L'auteur : vuillerl
La course : TOR330 Tor des Géants
Date : 14/9/2025
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 282 vues
Distance : 330km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
88 autres récits :
🏔️ Une course, un retour aux sources
Participer à cette course — ou plutôt à ce voyage, comme aiment l’appeler les Valdôtains — incarne pour moi bien plus qu’un simple défi sportif. C’est l’expression profonde de mon engagement dans l’ultra-trail, mais aussi une quête personnelle : celle de renouer avec les racines de ma famille, originaires de cette région que je connais à peine. Mis à part un passage éclair lors du TOR Dret en 2023, où j’ai parcouru 80 km entre Gressoney et Oyace avant d’être contraint à l’abandon pour raisons de santé (Covid), je n’ai jamais eu l’occasion de véritablement explorer cette terre.
🧠 Corps prêt, esprit encombré
Sur le plan physique, je suis prêt. Mon entraînement a été conséquent : 3 500 km parcourus et plus de 130 000 mètres de dénivelé positif cumulés sur l’année 2025. Ce volume me donne confiance dans ma capacité à affronter les exigences de la course. En revanche, sur le plan mental, c’est une autre histoire. Des préoccupations personnelles me parasitent, et j’arrive à Courmayeur avec une fatigue accumulée, peu reposé et une dette de sommeil qui me pèse.
🌤️ Conditions météo idéales
La météo s’annonce particulièrement clémente pour cette édition : pas de pluie prévue, ni de jour ni de nuit, et des températures modérées qui devraient faciliter la gestion de l’effort et du matériel.
🕰️ Immersion progressive
Je suis arrivé à Courmayeur deux jours avant le départ, ce qui me permet de m’imprégner de l’atmosphère unique du TOR. Cette immersion est précieuse pour calmer les tensions et me reconnecter à l’esprit de la course.
La veille du départ (J-1), la journée est consacrée à la récupération du dossard et à la traditionnelle pasta party. C’est l’occasion de croiser d’autres participants, dont plusieurs “kikous”, et de partager ce moment de convivialité avant le grand saut.
🏁 Départ à Courmayeur – Dimanche 14 septembre
Le grand jour est arrivé. J’ai la chance de faire partie de la première vague de départ, prévue à 10h. L’ambiance est électrique : Courmayeur est littéralement envahie par les spectateurs, les accompagnants, les bénévoles et les coureurs. Une effervescence palpable, presque irréelle.
C’est la deuxième fois que l’émotion me submerge au départ d’une course. La première remonte à 2018, ici même, lors du départ de la CCC. Ce souvenir me revient avec force, les larmes aux yeux, comme un écho à ce nouveau défi.
⛰️ Premiers kilomètres – Vers le col de l’Arp
Le peloton s’élance dans une montée douce, presque cérémoniale. Après un léger ralentissement dû à l’effet d’entonnoir, le sentier s’élève progressivement. L’ascension est régulière, peu technique, idéale pour s’acclimater à l’environnement alpin. Le décor est déjà somptueux : la vallée s’ouvre devant nous, majestueuse.
Au bout d’un peu plus de deux heures, j’atteins le col de l’Arp. L’ambiance y est chaleureuse : des spectateurs enthousiastes agitent leurs cloches pour encourager les “toristes”. Ce soutien donne des ailes. La descente qui suit est roulante, presque trop facile : il faut résister à la tentation de lâcher les chevaux pour ménager les quadriceps.
🏘️ La Thuile – Premier ravitaillement
L’arrivée à La Thuile (km 19 – 1552 m D+) se fait en 3h28. Les rues sont bondées, l’accueil est incroyable. L’énergie du public donne envie de relancer, mais la sagesse impose la retenue : le chemin est encore long.
🌲 Vers Alto Passo – Changement d’ambiance
La montée suivante s’effectue dans un décor bucolique, presque féerique. Le sentier serpente à travers une forêt ombragée, ponctuée de cascades lointaines. Après un ravitaillement, le paysage se transforme : les arbres laissent place à un univers minéral. Les nuages s’épaississent, un brouillard fin s’installe.
Dans ce pierrier, la vue est saisissante : un lac glaciaire aux teintes froides accentue l’atmosphère austère. Le vent se lève, fort, presque violent, au sommet de l’Alto Passo. La descente qui suit est technique, longue, exigeante. Elle me mène au ravitaillement de Bivacco Zapelli (km 32.7 – 3153 m D+) en 7h23. C’est ici que je ressens pleinement l’entrée dans le TOR : les difficultés sont déjà bien présentes, plus tôt que prévu.
