L'auteur : Kevin-Pilat
La course : L'Echappée Belle - Intégrale - 152 km
Date : 22/8/2025
Lieu : Vizille (Isère)
Affichage : 174 vues
Distance : 155km
Objectif : Terminer
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133 autres récits :
ÉCHAPPÉE BELLE 2025 - L’INTÉGRALE
Pourquoi écrire un énième récit de course, énième récit d'une échappée parmi tant d'autres ? tout simplement, car chaque échappée belle est différente et que je souhaite garder un souvenir "précis" et écrit.
Août 2022, je passe la ligne d’arrivé à AIGUEBELLE, détruit mais heureux de sonner cette fameuse cloche après une course épique, dans des conditions dantesques. Je me dis que "non", cette course je ne la referai pas, elle use, défonce, fracasse .... puis le cerveau efface les mauvais souvenirs et il ne restera que du bon et de l'expérience.
Quelques jours plus tard je dirai à Clélia : "j’y retournerai, mais pas tout de suite, on a shunté la croix et le Morétan à cause du mauvais temps, il va falloir faire le parcours adulte"
Janvier 2025, je pose une journée pour pouvoir être à 8h devant mon ordinateur et m'inscrire à l’Échappée Belle, l'intégrale, 8h03 tout est validé, je suis inscrit !
Le WHY
S’inscrire à une course c'est facile, savoir pourquoi on s'y inscrit est plus difficile. Je faisais des choix auparavant par égo, pour montrer à l'entourage que j'en avais une "grosse"... ce n'était pas la bonne raison. Le temps est passé, l'expérience, les rencontres, les suivis, l'auto-formation m’a permis de trouver mon Why dans les courses que je souhaite faire, je veux être champion de MON monde sans paillettes ni strass.
Fort de ce changement d'optique, fort de l'expérience prise sur l'ultra des Bauges, j'aborde cette Échappée Belle confiant de mes capacités, j'ai conscience de ma valeur propre et de ce que je peux faire, les sorties estivales et l'ensemble des blocs ont été passés avec réussite et le plaisir y est resté tout du long.
L'AVANT COURSE
Ah l'avant course ... il faudrait que je prenne des notes, mais il y a toujours quelques choses ... une infection par ci, un mal de dos par là, des tensions et douleurs qui arrivent comme ça dans les 10 derniers jours. Cette fois-ci ce sera une otite, rien à faire, se reposer et croiser les doigts pour que 3 jours plus tard ça passe pas trop mal.
J-1
Départ à AIGUEBELLE avec ma chérie, on est rodé désormais <3 ; retrait rapide du dossard et on file à Vizille, prise en compte du logement, balade dans le parc du château, repas, une défaite au SKYJO, massage et dodo.
VIZILLE - LE PLEYNET
5h30 - Vague 2
Le départ se fait au frais, le temps annoncé pour la course va être top, un chouille frais pour moi sur la première journée quand même, j'ai gardé les manchettes et le buff, mais avec 0-10 degrés annoncés, la température est propice à la course à pied.
Départ milieu de peloton, ça trottine dans le parc du château , j'en profite pour m’échauffer, je n’ai fait que de la mobilité articulaire et de la "marche" donc ces 2kms plats sont parfaits.
La montée au mont sec est classique, une piste forestière pour un sentier plus étroit, ça marche à 800/900 m/h, ça bâtonne, je suis dans ma bulle, je n'ai pas envie de parler et je commence à contempler le paysage (la nuit, le brouillard, les frontales, bref tout autour de moi en fait)
Je me remémore les souvenirs de 2022 où on se prenait des sacs de flotte sur la tronche ; aujourd’hui ce n'est pas la même, on est bien.
Cette première section jusqu’au lac LUITEL ne comporte aucune difficulté. Montée à l'Arselle, ça déroule, je croise des coureurs avec qui je ferai le yoyo sur 40kms puis nous arrivons sur le plateau, mer de nuage, soleil, je lance les premiers « c'est trop beau » de la journée.
