Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - 180 Xtrem 2025, par Grego On The Run

L'auteur : Grego On The Run

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 180 Xtrem

Date : 18/7/2025

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 207 vues

Distance : 174.6km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Pour le récit avec photos c'est à cette adresse : https://firstquartilerunners.wordpress.com/2025/07/24/recit-ut4m-160xtrem-2025/

Deuxième Xtrem160 après mon abandon à Rioupéroux l’année dernière, à la suite de cette descente infernale de 1300 mètres. Cette fois, je suis allé au bout, et franchement, je n’ai pas regretté les cols qui ont été shuntés par l’organisation en raison des conditions climatiques prévues le samedi.
Départ ce vendredi 18 juillet 2025 en plein cagnard : ce fut pour moi très dur d’entrer dans la course.
Jusqu’à Saint-Nizier-du-Moucherotte, c’est quand même assez coton, je n’ai du tout de sensations. La descente sur Lans-en-Vercors m’a permis de reprendre du tonus : la forme est enfin revenue. Pic Saint-Michel sans problème, descente jusqu’à Saint-Paul sans trop de souci ; je ne sors toujours pas les bâtons à ce moment de la course.


Je ne me souvenais plus, en retrouvant la vallée, qu’il y avait ce petit dos-d’âne (les crêtes de quelque chose, je ne sais plus) avant de passer sous l’autoroute – toujours un grand moment, ce retour vers la civilisation.
Saint-Georges-de-Commiers au km 45 et après 3300 de D+ : constat que j’ai des coups de soleil et un poignet droit qui enfle. Je me suis fait piquer…


Pour la montée de Laffrey, je prends les bâtons pour la première fois, car là, le degré de la pente commence à piquer. Nouvel avatar : j’ai le boxer qui me chauffe à l’aine, on ne s'en rend compte qu'après 55 kms ! Pfuiii. Je dois faire un changement de textile dans le sous-bois style "le satyre du sous bois", devant 3 traileurs (je n'ai vraiment pas de bol au niveau du timing) qui ont la décence de baisser les yeux.


J’arrive à La Morte de nuit (23h12) au km 67 après 5000 mètres de D+. Je prends toujours du salé à TOUS les ravitos. À minima : trois gobelets de coca et au moins deux gamelles bouillon/vermicelle.
Et on attaque le Pas de la Vache : finalement, pas aussi difficile que dans mon souvenir. En fait, ce que je redoute, c’est la grande descente de la mort qui tue de 1300 mètres de D– sur 6 kms (cela pique !) : celle-là est bien aussi difficile que dans mon souvenir, mais là, au moins, je n’ai pas de problème d’électrolytes ou de sel. Ça passe crème ! Youpi !


Rioupéroux à 5h46 au km 88 après 6630 mètres de D+ : je dois voir les médecins de la Croix-Rouge pour leur montrer mon poignet et la piqûre qui suinte le pus. Je m’entends dire par le médecin : « Vous n’êtes pas pressé de repartir ? » Ben… quand même si, c’est une course. Mais je n’ai pas voix au chapitre : "Security first" !
On m’ausculte, on désinfecte, on met un bandage, on me demande de faire revoir la plaie à d’autres médecins sur le parcours. Ensuite, je dois manger, changer de sac, mettre le matos obligatoire… 51 minutes d’arrêt, qui coûtent cher au chrono.


Et puis il fait jour, pour s’élancer sur le KV jusqu’au plateau de l’Arselle qui est de 1100 mètres de D+ sur 5 bornes. Et je prends plaisir dans ce mur. J’aime bien les petites plaques fixées sur les arbres indiquant le D+ : 100 / 200 / 300 etc., jusqu’à 1000 ! Je monte à une vitesse ascensionnelle de 8 minutes par 100 mètres d'ascension. On y est ! Enfin le plateau ! La pluie aussi…
Il faut sortir assez vite la Gore-Tex sur le plateau : la température baisse elle aussi très vite. L’arrêt au ravito, sous la pluie battante, n’est pas très agréable. Et tout d’un coup, des nuées de coureurs investissent le sentier au moment où je décide de repartir. Il s’agit des coureurs des autres courses.