🧗 Col de Crosatie – Ascension brutale
La montée vers le col de Crosatie est redoutable : 700 m de dénivelé positif sur seulement 2.3 km. Une pente abrupte, presque verticale. Pourtant, je parviens à gérer l’effort. À 2800 m d’altitude, le paysage devient aérien, dégagé… mais une tempête nous attend.
Le vent est si violent qu’il arrache ma casquette. Une concurrente devant moi peine à rester debout. Grâce aux cordes fixes installées sur les derniers mètres, nous parvenons à franchir le col. Cette section m’épuise physiquement et mentalement.
🌌 Vers Planaval et Valgrisenche – Premiers signes de fatigue
La descente vers Planaval débute, longeant un lac paisible. Mais le répit est de courte durée : le sentier devient technique, cassant, usant. C’est un véritable chemin de croix pour atteindre le checkpoint suivant. La nuit tombe progressivement, enveloppant les coureurs dans une atmosphère plus introspective.
L’approche de la base de vie de Valgrisenche se fait sur des portions moins intéressantes : routes et chemins sans grand relief. Peu de dénivelé, mais une fatigue bien installée.
🏞️ Courmayeur → Valgrisenche (49 km – 4 200 m D+)
Temps écoulé : 11h45 | Sommeil : 0h00
Après une pause de 45 minutes à Valgrisenche, je me lance dans la deuxième grande section de ce périple. Elle s’annonce redoutable : trois ascensions majeures, dont les deux plus hauts cols du TOR. Une véritable épreuve de fond.
🌌 Col de la Fenêtre – Une nuit minérale
La première montée, celle du col de la Fenêtre, est la plus accessible des trois. L’ascension est régulière, sans difficulté technique majeure. J’apprécie particulièrement ces instants nocturnes, seul sous les étoiles, guidé par le faisceau de ma frontale. Les fanions se révèlent un à un, comme des balises rassurantes dans l’obscurité.
On quitte progressivement les sous-bois pour un décor plus minéral. Le vent se lève, mordant, au sommet du col. Je ne m’attarde pas : la bascule s’impose pour fuir les bourrasques. La descente débute par une portion raide et technique, avec des passages exposés équipés de marches métalliques et de cordes fixes. Puis le sentier devient plus roulant, et je déroule les jambes avec plaisir jusqu’au ravitaillement de Rhêmes-Notre-Dame.
🥣 Rhêmes-Notre-Dame (62.8 km – 5 534 m D+)
Temps de passage : 16h29
Le ravito est installé dans un bâtiment réchauffé. Plusieurs coureurs dorment, affalés sur des bancs, têtes posées sur les tables. L’ambiance est lourde, presque silencieuse. Les corps ont déjà bien souffert. Moi, je me sens encore bien. Je prends le temps de manger, de me réchauffer, avant d’affronter l’un des monstres du parcours : le col Entrelor.
❄️ Col Entrelor – Le mur de la nuit
Dès la sortie, le froid est saisissant. Je m’équipe de mes trois couches, gants inclus. L’ascension débute doucement, dans un style similaire à la précédente. Je suis en forme, j’ai presque trop chaud. Mais rapidement, le terrain devient plus minéral, plus abrupt. Il reste 2.3 km pour 700 m de D+ : je suis confiant, fort de mes précédentes montées.
Mais la pente se durcit. Le vent devient glacial. Je m’enfonce dans un effort solitaire, chaque pas devient une lutte. Des marches métalliques enfoncées dans la roche apparaissent, accompagnées de cordes pour sécuriser le passage. Je pense être au sommet… mais non. Le sentier grimpe encore. C’est interminable. Enfin, j’atteins le col d’Entrelor à 3 002m en pleine nuit, épuisé.
🌄 Descente vers Eaux Rousses – Beauté et épuisement
La descente est similaire à celle du col de Crosatie : technique, longue, et difficile à relancer. Je suis vidé. Le jour se lève, révélant un paysage somptueux : une vallée bordée par les sommets du Grand Paradis, ses neiges éternelles en toile de fond. Des lacs épars ponctuent le décor. Le sentier alterne entre pierres, terre et végétation dense. Magnifique, mais je suis trop fatigué pour en profiter pleinement.
Après avoir longé les lacs, le chemin s’adoucit en entrant dans les sous-bois. J’arrive enfin au ravitaillement d’Eaux Rousses, soulagé d’avoir terminé cette portion. Mais je suis à bout de forces. Le ravito est sommaire, installé sous des tentes, avec une offre alimentaire peu engageante.