L'Arselle marque l'entrée dans BELLEDONNE, l'arrivée des cailloux, des lacs, des torrents, que c'est beau ici. Je me remémore la balade de 2015 avec Clélia lorsque nous avions arpenté les lacs Roberts, les Vans, le lac Achard. Si loin, si proche, déjà 18 ans ensemble, 18 ans de bonheur et encore un sacré paquets d'années devant nous <3.
Les sentiers deviennent plus techniques, l'altitude grimpe. Je constate qu'au-dessus de 1800/2 000 m je sens qu’il faut que je ralentisse, donc j'y vais cool. Je fais ma course et ne relance pas sur les petits replats, je suis maître de mon allure et laisse les autres filer et ne m’accroche à personne.
Col de Botte, sublime, photos, vidéo, Lacs Roberts, fantastiques.
Puis arrive la jonction avec la redescente sur la cascade de l'Oursière. Une semaine avant je me suis baladé avec les enfants (5 et 8 ans) pour une sortie de 17k et 1200+ (oui j'ai abusé, mais ils ont kiffé et ont été juste énorme!); je refais le chemin en sens inverse de notre balade, les souvenirs montent , je suis ému car c'était un moment fort, j'ai adoré, je suis tellement fier d'eux. Je m'arrête toucher la pierre où ils se sont "écroulés" au-dessus du Lac LEAMA <3.
Ca chemine, Lac LEAMA, LONGET, refuge de la PRA, ravitaillement rapide comme sur tous, le temps de remplir les flasks, une banane et banzai, ça ne sert à rien de s’arrêter plus.
La montée à la croix de Belledonne débute, col de la Pra, verrou des Doménons, lac du Petit Doménon puis le grand et .... une brebis à l'article de la mort sur le chemin ... c'est triste.
Je reste dans MA course, ça grimpouille, rythme connu et maitrisé. Col du Bâton, j'aime bien cette variante qui permet d'apprécier un nouveau panorama. La montée à la croix se fait, je commence à tirer la langue quand même.
Je touche la croix dans le brouillard, je me pose 30 secondes et je repars dans la descente via les rochers rouges, je croise un bouquetin, c'est beau, et poursuit mon chemin.
Le sentier entre la croix et Freydanne est bien épique, on est vraiment dans le Belledonne que j'adore, du caillou, du minéral, de la pente et des panoramas de fou. (le brouillard s'efface, l'ambiance est mystique)
La descente de Freydane se fera facilement, le sentier étant humide il y a une meilleure accroche que lorsqu'il était ultra sec en juillet dernier. Je discuterai à nouveau avec les deux coureurs croisés avant l'Arselle, honte à moi je n'ai pas pris leurs noms ni dossards ... je suis dans une optique plus "solitaire" et je miniminise les "interactions" avec les autres coureurs, pas envie.
Lac Blanc et direction le refuge Jean Collet. Belle section, bien maîtrisé, coolos et surtout avec le rythme que je veux.
Arrêt rapide au refuge, protocole habituel, déchets, flasks, banane, st Yorre.
La montée au col de la mine de fer est génial, les coureurs devant ne sont pas visibles à cause du brouillard et je n'ai personne derrière, je suis "enfin" seul, j'apprécie le moment, dans cet endroit sauvage. C'est un col qui n'est pas difficile, ça monte régulièrement, c'est beau, la fin est plus raide mais globalement c'est un col très agréable, sauvage.
En haut, ça caille, je file vers l’enchaînement à la brèche de la roche fendue, montée dans un chaos de bloc, du caillou partout, j'adore. La descente, et bien plus difficile que la montée je trouve, malgré les passages réguliers des randonneurs les pierres ne se sont pas toutes stabilisés :p.
Je vis bien cette section malgré la lenteur de mon avancée, je vais perdre des places, mais je ne suis pas là pour ça, encore une fois j’accepte et je décide de mon allure.
Il y a deux coups de cul pour aller au refuge du Habert d'Aiguebelle et lorsque j'arrive dans ce vallon j'ai un nouveau souvenir, celui de la rando bivouac en famille l'année dernière aux lacs du Vénetier <3.
Descente sur le habert, enfin un sentier courable, ça ne m’empêche pas d'y aller sur la retenue mais c'est chouette. Je me remémore 2022 où frigorifié je ne pensais qu'à stopper et me réchauffer ; cette année je le vie bien mieux :).
