Récit de la course : Ultra-Trail du Beaujolais Vert - 80 km 2025, par Shoto

L'auteur : Shoto

La course : Ultra-Trail du Beaujolais Vert - 80 km

Date : 11/10/2025

Lieu : Cublize (Rhône)

Affichage : 186 vues

Distance : 82km

Objectif : Pas d'objectif

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UTBV 2025 : 82 km

Je viens de finir l’UTBV 2025 (Ultra Trail du Beaujolais Vert) version 82 km du 10 octobre 2025 qui avait lieu à CUBLIZE dans le département du Rhône (69) en région Auvergne Rhône Alpes au Nord-Ouest de Lyon.

 

Ma préparation presque optimale sur les 3 derniers mois me permet d’arriver sur la ligne de départ presque serein mais c’était sans compter sur 2 petites blessures (ligament hanche droite et mollet) survenues malicieusement pendant l’entrainement et probablement dues à mes gros volumes de sport sur les 3 derniers mois.  Pourtant j’avais tenté de maintenir un pourcentage raisonnable de CAP tout en intégrant de bonnes séances de VTT, marche nordique et même du vélo elliptique. Sur les conseils d’un ami, j’avais également fortement augmenté significativement mes exercices de renforcement musculaire non seulement « bas de corps » mais aussi « haut de corps » … et je vais en évoquer les réels bénéfices un peu plus loin dans mon récit de course.

 

Je m’étais initialement inscrit seul à l’UTBV, ce trail situé dans le Beaujolais. Il m’attirait par son côté nature et le faible nombre de coureurs permettant d’éviter les bouchons et la masse populaire … oui je sais, je suis un peu sauvage parfois (rire) mais plus je vieillis, plus je préfère à titre personnel les trails intimistes, conviviaux et authentiques. 

Mais mon pote Patrice tenté par l’aventure me rejoint dans l’inscription et nous voilà donc à 2 au départ de l’UTBV à 5H00 du matin le samedi 10 octobre 2025 sur la zone de départ du LAC DES SAPINS, après une bonne mais courte nuit de sommeil, 

La jolie région viticole du Beaujolais est vallonée et bien verte. Magnifique à découvrir. Je suis excité de prendre le départ de la course même si nous courons une partie de nuit (levé du soleil vers 8H00).

Nous partons volontairement dans le dernier quart des 200 partants afin d’éviter les pièges du départ trop rapide suicidaire sur un ultratrail. Rythme tranquille au début mais Patrice a des fourmis dans les jambes et il file devant moi de sa foulée aérienne d’ancien triathlète. J’ai presque du mal à le suivre dans les descentes. J’ai un peu peur de nous griller en léger surrégime mais le rythme ne me convient finalement pas trop mal et je m’accroche. 

Sur le sentier, la longue file de frontales dans la nuit est de toute beauté. Le léger brouillard présent crée une ambiance fantomatique irréelle en ce début de course. Il ne fait pas vraiment froid ; 8°C pour ce début bien matinal. La température montera en milieu de journée à environ 20°C.  

1er ravito au 13ème km – 6H46 – J’espère naïvement prendre notre temps pour une première restauration rapide mais efficace. Mais c’est la DOUCHE FROIDE ! Nous n’avons que 15 mn d’avance sur la BH (barrière horaire) alors que nous avons droppé semble-t-il comme des gazelles ! 

La parole du traileur anonyme à côté de moi est en totale accord avec ma propre pensée du moment « Mince ! les BH (barrières horaires) sont sacrément serrées ! ». 

Gros doute dans ma tête. Si toutes les BH (barrières horaires) sont aussi serrées, nous n’avons que peu de chance de finir ce trail. Je revis dans ma tête mon vécu de course assez désagréable avec les BH de mon ULTRA TRAIL DES CITADELLES (voir mon récit). La journée va être compliquée !

Autant vous dire que nous ne prenons pas le temps avec Patrice de grignoter ou boire. Je choppe un TUC au vol et repars en courant. Pourtant il y a plein de monde près des tables. 

Le moral vient d’en prendre un coup. Nous devons maintenant rejoindre rapidos le prochain ravito du 24ème km avant de se faire rattraper par ces satanées et redoutées BH (barrières horaires). Une désagréable course contre la montre commence ! La course change radicalement de saveur !