🕗 Eaux Rousses (78.2 km – 6 921 m D+)
Temps de passage : 21h58 | Jour 2 – 8h du matin
Cela fait 22 heures que je suis en course, sans sommeil. Je repars pour affronter le toit du TOR : le col du Loson, culminant à 3 299 m. Une montée de 1 700 m de D+ sur 12 km m’attend. Le soleil est éclatant, presque trop. Il tape fort, et je sens mes réserves s’épuiser.
Je tente de dormir à plusieurs reprises, à l’ombre, mais impossible de décrocher mentalement. Je suis vidé. Des coureurs me dépassent. Puis je croise Ludovic, un compagnon de trail rencontré sur le 100 Miles du Sud de France et l’EuskalTrail. On partage nos galères, nos ressentis, et décidons de faire route ensemble.
🪨 Col du Loson – Solidarité et renaissance
L’ascension est lente, pénible. Le pierrier final est long et raide. Mais la vue au sommet est spectaculaire, presque lunaire. Quelle joie d’avoir franchi ce col ! Des locaux nous offrent une bière pour célébrer ce passage. Je l’accepte avec plaisir. Dans ces aventures, le plaisir est une ressource précieuse, presque vitale.
⛰️ Descente vers Cogne – Dernier effort avant la base de vie
Il reste 14 km de descente jusqu’à la base de vie de Cogne. Le sentier est technique, jonché de pierres de toutes tailles. Le soleil tape, le vent rafraîchit : difficile de trouver le bon équilibre vestimentaire. On passe un dernier ravito, puis on poursuit cette interminable descente.
Enfin, on traverse le village de Cogne. L’arrivée à la base de vie est un soulagement immense.
🧭 Valgrisenche → Cogne (104 km – 8 900 m D+)
Temps écoulé : 31h37 | Sommeil cumulé : 15 min
🦶 Pieds meurtris, esprit agité
À la base de vie de Cogne, le constat est sans appel : mes pieds sont en souffrance. Les ampoules ont fait leur apparition, douloureuses et tenaces. Après une douche salvatrice, je me rends chez les podologues. Ils enveloppent mes pieds comme des reliques, dans une opération quasi chirurgicale. Avec Ludovic, on décide de prendre une heure pour dormir… mais le sommeil me fuit. Le stress de ne pas dormir devient lui-même un obstacle. Je reste éveillé, frustré, dans une spirale mentale épuisante.
🌌 Fenêtre de Champorcher – Une ascension sous les étoiles
Après trois heures de pause, nous repartons. Direction la Fenêtre de Champorcher, 1 400 m plus haut. C’est la seule montée de cette section, réputée comme la plus accessible. Pourtant, la fatigue accumulée rend chaque pas plus lourd.
Je demande à Ludo qu’on s’arrête pour dormir un peu. Après quelques centaines de mètres, nous trouvons un coin tranquille pour nous allonger à la belle étoile. Le ciel est dégagé, magnifique. J’arrive à m’assoupir 15 minutes avant qu’une brise fraîche ne me réveille. Le froid s’installe doucement.
Nous reprenons l’ascension. Le sentier est clair, les frontales des autres coureurs dessinent une ligne lumineuse dans la nuit. Je me sens bien, presque apaisé. Ce moment suspendu dans l’obscurité alpine est précieux. À l’approche du col, le vent se renforce, mordant. Je pousse le rythme pour ne pas me laisser envahir par le froid. Les jambes répondent enfin. L’énergie revient. Le col est franchi avec entrain, sans encombre. Un vrai soulagement.
🏞️ Descente vers Rifugio Dondena – Récupération bienvenue
Il reste près de 30 km de descente pour rejoindre la prochaine base de vie. 2 800 m de dénivelé négatif : une opportunité pour relâcher la pression et récupérer avant la section suivante, annoncée comme la plus difficile du TOR.
La descente est fluide, agréable. Nous atteignons le ravitaillement du Rifugio Dondena (125.7 km – 10 500 m D+) en 41h38. Le refuge est chaleureux, accueillant. On me propose un lit dans un dortoir. Nouvelle tentative de repos : je dors 15 minutes, mais impossible de prolonger. Je me lève, vais manger, et retrouve Ludovic près d’un poêle à bois, dans la salle commune. Ce moment de chaleur et de réconfort nous fait du bien.
🌅 Vers Donnas – Retour à la civilisation
La descente continue, sans forcer. Le jour se lève. Nous passons un ravitaillement à Champorcher, puis le paysage change : on se rapproche de la civilisation. Le soleil commence à taper fort, rendant la progression plus exigeante.
