des sommets et en fin de nuit même si on pouvait se douter en partant de Queige à moitié à poil et sans avoir froid que ça allait être très très chaud.
On n'a pas été déçus.
La section Grande Combe-Bonnets Rouges était un peu pour tout le monde la chasse aux ruisseaux. Il y en avait donc on n'était pas vraiment en manque d'eau, mais l'usure à petit feu commençait déjà. Aussi tôt.
Descente vers Saint-Guérin la plus prudent possible. Un sol sec comme jamais et l'impression de descendre lentement dans un four. Pas un souffle d'air et la perspective d'une remontée vers le Lac des Fées qui serait une tuerie.
Premier signe que ça tournait au mini-carnage (en tout cas sur notre arrière de course) : il y a eu apparemment une dizaine d'abandons...à la Passerelle de Saint-Guérin.
La remontée vers le Lac des Fées a été le début de ma mort à petit feu. Je gère en général à peu près bien la chaleur, mais là, elle m'a séché sur place. Pas de remontada comme l'an dernier, juste un ravito attendu avec impatience (mais en fait pour quoi y faire? Boire? Je ne faisais que cela depuis le début)
Reparti du Lac des Fées à l'énergie et fort lentement. Adopté un rythme régulier, mais franchement lent. La section du Cormet d'Arèches au Col du Coin a été un calvaire complet. De moins en moins d'énergie pour avancer même si je 'hydratais toujours bien (par contre, plus de ruisseaux!).
Les derniers mètres du Col du Coin étaient juste en mode limace totale.
Pause en Col en me demandant ce que j'allais faire. L'avance sur les BH était encore confortable, mais en 9h15 là-haut, j'étais passé de 1/4h d'avance sur mon roadbook à 1/4h de retard.
"bon, de toute façon, faut au minium descendre au Lac d'Amour" et là, curieusement.....les jambes sont revenues! Peut-être un effet du paysage totalement fabuleux, je ne sais pas dire. J'y dépasse un Soffian au bout de sa vie que je n'arrive pas à emmener avec moi en lui disant que je suis le pruve que ça peut revenir.
Col à Tutu monté pas trop mal en redépassant du monde, je commence à me dire que, déjà, je vais arriver pas trop mal à Roselend, même si la marge va être réduite.
Sauf que.....à nouveau panne sèche d'énergie après la descente du Col à Tutu. Panne dont les premiers signes étaient apparus à la montée, toujours autant en plein cagnard, même si un petit vent donnait une impression de fraîcheur (mais juste une impression!).
Et, dans la traversée vers Presset, à nouveau cette impression d'être totalement vidé. J'y arrive extrêmement lentement et, une fois posé au ravito....je suis inerte. Pas d'envie de manger, je picore les trucs posés devant moi. Je me force pour boire (j'ai l'impression d'être une outre avec tout ce que j'ai bu depuis le matin). Et je ne sais pas comment repartir vu que les jambes n'ont pas envie.
Autour, ça cause BH. Je les connais par coeur : 17h30 au Cormet. Il est 15h. Il y a en fait le temps.....à condition de pouvoir encore bien avancer.
Ce que je ne peux pas. La montée au Col de Grand Fond, pourtant courte, est un calvaire total et je me pose en haut en sachant que je vais arrêter. En fait, il faudrait déjà pouvoir courir dans la descente et je ne peux absolument plus (alors que l'an dernier, j'y volais complètement....comme Soffian va le faire après avoir retrouvé de l'énergeie). Et donc, je descends en sachant que je vais arrêter. Car, même si j'ai le temps, l'énergie a totalement disparu. Je ne me vois pas me lancer dans la grande boucle vers La Gitttaz de cette façon.
Arrivé au Cormet à 17h, 30' avant la BH, la décision est prise depuis longtemps.
Les mots clés sont "plus d'énergie". La moteur qui fait avancer les jambes n'est plus là. Il n'y a juste plus moyen.
Sur le coup, il n'y a même pas de déception, en fait. La course était, là, dans ces conditions, juste trop difficile pour moi. La chaleur extrême (notamment la partie Bonnets Rouges-Col du Coin) n'y a sûrement pas été étrangère si j'en crois le taux d'abandons, surtout très tôt dans la course.