Arrêt rapide au refuge, petite pause technique ultra confort et c'est parti pour l'aigleton. Début de montée nostalgique, je pense aux enfants qui grimpaient, aux myrtilles cueillies, aux vaches, aux lacs, à nos baignades, putin que de bons souvenirs de ce bivouac (le premier en famille), et je me rends compte que le chemin n'est pas facile pour eux.. (bon cette année on a fait encore plus difficile :p ).
Lac du Vénétier, sentier à plat et grimpette raaaiiiidee en direction du col. J'y vais cool, j'apprécie la pente dans le brouillard, ambiance !.
Au col dans le nuage je me pose 1 minute et me rend compte que je ne vais pas avoir assez de barres pour la section, il m'en manquera peut-être une ou deux. Pas bien grave j'ai de la poudre en plus mais je me demande ce que j'ai foutu dans les calculs (spoiler : je ne m'étais pas planté, j'ai juste mal compté sur le coup).
Descente en direction du torrent, le brouillard s'efface, le col de la vache devient visible, si loin, si beau. Début de la montée alors que je traverse le ruisseau, marche bâton, focus, pas d'arrêt, ça monte cool.
La première pause interviendra sous le chaos de bloc et à plusieurs reprises dans ce chantier. Je me demande si le sentier ne bouge pas d'année en année, il n'y a rien à part des blocs, rien de logique, rien de facile, j'avance au rythme des randonneurs et me hisse comme je peux au col.
Toujours aussi beau, mais je ne m’arrête pas pour ne pas choper froid. Je débute la descente, pas de névé, donc ce sera les blocs. La chance aujourd’hui c'est que l'humidité ambiante aura permis à ce que le sentier accroche un peu plus, malgré cela la descente s'avère difficile et usante. Mais comme depuis le départ j'y vais tranquillement, sans me presser et en laissant filer ceux qui y sont à l'aise (chacun sa spécialité).
Fin de la descente au niveau du refuge proche du lac, pas de source, dommage.
La traversée des lacs des 7 Laux se fera solo, je marche, je cours, je contemple, je cherche les coins de bivouac futurs.
Arrivée à l'intersection pour le Rocher Blanc j'ai une pensée pour Clément, qui en 2022, a cru bon d'ajouter la montée au Rocher Blanc (oui oui tout en haut j'ai vérifié sa trace) alors qu’il faisait l'intégrale ... le sanglier s'est ajouté 3/4h de balade en tout :x.
L'arrivée au Lac noir et la cabane des pêcheurs marque le début de la descente, nouvelle cette année, car le cul de la vieille est interdit (pas une blague ça hun). Les mecs font un feu immense, limite ça crame la baraque! il n'y a pas d'eau et on nous propose un fond de coca, j'en prends car il ne me reste qu'une flask et demi et encore bien 2h de temps avant le Pleynet.
Cette nouvelle descente n'est pas plus roulante que le cul de la Vieille, non, du tout, ça glisse, il y a de la pente, des cailloux, de la boue, je ne change pas ma stratégie, tout cool. Je préviens Clélia que j'aurai du retard sur la "prévision", elle me répond que c'est ok, qu'elle mange au resto, posée <3.
Dans cette descente un hélicoptère des secours va nous survoler à plusieurs reprises.
Enfin l'intersection, direction le Pleynet par un bon gros coup de cul puis un sentier qui monte, descend, monte, qui court, court pas, court vraiment pas, 5k, tarif : 50'.
Puis enfin la piste forestière et je me laisse glisser au Pleynet, sans mettre la frontale, j'y arrive dans la pénombre, du bitume, je suis à deux doigts de m'agenouiller!
Je pointe, je cherche Clélia l'air agar et je la retrouve, putin que c'est bon de la retrouver <3, il est 20h45.
Le Pleynet, 20' de pause pour se mettre en tenue de nuit, changer de chaussettes, shaker, boisson gingembre, café "bonjour", discuter avec Aline du JCV qui m'a attendu (cœur avec les doigts).
Moment sophro d'une minute et bannnzzaaaaiiii.
