Communauté des sports d'endurance

Après mon abandon au TDG 2024, revenir en Vallée d’Aosteen 2025 ne me motivait pas. Le TDG m’attire toujours mais je trouve que la marche est très (trop ?) haute. Quant au Tor des Géants, j’ai perdu la foi sur cette épreuve devenue de masse.Par contre, la Swiss Peak 380 me semble plus atteignable et conviviale, j’avais fait la SP170 en 2018 et j’en garde un excellent souvenir.

 

Pour innover, je me fais aider par Nico le coach qui aligne les planètes et structure les séances. Au niveau professionnel, je suis bien sollicité et ça repose l’esprit de n’avoir qu’à appliquer un plan.

 

Les objectifs de l’année sont progressifs avec un gros GTSV en off avec les copains (40km 4000mD+) en avril puis les aventuriers bout de la Drôme (86Km 5000mD+) en mai. La forme est là et je m’aventure sur un trail court (25Km et 1000mD+), je finis 5ème au scratch mais me bousille la cuisse et le dos. J’avais programmé Samoëns en juin (120Km 8000mD+), j’annule pour me soigner pendant 1 mois ½. La reprise se fait à partir du 15 juillet et j’enchaine progressivement pour arriver fin août à 60 000m D+ d’entrainement depuis le début de l’année : le minimum requis.

 

Nous partons le vendredi soir avec Isa et faisons étape à Clavières notre hôtel fétiche. Le lendemain encore 4h00 pour rejoindre Fiesch par le Col de Simplon. Récupération du Dossard vers 16h00 et dernière nuit fraiche à Oberwald.

 

Dimanche matin, je croise Damien qui a déjà fait 300km, il est étonnamment frais et avant le départ Boubou que je reconnais grâce à son bob iconique.

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Nous sommes au milieu des glaciers qui alimentent le Rhône, c’est un lieu qui a du sens pour moi qui vit dans les bouches du Rhône.

  
  
 
 
SP02: Fiesch- Eistein “Froid, vent, … entorse »

57,8Km 4424mD+ 15h49

 

Après Fiesch, tout se complique l’enchainement des cols est rude du 1500m de d+ et du 1500m de d-, l’usure des cuisses est en route. Je prévois un 1er dodo à Fleschboden 30mn à fermer les yeux : pas très efficaces.

Dans la descente du Saffischpass la cheville gauche part en vrille une 1ère fois, puis une 2ème, à la 3ème c’est une petite entorse : très tôt dans la course ce n’est pas bon signe. CesMafate 4 sont sournoises, j’ai eu des alertes pendant l’entrainement… pourquoi ai-je insisté ? Au fond de la vallée à Grund, je décide de faire un strapping avec une bande complète d’un seul tenant : pas facile… j’utilise internet pour chercher un tuto. Ça me permet de rejoindre la BV3 25Km plus loin, j’ai trop serré et j’ai mal au releveur gauche.

 

SP03 : Eistein- Grimentz « 3 cols, 2 murs de 1500m… un peu de neige)

53,9 Km 4522mD+ 19h00

Heureusement le kiné de la BV3 (Damien) me remet en place les cuboïdes (déséquilibre préexistant à la course) ; les releveurs sont un peu enflammés mais rien d’alarmant encore. Il perce aussi une ampoule sous l’ongle qui venait en buter sur la chaussure, vu que je ne serre pas du tout la chaussure c’est assez logique.

 

J’avais prévu de dormir à Eistein mais je trouve tellement dommage de ne pas avancer quand il fait jour que je zappe et je vise Bluomatt 35Km plus loin.

 

Entre temps, il faut se taper l’Augsboardpass (+1900m) ce col tellement pentu qu’il il faut s’accrocher aux bâtons, je fais la route avec Luc l’Ariégois dont c’est le premier Ultra, il fait la trace à 700m/h une allure qui me convient parfaitement.

Nous voilà à Bluomatt, c’est une laiterie ; le dortoir est en plein air et les couvertures sentent la vache : dodo de 30’ avant de se lever frigorifié.

 

Le col de la forclettaz est raide mais il n’y a que 1000m de d+ avant d’arriver à Grimentz au milieu de la matinée.

 

 

 

SP04 : Grimentz- Thyon «  Mais où est donc Thyon 2000 »

46,4Km 3561mD+ 14h16

 

 Direction le col du torrent (2916m) sommet de la course, nous passons devant le lac de Moirie et ses eaux limpides, je suis déterminé et les sensations sont plutôt bonnes.
 
La montée au col du torrent est régulière et très montagne, je suis en compagnie de plusieurs coureurs de la 700 qui avancent à la même vitesse que moi, ils sont vraiment étonnants. A mi-pente, c’est pancake de quoi donner des forces.

En haut, c’est la récompense, il a neigé cette nuit et nous sommes au-dessus des nuages.

 
 

 
   
 

Le col de la Meina est moins sympathique, j’ai du mal à trouver le passage dans la descente, j’y casse un bâton en tentant de me rattraper d’un déséquilibre entre 2 blocs. Je rencontre Tim le suisse, nous ferons route commune jusqu’à la prochaine Base vie. Sans doute due au manque de sommeil, nous trouvons le temps long sur ce chemin monotone etinterminable.

 

SP05 : Thyon – Salvan « La plus longue et le col d’Arpette »

88,13km 5881m 32h34

 

La Base de Vie est séparée en deux bâtiments pour passer de l’un à l’autre, il fait froid et c’est loin. Isa m’apporte une précieuse aide pour me diriger, d’abord manger, puis douche puis podo et enfin dodo. Maintenant, il faut dormir c’est 1h30 mini. Je suis resté longtemps à Thyon mais j’en avais besoin.

