la problématique de la zone d’affûtage avant une course

Discussions sur des sujets "sérieux" en rapport avec la course à pied.
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Modérateur: Modos

la problématique de la zone d’affûtage avant une course

Messagepar aroche » 31 Jan 2012, 22:16

On parle souvent dans les programmations du célébrissime cycle d'affutage...
Mais que recherche-t-on lorsque l'on s'affute ?
Ce qui suit est comme d'habitude un simple début d'embryon de réponse que le fil de discussion va enrichir , compléter , amender...

La préparation physique est faite de paradoxe ....

La zone d’affutage est cette période où le compétiteur va chercher à préserver ses nouveaux acquis ....tout en réduisant les effets de la fatigue qu'il a accumulées pour atteindre lesdits acquis ...

On l’oublie un peu trop souvent mais l’entrainement assidu peut avoir des effets terriblement négatifs capable de ne jamais atteindre le fameux pic de forme du jour J....
Je pense aux effets sournois de la fatigue accumulée progressivement lorsque l’on ne prend pas quelques précautions .

La zone d’affutage sera donc cette période pendant laquelle se développeront des processus qui vont permettre à l’organisme d'optimiser son potentiel

La zone d’affutage est une période délicate …
Quand la commencer ?
Comment la structurer ?
Quelle réduction des charges pour que l’affutage ne se transforme pas en « désentrainement »

Autant de question essentielles centrées à mon sens sur 3 postulats :

> Le premier postulat :
L’affutage est cette période où l’on va tenter d’éliminer la fatigue accumulée lors des cycles d’entrainements plus ou moins intensifs qui viennent de se terminer

> le deuxième postulat :
L’affutage est en aucun cas le moment pour acquérir des capacités non acquises au préalable !!

> le troisième postulat :
En aucun cas la zone d’affutage ne doit être confondue avec une phase de surcompensation


>>>> petit rappel des paramètres dominants de la charge d’un entrainement
> l’intensité ( elle est maintenue en phase d'affutage)
> le volume (diminution de 40 à 60% en phase d'affutage)
> la fréquence (diminution de 20 à 30% en phase d'affutage)

En zone d’affutage seuls le volume et la fréquence seront ajustés

En effet réduire l’intensité du travail spécifique conduirait à une diminution des performances de l’organisme notamment celles en lien au transport de l’oxygène .
Sans maintien de séquences de haute intensité on ne pourra éviter la chute des adaptations cardiorespiratoire, métabolique et musculaire de l'organisme.
Les séances en haute intensité sont fortement mobilisatrices de la filière des glucides.
Se couper de ces séances c'est , à tous les coups, voir chuter son niveau de captation totale du glucose et cela à cause d'une nette diminution de la sensibilité insulinique
A ceci s'ajoute la coupure de séances à forte intensité déclenchera une baisse significative de la concentration en glycogène des muscles habituellement fortement sollicité (cf travaux de MUJIKA)
.... pas franchement ce qui se fait de mieux pour se préparer à lâcher les chevaux le jour J !!!

On va donc éliminer les effets de la fatigue avec :
1. un volume modérée
pour ma part je diminue de 40 à 60% en moins ce volume , en fonction des intensités de charge que j’ai placé avant cette zone d’affutage , mais aussi en fonction des valeurs des systèmes para et orthosympathique fournis avec les intervalle R-R lorsque je peux les avoir .
2. une diminution des fréquences d’entrainement
perso je passe à une diminution qui va de 20 à 30 % suivant le nombres de séances par jour et par semaine
exemples:
si on est 10 séances hebdomadaires on passera à 7-8 séances
si on est à 4 séances on glissera vers 3 séances

L’australien Iniogo Mujika qui a fait de très nombreux et récents travaux sur la récupération à conclue que cette zone d’affutage peut couvrir une période de 2 à 4 semaines (10 à 28 jours) .

Il a toutefois montré que l’affutage est optimisé si le passage d’un microcycle à forte charge vers celui de l’affutage se fait en progressivité ( voilà pourquoi on n’aborde pas l’affutage sur le principe de rupture d’une surcompensation !!)