Le Pleynet - Gleyzin
C'est parti pour une section redoutée, frontale vissée sur la tête je débute la descente vers la cascade du pissou, je m’enflamme un peu et descends easy et je double du monde. En bas de cette descente roulante je ralentis pour ne pas me faire emporter et laisse passer quelques coureurs, je me remets dans ma bulle de course et dans mon rythme. Je ne verrai pas la cascade et cette partie est assez agréable, ça court coolos, ça change, c'est plus classique.
Du bitume, le lac, un chemin, Fond de France, début de la terrible montée au chalet de la valloire.
Je décide de mettre la musique, ambiance épique, chevaleresque, tiptop pour se mettre dedans. Montée régulière, longue, un KV à se faire, rythme régulier, piste, sentier, forêt, ça grimpe, la température baisse, le brouillard arrive, puis la fin de la forêt, une lumière! le chalet!
Je vais cheminer dans la lande jusqu’au chalet où je referai le plein d'eau. Un bénévole parle d'aller faire une sieste (aïe une idée ?) je file avant que le diable me tente.
La suite sera nouvelle pour moi, pas de passage au deuxième chalet mais une montée hors sentier, dans les myrtilles pour rejoindre le haut de la bosse avant la descente (technique) pour le lac du Léat.
Je vais croiser Serge FORTINI, un youtubeur, en détresse qui n'arrive plus à s'alimenter, je lui file de la flotte car il n'en a plus et il m'accroche.
Je pensais avoir un ravitaillement pirate au lac mais non, juste l'ambiance (c'est déjà bien). Il n'y a plus de brouillard et on peut distinguer les lumières de la vallée, que c'est beau.
Serge me passera dans la descente et le laisserai filer, je n'ai pas envie de me griller.
Cette descente est moins technique, presque roulante ! dans cette forêt sombre, hostile, jonchée d'arbre mort. On finira dans une coupe forestière boueuse et ça me rappellera Epernay et l'ultra des Bauges.
Mes sensations sont très bonnes en arrivant à Gleyzin.
La rubalise qui sépare l'entrée de la sortie, nouveau souvenir, le smile et puis une lumière rouge qui clignote, enfin Clélia <3 il est 1h ce samedi matin.
Gleyzin, une tente, un banc, un chien sous mes pieds (pas à moi), une plaide sur les épaules, ma femme à côté de moi, le kiff.
Ravitaillement efficace, changement de chaussette. Point noir, une coureuse qui s'est fait mal n'arrête pas de broyer du noir, je ferme les écoutilles mais son discours m'agace, je ne veux pas entendre ça donc sophro une minute, et banzaaaaiiiiii.
Je repars mais .... pause technique encore ultra confortable :D.
Allez un bisou, deux bisous, non trois et c'est parti pour le Morétan.
Gleyzin - Super Collet
La rubalise qui sépare les sentiers se termine, je regarde devant moi et là je contemple le spectacle, des frontales, jusque très très haut dans le ciel, ce ne sont pas les étoiles mais les coureurs, ouah ! sublime et effrayant.
Je me cale dans mon rythme, la montée commence doucement et peu à peu devient raide. La première partie se fait dans la forêt, sans difficulté, juste avancer à mon rythme. Puis l'arrivée dans l'alpage de l'Oule, frontales en bas, frontales en haut, étoile dans le ciel. J'éteins la mienne, je contemple, une étoile filante, je fais un vœux, je repars. Voila pourquoi je fais de l'ultra, pour ces moments, hors du temps, seul, ça m'appartient pour toujours.
Un panneau, concernant les patous, 4, leurs noms est écrit dessus, et aussi les consignes au besoin, dont une phrase "va au troupeau".
Dans l'alpage la pente devient vraiment très raide, le refuge n'est visible qu'au dernier moment, au contraire des frontales des coureurs à l'assaut du col ...
Au refuge je me pose quelques instants, je bois, je contemple.
Je repars, la pente est atroce, raide, droit dans le pentu pour se hisser jusqu’au "plateau" sous le col.
A plusieurs reprises il faut mettre les mains, j'en profite, j'éteins encore la frontale, putain mais c'est beaaaauuuuuuuuu.