Le soleil revient pour taper très fort. Autant le dire : commence pour moi un chemin de croix.
Pourquoi ? J’ai une Gore-Tex, un surpantalon, le soleil tape comme en plein mois d’août au bord du littoral, et je me fais dépasser par des fusées ! Franchement, je me sens très en décalage. Je dois m’arrêter pour me changer, encore une fois. Et puis, impossible de me relancer sur ces pistes de ski. Franchement, ce n’est pas très beau. Le ravito, complètement engorgé, ressemble à la station Les Halles à Paris aux heures de pointe. Je ressors au plus vite en conservant mon surpantalon… et puis non, je m’arrête encore pour me changer.
La traversée du désert se poursuit sur ce chemin de 4x4, avec des nuées de coureurs qui me dépassent en me disant : « Courage ». Oui, merci… Après le sentier 4x4, vient la route bitumée. Et surtout une pluie diluvienne ! Je dois remettre mon surpantalon en faisant attention de ne pas mouiller mes chaussettes sur la route. Je me contorsionne comme je peux, c’est pathétique. Je passe un sale moment depuis Arselle : je vous le dis, je n’ai pas vu la Croix de Chamrousse, mais c’est moi qui la porte dans le dos !


Pluie très forte dans les petits D+ du parcours, le sentier se transforme en boue : le bonheur, quoi ! Je suis halluciné de voir que certains coureurs n’ont pas mis leur Gore-Tex et participent au concours du T-shirt mouillé.
Arrêt au stand de Pré-Long au km 120 après 9500 mètres de D+, car je dois voir les médecins de la Croix-Rouge (tiens, elle me suit cette histoire de Croix…) pour changer mon bandage au poignet meurtri. J’entends que, sur leur talkie-walkie, un coureur est en état d’hypothermie à 5 km (non, sans blague !! Le gagnant du concours T-shirt mouillé), et qu’il faut aller le chercher illico (et pas en hélico).
Je repars et c’est encore du gribouillage. Je m’arrête pour enlever ma Gore-Tex et mon surpantalon, car le soleil se met à taper très fort. Je n’arrive pas à enquiller 500 mètres sans m’arrêter : pour uriner, pour changer de sac, car quelque chose coule dedans. C’est vraiment poussif, j'ai vraiment le rythme d'un petit vieux. Je me sens seul ! Encore.


Je me remets un peu en selle sur le bitume, pour la traversée de la vallée jusqu’à Saint-Nazaire. Il y a un ravito sauvage avec des enfants : franchement, c’est charmant. Je prends des Haribo qui font du bien au moral.
Le soleil tape fort. Cette route de campagne est assez agréable. Je passe dans des sous-bois très lugubres, et je vois un enfant déguisé en Zorro sur le bas-côté. Il ne bouge pas, j’ai un doute. En m’approchant, la figurine se transforme en sorcière de Blanche-Neige, et finalement je m’aperçois de la supercherie de mon cerveau : il s’agit d’une superposition de planches de bois et de feuillage.
Un super ravito avant de longer la route nationale. Et finalement, la base vie de Saint-Nazaire : il est 18h33, je pointe en 131e position après 135 kms et 9700 mètres de D+. Cela fait donc 34 heures que je suis parti et je n'ai pas dormi 1 minute mais je me sens plutôt pas mal. Je récupère le sac de change, mais je ne me change pas – inutile. Je mange bien salé : des pâtes qui font du bien. Coup de fil à la famille, je prends des barres énergétiques. La pause dure 32 minutes.


Je repars, et je me sens très seul. Il faut encore traverser des lotissements charmants. Et puis une angoisse m’étreint, comme il en existe assez souvent sur un ultra : Est-ce que j’ai bien ma batterie de rechange dans mon sac ??? Car on doit encore passer une nuit, et je n’ai plus le souvenir d’avoir vu la batterie dans mon sac. Et il est trop tard pour revenir en arrière à Saint-Nazaire, qui est à 500 mètres derrière : trop coûteux psychologiquement. Je m’arrête et rechecke : oui, la frontale de rechange est bien dans un petit recoin de mon sac. Quel bonheur d’être soulagé après s’être fait peur ! Cela fait tellement de bien que ça me remet en selle !