Après 2h30 heures de course, nous continuons à courir dans la nuit brouillardisante et légèrement humide du petit matin du Beaujolais. Dans le faisceau atténué de nos frontales, je vois le visage de mon binôme visiblement bien sombre. « Ca va Patrice ? »  « Non, je n’ai vraiment pas l’Envie aujourd’hui ». Me répond-t-il.  Aie aie, ça ne sent pas bon çà ! ☹

 

Arrivée au second ravito à la levée du jour au 24ème Km à 8H33 avec 30 mn d’avance sur la BH (barrière horaire). Légèrement rassurant mais cohérent avec la BH précédente. Nous avons maintenu notre rythme de course. Nous n’avons pas intérêt à chômer quand même ! 

Après plusieurs côtes, nous tombons sur une sacrée pente abrupte qui nous plombe les jambes et la cardio. Le mur n’en finit pas de grimper. Sacrée grimpette et beau pourcentage de pente ! Nos bâtons nous aident grandement.

Patrice est dans le dur !  Son cardio monte trop dans les tours et il est pris de nausées. La mécanique de l’abandon s’est enclenchée et sans qu’il me parle, je sens vite son envie de « bâcher » la course au prochain ravito. J’espère juste naïvement que son moral va revenir vite avant le prochain ravitaillement et que nous allons pouvoir continuer ensemble. La pression des BH semble aussi évidemment impacter à la baisse l’état d’esprit de mon pote. Je lui dis que l’on s’en fout des BH et que nous allons courir notre course à notre rythme … et que l’on verra bien. Je demande à Patrice de grimper à son petit rythme les montées sans se mettre dans le rouge. Dans les descentes suivantes, curieusement il vole littéralement sans forcer, me mettant quelques dizaines de mètres d’avance en bas de chaque descente. Je suis donc assez confiant quand même sur notre capacité d’avancer correctement si mon compagnon de route se reprend. 

 

3ème Ravito au 36ème Km – 10H44 – plus que 16 mn d’avance sur la BH ! Les faiblesses du moment de mon ami Patrice dans les montées nous ont plombé bien plus que ce que je croyais ... aie aie. Je doute de nos capacités à finir ce trail. 

Et là nouvelle douche froide ! Patrice, livide, m’annonce qu’il abandonne. ☹ Damnation ! J’essaie de lui faire entendre raison et de lui demander de tenter ensemble de rejoindre au moins le prochain ravito mais son désespoir du moment a scellé sa décision. Il est en souffrance. Il n’a plus envie. C’est mort … Je me range à sa décision après lui avoir laissé le temps de réfléchir 5 mn. Il arrête là, c’est fini. Après lui avoir servi une soupe et vérifié qu’il ne manquait de rien, je me ravitaille rapidement (5m47sec d’arrêt au stand !), claque une accolade émue et une bise à mon copain, puis je repars à 10 mn de la BH (barrière horaire) en sortie de ravito pour poursuivre ce beau trail que j’avais si sérieusement préparé. 

Les conditions de course ne sont pas celles que j’espérais et je suis très déçu de perdre ici mon Patrice, mais je dois reconnaitre un peu égoïstement que l’abandon de Patrice me soulage finalement un peu à cet instant. Je me voyais mal poursuivre avec un coéquipier dans le dur et peu motivé pour finir la course. Heureusement, il n’est pas blessé et il va pouvoir rejoindre avec la navette d’évacuation ma voiture laissée au lac des sapins (je lui laisse les clés) puis aussi notre gîte à Amplepuis pour prendre une bonne douche revitalisante et un bon repos, ce qui me réconforte. 

Gros doute toutefois dans ma tête car combattre sur les 19 prochains Km 10 petites minutes de rab sur la BH serrée à rattraper ne m’enchante guère. Je viens de retrouver mes conditions de course du TRAIL DES CITADELLES. Mais même réflexe et même envie de guerrier du trail chez moi !  L’abandon n’est vraiment pas une option. Je vais me battre avec mes propres forces et advienne que pourra !  Même mantra que sur mes nombreux trails = je visse les cornes et « fonce » tête en avant ! Pas de consultation de ma montre. Pas de cogitation ! J’avance et puis c’est tout ! simple mon programme non ? 

