J'ai eu la chance de découvrir, en arrivant vers cinq heures sur la ligne de départ, que mon dossard me permettait d'accéder au deuxième sas. Je ne voulais pas me retrouver à la toute fin du peloton et là, je suis parti à quelques mètres des élites.
L'espoir révélé par une "pôle position" s'est vite estompé: Je ne m'étais pas vraiment remis d'une angine contractée au début de la semaine, je suis parti avec une légère fièvre et un petit mal de gorge que mes trois heures et demi de sommeil n'ont pas arrangés;
Je n'avais pas non plus couru depuis trois semaines à cause d'une succession d'états fébriles; Bref je n'étais pas au mieux.
J'ai couru les vingt-six premiers kilomètres raisonnablement. J'avais emporté avec moi une petite caméra GoPro car j'avais l'ambition de réaliser un petit montage de la course et des paysages sublimes que nous allions traverser. L'accès aux pochettes de mon sac n'étant pas super simple j'ai perdu pas mal de temps à sortir et à ranger la caméra aussitôt que je la trouvais trop encombrante à mon poignet. J'ai aussi eu quelques soucis avec mon dossard que j'ai eu toute les peines du monde à refixer sans épingles après qu'il soit tombé sur la route forestière avant que le jour ne se lève.
Ravitaillement à Peyreleau sans histoire et sans cœur.
L'ascension à la sortie de Peyreleau fut excessivement lente et digne du boulevard périphérique, à Paris, un soir de semaine. On en a profité pour suivre le match "en direct", ce qui ne fut pas sans saveur.
Une vieille tendinite au genou s'est réveillée autour du trente-et-unième kilomètre; L'idée de devoir courir encore plus d'un marathon dans cet état m'a fichu un rude coup au moral.
Je n'ai pas ressorti ma caméra depuis que j'avais quitté le premier ravitaillement, c'était devenu un exercice trop pénible.
Arrivée à Saint-André de Vézines avec une courte avance de trente minutes sur la barrière horaire; Ce n'est pas terrible mais je pense pouvoir largement gérer ce handicap.
J'ai vécu un calvaire après le second ravitaillement, pendant toute la descente vers la Roque-Sainte-Marguerite. j'avançais en titubant sur les sentiers escarpés et le temps qui me séparait de la barrière horaire s'amenuisait. Sur le papier, je disposais de deux heures pour parcourir les cinq kilomètres jusqu'à Pierrefiche. Même en descendant très lentement, je pouvais encore courir sur les pentes douces et je ne ressentais aucune douleur dans les côtes. J'étais confiant. Les quelques coureurs autour de moi avaient les mêmes infos GPS que les miennes; ça devait passer.
J'ai atteint les 50,6km dans les temps mais il n'y avait aucun ravitaillement à cet endroit là. Nous étions encore au milieu des bois et la barrière horaire de Pierrefiche était située au moins trois kilomètres plus haut. voilà, ça c'est terminé comme ça.
Il y avait peut-être moyen de terminer et de franchir la barrière de la ferme du Cade si la descente vers le Monna était, comme on me la dit, plus roulante que celle que je venais de terminer, mais je ne le saurai pas; pas cette année. Je suis déçu. Déçu de ne pas avoir pris suffisamment de marge sur la barrière horaire et déçu que sur une telle course on ne puisse s'appuyer sur une mesure fiable du kilométrage par les organisateurs.
Grosse déception en atteignant, en navette, le site d'arrivée pour accueillir et féliciter le copain qui me précédait dans la course. Tous ces finishers avec leurs grosses médailles et les magnifiques maillots bleu-nuit Adidas; j'avais les boules de m'être arrêté, contraint et forcé, 23km plus tôt.
J'ai beaucoup apprécié l'ambiance du départ et j'ai ressenti un gros frisson en passant entre la haie torches qui illuminaient la cohorte. j'ai trouvé certains passages somptueux et je regrette de ne pas les avoir tous découverts. L'accueil sur les ravitaillements était parfois un peu froid et déshumanisé, ce n'est qu'une perception très subjective mais que j'ai ressenti depuis le retrait des dossards et tout au long de ma trop courte course.
J'ai aussi vu, à Pierrefiche, un type au bord de l'hypothermie sous sa couverture de survie. Il ne portait qu'un t-shirt à manche longue et n'avait emporté avec lui ni seconde couche ni vêtement imperméable parce qu'il pensait sincèrement qu'il n'aurait pas besoin de s'arrêter ! Je n'ose imaginer ce qu'il serait advenu de lui s'il était retenu seul au milieu du parcours après que la nuit soit tombée quelque part entre Pierrefiche et l'arrivée...
en attendant un récit plus détaillé, voici le court film que j'ai pu réalisé pendant les vingt-six premiers kilomètres du parcours :
http://www.ladrauniere.fr/2011/10/un-bout-des-templiers/