Sur le plateau ou mer de cailloux, je vois enfin le haut du col, si loin, si proche, si haut.
Ce n'est pas autant le bordel que le col de la vache, mais fatigue faisant et nuit aidant, c'est la merde, petit saut de cailloux en cailloux pour relier les fanions, puis s'engager dans la pente.
La fin du col nécessite de mettre les mains, j'aide un coureur en lui poussant les fesses et me hisse à mon tour.
Col de Morétan <3 c'est ouf, il est étroit, mais majestueux.
Brief du bénévole, il annonce 1h pour périoule, j'en mettrai 1h15.
Début de descente difficile, glissante, raide, un peu comme à Freydane. Puis la suite en pente "douce" sans chemin, dans un énorme pierrier glissant, je glisse mais ne tombe pas. Je fais le yoyo avec un autre groupe de coureur, un coup moi devant un coup eux.
C'est long et usant puis arrive le début de la terrible moraine.
Ouah, de nuit c'est déjà raide et impressionnant, devoir les frontales si bas, si lointaines et proches à la fois.
La section est équipée d'une corde, je me rappelle Angolon.
Pour cette descente je vais attendre à chaque fois que le coureur devant moi libère la corde ; avec cette aide la descente est facile, et de nuit je ne vois pas les "dangers" alentours.
La fin de la descente sans corde est raide, sinueuse, glissante puis j’atterris dans la plantation de cailloux du Morétan supérieur. Le bénévole disait "c'est ludique" ... mon cul ... il faut sauter de bloc en bloc, chercher sa trace, de nuit, glisser, se rattraper, ne pas tomber, je prends mon temps, j'avance coolos et enfin je sors du chao. Morétan inférieur, sentiers de chèvre et arrivée dans l'alpage de Périoule, le ravitaillement brille, il parait près mais est plus loin que prévu.
J'y arrive enfin, rempli les flasks, mange, discute un instant avec les bénévoles qui m’apprennent l'arrivée du premier avec le record en prime ! ouaouh! excellent.
Je récupère de la pomme de terre salée et file dans la nuit.
Direction le barrage du carre.
Le sentier n'est pas moins simple, il est fin et jonché de pierre.
Au niveau du barrage je me retourne, je constate des frontales arriver à vive allure. J'avais demandé aux bénévoles où se trouvaient les premiers du 100... et bien ils arrivent !
J'attends quelques secondes et vois débouler Arthur et Eliot ! Je m'annonce à Eliot, on discute quelques instants, je chope leur rythme pendant 1 minute, quelle fluidité, quelle aisance, c'est magnifique à voir.
Je lâche dès la poursuite ultra technique de cette descente, glissante, caillouteuse, en forêt. A partir de maintenant les dossards verts vont me doubler et je laisserai la place à chaque fois pour ne pas gêner. A chaque fois j'aurai le droit à un mot d'encouragement, trop cool.
Plan de l'ours, début de 800 m de piste à plat, trop bien, je trottine, c'est chouette de courir.
Bim, début de la montée au refuge de la pierre du Carre, le sentier est raide, tout droit avec quelques épingles, le soleil se lève à travers les nuages, j'éteins la frontale, la vie est belle.
Je vais monter à allure régulière, uniquement stoppé par une pause technique.
Cette section où j'avais explosé en 2022, se passe très bien, j'annonce à Clélia mon arrivée avec retard, elle est en place à Super Collet.
Le refuge est là, cela signe le début d'une longue partie pas plate, pas montante ni descendante, ça chemine dans la forêt et bim! enfin la station de super colletje préviens Clélia, et me lance dans la pente en direction du ravitaillement.
Super Collet, 8h15, brouillard, froid, une tente, un banc, protocole habituel, shaker, gingembre, banane, café "Bonjour", tenue en mode jour, mini sophro.
Je papote un peu avec Clélia, prend de ses nouvelles, on est bien tous les deux, c'est des moments appréciables.
Ca caille, je file, Clélia m’accompagne un instant puis me laisse filer sur la piste de ski.