La bonne nouvelle dans cette morosité ambiante à l’air de défaite est que je me sens en bonne forme après 36 bornes. Ma bonne préparation paie. Le cardio n’est pas dans le rouge même dans les montées. Mon travail de renforcement musculaire m’aide prodigieusement aujourd’hui, me fournissant une belle puissance dans les côtes. Les feux du physique semblent presque dans le vert, (ma hanche droite que j’ai fortement strappée me fout une paix royale) sauf mon mollet gauche qui montre des signes de faiblesse, je l’ai enfermé dans un manchon de compression qui m’aide activement à maintenir la douleur sous contrôle. Alors je « fonce » en essayant de flirter entre le Trop et le Trop peu. Bref je suis sur la corde raide ! Pas de pause dans les montées attaquées hardiment. Je cours dans les plats et les descentes. Je cherche à optimiser ma course comme le vieux briscard assez expérimenté que je suis en trail. 

Prochain ravito au 55ème km mais au 45ème km, je subis mon premier début de coup de mou qui se finit par un gros coup de moins bien au 47ème Km. Je subis visiblement une petite hypoglycémie. Grosse envie de dormir (normal c’est l’heure de mes siestes du week end ;) ), signe chez moi de l’hypo et d’un besoin de sieste (pas le temps c’est dommage !). Je stoppe + hydratation obligatoire + se restaurer. Vautré sur le bas-côté, un sympathique traileur courant en couple s’enquière gentiment de mon état. Je ne dois pas avoir une bonne tête !

Je repars assez rapidement en baissant significativement mon allure. La marche nordique prend un peu plus le relais sur la CAP sur certaines portions. J’ai désormais mal aux quadriceps dans les descentes. Ces douleurs vont me pénaliser dans ma foulée jusqu’au bout. Manque de travail de dénivelé dans mon entrainement pour cause de petites blessures ! 

Je dépasse et fête le 41ème km, la mi-course, mon « passage de l’équateur » du jour, en mangeant un bonbon Mentos … mais je sais que je navigue désormais vers les 50ème rugissants ;)

Le soleil n’est toujours pas levé alors qu’il est plus de midi, caché derrières d’épaisses volutes et nuages blancs. Dame Météo s’est un peu trompée ce matin !  Le brouillard s’est levé mais le ciel est encore couvert. L’ascension d’un sommet après une nouvelle sévère montée nous offre un beau panorama au-dessus des nuages. Magnifique (voir vidéo en cours de montage). Mais mon état du moment ne me donne vraiment pas envie de filmer longtemps avec mes 2 caméras GO PRO. La pression de cette première partie de course m’éloigne de ma pratique de la vidéo alors que je suis pourtant un (modeste) vidéaste Youtubeur amateur. 

 

Je cours le long d’un petit sentier herbeux en bordure de champs lorsque j’entend un gugus gueuler au loin. Je reconnais mon pote Patrice qui vient à ma rencontre avant ce ravito tant attendu. Je suis heureux de revoir mon copain tout revigoré, tout propre et bien ressuscité après une bonne douche, vêtements changés et tout souriant ! 

Après les embrassades de retrouvaille, je m’enquière évidemment tout de suite de mon timing par rapport à la BH (barrière horaire).

Et là … pas de DOUCHE FROIDE, bien au contraire ! Mon pote m’annonce que j’ai désormais 50 mn d’avance sur la BH ! O joie et soulagement ! Il est désormais 14H40. Le soleil désormais levé inonde également ma tête. Malgré mon coup de mou, ma progression a été efficace et la BH est peut être aussi moins serrée semble-t-il maintenant. Une nouvelle course commence dans ma tête, je vais le finir ce difficile UTBV !

Cerise sur le gâteau ; mon copain Patrice est aux petits soins avec moi. Il m’installe confortablement sur une chaise et me gère en mode assistance 5 étoiles mon ravito. Je bénéfice même d’un massage tonique « 10 étoiles » à mon mollet gauche douloureux avec du BIOFREEZE (une crème froid mentholée) qui me fera un bien fou. La douleur au mollet diminuera de près de 80% au ressenti ! 

