Moi, la première fois de ma vie où j'ai du me forcer grave, c'était la première fois que j'ai couru

J'ai toutes mes sorties dans un tableau Excel que j'ai créé en rentrant de mon tout premier footing (13 minutes sans marcher) en août 2007 et qui comporte malheureusement assez peu d'infos, surtout au début où il n'y a que la date, la distance (extrapolée à l'époque avec google earth) et un chrono approximatif (calculé en relevant l'heure d'arrivée et de départ). Donc impossible de savoir combien de fois je suis parti avec enthousiasme et combien de fois j'ai du me pousser au c...
Depuis une dizaine d'années, il y a un colonne avec un smiley pour dire si c'était bien, moyen ou naze. Il y a du rouge essentiellement sur les courses, du gris sur quelques footings mais sinon c'est 99% de vert. J'aime courir. Du moins, quand je rentre à la maison et que je remplis mon tableau Excel, j'aime écrire que j'ai aimé courir. Mais aime-je vraiment ça ?
En théorie, j'aime. Là ce matin, je n'ai pas couru parce que ce n'est pas raisonnable au vue des sorties déjà effectuées et de celle à venir demain mais j'avais envie.
Je suis pas sûr que j'aurais eu autant envie si j'avais planifié d'y aller.
Et au delà des 1730 sorties runnings répertoriées dans ce tableau, il y a la centaine, le millier, qui sait, peut-être plus, de sorties que je n'ai pas courues. Celle où même en me poussant au fesses, j'ai pas pu.
Celles auxquelles j'ai renoncées par flemme sont infiniment plus nombreuses que celles que je n'ai objectivement pas pu courir pour des raisons de calendrier ou d'état de santé.
J'exclue volontairement la sortie longue du dimanche qui ne m'a presque jamais posé de problème d'envie, notamment parce que je me lève tôt et que je peux laisser défiler les heures, renoncer à la sortie qui nécessite une heure de transport, me rabattre sur un départ tardif.
En semaine, des fois c'est vraiment atroce. Je suis au bureau, je vois l'heure tourner, je sais que je dois partir au plus tard à telle heure de la maison, je me speed pour boucler sans bâcler ce que je suis en train de faire, je parviens au prix d'un effort considérable (la motiv est là) à partir avant la dead line, j'arrive à la casa et là, alors que tout a été mis en place pour que ça le fasse, bah j'ai plus envie.
Une vie entière de négociation avec moi-même...
Souvent, presque toujours, je trouve un fond de carburant de motiv au fond du réservoir pour ouvrir le tiroir à fripes. Quand je tiroir est ouvert, c'est bon, je pars, jamais je ne le referme en disant, finalement non. Et jamais je ne regrette d'avoir pris la décision d'y aller, quelles que soient les conditions. Et d'ailleurs il est rarissime que j'écourte.