SUPER COLLET - VAL PELOUSE
C'est parti pour la remontée de la piste de ski, marche bâton, pikpik, ça grimpouille, régulier, le brouillard s'atténue pour devenir une mer de nuage sur les crêtes, vidéo à Clélia, il est 9h, le télésiège s'active et je file sur le sentier. Le kiff bon dieu, c'est sublime, d'un côté la mer, de l'autre la montagne que je vais arpenter <3
Au col je me retrouve dans le brouillard, je file, je commence à avoir un peu mal aux pieds, aux talons, des cailloux se sont foutus dans les chaussettes, je m'arrête en m'en occupant, je le ferai plusieurs fois dans la descente et nettoierai mes pieds dans l'eau pour enlever toutes les merdes.
La descente au torrent reste difficile, je laisse passer les coureurs des autres courses, mais quel rythme, impressionnant !
Aucune hallucination cette année, c'est triste lol, je revois les pierres qui bougeaient et là ce sont bien des pierres :).
le paysage est magnifique, quelle chance d'être là, lucide, en forme !
Le torrent le pont, le refuge du pré nouveau, un kikou, un arrêt rapide pour parler et c'est parti pour la montée au refuge des férices. J'en avais un souvenir sombre, difficile, je me mets dans ma bulle, montée régulière, je ne laisse plus passer les coureurs car les rythmes sont similaires, ceux qui avancent fort passe sur le côté car ça ce fait bien.
Je contemple le paysage mais avec la masse de coureur qui passe c'est difficile de rester focus. Je me concentre et arrive enfin au refuge, sans dégât. Eau, amandes, et marche en direction du col de l'Arpingon.
Ah le fameux trois paliers, le col qui n'arrive pas et qui monte toujours plus haut. Le soleil tape fort, je commence à transpirer pas mal (aie, la capsule de caféine a été prise trop tard) zut. Je ralentis le pas. Je monte de manière régulière, je pense à l'Italien en 2022 qui me dépassait avec son rythme cool et régulier.
Ce col est difficile, mais il est très esthétique, sublime et exigeant.
Un palier, deux paliers, troisième, le col, la vue, poooooouuuaaaaaah !
Je commence à être un peu entamé, je m'assois au col, discute avec les bénévoles, contemple la vue.
Après un instant je repars, descente raide, remontée trèèèès raide, col de la frêche, vue exceptionnel, nouvel arrêt. Le début de cette descente est tellement difficile (pour moi), j'avance pas, j'y vais très lentement. Enfin arrive la jonction avec le 67 kms, ils vont filer à droite et nous tout droit.
Je poursuis la descente avec une coureuse qui s’avérera être la fille de « Atma » :). Puis face à moi, un bouquetin qui broute, je m'approche, il va se poser sur une pierre, il pose, je le prends en photo et vidéo, je le contemple, il me regarde, je le salue et file dans la descente.
La descente se court de mieux en mieux.
Val pelouse approche ; refuge de la Perrière, monotrace presque sans cailloux, cheminement sur la courbe de niveau, l’énergie est là.
Depuis le départ c'est point par point, pour le moment je ne vise pas plus que Val pelouse.
Virage à gauche, pente herbeuse, musique, spectateur. Je descend sur le ravito, je ne retrouve pas Clélia, hum, bizarre. Je l'appelle, elle est en sortie, coté 42kms.
Je me pose au sol, je croise "Atma" je le salue, je suis impressionné.
Je poursuis mon ravitaillement, je me change en mode light été, débardeur. J'annonce que tout va bien, je vais commencer à "accélérer avant le Bourget" si tout se poursuit comme ça.
Il y a de la musique c'est chouette, je prends des nouvelles de Clélia, tout est ok <3.
VAL PELOUSE - LE BOURGET EN HUILE
Petit moment sur le chemin avec Clélia, mise en place des écouteurs, bâtons et pikpik, ça monte à 900 m/h, tonique mais sans excès, je suis bien.
Je poursuis sur la crête et là je prends conscience que ça monte encore, merde je ne m’en rappelais plus, je ralentis un peu pour ne pas exploser.
La vue est toujours aussi belle et le col de la perche est en vue, en face. (Coucou les Kikous)
Descente vers la source, joueuse et pour la première fois je vais la faire en parlant avec deux coureurs. Je me suis autorisé ça pour sortir un peu de ma bulle. La descente se fera à un bon rythme, tout en aisance, sans difficulté, en papotant.