Je repars après 20mn de bichonnage fraternel et une sacrée bonne soupe avalée en complément de mes TUCS / Bananes habituels. Bien hydraté, je repars à bloc ! Désormais le curseur dans ma tête a basculé du bon côté. Moins de doutes de me faire chopper par les vilaines BH et de ne pas finir cet ultra trail. Si mon temps d’avance sur les BH se conserve au prochain ravito, mes chances de finir la course seront alors très fortes. Ma relative expérience de vieux briscard en TRAIL me conforte également dans mes capacités à gagner face à l’adversité. J’ai en effet pour l’instant fini 100% de mes TRAILS … pourvu que cela dure ! 

 

Une nouvelle côte ! Décidément, le D+ annoncé de 3 800 m sur la fiche de présentation de l’UTBV se confirme, il n’arrête pas de grimper ce trail ! Au choix = montées modérées, montées à pentes forte ou faux plat montants … mais cela tombe bien car j’aime les grimpettes et malgré mon coup de mou avant le 50ème km, je monte encore efficacement les pentes en appuyant activement sur mes bâtons. Renfo musculaire ++ = MERCI :)

Un constat toutefois, je me fais parfois doubler dans les montées mais beaucoup plus encore sur le plat et les descentes. Soit les coureurs de l’UTBV 82 sont tous bien affutés, ce qui est le cas, soit en vieillissant (j’ai désormais 55 ans), malgré mes entrainements et le poids de l’âge, mes performances baissent sensiblement. Je n’ai jamais été un cabri en CAP et en TRAIL mais je dois me rendre compte que mon niveau de course est sensiblement plus faible que les autres coureurs, sauf peut être dans les montées où je fais à peu prêt arme égale avec les autres Runners. Ainsi va la vie mais je le vis très bien. Le principal n’étant -il pas de continuer à se faire plaisir ? Un arrêt CAP récent de presque 1 an à cause d’une pernicieuse tendinite de talon d’Achille récalcitrante m’avait aussi fortement pénalisé à la reprise sans parler de ma prise de poids de 4 kg pendant la période d’arrêt ! 

Le soleil étant désormais bien levé, je profite un peu plus des chouettes paysages du Beaujolais, une bien belle région qui me fait un peu penser au DOUBS (25) et aux VOSGES (88) qui sont 2 magnifiques départements français … elle est belle notre France adorée !  

De belles forêts vallonées, de somptueuses vues dégagées sur des vallées et petits villages ruraux. Nous traversons des petits coins bien sympathiques. Bref je suis en train de courir un beau trail au cœur d’une de nos belles régions, ce qui donne toute sa saveur à ce sport passion !  

Les espaces entre coureurs sont désormais faits. La petite densité de début de course à la frontale a été remplacée par de monstrueux espaces vides où j’ai l’impression d’être tout seul. Ce qui n’est pas pour me déplaire. Seul le balisage me confirme que je suis encore sur la bonne route et je fais bien attention à ne pas rater des bifurcations, ce qui aurait un caractère catastrophique dans ma guerre contre les BH (barrières horaires). Pas le moment de jardiner !

 

64ème km – un point d’eau officiel (robinet) installé dans un espace de jeux pour enfants et un petit parc. Mon Patrice est de nouveau venu gentiment m’assister et me remplir ma gourde pour ne pas perdre de temps. Il est 16H40 et j’ai presque 1 heure sur la BH … ouf ! …

Je le retrouve ensuite 4 km avant le dernier ravito du 72ème km qui me fait fantasmer imaginant un ravitaillement bien achalandé avec des massages de mon pote, une super SOUPE qui me fait saliver d’avance. C’est fou ce qu’une bonne soupe au vermicelle me retape le moral et le physique ! c’est plein de sels minéraux et très bénéfique pour mon corps de traileur fatigué dont l’énergie vitale est usée par le poids des kilomètres. 

Mon odeur corporelle du moment me fait demander à Patrice de bien vouloir m’apporter des vêtements secs et propres haut de corps. C’est chouette d’avoir un assistant 5 étoiles ;) lol. 

Je suis désormais bien cuit. Nous progressons ensemble temporairement avec Patrice qui m’a rejoint sur une route bitumée serpentant sur une ligne de crête au milieu des champs et des forêts perchées sur des petits monts que je descends et grimpe de moins en moins activement. Le soleil bas de saison, il doit être environ 18H00, m’éblouit. Il me réchauffe un peu même s’il me fait mal aux yeux. J’aime le sentir sur moi et j’ai volontairement oublié de prendre une casquette. Je ne veux pas mettre mes lunettes de soleil car j’aime quand même cette luminosité qui nous a manqué ce matin et je sais que je vais de nouveau affronter la nuit bientôt. 

