L'auteur : Rlan
La course : La Moins'Hard - 70 km
Date : 6/7/2025
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
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Distance : 70km
Objectif : Pas d'objectif
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Cela faisait bien longtemps... C'est peu long et peut être un peu trop personnel mais...
17 heures 11 minutes, les Contamines Monjoies… J’arrive au ravito après une descente de la combe d’Armancette, aussi pluvieuse que rapide avec l’espoir de pouvoir rallier, malgré tout, la ligne d’arrivée… malheureusement, j’apprends immédiatement que la course est neutralisée ici, aux Conta. Pour cause d’orages prévus en soirée, la BH a été avancée à 17:00. Je cherche alors le frangin en espérant ne pas le voir. Mais lui aussi, assit sous un barnum, a été stoppé pour quelques minutes. Avec peut-être plus d’acceptation dans son regard que dans le mien, nous vivons là la fin de notre Montagn’hard 2024…
17 heures 11 minutes, les Contamines Monjoies… je suis au ravito des Conta après quelques descentes de verre de coca, soupe et victuailles en tout genre, bien assisté et motivé par Marielle, et avec la quasi-certitude de pouvoir rallier, malgré Truc et Tricot, la ligne d’arrivée… Je cherche alors le frangin en espérant le voir arriver...
524 160…
Entre ces deux instants vont s’écouler exactement 524 160 minutes ; et parmi elles je ne saurais dire combien passées à ruminer, ressasser l’échec de 2024 ni combien passées à rêvasser aux douces pentes du Joly, aux marches, racines et autres joyeusetés de la montée de tré-la-tête ; Ou à me questionner sur le coût en minutes de l’ascension du Tricot depuis les Miages !? A imaginer mes pas sur la passerelle de Bionnassay et son torrent rugissant au coucher de soleil. Je sais cependant, qu’il m’a fallu que très peu d’entre-elles pour me réinscrire à l’édition 2025. Et que celles du vendredi 4 juillet me séparant de l’heure de notre départ pour Saint Gervais étaient bien plus longues que beaucoup d’autres.
Néanmoins, je peux affirmer que j’en ai utilisé 3 805 pour tenter d’habituer mon corps à l’effort demandé, concentrées pour la plupart entre avril et juin. Finalement, cela ne représente que 0,73% de cette période. Faible score… Mais des minutes, cette année j’en aurais passé bien plus à me plaindre et à tenter – en vain – d’annihiler une blessure au genou droit. En effet, si la Mh24 m’a laissé un petit goût amer, elle m’a offert en guise de dotation du loser, une tendinopathie rotulienne selon certains sachants, ou chondropathie rotulienne selon d’autres. Bref une belle sal.perie !
Alors il a fallu faire des choix et donc, selon l’adage, renoncer. Entre mes deux activités du moment tendres et bienveillantes avec les articulations : alors, trail ou volley ? Le besoin de taper dans la balle et l’esprit d’équipe prend l’avantage… oui bon, les casse-croûtes d’après match ont pesé aussi… Je suis les recommandations du doc et du kiné. J’alterne donc pendant quelques temps, volley et séances de kiné, puis juste séances de kiné… Début décembre, je n’arrive plus à poser le pied par terre. Alors je coupe tout.
La douleur persiste, le besoin de sport augmente… la Mh2025 se rapproche si vite et pourtant s’éloigne….
Début 2025, J’ai pris mon aise sur la chaise d’arbitre et regarde dorénavant, non sans plaisir, mes coéquipiers se défouler avec panache. Aussi, j’ai pris mon inscription pour la Moins’hard 2025. Oui, je garde un petit espoir… et puis le frangin (torchure sur kikourou)e t l’cousin sont ou vont s’inscrire alors bon...! J’effectue une dernière visite chez un spécialiste, qui aura la bonne idée en 30 minutes de me dire tout et son contraire et qui refuse encore de me prescrire des examens plus poussés.
