L'auteur : pixou
La course : Wildstrubel by UTMB - 113 km
Date : 19/9/2025
Lieu : Crans-Montana (Suisse)
Affichage : 203 vues
Distance : 113km
Objectif : Terminer
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La Wildstrubel 110 est ma deuxième grande course alpine de l'année, courue dans l'idée de faire de beaux parcours et de glaner quelques stones, le tout pas trop loin de chez moi (Grenoble).
Au déjeuner, ma compagne me dit gentiment: Essaie de dormir un peu avant le départ, t'as quelques cernes quand même... Le ton est donné (pour le lecteur qui n'aurait pas encore deviné, non, ma compagne ne me fait pas d'assistance sur mes courses, et regarde ma pratique comme une addiction pas trop grave).
Je pars avec ma 2nd couche, mais j'ai vite un peu chaud, je transpire au bout de quelques kms alors que c'est le début de la nuit et il ne doit pas faire plus de 15 degrés. Ca avance fort quand même dans ce premier sas, faudrait peut-être que je me calme. Tout ça, c'est la faute de mon index UTMB trop élevé, parce que je fais un trail court près de chez moi (le très sympa Grenoble-Vizille), sur lequel je fais 600 d'index, mais en fait je ne vaux pas vraiment plus de 500-520 sur un 100k ou 100M. Bref.
On arrive au 1er ravito (liquide), dans une étable tres sympathique. Ca sent le fromage au fond, c'est suisse c'est très propre.
On enchaîne avec une descente bien longue vers Leukerbad où on retrouve la ville et un super ravito dans un gymnase. Je me dis super parce qu'il y a de la place, plein de choix, des toilettes nickels, du bouillon avec beaucoup de vermicelles... Bref je me goinfre. J'ai commencé à sentir un peu mes jambes en arrivant, alors qu'on est qu'au debut, ça promet.
Et effectivement la promesse de mauvais moment se réalise rapidement, avec un sacré mur (plus intéressant, même de nuit, que celui de Verbier) dont on voit le sommet grâce a une maison qui semble accrochée au bord du précipice. Un phare dans la nuit avec de petites loupiotes qui y grimpent péniblement. Comme moi. Je me traîne, je ronchonne, je pause, je me fais doubler copieusement. C'est même plus en mode tranquille, plutôt début de naufrage. C'est long. J'arrive à me hisser sur les gros cailloux (encore une fois la falaise est très chouette, c'est courant en trail ce mélange particulier de nausée et de beauté stupéfiante de la montagne). Enfin, à 200m du ravito, mon estomac se libère d'un gros poids et je perds à peu près toute mon alimentation et hydratation des dernières 2h. Vomir me donne un petit coup de boost au moral, je me dis que ca va régler le pb. Bon du coup je ne prends pas grand chose au ravito hein, je ne fais pas trop le malin.
C'est reparti pour la looongue descente vers la patinoire de Kandersteg, où je ne suis pas encore fringuant mais je tiens à peu près le rythme maintenant (forcement, je suis avec des gens moins forts maintenant que 200 gugus me sont passés devant).
Je rejoins enfin le depart de la Wild 70 faite il y a 2 ans: ça me rassure, il n'y a "plus qu'à" faire ce que j'ai déjà fait... Bref, montée dans les alpages puis dans la caillasse vers Bunderschrinde (à vos souhaits !), j'aime bien la fin alpine et le début de la descente de l'autre côté, qui fait un peu peur mais pas trop non plus. Je suis un peu rassuré par ma forme correcte, j'ai l'impression que ça va le faire en mode "papy sait terminer un trail même dans un mauvais jour". Le lever du soleil avec les sommets et les quelques glaciers est superbe. Je vois aussi sur LiveTrail que je gagne quelques places, vanitas vanitatum tout ca, mais bon ça aide.
Arrivée à Adelboden, base vie: j'ai décidé de me changer a minima (t-shirt et chaussettes seulement), je suis relativement content de mes nouvelles chaussures sur cette distances (ultra glide 3), toute molle mais enfin je n'ai pas d'ampoule et pas trop mal aux pieds. Quoique ça commence à faire mal au genou droit (pas le même qu'à la X-alpine, je ne sais pas si c'est rassurant ou pas). Bref, j'avale un petit plat de pâtes, mon seul apport solide depuis ma mauvaise digestion, je bois, j'écoute un coureur se plaindre à son assistant qu'il ne lui a pas préparé ses sushis comme il le voulait, et ça repart pour la portion la moins intéressante je pense du parcours, des alpages et chemins larges le long de pistes de ski.