Je ne peux presque plus courir maintenant tellement mes jambes sont fusillées, transformant mes tentatives de course à pied en une espèce de « marche courue » qui me fait avancer à la vitesse de l’escargot au galop, c’est-à-dire plus vite qu’une marche nordique mais beaucoup moins vite que les quelques coureurs qui désormais me doublent de temps en temps sans vergogne. 

Je veux et je vais finir cette course dure même si je sais qu’il me reste encore de nombreuses heures. Je cherche désormais à ne pas être dans le dur et à continuer d’avancer efficacement, même si mon rythme est lent, plutôt que de chercher à aller vite. Je sais que si je tiens ce rythme, pour l’instant « cela passe » face à mes ennemies du jour ; les BH (barrières horaires) !

 

Un grand et jeune coureur bien équipé SALOMON tout en blanc avec de grandes jambières blanches remontant très haut me double en me saluant. Il perd une barre de céréale qu’il n’arrive presque pas à ramasser tellement il a mal au corps et aux jambes. 

« Bon courage gars ! on ne lâche rien ! »  me lance -t-il. Merci jeune homme sympathique ! C’est clair on ne lâche rien gars !!!

 

Avant le 72ème km, Patrice qui m’avait rejoint temporairement pour un peu de marche reprend la voiture pour rejoindre et m’attendre au ravito. Je me pose quelques instants pour fêter mon passage du 70ème Km en mangeant un nouveau bonbon MANTOS sorti du paquet offert par mon pote Patrice. Je me réhydrate également. Viet Dung un jeune coureur vietnamien me rattrape et me demande si je vais bien. Sympa l’esprit TRAIL. Dés que je me pose sur le bord du chemin, on s’enquière de mon bien être et de ma santé ! 

Je repars en marche nordique.

Un piéton venant à la rencontre de sa chérie, qui porte le dossard 128, m’annonce le ravito à 20 mn de marche, ce qui sera effectivement le cas. 

Bien cuit, je garde quand même de la bonne papatte musclée dans la dernière montée avant le ravito du 72ème km … qui finit par un grimpé de corde ! Accueilli en haut par mon Patrice qui me filme avec ma caméra portative que je lui ai laissée. Il m’encourage et me chambre affectueusement ! Je galère avec la corde (voir ma vidéo en cours de montage que je mettrai sur le site Kikou).

Ça sent la fin ! Pas l’abandon mais bien la dernière section de 10 km, un bon dernier baroud d’honneur ! Ca va le faire Gars ! 

Il est 18H36. Je suis arrivé au dernier ravito. J’ai en fait 54 mn d’avance sur la BH !  Et mon patrice est de nouveau aux petits soins pour moi. Plus de monde dans ce ravito. Je découvre en effet plus de secouristes que de traileurs. Déception car il n’y a plus de soupe mais les gentilles bénévoles m’offrent du thé chaud sucré. Big MERCI à elles et MERCI à tous les bénévoles sans qui tous nos trails ne pourraient pas avoir lieu ! 

Mauvaise surprise ; je vois débarquer 3 serres files qui suivent une jeune femme (dossard 109) la dernière de la course ! Avec la fatigue et le manque de lucidité, j’ai une réaction un peu vive en évoquant leur présence avec Patrice ! Ils ne devraient pas être là il est trop tôt pour la voiture balai !  Je garde un mauvais souvenir de mon TRAIL DES CITADELLES avec les serres files, gardiens de l’enfer des BH ! Vade retro satanas ! Patrice me calme gentiment en me précisant qu’ils font juste leur job et suivent les derniers et non le timing de la BH. Visiblement, cela a écrémé sévère derrière moi car nous sommes 45 mn avant la BH …. 

Je ne tarde pas trop. 15mn30 d’arrêt au stand. Combo gagnant même si je commence à être écœuré par les ravitos = TUCS, BANANES, COCA COLA et ST YORRE … désolé pour la pub pour des marques ;)  Et Hop je repars à 18h51 peu avant la nuit avec 39 mn d’avance sur la BH. J’ai 2 heures 39 pour parcourir les 10 derniers km … c’est bon normalement pour pouvoir finir classé Finisher.