Ça m’gonfle ! J’vais faire comme bon me semble…
Les jours passent, la douleur reste. Je vis avec. Peut-être que je m’y habitue. Dans le doute, je décide de faire quelques petites sorties trail en guise de test. Le genou à l’air de tenir sur de courtes distances alors je pousse un peu plus et me paie même le luxe de reprendre la place de pointu chez les Tamarins (mon équipe de volley). Quelle con.erie ! Cela a le mérite de préciser les choses. Mon articulation semble ne plus accepter les répétitions de courses d’élan, sauts et/ou leur réceptions. Bon pour l’instant il faut mettre une croix sur les attaques lignes… de toute façon elles n’étaient plus aussi efficaces qu’à 20 piges.
Je laisse passer quelques semaines à regarder mon genou dégonfler et appréhende notre coutumier court séjour au ski prévu pour la fin des vacances d’hiver…
Mars et ça repart…
480 minutes, (ça faisait longtemps) c’est à peu près le temps que nous sommes restés à arpenter les pistes de ski plus ou moins douces de la vallée septentrionale au Prarion. Oui nous mangeons du Mont blanc en toutes saisons. Et comme il semblerait que l’activité descente_à_ski_même_à_forte_vitesse soit compatible avec douleur_au_genou_qui_me_casse_les_, et bien je reprends espoir. Et j’envisage même, pourquoi pas, l’élaboration éventuel d’un plan d’entrainement… et comme le hasard semble faire les choses de mieux en mieux, c’est un joli plan d’entrainement offert par l’orga que je retrouve dans mes mails. Je ne le suivrai pas à la lettre mais m’en inspirerai un peu en respectant 4 règles glanées ici et là :
1 – Le ressenti pendant l’effort : ne pas ressentir de douleur plus forte que 2/3 sur 10
2 – Le ressenti après l’effort : ne pas ressentir de douleur les jours suivants la séance (ou alors très très faible)
3 – Le gonflement après l’effort : pas d’enflement les jours qui suivent
Si l’une de ces règles n’est pas respectée alors il faut réduire la cadence…
La 4ème règle concerne la densité des sorties : L’année dernière, j’avais opté pour des sorties longues et pour certaines très riches en d+. Avec 2 grosses échéances : le trail des 3 couvents en avril ainsi que les coursières des Monts du Lyonnais (version 50km) en mai. Un mois de juin choc. Tout cela plus du volley non-stop égale tendinomachin…
Cette année je vais plutôt essayer de me mettre dans la peau d’un berger (j’ai eu cette image, je ne sais pas pourquoi.) qui, tous les jours, fait et refait le même parcours. Pour rejoindre son troupeau, je l’imagine gravir et descendre régulièrement quelques centaines de mètres ou bien voguer de pâturages en pâturages sur quelques km. Je défini alors 2 tracés à côté de chez moi. Le premier « profil plat » de 10 km et 384 md+, l’autre de 7 km et 600md+ (près de St Etienne, pour avoir un tel % il n’y a guère que la montée du saut du Gier jusqu’au crêt de la Perdrix). Ce tracé à l’avantage de correspondre à peu près au profil de la Mh.
Ainsi je vais répéter et alterner le plus souvent possible ces petites sorties (2 à 3 par semaine) tout en respectant scrupuleusement les 3 premières règles. Parfois, j’ajoute une voir deux montées supplémentaires quand je vois que le genou tient. En juin, je fini par une semaine choc de 70km et 5800 md+ (!?)… J’avoue qu’à cet instant la règle N°2 n’est pas respectée. L’enchainement des séances lors de cette semaine me font chauffer les genoux. Une douleur apparait lors des descentes et persiste les jours suivants. Mais cela est très largement soutenable et je me dis qu’il restera 3 semaines pour remettre tout cela en bonne état.
Au total, j’ai conquis 26 fois le sommet de la Perdrix (pour ne voir qu’une seule fois le Mont blanc !) et une bonne quinzaine de séances sur « profil plat » (une seule rando/course de 30 km)
Je passe d’une moyenne de 18km et 980md+ par sortie en 2024 à 10km et 650 md+ en 2025 pour le même nombre de séances. Représentant une durée de 0.73% d’année donc. Pas très rapide, je ne ferais jamais mieux que 1:10 sur le parcours “plat” et 1:13 sur l’autre.
