L'auteur : poucet
La course : Le 1000 du Sud
Date : 7/9/2025
Lieu : Cotignac (Var)
Affichage : 225 vues
Distance : 1000km
Objectif : Pas d'objectif
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Pas d'autre récit pour cette course.

1000 du Sud 2025 by Poucet
En Septembre 2024 Sophie avait annoncé que ce serait la dernière édition du 1000 du Sud, ce qui avait jeté la consternation parmi les participants et les habitués. Et puis finalement elle s'est ravisé pour nous proposer une 16ème édition avec le soutien actif de nos amis allemands, fidèles depuis toujours à cette épreuve pionnière, belle, rustique et authentique, où la difficulté des parcours renouvelés chaque année n'a d'égale que la convivialité qui y règne … . Le 1000 du Sud est unique, c'est là que j'ai vécu mes premiers frissons à vélo, je me devais d'y être. Mais la décision n'a pas été facile a prendre car le nouveau timing proposé par Sophie (départ le Dimanche soir ou le Lundi matin) m'obligeait a renoncer à ma casquette de bénévole chez les copains du Trail du Haut Koenigsbourg.
C'est ainsi que Samedi 6 Septembre j'ai pris la route pour Cotignac avec Pascal Bridou (Monsieur 100% MDS) et Alex Cyclotrailer, accro depuis qu'il à découvert l'épreuve en 2020 …
Je n'étais plus venu à Cotignac depuis 2022. Rejoindre le camp de base c'est déjà un petit bout de l’aventure. Tout au bout de cette minuscule route défoncée qui se faufile entre les grands pins, Bernard et Sophie ont aménagé un lieu unique où le cyclo au long cours dispose de toutes les installations nécessaires pour manger, dormir et se préparer tranquillement, bercé par le chant des cigales. J'y ai retrouvé nos hôtes avec plaisir, les habitués français également, quelques petits nouveaux aussi. Et puis bien sûr les amis allemands, majoritaires comme d'habitude, qui cette année ont largement mis la main à la pâte pour aider Sophie dans la préparation. Ils ont assurés comme des chefs à la popote.


En dépit de ma préférence naturelle pour les départs matinaux, j’avais pour une fois choisi de prendre le départ à 20h car il devait me permettre de faire l’ascension du Ventoux au petit matin. C'est exactement ce qui c’est passé après une nuit relativement douce, illuminée par une Lune ronde et joueuse qui nous a offert un lac de Ste Croix sublimé par la magie de ses reflets à la surface. Puis qui s'est fendu d’un superbe clin d'œil le temps d’une éclipse. Les petites routes qui cajolent les collines de Haute Provence et s'invitent au cœur des villages endormis nous ont permis de rentrer à pas de velours dans une 16èm édition promise à de bien belles chatouilles.
Je me suis présenté au pied du Ventoux alors que la nuit enveloppait encore Sault, pour défier le Géant de Provence par la voie la plus accessible. La pente n’y est pas trop sévère mais c'est là que le marchand de sable m’a rattrapé. Sous un abri de pierres, un banc providentiel m’attendait pour quelques minutes de sommeil réparateur.
Le jour pointait lorsque je suis sorti de la forêt au niveau du Chalet Reynard. Alors j’ai pu profiter de la fin de l’ascension comme j’en avais rêvé, sur une route déserte et dans un calme absolu. Seuls les moutons ont pu sourire à me voir mouliner comme un malade en serrant les fesses pour passer discrètement devant les deux énormes patous encore endormis.
Tout la haut j’ai pris le temps d’enfiler quelques couches avant de plonger dans la longue descente sur Malaucène. J'ai perdu un peu trop de temps à mon goût dans la seule boulangerie ouverte, prise d’assaut par les autochtones et les derniers touristes.