La lumière baisse. Il fait plus frais et j’ai installé la frontale sur la tête par anticipation pour éviter mon erreur de l’INFERNAL TRAIL DES VOSGES (voir récit) … où j’avais oublié que la nuit tombe évidemment plus tôt DANS les forêts !

Je me sens relativement bien malgré ma faiblesse de fin de course.  Marche nordique active, trottinette lente, battonage dynamique, je suis content que mes exercices longs de marche nordique en bord de mer normande cet été m’aient exercé à bien rythmer ma marche et permis d’acquérir ou de renforcer une certaine technique efficace. Je me fais redoubler par le dossard 128 ;  Louise, jeune femme tonique qui avance bien, en tout cas plus vite que le vieux traileur que je suis. 

Elle prend vite les devants et je la vois disparaitre en forêt loin devant. Elle finira finalement dernière féminine de la course (voir plus loin mon récit) moins de 2 minutes avant moi. 

Je fonce ! du moins j’essaie de foncer car je sais que les serres files, ces « cerbères des enfers » ne sont pas loin derrière moi et je ne veux pas qu’ils me rattrapent, ce qui me mettrait une pression de fin de course que je ne souhaite surtout pas subir.  

Avant de rentrer en forêt, je tombe sur un vieil homme sympathique gouailleur qui m’encourage et me félicite. Charmant monsieur chaleureux et heureux de vivre qui fait sa petite balade du soir dans ce joli coin de France rural et champêtre.

Frontale allumée sur le front en forêt, seul, je me tape une des dernières montées. Les organisateurs ont installé des panneaux verts UTBV avec des blagues type « limitation de vitesse 30 en montée » « ta grand-mère monterait cette côte en courant » … qui me laissent en fait un peu froid, mon humour légèrement à plat en cette fin de course. Les rubalises contrairement à ce matin sont équipées de REFLECHISSANTS visibles de loin à la lumière de la frontale … tant mieux, il ne faudrait pas se perdre à moins de 8 km de l’arrivée si près du but ! Je fais bien gaffe malgré le manque de lucidité ! 

En haut d’une côte je vois un animal à 4 pattes me regarder, je pense à une biche … en approchant mon esprit halluciné découvre un VTTiste non éclairé qui attend que je libère ma montée pour se taper sa dernière descente avant le village !

J’aime courir de nuit dans le faisceau de ma frontale en forêt. Je retrouve les sensations de mes nombreuses sorties sylvestres d’entrainements nocturnes. La forêt est mon amie malgré ses bruits et ses frémissements. 

Au loin, j’aperçois 2 « sapins de Noël » clignotants. La bonne surprise de découvrir en fait  2 gentils bénévoles avec une petit table de ravitaillement non annoncée.  Un bout de TUC un COCA COLA et un verre de ST YORRE. J’échange chaleureusement avec ces adorables personnes perdues dans le noir et le froid du soir. Elles m’annoncent la bifurcation à prendre à gauche à 30 mètres. Je croyais naïvement que la côte précédente était la dernière, mais non ! Le ravito annonçait en fait un dernier raidillon, un sentier bien étroit bien pentu et caillouteux ! J’entends derrière moi les voix des « maudits » serres files qui se rapprochent. Les chiens sont lancés ! drôle d’interprétation dans mon esprit embrumé et fatigué.   

En haut de cette dernière grimpette, je retrouve de grands chemins forestiers roulants. J’optimise ma « marche glissée courue » balançant activement mes bâtons et mes bras pour donner un peu de rythme à ma foulée dégradée.  Peu de boue aujourd’hui sur ce trail, il n’a pas plu une goutte ! mais beaucoup de sentiers techniques très caillouteux, voire parfois des pierriers casse pattes. Heureusement que, fidèle à mes habitudes, ce matin j’ai fortement strappé mes 2 chevilles en préventif car je subis pendant l’ultra trail plusieurs alertes entorses avec une cheville gauche plus fragile qui se tord facilement au fil des kilomètres et de la fatigue accumulée … la proprioception devient moins bonne. 

 

Les loustics serre-files me rattrapent finalement accompagnés de leur dernière jeune coureuse, Justine le dossard 109. Mes craintes s’effondrent car ces serres files ne semblent pas pressés de rentrer comme ceux du Trail des Citadelles. Pas de pression, avec tact et délicatesse, ils ralentissent derrière moi à ma vue se calant sur mon rythme. Justine également comme si elle n’osait pas de me doubler. Ce qu’elle finit par faire moins de 5 km avant l’arrivée, dans une descente roulante et facile. Elle ne s’éloigne pas très vite craignant peut être la solitude dans l’obscurité. 