J’essaye aussi pendant cette période de mettre en place des moments de renforcement musculaire. Pas simple… Cependant, je m’impose systématiquement un étirement après chaque séance et je vois clairement l’effet positif sur la récupération.
Le bilan de cette période d’entrainement est bon. La douleur au genou n’a pas disparu mais je sais maintenant comment m’y adapter. Du coup, j’ai aussi pu prendre place, quand cela était possible, au poste de libéro dans mon équipe. Ça tombe bien j’adore ça. J’ai modifié légèrement ma foulé pour essayer d’être le moins possible en extension totale de ma jambe droite. Et réduis par la même la longueur des pas. Le tout en me remémorant les conseils de M. Blanchard : « en montée, il faut être radin et choisir la ligne qui te fera le moins possible lever la jambe. »
Le point noir, reste la blessure du cousin qui remet en cause sa participation à la Mh.
En parlant de Montagn’hard, ça doit bien faire 5 bonnes minutes que vous lisez ce CR et je n’en ai toujours pas parlé…
26 615 minutes. C’est exactement le temps passé à regarder... le temps passer. Soit ~7 fois mon volume d’entrainement. Marrant ces chiffres. Pour fêter l’été, on s’offre une dernière sortie familiale au saut du Gier en mode pic-nique/glace. C’est très agréable de partager ce lieu. Chaque segment du parcours a dorénavant un petit nom que je dévoile à mes proches. La canicule s’installe. J’essaie tant bien que mal de m’hydrater correctement. Je profite des soirées douces pour faire, en famille parfois, quelques randos nocturnes, afin de tester le matos et dégourdir les jambes. Les derniers jours, j’avais prévu tout un protocole de massages et soins en tout genre des genoux. Chaleur, manque de temps ? Je ne le mettrais jamais en application. Et pourtant, malgré ce temps de repos, mes genoux me font de plus en plus mal. Douleurs psychosomatiques à l’approche de l’échéance ? ça ne serait pas la première fois. 3 jours avant la course, profitant de la relative fraicheur du crépuscule, je fais un dernier 10km dans le but d’activer la surcompensation…
La Montagn’hard ? Qu’est-ce donc ?
Pour beaucoup, la Mh c’est une course de montagne, proposant l’un des plus forts pourcentages de dénivelé. Pour la Moins’hard on nous propose 73km et 5600 md+/-. Profitant de ses bientôt 20 ans d’existence et bien chouchouté par des bénévoles toujours bienveillants on pourrait s’y sentir comme à la maison. Elle a tout d’une course à taille humaine, dans un cadre idyllique aux paysages gargantuesques.
5 juillet...
Avancé de 60 minutes, c’est à 6:00 que la version Moins’hard 2025 débute. Comme d’habitude, après avoir trouvé une place de parking proche des Chattrix nous nous dirigeons vers le centre du petit village de Saint Nicolas de Véroce, juste à temps pour le briefing. Le frangin, malgré une préparation difficile, est là pour en découdre. Nous sommes accompagnés au départ par nos parents, fidèles supporteurs. Le reste de la troupe se préserve pour notre arrivée tardive ! (et il serait bien temps qu’on y arrive !!!!). Le cousin prend part aux festivités aussi malgré sa cheville en vrac. Positionnés en milieu de peloton, le check effectué, on attend sagement le Go qui ne tarde pas à arriver. En tout simplicité, à l’image de la course, nous nous élançons dans un silence relatif. Personne n’ose trop la ramener… j’imagine que tout le monde pense aux 1400 md+ qui nous attendent d’entrer de jeu.