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Enfin ne pas penser non plus au miracle !!
Mujika a montré qu’un affutage réussi permettra des améliorations moyennes de la performance de l’ordre de 3% .. et pas 30% !!!!
Lorsqu’on lit ici ou là dans des revues ou sur des sites qu’un bon affutage peut permettre d’exploser ses compteurs ...on est juste dans une information farfelue :roll:

Mais tout cela reste très sommaire , à chacun de s'approprier les nombreuses et passionnantes sources d'information sur le sujet ....

...et puis gardant toujours en tête le principe que nous ne sommes pas des clones, je me garderais bien de vous présenter un ou des modèles de cycle d'affutage , le faire relèverait à mon sens de l'ineptie

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ILLUSTRATION
Voilà juste une modélisation complètement fictive de transition d'un microcycle de préparation spécifique à celui de l'affutage pour un athlète traileur purement imaginaire:

***************************

Contenu du microcycle précédant l'affutage :
> 6 séances hebdomadaires
> avec un volume total : 12h


avec la répartition suivante :
> 1 séance au seuil 1
> 3 séances en dominantes PMA
- soutien
- court
- tempo course long au seuil 2
> 1 séance d'endurance de force
> 1 séance en fat burning


***************************

étape 1 de la zone d'affutage 7 jours
> 5 séances hebdomadaires
> volume total : 8 - 9 h


> 1 séance au seuil 1
> 3 séances en dominantes PMA
- soutien >>réduit de 25% !
- court
- tempo course long >>réduit de 25% !
> 1 séance d'endurance de force >> réduit de 25% !
> 1 séance en fat burning >> retirée du planning !!!!

***************************

étape 2 de la zone d'affutage 7 jours

> 4 séances hebdomadaires
(avec une coupure de surcompensation sur 48h )
> volume total : 6 - 7 h


> 1 séance au seuil 1 >> réduit de 25% !
> 2 séances en dominantes PMA
- soutien >> réduit de 25%!
- court >> réduit de 25%:
- tempo course long >> retirée du planning !!!!
> 1 séance d'endurance de force >> réduit de 25% !!
> 1 séance en fat burning >> retirée du planning !!!!

*************************************************************

(Ce post reçoit des compléments suite à la discussion ci-dessous)
Alain

La principale source d'informations qui a étayé est celle des actes du colloque international de Médecine du sport de St Etienne de décembre 2003
Dernière édition par aroche le 02 Fév 2012, 20:48, édité 15 fois au total.
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Re: la problématique de la zone d’affûtage avant une course

Messagepar Maëlwenn » 31 Jan 2012, 23:26

Voici comment j'ai abordé mes périodes d'affutage jusqu'à présent :

Durée 15j Semaine 1 :
Diminution du volume de 30% de la semaine précédente tout en conservant le nombre de séance.

Semaine 2 : diminution du volume de 20% et en supprimant une séance.

Quant aux exercices je garde tout le qualitatif (VMA, EMA) seul le nombre et la durée des séries sont diminuées.

J'ai lu que l'avis des entraineurs pouvait diverger sur l'intensité pendant cette période d'affutage (par exemple suppression de la VMA pour éviter tout risque de blessure).
Personnellement j'ai toujours continuer à en faire,
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Re: la problématique de la zone d’affûtage avant une course

Messagepar aroche » 01 Fév 2012, 12:03

Maëlwenn a écrit:J'ai lu que l'avis des entraineurs pouvait diverger sur l'intensité pendant cette période d'affutage (par exemple suppression de la VMA pour éviter tout risque de blessure).
Personnellement j'ai toujours continuer à en faire,


Tu as bien fait :D

Je ne connais pas de travaux qui accréditent la thèse d'un risque de blessure accru en phase d'affutage sur une séance de VMA.

En revanche ......
Sans maintien de séquences de haute intensité on ne pourra éviter la chute des adaptations cardiorespiratoire, métabolique et musculaire de l'organisme.

Les séances en haute intensité sont fortement mobilisatrices de la filière des glucides.
Des lors se couper de ces séances c'est , à tous les coups, voir chuter son niveau de captation totale du glucose et cela à cause d'une nette diminution de la sensibilité insulinique .