Moment gênant et burlesque. Alors que Justine vient de me doubler, pour fêter ma dernière place plus que pour enquiquiner mes 3 garde chiourmes, je m’arrête pour soulager ma vessie. Les serres files s’arrêtent. Ils attendent gentiment que je finisse !  Gentlemen ! ;) lol.

Pour les remercier de leur patience et les aider à rentrer plus vite chez eux, je cours désormais un peu plus vite… comme quoi on en a toujours un peu plus dans les jambes qu’on ne le croit ! Maintenant, les chemins sont très roulants en descente, je sais que je vais finir dans les temps. Ce que me confirme un de mes sympathiques serres files qui me rejoint pour papotter gentiment et me féliciter pour ma fin de course ; il me dit que je suis largement dans les temps et que dans 15 mn si je continue à ce rythme, nous serons arrivés au Lac des sapins. Nous sommes à 1,7 km de l’arrivée selon ses estimations. 

Les serres files enlèvent les dernières balises dernière nous, ils libèrent les derniers bénévoles encore présents sur les croisements de route. Les bénévoles semblent bien heureux d’être libérés avant l’heure prévue de fin de BH … grâce à moi, ils vont se coucher plus tôt ! lol mdr. 

Vue désormais des lumières du lac des sapins depuis les hauteurs avant de rentrer dans une descente forestière de fin de course. Je suis en train de revenir sur Justine car elle descend prudemment alors que je suis boosté par mes gentils serres files (j’ai changé d’avis sur eux ;)) et que je me sens bien et heureux malgré la fatigue !

 

Voix du speaker d’arrivée au loin qui monte vers moi.  

Justine sur le plat à l’approche des cabanes est accueillie par un proche et reprend une belle foulée en s’éloignant rapidement. 

En fait je suis presque fier de terminer dernier de ce trail :)

Derniers 500 mètres. Les 3 serres files m’encadrent et discutent gentiment avec moi, j’apprends notamment que 2 d’entre eux courent depuis le début de la course ! Le 3ème court quand même depuis 60 km !  Je trottine mais les 3 marchent aussi vite que je ne progresse ! je leur fais remarquer qu’ils vont aussi vite en marchant que moi en courant ! ils se marrent. Nous parlons de l’organisation du trail et des problèmes rencontrés par l’Orga face au manque de bénévoles, de l’épidémie de fièvre qui touche les vaches du coin, du blocage de certains agriculteurs qui refusent à la course un droit de passage sur leurs terres etc. … 

 

Je pense arriver sous l’arche de façon presque anonyme et de façon assez simple accueilli par mon pote patrice et quelques attardés. C’est tout le contraire qui va se passer ! Un moment magique que je ne suis pas près d’oublier. 

J’ai en effet le droit à une arche bien illuminée, une dernière ligne droite avec une ovation des derniers supporters présents, mon Pote Patrice qui me filme et le speaker encore bien actif à cette heure tardive. Accueil chaleureux sur la ligne d’arrivée en tant que dernier de l’UTBV 82 km et félicitations émouvantes des serres files qui semblent très sincères de finir avec moi cette course. Ils m’apprennent que l’année dernière, retardés par des abandons, ils n’avaient pas eu le temps de rattraper le dernier. Chose faite cette année ! ils sont heureux de finir avec moi sous l’arche et ils sont chaudement félicités également par le speaker. 

Je suis très heureux !  Soudain, le speaker vient vers moi pour m’interviewer … et là je reconnais Ugo FERRARI le « duc de Savoie » célèbre traileur élite français que je connais bien par sa présence active sur les réseaux sociaux ! Être interviewé par un personnage haut en couleur comme lui m’enchante au plus haut point. Belle cerise sur le gâteau ! Il a l’air d’avoir moins de gouaille que sur ses vidéos. 

Autre cerise sur le gâteau ; l’organisateur de l’UTBV qui nous avait fait le speech de départ le matin vient m’offrir un cadeau en main propre en tant que dernier arrivé officiel de l’UTBV !!! J’ai le droit à un panier garni, une grande bouteille de bière et un trophée !!! Je suis estomaqué ! 