Pour ma part, j’essaie de rester en milieu de peloton quitte à relancer fort dans les quelques portions planes du début de tracé. Très vite nous bifurquons à gauche dans un pré. Les choses sérieuses commencent. Seb me double, je ne le reverrai pas avant les crêtes du Joly. Il a décidé de faire les 21 premiers km alors je pense qu’il va se faire plaisir et tout donner dans la première ascension. J’imagine mon frère pas très loin derrière. Je me focalise sur mes premières sensations et malheureusement elles ne sont pas bonnes. Une piquée sous la rotule droite me questionne. Si j’ai déjà mal ici, comment cela va-t-il évoluer plus tard ? Alors je gamberge. J’en oublie presque les paysages qui se dévoilent tout autour. La pente se raidie. J’essaie donc de mettre en application les différents conseils. Je fais de petites foulées en essayant de ne pas trop tendre mes jambes. Je découpe mentalement cette première difficulté par rapport à mes terrains d’entrainement. C’est bien simple, ici je dois réaliser deux ascensions du crêt de la Perdrix plus la partie sommitale en bonus. Je m’appuie sur les minutes qui défilent pour définir où j’en suis topographiquement. Les calculs occupent l’esprits et invisibilisent un peu les drè_dans_l’pentu qui se succèdent. Juste avant l’Epaule, je ressens la douleur présente sous la rotule se diffuser le long de mon tibia… pour totalement disparaitre. Etrange. Mais il ne faut pas rêver… les mollets chauffent, les cuisses aussi. Le Joly m’a bouffé toute mon énergie. On arrive en haut avec Fab dans le même temps que l’année dernière. 1h55 environ. Mais lui comme moi sommes déjà bien épuisés.
Ça va être long !
Je décide de ranger mes battons pour cette partie roulante estimant à tort que la seule force des jambes me permettra de passer les bosses ainsi que l’aiguille croche. J’ai laissé un peu de force inutilement. On rattrape Seb qui préfère descendre doucement. La peur d’aggraver sa blessure et l’idée de gâcher ses futures vacances prend le dessus.
La descente du mont Joly me déçoit. Le chemin emprunté est dégueulasse. De plus le sentier en balcon qui s’était effondré l’année dernière est refait à coup de minipelle ! Espérons que la nature reprenne vite le dessus. Je prends un peu de distance avec le frangin qui justement a souhaité un peu upgrader le coin. On bouffe de la poussière dans cette partie. Heureusement qu’elle se termine par un magnifique sous-bois à quelques pas du premier ravito à l’étape.
3h50 pour réaliser ces premiers 21km. Je suis pile dans mes temps. Les genoux ne sont pas plus douloureux que lors de mes entrainements. Je prends ! Cependant, je suis totalement carbo. L’année dernière j’en avais encore sous l’pied ici ! Alors je décide de prendre le temps, de bien me restaurer. J’englouti tout ce qui me passe sous la main, bois toutes sortes de breuvages, rempli d’eau les flasques et de bonbons les poches. Fab me rejoint suivi quelques minutes plus tard par Seb qui a l’air de souffrir un peu. Commençant à me refroidir, je les abandonne. J’ai passé 15 minutes aux stands. Un record pour moi qui d’habitude préfère couper court.
Je me réjouis à l’idée de la petite section qui se profile. Non seulement car il s’agit certainement d’un des plus beaux singles en sous-bois du tracé. Mais surtout, au bout, nous attendent l’ensemble de nos supporteurs, normalement… Le sentier est englouti avec la banane au sens propre comme au figuré, mais la fatigue me tombe dessus dès en être sortis. Je me raccroche à l’idée de voir mes proches pour finir cette descente. J’approche de la route qui mène à Notre-Dame de la Gorge. Tient ? Pas de bruit, pas de sifflement. Peut-être sont-ils plus loin, sous la fraicheur des arbres ? Je commence à marcher sur le plat. Je suis dans le dur… groggy, sans lucidité. C’est une petite voix qui me réveil. « Papa !!! » Je ne sais plus laquelle de mes puces crie. Je les vois tous arriver un par un en courant à toute berzingue ! Quel plaisir ! Fab ne tarde pas à me rejoindre et me confirme que Seb préfère abandonner. Certainement une sage décision. Je suis cuit. J’ai chaud. Je sais que ce qui nous attend ensuite est très difficile. Perdu dans mes doutes, j’en oublie mes proches et leurs paroles. Les minutes passent. On repart à deux sans grand espoir, en marchant le long du torrent, redoutant l’inévitable montée du signal. L’année dernière j’avais failli abandonner dans ses premiers lacets. Ce qui m’avait sauvé ? Quelques bonbecs chipés à l’étape, trainant dans ma poche.