La source signe le début de la montée vers le col de la perche, je lâche les deux coureurs et décide d'attaquer tonique, je maintiens le rythme et commence à remonter du monde.
Je décide de commencer progressivement "la course" mais avant, d'aller saluer les Kikous du col de la Perche.
Le col est en vue, il est beau, de toute façon tout est beau ici. je me retourne, salut une dernière fois Belledonne.
Au col je croise les Kikous dont Benman (j'ai oublié les autres et je m'en excuse), JU est allé chercher de l'eau. Arrêt rapide, je remplis une flask et je file, on m'annonce Seb à 30' ; j'annonce vouloir le reprendre.
Dans la descente je croiserai Ju que je féliciterai pour sa victoire dans le Queyras. J'attaque le mont du Chat. Sans forcer car je sens que ça couine dans les pieds et les quadris.
Au sommet je regarde autour, c'est beau, je me pose, je vide les cailloux des chaussures, parle avec VTTistes puis m'engage dans la descente. Jusqu'au col du Champet j'y vais à allure très cool. Au col du Champet je laisse filer, c'est parti pour la descente de 1000m.
Descente longue, usante mais ludique. Pas de difficultés, je profite et je relance progressivement. La chaleur grimpe.
Je me permets de penser à la dernière section, la stratégie de ravitaillement, je suis déjà passé de la 250ème place à la 120ème... je décide que je vais tenter le tout pour le tout, si j'explose pas grave, je l'aurai décidé.
L'altitude descend, enfin arrivée sous les 1 000 m j'attaque.
Le bitume, relance, le plat, je cours, placé, efficace, beau, grand et fort :D.
L'arrivée sur le ravitaillement est géniale, il y a du monde, ma foulée est fluide, allez c'est parti pour un ravitaillement express.
Je rejoins Clélia, lui annonce que je veux faire la course désormais. C'est fini le ravitaillement "agréable", pas de temps, pas de blabla, juste de l'efficacité.
Flasks, déchets, boissons, banzaaiiiiii.
Je lui annonce aussi que je voudrais finir sous les 38 h ! donc mettre moins de 2h15 pour assurer la section.
Un bisou, je file.
LE BOURGET EN HUILE - AIGUEBELLE
C'est parti, à plat dans le champ, je cours, je double, sur la route je relance, sur le chemin je relance, je cours, je double, voilà le mantra jusqu’au début de la bosse. Que c'est bon de pouvoir courir ces 3/4 kms !
Début de la bosse, je cours le début jusqu'au nid de frelon pour mettre de l'écart les dossards rouges dépassés, mettre un coup au moral aussi.
La dernière bosse, montée régulière, musique, focus, déter'. Je remonte les coureurs jusqu'à un qui me résiste ; je crois que c'est un "rouge" .. je l'accroche, difficilement, je laisse quelques mètres puis le reprends. Les 500 m de dénivelé passent vite, les dépassements s’enchaînent et là ... je vois quoi ? que c'est un dossard violet (67kms) merddeeee, lol. On discute un instant, on parle de temps de course, je lui annonce mon objectif à moins de 38 h et lui veut moins de 12h, il lui reste une heure et moi 1h15. Je lui dis de filer, de courir, il n'a rien à perdre, allez gars !
Je le laisse partir. Le fort arrive ! fini les montées raides, le plat, le cours et .... aie, pause technique... 1' d'arrêt pas plus, il me reste 50' pour faire la descente et arriver ... ça va être chaud ...
J'augmente le son, je range les bâtons, le regard déterminé, je cours, la pente s'inverse, ça descend, puis ... gros coup de cul (oui le principe de la descente qui monte), bâton, quelques instants de montée, replat, descente, et ... coup de cul, le dernier, je marche, puis relance et merde quoi il reste 35' !
Allez c'est parti, quadris explosé, sudation au max, je me lance dans la descente, tombeau ouvert.