La remontée de l'Ouvèze m’a rappelé Les Routes Blanches et le bistrot salvateur posé devant le joli pont de pierre à la sortie de Mollans. Les petits cols se sont enchaînés ensuite, toujours dans des paysages enchanteurs, sur des routes secondaires inconnues des bagnoles. Mais je m’y suis traîné, avec des guiboles bien mollassonnes.
C’était le cagna lorsque je suis enfin arrivé à la supérette de Rémuzat pour y casser la graine, comme prévu. Et prendre des nouvelles des copains Alex et Patrice que je devais retrouver pour la nuit. Dans le Diois, au pays des noyers, j'ai reconnu quelques petites routes empruntées lors d’un super séjour CCK dans le Vercors organisé par Bridou. La météo s’est progressivement dégradée ensuite, le ciel s’est assombri, il faisait presque nuit lorsque je suis arrivé péniblement au Col de Menée. De l’autre côté du tunnel il faisait très froid et la bruine s’est incrusté la dessus. Les 25 km pour descendre jusqu'à Clelles m’ont paru interminables. C'est là que j’avais dégoté un studio Airbnb où Alex et Patrice étaient déjà installés depuis belle lurette. D’ailleurs tout au long de la descente mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer dans ma poche arrière. Je me doutais bien que les copains s’inquiétaient de ne pas me voir arriver mais c’était vraiment trop compliqué de stopper , d’enlever les gants et tout le binz pour répondre. Arrivé le premier Alex avait eu le temps de faire les courses et de préparer les pâtes. C'est Patrice qui a été le moins chanceux avec la météo, il s’est pris l’orage et est arrivé rincé. J'ai fait durer le plaisir sous la douche et j’en ai profité pour faire une petite lessive Puis j’ai englouti mon assiette de pâtes avant de glisser sous la couette pour rédiger mon petit blabla Facebook pendant que les copains fleuretaient déjà avec Morphée.
Quelques heures de sommeil plus tard, le trio était d’attaque pour attaquer la seconde journée sous une légère bruine. La poisse n’avait pas abandonné Patrice qui a trouvé son vélo à plat sur le balcon. Pour ne pas rester en reste ma lessive s’est échappé quand j’ai voulu l’étendre sur ma sacoche arrière et mon beau maillot blanc 1000 du Sud est retombé sur la chaîne du vélo. Pfff, mais quel maladroit ce Poucet. Un peu remonté par ce mauvais coup du sort, j’ai déguerpi le premier. Après avoir réparé les cocos m’ont rapidement rattrapé dans la longue bosse en direction de Mens.

Le lac du Sautet commençait à se dessiner au sortir de la nuit lorsqu'un phare est venu m’éclairer par l’arrière. Après une grosse étape la veille au cours de laquelle nous nous sommes croisés plusieurs fois, David Desmet avait dormi à Mens et repartait sur un bon rythme. Le temps d’échanger nos impressions sur ce début de randonnée et il s’éloignait déjà sur la longue ligne droite toute plate après Pellefol. Le 1000 du Sud passe régulièrement à cet endroit, ce n'est clairement pas celui que je préfère. Bref, j’ai retrouvé David un peu plus tard, sur l’autre rive, à l'heure du pointage à Ambel. A la sortie du village c'est Alex qui réparait sa roue . C'est donc lui qui a pris le relais sur le sujet poisse, avec 3 crevaisons dans la journée !!! Mais bon, vu le niveau du gaillard, ces péripéties ne l'empêchent pas d’arriver le premier chaque soir.
Au fil des heures l’éclaircie a pris ses aises et nous avons pu passer la tenue estivale. Après une cinquantaine de bornes, la petite épicerie de Chauffayer tombait à pic pour soulager nos estomacs. Alex y a même trouvé une pompe à pied pour regonfler sa roue.
Nous sommes rentrés dans le Champsaur pour grimper vers Ancelle et le très beau col de Moissieres ou j’ai à nouveau retrouvé David. Pour ne pas changer nous avons parlé plan bouffe, l’objectif étant de rejoindre Chorges pour faire la pause de midi. Je me voyais bien y engloutir un énorme sandwich au pain frais. Manque de bol, la boulangerie venait de fermer lorsque je suis arrivé et il a fallu se rabattre sur le Vival local. Ce fut le dernier moment partagé avec David car il était décidé à s’arrêter le soir à Mollines en Queyras, avant Agnel, alors que mon plan de route m’envoyait bien plus loin, sur le versant italien.
Pas le temps de tergiverser donc, je suis reparti rapidement vers la redoutable côte de St Apollinaire. Heureusement, les points de vue sur le lac de Serre-Ponçon sont une formidable récompense. A Embrun j’ai craqué devant la première boulangerie ouverte. Ce n’était probablement pas indispensable, mais l’envie était trop forte, je rêvais de flan depuis trop longtemps et je m'en suis offert deux parts. Du coup j’étais au taquet pour affronter les radada en direction de Guillestre. J’avais découvert cette petite route et l’expression il y a quelques années, lors de mon dernier passage sur le DFU avec une petite délégation CCK. Manala doit s’en souvenir.