Par contre, en fait, j'ai quand meme fait un superbe trail de 50 kilomètres (même s'il s'est plutôt terminé en rando). Les photos vont être, je pense, à tomber. Là où je n'avais rien vu l'an dernier, entre le Col du Coin et le Cormet, là il y en a eu pour les yeux!
Donc, je ne suis même pas franchement déçu (ça va sûrement venir : quatre ultras abandonnés depuis début juillet 2021, il y a un peu de quoi) car j'ai participé à une très belle course....et ce n'est pas fini car, tout à l'heure, en retournant cherchez yves_94 à l'arrivée.....je vais retrouver la belle ambiance du dimanche sur la base de loisirs de Queige et ça n'a pas de prix!
Message le dimanche soir après avoir digéré l'abandon
De retour dans mon Fasthotel d'Albertville (3 nuits sur la course, pas une seule au même endroit.... ) après ce qui est finalement la meilleure journée d'un week-end à l'UTB, quand on abandonne (et même quand on n'abandonne pas) : la journée du dimanche.
J'ai déjà raconté ma course, je vais essayer de ne pas recommencer... . Ma conclusion finale, expliquée en direct à l'ami François, c'est que l'UTB50 est quand même une course super belle et que je suis vraiment content de l'avoir terminé...
Plus globalement, je ne sais quoi retenir, mais ce beau dimanche au cagnard de Queige (adouci, quand même par un petit vent qu'on aurait bien aimé avoir tout le temps, hier, même s'il ne nous aurait pas empêché de cuire comme un barbecue d'Arizona.
Celui qui n'a pas cuit, c'est Jim W. Même si sa conclusion, sur le podium a été, en français dans le texte : "il fait chaud"...il a fait une course impressionnante. Et il a été impressionnant de simplicité et de gentillesse. Déjà, pour ceux qui n'étaient pas sur place, il s'est en fait inscrit totalement "incognito", si j'ai bien compris en envoyant un mail en juin à François pour demander s'il n'y aurait pas un dossard....mais sans faire "péter les galons" ou faire demander ça par son sponsor ou un truc classique du genre.
Et il est venu apparemment pareil : avec sa compagne et celui (je ne connais pas son nom) qui lui sert localement de relais, interprète, etc. Au podium, il était là dans un coin de la salle, et François ne savait même pas qu'il était bien là : il a juste levé sa main quand est arrivé son tour, tout sagement.
Au micro, il a eu des mots tout sympas et là aussi tout simples : en gros, j'ai retenu que "la course lui a fait découvrir des sentiers qu'il ne connaissait pas encore" et "au départ, avec Martin (Kern) et Thibault (Marquet) il était bien content de faire route avec eux et se voyait continuer un bon moment comme ça, mais son instinct a un peu repris le dessus (c'est lui qui l'a dit!) et il s'est vu accélérer pour filer devant".
Si ça se trouve, si François n'avait pas spotté son nom dans les inscrits, il aurait été capable de venir comme ça, sans rien dire....
Pour le reste, j'ai retrouvé aujourd'hui ce qui fait que cette course mérite 100 fois sa réputation (et explique pourquoi il y a rarement moins de 15 ou 20 kikoureurs inscrits) : qualité, simplicité, convivialité et respect (du coureur par l'organisation, de l'organisation par les coureurs).
Alors oui, l'UTB est une course difficile. Même très difficile. C'est pour moi la plus difficile que j'aie couri (sans être PhilippeG, j'en ai quand même couru un peu). Et on le sait tous qu'elle est difficile. Si on y vient, on sait à quoi s'attendre. D'ailleurs, dans le peloton, on sentait bien qu'il y avait de la tonne d'expérience de course, devant, au milieu et derrière. Tiens, juste pour dire : dans les gros bouchons qui ont eu lieu un peu au-dessus de Molliesoulaz, tout le monde était sagement en file indienne à attendre que ça se passe : on aurait dit le métro de Tokyo à l'heure de pointe.
Oui, les barrières horaires sont dures, très dures (même si Roselend avait été assoupli de 45 minutes et La Gittaz de 20). Les assouplir un peu aiderait peut-être certains à finir, au moins pour mieux gérer le début. Je ne pense pas que cela fasse plaisir à François et son équipe d'avoir 40% de finishers ou que son rêve de "plus de 60%" soit probablement irréaliste sans changer qq chose (simplifier le parcours, allonger les BH, que sais-je encore) mais est-ce vraiment cela qui est voulu, il ne me semble pas.
