Récit de la course : Bretzel Ultra Tri - 24 heures Run 2025, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Bretzel Ultra Tri - 24 heures Run

Date : 27/6/2025

Lieu : Colmar (Haut-Rhin)

Affichage : 100 vues

Distance : 175km

Objectif : Faire un temps

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Entrée en circadie - 1er 24H, objectif 170km

Le royaume de la circadie m’était encore étranger. Ce pays où les coureurs tournent en rond par paquets de 24 heures est peuplé de d’adeptes de l’ultra. 24 heures, 48 heures ou bien plus, il n’y a pas de limite mais mieux vaut y entrer par la petite porte, par la durée reine, celle d’un cycle complet d’une journée.

 

Une « petite » course

Les épreuves de 24 heures, même si elles existent depuis bien longtemps, ne se sont pas légion. Disséminées aux quatre coins de l’hexagone, il y en a cependant une pas loin, à Colmar, cachée dans la myriade de formats proposés par le Bretzel Ultra Tri, une compétition à destination des ultra-triathlètes. Le 24h run fait office de « petite » course sur cet évènement où les concurrents enchaînent les Ironmans comme d’autres les footings souples.

Je me suis inscrit dès décembre pour cette course de début juillet et je l’ai intégré dans mon programme 2025. Mes courses du 1er semestre feront office d’entraînement avec juste en plus un zeste de sorties longues biens placées durant des après-midis caniculaires dans l’espoir d’une acclimatation à la chaleur estivale.

Tout va bien ou presque. Je n’ai plus ma douleur de pied post UTMB Alsace mais une bursite de la taille d’une grosse bille a fait son apparition sur ma rotule droite. Pas de douleur, pas de contre-indication de mon médecin, juste le genou de quasimodo. Espérons que 24 heures de balade ne vont pas amplifier la chose.

 

Camping

Le départ est donné un vendredi à midi pour une arrivée … samedi midi, bravo vous avez tout compris. 1440 minutes sur un circuit de 1330 mètres à partager avec quelques ultra-triathlètes. Je me rends en train à la gare de Colmar (non sans mal, évidemment) où Joseph, déjà circadien sur cette même épreuve il y a 3 ans, me récupère.

Sur place, des tentes, des tonnelles partout. En effet, certaines épreuves s’étalent sur jusqu’à 10 jours (Déca-triathlon, Déca-marathon) et des équipes du monde entier ont fait de ce morceau de Colmar leur coin de villégiature. Joseph a ramené ses tente et tonnelle perso, il est accompagné d’Alexia et son fils qui vont nous supporter 24 heures durant, quel courage ! De mon côté j’ai juste ramené ma chaise de camping et une petite glacière pour les arrêts ravitos maisons.

 

Objectif 170km

On est bien en avance et après la récupération du dossard, on fait un tour de ce circuit qu’on va bientôt apprendre à connaître par cœur. Il est majoritairement à l’ombre à cette heure avec juste un aller-retour vers un cône en plein soleil. L’unique ravito se résume à peu de chose mais j’espère qu’il y aura un peu de renouvellement dans les choses proposées une fois le départ de notre course donné.

Un petit briefing d’avant-course explique à la vingtaine de coureurs que nous sommes les différentes subtilités de l’épreuve et de l’organisation. Ambiance bon-enfant même si l’un ou l’autre n’est pas venu pour trier des lentilles. Pour ma part, après moulte tergiversations, j’ai décidé de partir sur un objectif de 170km. C’est principalement la chaleur qui m’a fait descendre mon objectif irréaliste de 200km vers 180 puis 170. Comme souvent, un petit tableau va m’accompagner. J’y ai noté la dégression de mon allure par palier de 2 heures. Je vais partir à 7:06 pour terminer à 10:00.

 

Déjà 1km d’avance

Dernier check à Joseph, bonne chance. Même si on ne courra pas ensemble, on va forcément se croiser et se recroiser. Je pars à une allure un peu plus rapide que prévu mais peu importe, mon cardio est très bas et me ralentir d’avantage serait peut-être même contre-productif. Je me laisse donc aller aux alentours de 6:40 tout en m’imposant une minute de marche toutes les 9 minutes. Sans faire exprès, ce timing correspondra à peu de chose à mon temps au tour.

Au bout de 2 heures, pause de 5 minutes, Alexia est aux petits soins et s’occupe notamment de nos flasques et gourdes. Il fait chaud et l’hydratation n’est pas à prendre à la légère. Ma bursite a gonflé et semble vouloir sortir de mon genou. C’est aussi impressionnant qu’indolore, j’en rigole et repars sans stress d’autant que j’ai déjà 1km d’avance sur mon planning.