Par contre je n’étais jamais passé dans Guillestre, Sophie nous a offert le petit détour pour le même prix. C'est très joli, mais purée qu’est ce que ça grimpe !!! Bridou nous avait promis du vent contraire la vallée du Guil, mais finalement nous l’avions favorable. Quelle heureuse surprise, je n’ai pas réclamé.
Le ciel s'est assombri à l’approche du col, une petite bruine s'est invitée, j’ai dû allumer les lampes à deux km du sommet. J'ai enfilé toute ma garde robe avant de basculer sur le versant italien bien déglingué, dans un brouillard épais. Purée, là je ne faisais pas le mariole. C'est vraiment très raide et on n’y voyait rien. Je ne sais pas si je serais encore capable de le grimper par ce versant. Quel soulagement d’arriver à Chianale où j’avais séjourné quelques semaines plus tôt lors du rando trail autour du Viso avec mon ami Fafa. De là il n'y avait plus qu'à se laisser glisser dans la vallée jusqu'à Melle où j’avais réservé une piaule. Marietta mon hôte italienne m’attendait sur le pas de la porte. Les deux costauds qui avaient eu le temps de faire une pause dans un restau sont arrivés quelques minutes plus tard, avec une escalope milanaise dans les poches à mon intention. Trop bien … La nuit fut à nouveau courte, mais réparatrice.
Nous sommes repartis en descente alors que l’Italie sommeillait encore. Dans la nuit encore profonde la vigilance était de mise pour ne pas s'égarer sur une longue section tarabiscotée à travers un dédale de chemins agricoles. Enfin ce fut l’effervescence du matin dans les bourgades traversées et les bonnes odeurs de boulangeries. Une petite pause café s’imposait pour affronter maintenant de grands axes avec quelques bouts de pistes cyclables rafistolées au milieu d’une circulation intense. Au pays du beau vélo c'est un peu triste de voir des routes aussi déglinguées et ces “aménagements” cyclables pitoyables. Naviguer aussi longtemps sur le plat en pensant qu'il reste 4600 d+ à se coltiner dans la journée est assez déroutant. Enfin les choses sérieuses ont débuté lorsque nous sommes arrivés au pied du Col de Tende, et là ça n’a plus débranché jusqu'au soir. Nous sommes rentrés dans les 100 km les plus difficiles de la randonnée.


Ce Col de Tende avec son final tout en lacets est vraiment très beau. Le soleil a vainement tenté une apparition avant le sommet. Du coup il ne faisait pas bien chaud la haut. Sur la gauche, on voyait distinctement la route des 46 lacets initialement prévue. Mais celle ci étant toujours en travaux Sophie nous fait redescendre par la Baisse de Peyrefique, un tronçon gravel théoriquement en bon état. En réalité, c'est une ancienne route militaire complètement défoncée qui, en dépit des magnifiques points de vue offert s ne restera pas mon meilleur souvenir. Comme quoi il est toujours possible de faire pire qu’en Italie. J’y ai perdu énormément de temps et lorsque je suis enfin arrivé à Saint Dalmas de Tende j’ai retrouvé Patrice attablé en terrasse .. mais la boulangerie venait de fermer !!! Heureusement il me restait quelques victuailles dans la sacoche. Puis nous avons descendu la très belle vallée de la Roya et la multitude de chantiers toujours en cours pour panser les plaies.