Le corps humain est étrange. Je ne sais pas trop comment cela fonctionne. Je ne suis certainement pas le seul à être confronter à ce phénomène : Le mur. Plus de jambe, la panne sèche. Plus de jus ! Généralement pour moi il survient au bout de 30 km d’effort. Mais ici avec le dénivelé il est venu beaucoup plus tôt, comme un coup de massue. J’en avais fait l’expérience l’année dernière alors j’ai pris les devants. Je me suis goinfré de friandises au pied de l’obstacle dans l’espoir que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette section est, elle aussi, magnifique. Sous les arbres, la chaleur ne nous atteint pas, ou très peu. Le rythme n’est pas folichon, il faut bien l’avouer. Mais l’essentiel est d’avancer… On nous double régulièrement. Ce n’est pas important. Non ce qui l’est, c’est sortir de cette léthargie, de passer ce fameux mur. Oui ! J’le connais le phénomène. Et ce qui se cache derrière, si tout se passe comme prévu, est assez réjouissant.
A la lisière du bois, nous débouchons sur une piste ensoleillée. Heureusement, une légère brise viendra épisodiquement adoucir la chaleur méridienne. Les forces semblent revenir, les douleurs stagnent… Un sentier en balcon, puis un chemin à dameuse nous emmène enfin au ravito du Signal. 1h50 pour ce segment. Le contraste avec l’édition précédente est saisissant. La pluie battante à laisser place au bac à eau. On se mouille toujours mais on sait pourquoi ! J’y croise des kikous et notamment Bubulle qui prend des nouvelles. Je lui explique ne pas craindre la suite ayant remarqué un gros cumulus juste au-dessus de la combe que nous allons devoir grimper… A mesure que j’engloutie les mets à disposition, le sourire revient. Fabien silencieux semble lui toujours dubitatif.
A la sortie du ravito, je sens mon corps changer de filière ou du moins trouver enfin son rythme de croisière. La vue au loin de la combe au-dessus de laquelle s’amoncellent de jolis nuages blancs ne m’inquiète pas plus que ça. Il faut aussi dire que, pour cette édition, il n’y aura pas cette satanée gadoue extrêmement glissante. Très vite, je bascule dans le beaufortin et son paysage un peu plus sauvage. Seul le barrage de la Girotte et son faible niveau me ramène les pieds sur terre. Peu importe, le sentier est comme toujours somptueux tout en balcon traversant de gros pierriers. Fab me suivant de quelques lacets, nous approchons du col de la Fenêtre. Les bâtons sont vite rangés dans le carquois. L'envie d’en découdre avec cette descente se fait forte. Les premiers rochers sont avalés tout en sautant, glissant ou dérapant. Il est temps de mettre en œuvre ce qui a été travaillé aux entrainements. Car si les grimpettes de la Perdrix vous forment cuisseaux et mollets, les descentes elles, à 70% dans des pierriers, graviers, dalles, chiras, font bosser la technicité. Bon, la plaisanterie fut de courte durée. Quelques torsions de chevilles ainsi que le vacarme soudain d’un hélico manœuvrant spectaculairement pour atterrir sur un promontoire rocheux, m’ont vite rappelé à l’ordre. J'opte pour la manière douce. Bref, j’arrête les con.eries et rejoins tranquillement le ravito de Nant Borrant. Le Frangin me suit de quelques minutes mais la tête elle semble toujours ailleurs. Comme aux précédents ravitos, je m’alimente et bois abondamment pendant un petit quart d’heure. Je quitte les lieux après 7h51 de course. Pointage identique à 2024 à la minute près. La suite ? Un slalom entre randonneurs et vttistes qui ont toujours un mot d’encouragement pour nous. On pique à droite direction la Laya où attendent, détendus, nos supporters. Seb aussi est là. Tout sourire, il semble avoir tourné la page, une petite sieste aidant surement. Quelle chance avons-nous de