On attaque un petit D+ de 300 mètres, puis une longue traversée en sous-bois, jusqu’à devoir rallumer la frontale. C’est la deuxième nuit qui commence, et en principe, je ne reverrai plus le jour d’ici mon arrivée à Grenoble – si je calcule bien.
Deux check-points passés, Les Massons et Réservoirs : je pointe en 126e position à la sortie de celui-ci, à 21h30. Très joli chemin de sous-bois avec un notable raidar assez sympathique. Le Col de Vence se fait attendre, je ne sais pas à quoi il ressemble.


Et puis j’attaque une route bitumée : cela monte très, très sec. Et tout d’un coup, une énorme clameur nous arrache du silence. Il s’agit des coureurs du 20 km, qui sont dans le sens de la descente, au moment où j’atteins le ravito du Col de Vence au km 151 après 10 900 mètres de D+. Il est 23h04.
Une nuée de coureurs hyper fringants déboule à toute allure en direction de Grenoble. J’imagine que leur départ a dû être donné à 23 heures ?


Je reste 15 minutes au ravito pour prendre un plat chaud. Je suis tout seul. Et c’est l’amorce de la descente sur Grenoble… en fait non : il faut monter une piste de 4x4. Elle est super longue, cette montée, je ne comprends pas bien. On doit bien descendre à Grenoble, non ? J’ai même des doutes quant à la bonne direction prise. Je suis sans cesse dépassé par des nuées de coureurs du 20 km.
Enfin, la très longue descente, assez facile, mais je n’ai plus de jambes. C’est fini : mes quadriceps ne soutiennent plus vraiment. Je suis dans l’impossibilité de relancer. Je trottine, puis je marche. Je trottine, puis je marche. La vue sur Grenoble est juste splendide.


Je passe devant une boîte de nuit et j’entends la voix de Dalida : « Mourir sur scène ». Énorme de constater que les jeunes générations reviennent aux classiques. Cela me met en joie. Et quant à moi, je n’ai pas l’intention de "mourir sur un ultra-trail".
Et voilà enfin le plancher des vaches de la ville de Grenoble. Il faut traverser l’Isère, et voici le centre-ville, très animé de coureurs de la course du 20 km, qui n’arrêtent pas de me doubler ou de revenir en contresens car ils ont franchi la ligne.
Sous l’arche d’arrivée, c’est l’encombrement de coureurs du 20 km qui se prennent en photo. Je franchis la ligne dans l’anonymat le plus total à 1 heure du matin et 12 minutes, par la petite porte pour ne pas bousculer ceux qui stationnent sous l’arche. Je suis en 126e position après 40 heures et 10 minutes passés durant l'épreuve.
C’est fini. C’était très très dur. Je ne regrette pas les cols de Freydane ni de Chamechaude. De toute façon, j’aurais été en miettes à l’arrivée. Ce n’est pas si mal, finalement.


Quelques chiffres statistiques :
160 Kms
+11 200 mètres de D+
Finisher en 40 heures 10 minutes
Nombre de coureurs au départ 337 et à l'arrivée 211
Soit un taux d'abandon de 37%
Mon classement au scratch : 126 parmi 211 finishers soit au 60 percentile des finishers et 37 percentile des coureurs au départ.
Mon classement dans ma catégorie 12 ième sur 23 finishers et 37 coureurs au départ soit au 52 percentile des finishers et 32 percentile des coureurs de ma catégorie au départ.

2 commentaires

Commentaire de Benman posté le 25-07-2025 à 13:52:48

Devant la boîte de nuit, t'aurais pu chanter"sans chemise sans pantalon" pour etre dans le thème.

Commentaire de Bacchus posté le 25-07-2025 à 20:27:31

Merci pour ce CR, je plussois au commentaire de Benman

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