Sous le cagnard, le petit col de Brouis m’a permis basculer sur Sospel. L’orage menaçait, c’était un bon prétexte pour se faire une pause boulangerie avant d’aborder le très long col de Turini. Encore une magnifique ascension. Cette fois j'ai pris le temps d’envoyer un petit message aux copains pour les informer de mon avancée. Il me restait encore à monter la Collemiane, encore une longue ascension que j’ai attaqué de nuit. La route était trempée en haut, un orage de grêle c’était abattu un peu plus tôt mais j'ai échappé au pire. Il me restait 3 petits kilomètres pour descendre jusqu'à qu’a l’auberge de jeunesse réservée à Valdeblore. Une excellente adresse, je suis arrivé sur le coup de 22h et le réceptionniste m’avait gardé au chaud un délicieux et copieux tajine. Et j'ai même pu siroter une pinte qui m'a fait le plus grand bien.
Les prévisions météo étaient exactes, la température était glaciale lorsque nous sommes remontés sur nos vélos dans la nuit pour terminer la très longue descente de la Collemiane. Nous avons bifurqué sur la droite pour passer le petit pont sur la Tinée et attaquer le fabuleux col de la Sinne, découvert dans l’autre sens à l’occasion des Routes Blanches, une aventure déjà partagée avec Patrice. Alors que jusqu'à présent j’avais souvent roulé seul, j’ai commencé à voir pas mal de monde lors de cette longue montée. Et comme par magie le petit village d’Illonse , perché sur la colline, est apparu dans la lumière naissante. Quelques coups de pédales plus tard, nous étions enfin au sommet avec la douce sensation des premiers rayons de soleil. Mais sur l’autre versant c’était à nouveau glacial, à gâcher un peu le plaisir de se laisser glisser dans les extraordinaires gorges du Cians. Heureusement le gros bourg de Puget Thenier , avec sa place animée et ses terrasses bienfaisantes est arrivé à point pour un regroupement gourmand. Ces petits moments qui font baisser la moyenne mais qui font la richesse du vélo au long cours. Nous avons débâché, et chacun a repris son rythme pour enchaîner avec le col St Raphaël.


Le passage étroit par la Clue de St Auban , toujours aussi impressionnant, annonçait l’ultime contrôle au sommet du col St Barnabé. Pas très long celui-là mais rendu compliqué avec le vent de plus en plus sensible. Du coup il fallait même pédaler dans la descente vers Castellane. Quel plaisir sur cette belle route en balcon dominant le lac de Castillon.
J’ai fait une dernière pause à Castellane sur la place du village pour engloutir une pissaladière et un croque monsieur en discutant (en français ) avec un groupe de cyclo anglais, impressionné par notre périple, qui nous avait vus dans l’ascension du Ventoux au premier matin. Nous sommes ressortis de Castellane par une géniale petite route se faufilant le long d’un torrent entre les falaises. C'est à ce moment que 3 avions partis Lundi matin m’ont rattrapé, Miss Eva emmenant dans psa rouel deux garçons à l’ouvrage, en dégageant une impression de facilité hallucinante : instant de grâce !
Le retour vers Cotignac respirait intensément la Provence des poètes. Le vent froid s’est alors ingénié à faire durer le plaisir … J’étais soulagé de bifurquer dans la forêt sur l’ancien chemin de Salernes, enfin abrité d’Eole, pour déguster comme il se doit l’ultime pétard qui nous ramène au camp de base. J'ai terminé à la nuit tombée, un peu avant 21h avec une petite marge de 3h sur le délai de 100 heures (mes prévisions tablaient sur arrivée à 22h). Et l’impression d'avoir moins peiné pour finir que lors de mes précédentes participations.


Les arrivées se sont succédé tout au long de la soirée. Nous avons fait durer le plaisir de ces moments de plaisir partagé, en sirotant quelques bières … Je me suis glissé dans mon sac de couchage, épuisé et incapable d’aligner trois mots pour mon petit CR journalier sur Facebook. Je me suis endormi instantanément !!!
Nous étions 42 au départ, il y a 34 finishers dont un couple allemand qui a roulé sur un tandem. Une première qui a ravi Sophie.
Mon compteur perso pointe aujourd'hui à 8 éditions validées. On peut donc en déduire qu’un Poucet équivaut à ½ Bridou, qui lui en compte 16. Évidemment je n’arriverai jamais à ce score, mais arriver jusqu'à 10 me semble un challenge encore possible.
Merci 1000 fois à Sophie qui entretient la flamme de ce 1000 du Sud à nul autre pareil.



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1 commentaire
Commentaire de philkikou posté le 05-11-2025 à 09:03:33
Ça donne vraiment envie de se plonger dans ton récit, et de suivre cette belle aventure ! Mis dans la liste d’attente ;-)
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