A cela les travaux de Mujika ont montré une baisse significative de la concentration en glycogène du muscle .... pas franchement ce qui se fait de mieux pour se préparer à lâcher les chevaux le jour J !!!

Enfin je sais bien qu'ici on est entre passionnés de course à pied, trail et autres activités "nature" mais je me permet de vous faire part d'une analyse sur les différences de préparation médico-sportive des équipes de France de foot de 1998 ( vainqueur de la coupe du monde) et celle du fiascot de 2002 ...
L'analyse de Thierry COTTE et Jean Marcel FERRE a montré l'impact positif des situations très intenses menées au cours de la période d'affutage en 1998 (bien évidemment les joueurs n'ont pas gagné la coupe uniquement par les séances de VMA menées à Tignes ou Clairefontaine .... mais une préparation physique est un tout ou rien ne doit être négligé si on recherche a atteindre la meilleure optimisation de son potentiel et/ou de son talent )

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Re: la problématique de la zone d’affûtage avant une course

Messagepar aroche » 02 Fév 2012, 12:15

ILLUSTRATION

Voilà juste une modélisation complètement fictive de transition d'un microcycle de préparation spécifique à celui de l'affutage pour un athlète traileur purement imaginaire:

***************************

Contenu du microcycle précédant l'affutage :
> 6 séances hebdomadaires
> avec un volume total : 12h


avec la répartition suivante :
> 1 séance au seuil 1
> 3 séances en dominantes PMA
- soutien
- court
- tempo course long au seuil 2
> 1 séance d'endurance de force
> 1 séance en fat burning


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étape 1 de la zone d'affutage 7 jours
> 5 séances hebdomadaires
> volume total : 8 - 9 h


> 1 séance au seuil 1
> 3 séances en dominantes PMA
- soutien >>réduit de 25% !
- court
- tempo course long >>réduit de 25% !
> 1 séance d'endurance de force >> réduit de 25% !
> 1 séance en fat burning >> retirée du planning !!!!

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étape 2 de la zone d'affutage 7 jours

> 4 séances hebdomadaires
(avec une coupure de surcompensation sur 48h )
> volume total : 6 - 7 h


> 1 séance au seuil 1 >> réduit de 25% !
> 2 séances en dominantes PMA
- soutien >> réduit de 25%!
- court >> réduit de 25%:
- tempo course long >> retirée du planning !!!!
> 1 séance d'endurance de force >> réduit de 25% !!
> 1 séance en fat burning >> retirée du planning !!!!


Tout cela n'a aucune valeur de "microcycle type" à appliquer à la lettre dans une version "copier/coller" :wink:
Le cadrage de l’affûtage est à pondérer en fonction du niveau d’optimisation de la préparation et de l'analyse des indicateurs croisés permettant d'évaluer le niveau de fatigue résiduelle à éliminer ...
(test HRV, évolution des valeurs des Ruffier, signes subjecfifs des ressentis ....)

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Re: la problématique de la zone d’affûtage avant une course

Messagepar baboun » 02 Fév 2012, 21:36

:D merci beaucoup Aroche pour ton approche de la zone d'affûtage , je me pose toujours des questions les 15 derniers jours avant une course ... toujours peur d'en faire trop ou pas assez .
Sinon pour ma part sur mes deux derniers trails de 43 kms et 53 kms , je n'ai quasiment pas couru la dernière semaine : pas de sortie la semaine avant le 43 kms et tout juste une sortie VMA avant le 53 kms , et je ne me suis jamais aussi bien senti avec de très bonnes perf à l'arrivée ...
Par contre j'avais mis le paquet la dernière semaine avant la zone d'affûtage avec un bon kilometrage au compteur et 5 séances hebdomadaires

Qu'en pensez-vous ?
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En 2011 trail de Montcontour 53 kms en 5h40( 38ème )
En 2012 : trail de l'Aber wrach 45 kms en 4h00 ( 40 ème )
trail de Guerledan 58 kms en 6h21 ( 50ème )
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