pouvoir nous resourcer auprès de nos proches ! Je me sens bien, mais nous avons baisser en altitude et les grosses marches de tré la tête dans cette chaleur m’inquiète un peu. Des bisous échangés avec Marielle et mes deux chipies ainsi que les nombreux encouragements me redonnent de l’élans. Fab ne tarde pas à repartir lui aussi. Dans cette montée technique je mets en œuvre pleinement les conseils glanés sur internet. Être radin. Je m’imagine alors sur mon vieux Lapierre, là où n’importe quel tout-suspendu passerait droit en force, le semi-rigide nécessite de trouver une ligne plus douce. Avant j’aurais tenté d’enjamber les difficultés. Aujourd’hui, je vois bien la différence. Je serpente à petit pas, scrutant les aspérités, racines, slalomant entre les pierres. Cela devient presque un jeu. Parfois je zieute aussi la forêt pour voir si cette année un loup n'aurait pas l'envie de me couper la route. L'expérience fut vécue l’année dernière ici-même par une participante me précédant. Sans rencontre fortuite, nous atteignons le refuge de tré-la-tête ainsi que son bacha. On refait le plein puis direction Armancette, sa combe mais avant, son inteerrrminable sentier en balcon qui cette fois ne le fut pas tant que ça. L'expérience a du bon. Le chemin, au début est en plein cagnard mais ça ne me gêne pas. De temp en temps on traverse des zones arborées rafraichissantes. On double quelques coureurs et promeneurs, Fabien toujours dans ma roue. Il me semble avoir papoter avec Bacchus juste avant les nombreux lacets de la combe. Avec assurance, Je dévisse, règle et revisse mes léki. Je ne m’inquiète pas pour mon frère qui semble un peu distancé. Je sais qu’il apprécie cette descente et qu’il me rattrapera bien avant les premiers hameaux des Contamines.
Sur cette portion, je rattrape et double une dizaine de coureurs en majorité au dossard noir sur le point de d’atteindre leur mi-course. A la sortie de la forêt, c'est sur un bitume aussi neuf qu’ardant que l’on rejoint le centre des contamines. Il y a un peu d’air dans la vallée. Mais cela ne m’empêche pas de passer le plus possible à gauche de la chaussé afin de profiter au maximum de la moindre ombre. Dans ce faux plat aux odeurs d’essence et diesel la marche rapide a remplacé le footing.
Repensant à l’année écoulée, l’émotion me submerge. Si nous avions déjà la quasi-certitude que la course irait à son terme sans risque météorologique, rien ne me garantissait d’arriver aussi loin. A ce moment-là de la course et tout comme vous, cela fait bien longtemps que je n’ai plus entendu parler de mes genoux. Mieux, c’est l’ensemble de mon corps qui est au vert. Aucune douleur, aucune gêne et cela depuis de nombreux km. Je suis encore dans mes chaussures comme dans des chaussons. Même les quadris qui viennent pourtant d’encaisser 800d- sur la dernière section me laisse tranquille. Alors que mes yeux troublés aperçoivent au loin les barnums du ravito, ce sont des voix familières qui me redonne instantanément l’envie de courir. Après quelques mots échangés avec eux, je demande à Marielle de m'accompagner dans le ravito afin de partager cet instant mais ça, vous le savez déjà. J'ai 30 minutes d’avance et je compte bien en profiter. Vrai moment privilégié où le doute portant sur mes blessures à fait place aux craintes vis à vis de la chaleur et des difficultés à venir. Marielle saura trouver les mots justes pour les dissiper. J’en profite pour faire quelques étirements, la machine semble apte pour le travail. Le ventre repu, nous retournons attendre l’arrivé de Fabien à l’entrée du ravito auprès des nôtres. Les miss, comme bien souvent, font les fofolles. Il est bientôt 17 heures 11 minutes...
...
Et le reste de la course me direz-vous ?
