Va y avoir beaucoup à écrire...
. Je vois qu'il est un peu difficile de comprendre, au vu du fil, comment cette journée s'est globalement passée pour tous.
En fait, j'ai l'impression d'avoir assisté à une lente décomposition de quasiment tout le monde.
EN pratique, de mon côté, la "boucle Megève" de nuit m'a amené à un choix difficile : poursuivre en m'accrochant, montée par montée (où tout se passait super bien) et descente par descente (où tout mon esprit était focalisé sur le genou gauche). J'ai pas mal hésité à ce premier ravito des Plans et j'ai décidé de m'en tenir à un choix de "raisonnabilité" qui va devoir désormais être celui à avoir.
La suite de la journée aura montré que les idées initialement définitives (plus possible de faire du trail de monttagne, etc.) devront à tous coups être adaptées : moins long, moins "dur" (?), encore plus savoir marcher...bref, faudra évaluer tout ça...
Du coup, arrivé à 4h30 à St-Nicolas après avoir ouvert la longue liste des abandons, je me suis transformé en suiveur avec les deux suiveuses préférées, dont j'ai vécu la vie dans l'envers du décor.
En résumé, la journée s'est écoulée à essayer d'aller tous vous voir...
. Certes, en peu d'endroits finalement : Bionnassay et Miage. Mais nous en avons vu, du monde....c'est assez étonnant.
De mon côté, j'ai fait "le petit chien" à Bionnassay pendant environ 2 heures, à monter sur le parcours, trouver 1 ou 2 kikous, redescendre avec, repartir sur le parcours, retrouver quelqu'un, remplir quelques dizaines de flasques aux ravitos, pendant le passage d'une bonne partie du 130 et de la tête de course du 63. Pour, au final, attendre le passage de mon Raya et descendre environ 200D+ avec lui.
Et, aussi, vivre un peu ce qu'est le quotidien des suiveurs : l'attente. Ainsi, à Bionnassay, ça pelait quand même sa mère...
. Et je ne vous raconte pas l'épique descente en voiture sur la route (faudra que je mentionne dans mon roadbook suiveur que c'est quand même un sacré chantier de monter là-haut).
Et c'est ensuite à Miage que nous avons passé "quelques" heures. Sans oublier quand même qu'il faut y monter....et que c'est quand même une purge, ce chemin de 4x4 à 20% de pente. Pensez-y quand vous verrez vos suiveurs 3 minutes à cet endroit....
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Je n'ai, honnêtement, pas vu passer le temps à Miage. C'est assez étourdissant de voir défiler cette litanie de gens que je "connais" d'une façon ou d'une autre, de discussions longues ou brèves, de remplissages de gourdes et flasques des copains, d'encouragements aux uns et aux autres (Elisabeth et Sophie n'ont pas ménagé leur peine là dessus!). Et aussi la montée (et la descente!) de deux cols du Tricot qui m'a aussi montré que je ne suis peut-être pas tout à fait mort pour le trail, comme je le pensais le matin.
Mais, surtout, j'ai vu le peloton se décomposer lentement au fil des heures. Les "dossards bleus" étient notaamment détruits, littéralement, par cette longue (trop longue) boucle de 5 à 6 heures par les Houches et le Mont Lachat, sans ravito en eau (j'ai cru comprendre que, dans l'urgence, un ravito a finaalement été improvisé vers les Ares). C'est là, je crois, que j'ai commence à comprendre que le 130 allait être une tuerie. Car on n'était alors "que" à Miage (sur le 105 habituel, c'est encore le "début de course").
Et je ne vous raconte même pas ma deuxième montée du Tricot, à la recherche du Raya Perdu, à croiser des dossards dorés (42km) déjà bien lents, des dossards vert (63km) vraiment plus frais du tout....et des dossards bleus (130km) carrément détruits. Et l'attente en haut du Tricot, où personne ne savait combien il pouvait rester en dossards bleus en course à ce point là....et à me demander où pouvait bien être Raya puisque tout le monde me disait qu'il n'y avait quasiment plus de "130".
Et tout à coup le Raya qui surgit de nulle part, en mode "escargot", à 15h48, soit à 27 minutes de la BH. Et moi qui m'apprête à le ramener tranquillement via Miage et la Gruvaz en lui disant que, non, 25 minutes pour descendre, c'est pas possible, qua le BH (16H15), c'est mort. Et l'autre zouave qui....se lance à corps perdu dans la descente. Et moi qui suis pour une deuxième descente de dingue (la première, déjà, derrière Pat et mon Alex, avait été assez météoritique) où je n'ai plus mal nulle part (alors que j'ai quand même dans les 40 bornes et 3000 ou 4000D+ dans les jambes), pour passer cette BH à 3 minutes. Et repartir avec Raya dans le Truc, avec les serre-files au cul....montée qui a quand même vite montré qu'il n'y aurait pas de résurrection du Raya et qu'il était sage d'arrêter et ne pas se lancer, lui tout seul, dans une montée de Tré la Tête qui auraait été le cauchemar des serre-files (ma tête avait envie de l'accompagner.....mais la sagessse imposait de ne pas le faire). Nous avons donc arrêté à La Frasse, au dessus des Contamines....et la bière en terrasse étaait un bonheur dingue. Pour un mec qui avait abandonné à 4h du matin, j'avais toujours les Speedgoat aux pieds depuis 11h du soir la veille....
. Je les ai d'aailleurs retirées au bout de 24 heures, finalement...
Et je découvre ce matin que la nuit a fini de détruire à petit feu les rares survivants (je pense à Antoine et Cheville que j'ai pourant vus parmi les rares en forme à Miage....et où j'apprends qu'ils ont arrêté aux Tappes).
Immense respect pour les survivants : nous allons monter à St-Nicolas et il va encore y avoir plein à voir et rconter. Je vous dirai cela ce soir....ou demain. J'envoie ce message comme ça car y'aa un Raya à raamener!