 

6 premières heures, RAS

Sur le parcours il y a également Stéphanie venue pour son ultra-triathlète de compagnon. Il est sur un triple Day (Un Ironman par jour durant 3 jours) et spoiler, il va gagner et re-spoiler, il va battre le record du monde de la discipline … Waow, juste waow. Stéphanie a la gentillesse de me partager sa bassine d’éponge, quel bonheur. Je me douche littéralement à chaque passage en plus des brumisateurs en place que je ne louperai pour rien au monde. Je ne souffre pas vraiment de la chaleur mais mon sort en serait tout autre sans ces rafraichissements.

Les 6 premières heures, RAS. La 6ème heure est aussi l’occasion d’une pause plus longue à notre campement. 10 minutes pour manger un de mes sandwichs à la viande de grison accompagné d’un Orangina encore frais, un délice. Tout va bien, c’est le quart de la course et je sais aussi que les températures vont descendre tout doucement à présent. J’ai plus de 2km d’avance malgré un passage express aux toilettes. J’ai hâte de rentrer dans la nuit pour une nouvelle ambiance.

 

4ème

Mon allure décline doucement mais je cours toujours un peu plus vite que mes prévisions. J’ai pris deux tours à Joseph qui me demande si je ne vais pas trop vite. En fait, je n’en sais rien mais les 170km d’objectif ont un peu été définis au doigt mouillé. Mes allures programmées ne sortent pas d’une fine analyse métabolique mais plutôt d’un jugement, un peu hasardeux, d’un circadien débutant. Je peux aussi bien être dans le vrai que dans le tout faux ! Pour l’instant j’avance et ce qui est pris, est pris.

Le petit écran du classement live installé au ravito me donne une 4ème place. Considérant les quelques fusées qui me dépassent régulièrement et qui donc me prennent des tours, il faudra un accident de parcours majeur au trio de tête pour que je puisse m’y incruster. Il reste 18 heures de course, tout peut arriver mais pour l’instant la vérité est ailleurs.

 

Joseph

Après 10 heures de course, la nuit s’installe. Le parcours est éclairé par des lanternes qui, ça s’entend, dérangent quelque peu les chouettes de la forêt autour de laquelle nous tournons. Une ambiance particulière s’installe alors que pointe la moitié de mon aventure. J’ai 3km d’avance à ce stade et aucune douleur ni lassitude même si je sens poindre un début de mal pour m’alimenter. Je connais que trop cette sensation et commence à me forcer à manger à minima.

Joseph fait la gueule. Il a des maux au ventre et a encore plus de mal que moi. Il s’est très peu repos, je demande à Alexia de lui conseiller un arrêt pour aussi reposer l’estomac que l’on ballote dans tous les sens. Je le croise devant notre campement, assis, se massant le ventre, tout ça n’est pas bon signe. C’est un objectif important pour lui, il faut qu’il tienne le coup, qu’il reprenne. De mon côté ça trottine pas trop mal mais j’ai hâte d’arriver à mon nouvel arrêt de 10 minutes, celui des 12 heures.

 

Avancer, c’est ça l’important

Je m’installe enfin dans mon siège, je suis dans le mal, mon bout de sandwich ne descend pas. Quelques chips ou fruits secs feront l’affaire, je l’espère. Je dégomme mon dernier Orangina mais difficilement. Dans l’ultra il y a des hauts et des bas, je sais où je me trouve en ce moment et espère que ça passera au plus vite. Je me lève courbaturé et repars à la marche avant de retrouver une petite allure. J’ai fait 95km et suis toujours en avance, bientôt la barre des 100 !

Joseph est à l’arrêt, couché dans la tente, je suis vraiment désolé pour lui. Ça me fout un coup au moral, j’en chie un peu et me poser un peu plus que les 5 minutes programmées me ferait du bien mais est-ce que je pourrai repartir après ? Je chasse ces pensées négatives et continue, un pied devant l’autre. Je passe les 100km sans même y prêter attention. J’avance à un peu plus de 8:00, pile dans l’allure prévue. Je ne fais plus de gras mais je continue d’avancer, c’est ça l’important.

 

8 heures pour faire 50km

A presque 16 heures, je totalise 120km mais mon état n’est pas très reluisant. Je me reprends en main et fais fonctionner la machine à calcul mental. Il reste 8 heures, 8 heures pour faire 50km et ainsi atteindre mon objectif. J’appuie une dernière fois sur le bouton PACE de ma montre. Ce dernier circuit fera 50km, il faudra donc que j’avance, pauses comprises, à 10:00. Faisable ! Mais oui ! Et les pauses assises se feront toutes les heures et la marche une fois par tour le temps de passer au ravito. Voilà, je suis remotivé ! Go !

Très vite je passe sous les 9:00 de moyenne malgré les pauses et la marche et je peux même espérer faire mieux que 170km. Je vais mieux même si les aliments ont toujours du mal à passer. J’avance vaille que vaille avec pour objectif à court terme, le lever du soleil qui, j’en suis sûr, me donnera un coup de boost. Autre coup de boost, plus inattendu, la rencontre avec le 1er de la course. C’est toi le 1er ? Oui et toi t’es le troisième ! Mais comment tu sais ? Mon frère est 2ème, je le sais !