Pour finir, il me demande gentiment ainsi qu’à Louise (dossard 126) encore présente sur la ligne d’arrivée et qui s’est finalement fait doublée par Justine (dossard 109) lors d’un sprint final, de prendre une PHOTO officielle de nous 2 pour mettre dans un POST spécial UTBV sur les réseaux sociaux. Nous posons en tant que dernier masculin officiel et dernière féminine officielle UTBV 82 km. ! 

Incroyable arrivée filmée par mon pote Patrice qui se marre et qui est aux anges pour moi. Je dirais avec malice à mon entourage quelques jours plus tard après la course que désormais je souhaite toujours finir DERNIER de tous mes trails ! Toute proportion gardée, ce type d’arrivée fait écho en parallèle aux derniers arrivés de la Diagonale des fous (Grand RAID réunionnais) accueillis comme des rois par l’Orga et les 1ers de la course ! 

MERCI à l’ORGANISATION DE l’UTBV pour ce FINISH d’anthologie qui restera longtemps en mémoire pour ma petite personne. 

 

FINISHER UTBV 82 Km 2025 = 15H52 = 185ème sur 185 arrivés classés Finishers : la 1ère fois que je finis dernier, + 15 DNF finalement peu nombreux par rapport à la dureté de ce beau trail mais le climat aujourd’hui était idéal = 8 degrés Celsius au départ pour 20°C au plus haut de la journée sans pluie et sans vent. 

 

Mes impressions de fin de course :

-        Très heureux d’être FINISHER … je n’y croyais pas beaucoup en début de course lors des 3 premières BH bien serrées !

-        Déçu de ne pas finir avec Patrice mais EXTREMEMENT RECONNAISSANT à son égard pour l’assistance 5 étoiles qu’il m’a offerte.  MERCI mon Patrice !!!

-        Heureusement que j’étais bien préparé à part peut être un manque de travail de dénivelé dû à mes blessures ; 

o   CARDIO = TOP,

o   MUSCULAIREMENT = TB mais quadris fusillés,

o   PAS d’AMPOULES, merci Salomon speed cross avec une pointure de plus et son laçage commando,

o   Blessure MOLLET KO = puis OK après massages,

o   HANCHE DROITE = grosse belle surprise = pas de douleur – mon strapp préventif de hanche à l’élastoplasme m’a sauvé,

o   J’ai bien conservé face à l’adversité mon MENTAL d’ultratraileur = le même que sur le TRAIL DES CITADELLES, bon point ! 

o   Un état de fait = mes FAIBLESSES manifestes désormais en CAP, mon allure de course à travailler,  

o   Des sentiers techniques et de bien bonnes montées sur cet ultra (D+ 3 800 m) mais mon renforcement musculaire sérieux et actif m’a fourni pour la course de bien bonnes papattes toniques = bonne surprise, 

o   Une APONEVROSE plantaire le lendemain au pied gauche qui disparait assez vite. Pourtant aucune douleur pendant l’ultra trail.  

o   Genoux ok 

o   Quelques brûlures à l’entrejambe malgré la crème NOKE à cause des frottements. 

-        Climat TOP ! = frais + soleil + pas de pluie. 

-        Est-ce que je continue le TRAIL long après 55 ans ? vaste sujet. Je suis M4M.. A débattre mais la BARJO me fait de l’œil en juin 2026  ;)  

-        Mon expérience de « vieux briscard du Trail » m’aide bien mieux que ma foulée trop lente en CAP.

-        Massages BIOFREEZE et VOLTARENE efficaces = Merci Patrice. 

Vive le TRAIL ! 

 Shoto

2 commentaires

Commentaire de Bacchus posté le 14-10-2025 à 23:32:05

Bravo pour ta perf !! j'ai déjà abandonné parce que j'étais dernier, il ne faut pas
Je connais bien ce trail pour l'avoir fait.
55 ans c'est jeune, tu as peut être croisé un doyen qui ne fait plus que la moitié depuis quelques années.
Vive le trail !!

Commentaire de Shoto posté le 15-10-2025 à 20:34:29

Merci Bacchus pour ton message. L’UTBV est un beau trail. Je reviendrai aussi probablement aussi pour une distance plus courte. La région est vraiment belle.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

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