Après avoir traversé le village de Bard, nous atteignons Donnas.
Cogne → Donnas (149 km – 11 400 m D+)
Temps écoulé : 49h23 | Sommeil cumulé : 45 min
🍕 Pause urbaine et retour à la chaleur
Après une douche bien méritée à Donnas, nous décidons de casser la routine alimentaire en allant manger dans une pizzeria. Un Sprite bien frais, une ambiance détendue : ce petit luxe fait un bien fou. Puis, retour sur le sentier, avec un passage en ville vers Pont-Saint-Martin, l’occasion de découvrir son célèbre pont historique.
🌡️ Ascension vers Perloz – Sous les vignes et la chaleur
La montée débute par des marches en pierre au-dessus des vignes, dans une chaleur presque tropicale. Malgré cela, la forme revient. On grimpe avec entrain, même sur les portions vertigineuses bordant les falaises. L’arrivée à Perloz est agréable, le village est charmant, le ravitaillement bienvenu.
😴 Micro-sieste et rythme retrouvé
On poursuit l’ascension en quête d’un coin pour une sieste. Comme souvent, on se donne une heure… mais on se réveille au bout de 15 minutes. Pourtant, ça suffit : on grimpe à plus de 600 m/h, les jambes tournent bien. On atteint les 1 000 m de D+ jusqu’à La Sassa sans encombre, en fin de journée, dans un cadre enchanteur. Une bière partagée, le moral est au beau fixe.
🏔️ La Sassa (162.5 km – 13 200 m D+)
Temps de passage : 56h51
🌄 Vers le Rifugio Coda – Mi-course et vent glacial
Direction le refuge Coda, point symbolique de mi-parcours du TOR. L’ascension est régulière mais soutenue, avec des pentes à plus de 20 %. Le soleil se couche, le froid s’installe. On quitte les bois pour un terrain minéral exposé, balayé par le vent. L’arrivée au refuge est un soulagement : une tente chauffée nous accueille.
🧣 Vers La Barma – Fatigue, confusion et lucidité en berne
On s’équipe pour affronter le froid : collant, bonnet, trois couches, gants. La descente est technique, pentue, mais protégée du vent. Après un plateau rocheux, nouvelle montée vers La Barma. La fatigue devient écrasante, la lucidité s’effrite. Il fait proche de zéro, impossible de dormir dehors.
Quand la pente se raidit, je retrouve un peu d’énergie. Je crois reconnaître le parcours… et me persuade un instant d’être en Andorre. Un signe clair du brouillard mental qui m’envahit.
🛏️ La Barma (175.2 km – 14 676 m D+)
Temps de passage : 63h51
Le refuge est saturé, chaotique. Des coureurs épuisés jonchent le sol. Après une longue attente, j’obtiens un lit pour une sieste d’une heure. Je dors 45 minutes, un vrai soulagement. Ludo me rejoint, mais l’ambiance reste pesante. Je suis soulagé de quitter cet endroit.
🌅 Vers Niel – Quatrième lever de soleil et chute brutale
Le soleil se lève pour la quatrième fois depuis le départ. Le rythme est lent, la fraîcheur physique et mentale fait défaut. Le col de Marmontana est modeste mais glacial. Après la bascule, on atteint Lago Chiaro, un ravito planté dans les rochers. Accueil chaleureux, paninis maison : un vrai bonheur.
Puis, une montée raide dans un pierrier : 350 m de D+ sur moins d’un kilomètre. Je grimpe sans bâtons, avec aisance. Le col della Vecchia est franchi. Mais la descente qui suit est interminable. Je subis, je doute, je me pose pour contempler le paysage. Ludovic aussi est à bout. Il pense qu’on passe à côté de notre course. Il n’a pas tort.
🎶 Ravito électro et séparation
Un ravito animé par de la musique électro nous redonne un peu de vie. Mais je suis vidé. Ludo monte en pression, je n’ai plus les ressources pour suivre. Je le laisse partir. Notre duo ne fonctionne plus.
🤕 Chute, appel salvateur et renaissance
Seul, je descends comme un zombie. Et là, je chute : tête la première, cuisse gauche et tibia droit touchés. Je hurle, je suis à bout. Mais ce choc me réveille. J’appelle ma femme. Ses mots me réaniment. Je repars, motivé, presque euphorique. Que cet échange m'a fait du bien, il m'a permis de revenir aux fondements de mon engagement. Ma femme, c'est un peu ma potion magique!
Je tente de recourir, mais une gêne à la cuisse m’inquiète. Je ralentis, traverse les sous-bois, et atteins enfin Niel.