Et bien le reste de la course, il faut le vivre pour le comprendre pleinement...
Mais ce que je peux vous dire tout de même :
Marielle et moi avons partagé les premiers grapillas de la montée du Truc. L'un des plus beaux souvenir de cette course.
J'ai continué tout en zigzaguant sur une bonne partie du chemin forestier au pourcentage bien élevé, jusqu’à trouver mon rythme de croisière, assez soutenu il faut le dire. Tout cela dans la fraicheur des sapins et du soleil tombant. Comme me l’avait prédit Marielle.
J'ai crié un énorme Oh p*tain ! en voyant les lacets du Tricot juste avant de basculer sur les Miages
J'ai enfin eu des nouvelles de Fabien, qui a préféré bifurquer sur le 50 km... Accompagné par Seb !
J’ai pris une énorme respiration à 18:22 signant le début de l’ascension du Tricot.
J’ai parodié Rocky, les bras ouverts à 19:22, fêtant l’arrivé au col. J’apprendrais plus tard que mes deux acolytes termineront leur course au même moment.
J’ai découvert les crêtes du Vorassay et y est rencontré trois Kikous un peu dans le dur à cet instant. (Benman, ewi et xsbgv de mémoire)
Un peu plus bas, la passerelle de Bionnassay fut mienne. Seul propriétaire des lieux, heureux, je suis resté un instant appuyé contre le câble à admirer le torrent et ses sources “éternelles”.
Je me suis offert quelques centaines de mètre de rabe oubliant mes bâtons au ravito de Bellevue.
J'ai savouré chaque virage dans la descente bucolique suivante
J'ai bien regardé à droite à Bionnassay devant la pancarte indiquant la séparation des deux grands parcours.
J'ai profité le plus possible de la nuit tombante, de ses ombres, des paysages montagneux aux seuls sommets encore scintillants.
Je me suis délecté d’une bonne bière bien fraiche offerte par un groupe d’étudiante au Champel
J'ai roté la bière tout le long de la montée à la sortie du hameau sans aucun regret.
J’ai ronchonné quand il a fallu grimper un peu dans le hameau de la Gruvaz.
J’ai remercié chacun des petits torrents ou bacha dans lesquels j’ai plongé ma casquette ou la tête entière.
J’ai pris mon temps et un énorme plaisir dans l’ascension finale, tout à la frontale.
Comme d'autres, de tous niveaux confondus, j’ai vécu la surprenante et paradoxale mélancolie des derniers mètres actant la fin de cette aventure.
Enfin j’ai eu cette chance, de partager mon arrivée et son cocktail d’émotions en compagnie des miens.
Vous l’aurez compris j’ai eu le bonheur de vivre cette course et ses 1 069 minutes de la plus belle des façons avec en prime une énorme dose de confiance en soi ; Véritable thérapie.
Alors si vous me demandez à moi ce qu’est La Montagn’hard ? Je vous dirais qu’en plus de tout cela, la Mh c’est surtout un week-end en famille avec, l’expertise des éditions passées aidant, une routine bien établie. Réservation du chalet, élaboration des menus, du trajet, répartition des courses, récupération des dossards, cuissons des pâtes, patates/patates douces… tout cela est réalisé avec efficacité, aussi vite qu’un copier-coller. Ce sont les nombreux éclats de rire, les regards souvent tournés vers les pics enneigés. Ce sont aussi les pipis_de_la_peur et le stress qui monte inévitablement le vendredi soir. C’est aussi la rando (parfois) douloureuse du dimanche ou chaque pas nous rappel notre folie de la veille. La chafouinerie quand il faut dire aurevoir et merci, à tous ceux qui nous ont suivi dans cette aventure et à ce paysage quand on a la chance de l’apercevoir une dernière fois dans les rétros sur la route de Combloux.
C’est la certitude des très bons souvenirs ancrés dans les yeux des petites cousines et leur transmission du goût pour les choses simples.
La Montagn’hard, c’est un peu comme un bonbon Arlequin que l’on déguste patiemment pour en savourer chaque aspect.
Encore merci pour ces moments partagés
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