 

19 heures, 145km, 2ème

Je suis sur le podium, incroyable ! Rien de mieux pour me donner des ailes. Je cours dans la petite montée, là où tout le monde marche et commence à lâcher le premier. Je pousse un peu sur les jambes mais Morgan, le 1er, s’accroche et je le sens qui reste derrière moi, il est en train de m’épuiser à mon propre jeu. Je ravale mon orgueil et finis par lever le pied en lui demandant si son frère est tout aussi tenace. Là, il fait l’erreur de me confier que celui-ci est cuit et m’offre une belle source de motivation pour repartir de plus belle !

Après une nouvelle pause, je repars à la chasse et je retrouve très vite ma proie. Je dépasse un gars qui marche et qui me colle aussitôt doublé. Je refais l’effort dans la montée et il continue de me coller. Pas de doute, c’est lui, le frangin, le 2ème. Je réussie à le distancer et Joseph, de retour de sa sieste, m’aide à avancer pour finalement passer le pointage en 2ème position après 19 heures de courses et 145km.

 

A nouveau 3ème

Cette course poursuite m’a bien entamé et je ne me sens vraiment pas bien. Il fait jour à présent et je suis large dans les temps pour mon objectif de 170km, ça va le faire c’est sûr mais je vais en baver. Je me repose encore un peu avant de repartir… Je demande à Joseph de me laisser, je suis nauséeux et il faut que je gamberge tout seul. Je vais faire un ou deux tours uniquement en marchant, j’en peux plus mais j’avance, un pied devant l’autre.

Mes errances m’auront fait perdre du temps, beaucoup trop de temps. A tel point que voilà à nouveau 3ème ! Comment est-ce possible ? Le frangin est revenu d’entre les morts, incroyable. Joseph me confirme que c’est bien lui. Tout est à recommencer. Je décide tout d’abord de me satisfaire de cette 3ème place avant de retrouver, dans la fameuse montée, le gibier de tout à l’heure ! Je lui tape sur l’épaule et on se regarde en se marrant.

 

2ème pour de bon

On marche un moment ensemble en discutant de la course et de nos exploits passés. Son frère est 1er avec 4 ou 5 tours d’avance, il est inatteignable mais la suite du podium va se jouer entre nous deux. A un moment il décide de trottiner, j’embraye évidemment. J’ai du mal mais il s’arrête très vite et moi je continue. Il est dans le dur et j’en profite pour accélérer un peu, je le distance pour de bon. En passant devant notre ravito, je jette ma flasque à Alexia, désolé, je suis poursuivi.

Je l’ai distancé, il est loin mais en passant au pointage, je suis toujours encore 3ème. Il n’y a qu’une explication, il m’a pris un tour, incroyable ! Je remets donc une couche, je cours sans m’arrêter avec Joseph en mode pacer. Je ne mettrai que 2 tours à retrouver Jonathan, à la marche, cette fois-ci il est cuit définitivement, du moins je l’espère. Je le dépasse mais il ne réagit plus. Je suis 2ème pour de bon car je vais encore lui prendre 2 tours pour assurer définitivement mon classement.

 

La famille et les amis arrivent

22 heures de course, 163km et 2ème. Ça sent bon la fin. Alexia m’a acheté un Orangina et ce fût une fois de plus un bonheur. Je sais aussi que Laetitia ne va pas tarder à arriver avec les enfants, idem pour Fab et Marie-Pier qui vont me rendre la fin d’autant plus facile par leur présence. Je suis aussi large dans les clous pour arriver à 170km et probablement plus. Il est 10h du matin, le pôle est à nouveau animé par les déca et quintuple marathoniens (dont la championne Anaïs Quemener). Encore 2 heures qui ne vont finalement pas être si longues.

La famille et les amis arrivent. Ils sont étonnés de me voir prendre tout mon temps mais les jeux sont faits. J’ai passé les 170 km et je suis bien 2ème. J’emmène les enfants faire un tour en marchant en leur détaillant le parcours avant d’être rejoint par Morgan. On sympathise définitivement en buvant chacun une Tourtel fraîche que Laetitia m’a ramené.

 

175km

La corne de brume signalant les 24 heures va bientôt hurler, on se dirige tous vers la ligne d’arrivée pour clore mon dernier tour et mon 175ème km. Je vais mieux, content d’avoir atteint mon objectif entouré de mes proches avec en prime une 2ème place pour laquelle j’ai bataillé jusqu’au bout.

Une douche et une micro-sieste plus tard, je monte sur la 2ème marche du podium pour la médaille de finisher mais aussi le trophée, un bretzel en bois accompagné d’un gilet à capuche aux couleurs de l’évènement. J’ai du mal à marcher mais quelle belle journée !

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