A Lenk, c'est un peu le dernier contact avec la civilisation avant Crans-Montana. On fait la descente vers Lenk avec une nana qui s'est fait une cheville au début mais qui avance mieux que moi. Elle rigole qu'elle ne peut pas abandonner car ça lui prendrait plus de temps de revenir en bus qu'à pied. Bref on est tous un peu fébriles avant le dernier gros morceau.
Montée dans le vert jusqu'a Iffigenalp, puis c'est du brutal... J'ai gardé un mauvais souvenir de 2023 de cette montée, j'y vais assez tranquillement sans prendre beaucoup de plaisir. J'ai pas beaucoup d'énergie, je ne mange quasiment rien de solide, je brûle ma graisse et un peu de coca de chaque ravito. Bien sûr je serai encore plus lent que 2 ans auparavant, mais bon j'avais 40km de moins dans les jambes. Derniers 200m en croisant ceux qui descendent, on arrive enfin au sommet. Un hélico atterrit pour apporter de l'eau et "redescendre le droniste" qui a dû faire de belles images de la tête de course tout à l'heure en économisant du kéro... L'hélico va aussi servir à descendre un coureur assis qui reçoit de l'aide de secouristes à 50m du refuge. Comme à chaque ravito, je ne m'attarde pas vraiment, je remplis juste une flasque.
Dans la descente, tour à tour technique, roulante, technique puis roulante, quelques chiens fous en pleine forme me doublent comme des balles, mais sinon je suis plutôt dans le flow. Je souffre du genou droit, y a pas de débat là dessus, le mieux que je puisse faire est d'essayer de penser à autre chose. Un coureur me demande si moins de 22h est jouable, je rigole en disant que moins de 23 sera déjà pas mal. Sauf qu'il est parti 10 min après moi et qu'il a nettement plus de jambes. Il me souhaite bon courage et part devant (il a eu bien raison). A partir du bas de la descente vers le barrage je me bouge les fesses et me remets a trottiner.
Dans les kms suivants le barrage, ça remonte parfois un peu mais c'est toujours très roulant. On passe une belle passerelle au dessus du vide, puis c'est le bisse du Ro bien connu. J'avance fort, j'ai envie d'en finir et les jambes suivent, je ne prends pas le temps de sortir ma frontale et je lève un peu les pieds pour éviter les racines. Arrivé à Crans-Montana, dans les 50 derniers mètres, je sens un coureur qui arrive dans mon dos et qui va essayer de me doubler. Ahh mec no way, ça va pas se passer comme cela. Je mets les gaz. Mais il me reprend progressivement quand même... J'essaye de lutter, il va me bouffer, pourquoi il me fait ça là maintenant ? Finalement il me fait un grand sourire et me tend la main pour qu'on arrive ensemble sur la ligne, je le connais pas, on n'a pas couru ensemble mais pourquoi pas, je ne sais plus trop.
22h07, 7min de plus qu'estimé, on va dire que c'est pas mal. Je n'ai pas pris beaucoup de plaisir sur cette course en réalité, même s'il y a toujours des instants magiques hors du temps. Quand on est mal et qu'on souffre dans ces montées interminables, on donnerait beaucoup pour être dans son canapé avec une pizza et une bière. Et puis on s'arrête 30 sec et on lève le nez et voilà.
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1 commentaire
Commentaire de Benman posté le 29-09-2025 à 17:24:07
C'est agréable de lire ce récit avec une pizza et une bière+ des sushis bien préparés ;-)
Les photos du Rawill sont chouettes. Lors de la 1ère édition, j'avais fait toute cette partie de nuit en mode zombie, et n'avais absolument rien vu ni imaginé. En fait c'est beau!
Par contre, à Adelboden, as tu réalisé que tu as foulé les alpages d'une piste de coupe du monde de descente? en pensant à ça, tu peux dire que tu es passé de la "portion la moins intéressante je pense du parcours", à une portion mythique foulée par les plus grands champions... ça se vent mieux sur Insta.
Bravo sinon pour ta course et la précision suisse de ta prévision.
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