🍽️ Niel (190 km – 16 057 m D+)
Temps de passage : 74h35
Le ravito est installé dans un restaurant agréable, baigné de soleil. Je consulte une médecin pour ma cuisse : paracétamol et conseils pour un massage à Gressoney. Je mange, je me repose, et je repars.
💤 Vers Gressoney – Sieste, ascension et plaisir retrouvé
Je m’offre une sieste de 15 minutes dans l’herbe avant d’attaquer le col de Lazoney : 800 m de D+ sur 3.4 km. C’est raide mais régulier. Puis, une longue descente roulante vers Gressoney. Je cours une grande partie, motivé par l’envie de soigner ma cuisse. Est-ce raisonnable ? Peut-être pas. Mais ça passe. Et surtout, je retrouve du plaisir à courir. Une vraie renaissance.
🏥 Donnas → Gressoney (203.8 km – 15 860 m D+)
Temps écoulé : 79h24 | Sommeil cumulé : 2h00
🛁 Dernier espoir à Gressoney
J’arrive à la base de vie de Gressoney avec un seul objectif en tête : prendre soin de ma cuisse douloureuse. La priorité est claire. Après une douche revigorante, je me rends chez les kinés. L’organisation est chaotique, l’attente interminable. Il me faut près d’une heure avant d’être pris en charge.
Pendant le massage, je m’endors une trentaine de minutes. Ce moment de relâchement, bien que bref, me fait du bien. Les soins prodigués aux pieds, toujours enveloppés comme des reliques, complètent cette parenthèse de récupération. Le kiné est optimiste : avec un bon échauffement, la cuisse pourrait tenir.
🌌 Quatrième nuit – Dernier col, dernier combat
La nuit tombe pour la quatrième fois depuis le départ. Je repars, peu rassuré, pour affronter le col Pinter : 6 km d’ascension à 20 % de pente. Une montée qui promet d’être rude. Je prends mon temps, gère l’effort, et parviens jusqu’au ravitaillement d’Alpenzu Grande. Petite pause pour souffler, reprendre mes esprits. Je repars direction ce nouveau col.
Mais le froid s’installe brutalement. Je décide de redescendre, de faire demi-tour sur une centaine de mètres pour me couvrir davantage au ravito. Et là, tout bascule : ma cuisse se bloque. Je boite, je clopine, chaque pas devient une épreuve. Je m’assois, je respire, j’évalue.
🧠 La décision
Le verdict s’impose, limpide, irrévocable : cette aventure s’arrête ici. Le corps a parlé. L’esprit, malgré sa volonté, doit céder. C’est une décision difficile, mais évidente. Le TOR s’arrête là pour moi.
🏁 Conclusion – Le TOR, jusqu’au bout de soi
Le TOR des Géants ne s’est pas terminé comme je l’avais imaginé. Pas de ligne d’arrivée franchie, pas de médaille autour du cou. Mais ce que j’ai vécu dépasse largement le cadre d’un classement ou d’un chrono.
J’ai parcouru plus de 208 kilomètres, gravi près de 17 500 mètres de dénivelé positif, traversé des vallées majestueuses, affronté des cols hostiles, dormi à la belle étoile, partagé des silences et des sourires avec Ludovic, et surtout, j’ai tenu bon. Jusqu’à ce moment, avant Niel, ou mon manque de fraicheur m'a conduit à faire une erreur fatale, où, à Alpenzu Grande, mon corps a dit stop. Où ma cuisse a bloqué, où la lucidité m’a permis de poser un mot sur ce que je refusais d’admettre : il était temps de s’arrêter.
C’est le point final d’un chapitre intense, où chaque pas m’a rapproché un peu plus de mes limites, et de ce que j’étais venu chercher : un retour aux sources, une immersion totale dans cette terre valdôtaine qui m’est chère, et une confrontation honnête avec moi-même.
Le TOR m’a offert des paysages à couper le souffle, des nuits étoilées gravées dans la mémoire, des ravitaillements improbables dans des refuges perchés, des bières partagées comme des trophées, et des chutes qui m’ont rappelé que l’humilité est la clef de toute aventure.
Je repars sans regret. Avec la certitude que ce voyage, même inachevé, m’a transformé. Et avec l’envie de revenir un jour. Pas pour finir. Mais pour continuer!
Ci-dessous, voici le lien de vidéo associée:
https://youtu.be/0_xp-GZQF1g?si=gGXYVC0yoSNEgJPf
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.04 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
Aucun commentaire
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.