Peut-être un truc qui a fait bien du mal a été la très très longue section entre le Chalet du Soufflet et le Lac des Fées. Je trouvais l'an dernier plus équilibré avec un ravito aux Bonnets Rouges mais là aussi, facile à dire mais pas forcément simple à réaliser (logistique pour apporter le matériel, notamment et, bien sûr, des bénévoles en plus....or il y avait un indispensable ravito supplémentaire à La Girotte.
Peut-être cette boucle à La Girotte était-elle ce qui était en trop. Pas mal de coureurs ne l'ont pas trouvée passionnante (OK, l'architecture du barrage est spectaculaire, mais....la très grande majorité ne le voient pas!) et surtout, ça rajoutait de la distance et du D+. S'il fallait sacrifier quelque chose, ça pourrait être cela. L'alternative pourrait être de laisser de coté le crochet aux ardoisières bien que lui apporte certainement quelque chose de plus. Mais je ne doute pas qu'il y en a un qui tourne déjà ça dans sa tête car, l'ami François, il sait écouter ses coureurs : fallait nous voir assis tous les deux par terre au centre de la tente toute vidée, à 15h ou 16h, je ne sais même plus....avant qu'on fasse la photo finale des bénévoles qu'a faite....bin le dernier coureur présent sur place...
On a aussi causé de tous ces petits trucs en plus, avec notamment une longue disgression sur le système de pointage à qui, certes, le suivi live en ligne ne rend pas justice. Mais tant que le fait d'avoir du réseau, dans le Beaufortain dépend du virage de la route ou du sentier dans lequel on se trouve, ou du nombre de cailloux sur la butte où on monte, je vois mal comment on peut simplement faire remonter de l'info de manière automatique. Cela explique pourquoi le live sur Kikouroù a été aussi famélique malgré le grande bonne volonté de notre Juju national qui aura quand même essayé (merci à lui même s'il a été un peu tout seul, malheureusement). Dommage car mon souvenir de l'UTB, avant que je ne vienne le courir, ce sont quelques suivis live de folie qu'on a pu faire par le passé. On perd un peu cela sur Kikouroù et ça me rend des fois un peu triste.
On aurait par exemple mieux suivi la perf superbe de notre kikoureur (que je ne connaissais pas...si, si, il y en a!) garrincha qui a été présenté par François comme "le premier 'parisien' a finir dans le top10 de l'UTB". Moi qui comptais justement réaliser cette perf en premier, c'est foutu. Bravo à toi, Valentin (dont le nom de famille sonne quand même assez peu "parisien"... ).
Bravo aussi à "notre" Jano, 6ème fois finisher de l'UTB ce qui est plutôt rare et qui a géré cela de main de maître. Malgré l'énorme handicap d'être très lyonnais, c'est quand même un sapré costaud, le gone....
Pour le reste, mille fois merci à tous les amis rencontrés sur cette course : ceux de Kikouroù, ceux du GR73, ceux de l'UTB, les nouveaux rencontrés aujourd'hui comme Christophe l'aveyronnais (3ème V2), Jean-Luc le savoyard, éliminé hors-délais.....aux Saisies, Laurence, la super-bénévole qui va sur toutes les courses et dont j'ai découvert que c'était elle qui aiguillait les coureurs à Bionnassay sur la Montagn'hard et plein encore que j'oublie.
Cette course est tout à fait unique, c'est pour ça qu'on l'aime sur Kikouroù et c'est pour ça qu'il faut la garder comme ça, François. Et puis, si tu ne la gardes pas comme ça, comment je fais, moi, pour essayer de la terminer, ta foutue rando dans les cailloux ?
Comme dit un autre de ces fichus savoyards qui ont des montagnes trop difficiles pour les monchus, on fait quand même un bien beau sport. Arvi pa!
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1 commentaire
Commentaire de jano posté le 16-07-2025 à 20:25:03
Ouais, c'était bien sympa cette édition... Il faisait déjà chaud... Mais beau... Et le dimanche avait été très convivial !
On verra cette année ce que ça va donner entre météo pas top et le début de parcours extrêmement difficile.
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