A partir le Thyon, le chemin m’est familier, en effet, j’ai participé à SP170 en 2018, ça va m’aider à apprécier les difficultés.

 

 

 

Sur ces portions, le chemin est plus facile, nous passons à Tortin et une belle pause ravitaillement suivi d’un beau raidard sauvage. Derrière, c’est la station Verbier Saint Bernard avec vue extraordinaire sur le Mont Blanc.

 

 

Puis Lourtier où Isa m’attend pour un check avant la nuit. Il y a un groupe qui s’est formé avec Louis, son équipe et les italiens.

Je repousse le sommeil à la cabane brulé 1000m de d+ au-dessus, un petit dodo de 30’ me permet de tenir une partie de la 4ème nuit, je vise Prassurny pour un vrai sommeil.

Ce ravito est méritant car il faut contourner Orsière alors qu’on croit être arrivé pour 400 m de d+ surprenant.

Isa m’attend, je mange bien et dors 1h30 pour repartir vers l’Arpette avant le lever du jour.

 

C’est le parcours commun avec l’UTMB pour passer par Champex et bifurquer ensuite vers l’Arpette. 

Des hallus s’installent parfois auditive j’entends chanter le torrent des rifs de guitare accompagnent l’eau qui se déverse avec fracas.

La vallée est sauvage, je retrouve un rythme sympa et m’émerveille de la beauté du lieu.

 

   
 

J’arrive au col de la forclaz à 11h50 et on me laisse 10’ pour choisir de repartir ou pas avant neutralisation, c’était chaud mais j’ai pris la bonne décision car la météo a été top jusqu’à Salvan.

 

SP06 : Salvan – Morgins « la pluie sur le col de Susanfe… hypothermie et ampoules »

45,4Km 3064m 16h12

 

 Un arrêt de 5h30 à Salvan, c’est un abri anti-atomique sans fenêtre et une ventilation autonome : pas très convivial mais je me repose suffisamment.
 

La pluie très forte a rincé les chemins, en théorie l’orage est passé et seule une pluie fine est attendue, le kit froid est quand même maintenu, je pars avec ma veste de montagne.

Dès les gorges de Daluis, la pluie reprend mais le lieu est magique dans cet enchevêtrement d’échafaudages en bois,accolé aux gorges.

 

J’arrive à 6h30 à Barme après une nuit entière sous la pluie du côté de Susanfe et surtout la descente ultra-technique du pas d’Ancel. La gestion de l’organisation sur ce ravito est limite avec concomitance pour la première fois du 100… je quémande un endroit chaud : on me propose une chambre payante à partir de 7h00 car le propriétaire dort … à 7h30 il dort encore, à 8h00 je suis congelé et Isa arrive, je peux repartir. J’ai frôlé l’hypothermie, 4 concurrents du 380 ont abandonné ici (Km320).

 

 

 

SP07 : Morgins – Le Bouveret « le bout du chemin »

46,3Km 2566mD+ 12h50

 

J’arrive tardivement à Morgins, après avoir longuement pataugé dans la boue, il devient illusoire de ne pas passer une 6ème nuit dehors. La BV est un hôtel dédié à la course avec chambre individuelle autant en profiter et dormir de nouveau 1h30 le dernier dodo.

 

 

Je repars gonflé à bloc vers 16h00, décidé à profiter de la lumière de fin d’après-midi.

 

   
 

Super accueil à Conche, Isa m’attend, il nous est proposé des crêpes salées : Excellent la glycémie est au top !!

Je continue sur ma lancée et aperçois un bout du lac, c’est bon pour le moral.

La 6ème et dernière nuit est entrain de tomber, j’arrive à Blansexpour une nouvelle raclette revigorante. Les Kms ne défilent pas très vite mais j’avance jusqu’à Taney pour la traditionnelle soupe Cholera et les Brownies de Suzanne qui me fait un doggy bag. Le mode zombie est enclenché, je connais le chemin mais je ne sais plus ce que je fais là… j’avance.

Une grosse ampoule au talon me fait souffrir mais j’avance jusqu’à Grand Pré. Accueilli avec une belle truite saumonée et du riz, je me régale, je sais que j’ai bientôt fini mais le lieu est sympa, je reste un peu et distribue mes brownies.

Il reste une petite bosse et enfin la descente finale jusqu’au Bouveret, j’arrive à 5h15 du matin dans les rues désertes Isa m’accueille chaleureusement, j’ai fini… je peux me poser.

 
 
Quelques jours après, je confirme le côté austère de l’ambiance, ça tombe bien c’est ce que je cherchais. Une grande solidarité entre les participants est à noter, il faut dire que la dureté du parcours resserre les liens.

Globalement, je me suis régalé des paysages et des gens, mon corps a tenu jusqu’au bout malgré la dizaine d’ampoules. Les podologues sont compétents mais il vaut mieux être attentif car la moindre erreur se paie cash.

Isa m’a soutenu du début à la fin, elle mérite tout autant que moi cette médaille. J’ai senti sa présence pendant la nuit, une ombre bienveillante se tenait à mes côtés.

 

Bravo aussi aux coureurs de la 700 ce sont vraiment des machines.

 

Bilan KM 392

D+ 27569m

D- 28500m

 
 
Temps 130h (100h sur les chemins, 24h d’arrêt, 6h de dodo)