Je double, cours, dépasse, relance, je fais des vidéos pour Clélia, Flo et Kinou, j'annonce la couleur, l'objectif, la forme, j'ai le smile, j'ai mal mais je m'en fiche, ça file, ça court fort ! (je vais mettre 13' de moins qu'en 2022 sur cette descente et faire mentir live trail de plus d'une heure)
Une coureuse me résiste, je relance, la double, des dossards orange, verts, violets, quelques rouges. C'est grisant.
Les dernières pentes sont horribles, raiiiides, ça hurle dans les cannes. Puis ... le bitume ....
Je pose mon cerveau.
J'éteins la musique pour l'ambiance, il me reste 2 kms, j'en suis à 37h51 ....
Allez je me crie dessus.
Je relance, 4'30 au kms, 4' au kms, 3'50 au kms, la route, le chemin, le parking, je cours comme si ma vie en dépendait, le sourire aux lèvres, le regard droit devant, virage à gauche, ligne droite, les bénévoles bloquent la route, je sprinte, 3'30/kms... le gymnase, la route, le parc, j'y suis bordel, j'accélère, je crie devant Clélia, je passe la ligne, saut de télémark, la cloche .... 37h59 et 23 secondes... 84ème...transpirant, exténué, heureux, fier !
Je regarde Clélia, sans elle ça n'aurait pas été pareil, elle a les larmes aux yeux, elle est fier de moi, j'aime ce regard, elle est sublime <3.
Je parle avec le speaker, on rigole et je prends Clélia dans mes bras (pas trop près, je suis dégueu).
BILAN :
38h de Kiff, sans gros coup de mou, des douleurs aux pieds sans gros dégâts, pas de bobos, des souvenirs plein la tête, impossible à retranscrire par écrit, 4 jours avec ma femme, hors du temps !
Merci aux copains pour les messages, Merci aux coureurs pour leurs encouragements au fil de la course,
Merci aux bénévoles et aux Kikous, Merci ma femme, Merci la famille et Merci le coach, Merci la vie !
J'apprécie ces allures d'ultra endurance, c'est bon, je vais tout doucement basculer dans l'ultra long, j'aime ça <3
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Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
11 commentaires
Commentaire de jano posté le 27-08-2025 à 11:48:51
quand j'ai vu tes temps de passage au début, je savais que t'allais faire une super course !!
Je lirai ça avec attention ce soir...
Commentaire de Kevin-Pilat posté le 27-08-2025 à 16:29:56
Merci :) je serai preneur de conseil pour la SP dans quelques temps ;)
Commentaire de jano posté le 27-08-2025 à 16:42:20
en 2026 ou la semaine prochaine ??
Commentaire de Kevin-Pilat posté le 27-08-2025 à 17:31:49
Non l'année de mes 40 ans en 2028.
3 ans pour forger le corps.
Mais par contre tu as mis la picapica dans mes favoris 😁
Commentaire de jano posté le 27-08-2025 à 17:42:24
ben, depuis fin mai et que je cerne ton WHY, c'est sûr que ça doit correspondre à ce que tu cherches et que tu pourras peut-être pas attendre 2028 pour la pica.
il y a beaucoup de choses, et pas que le parcours, qui contribuent à être bien là-bas aussi (à part que c'est le bout du monde...mais c'est peut-être pour ça que l'ambiance y est)
Mais ça picote un peu aussi...
Commentaire de Kevin-Pilat posté le 27-08-2025 à 17:53:19
2027 dans le viseur pour la picapica
Désormais uniquement des courses avec max 500 personnes. Je n'aime plus être entouré par du monde etc 😅
Commentaire de Mazouth posté le 27-08-2025 à 16:24:09
Super récit d'une super course ! Magnifique, et pleins de beaux souvenirs, bravo !
Commentaire de Kevin-Pilat posté le 27-08-2025 à 16:29:27
Merci beaucoup :)
On va se recroiser de nouveau à Parilly mais à chaque fois je crois que tu ne me vois pas ni m'entend mdrr ;)
Commentaire de Mazouth posté le 27-08-2025 à 16:31:17
Malheureusement ça se peut bien, dans ma bulle avec la musique des fois je ne calcule pas les gens que je croise... J'espère que la prochaine fois j'aurai les yeux ouverts ^^
Commentaire de elnumaa[X] posté le 27-08-2025 à 18:13:53
joli finish au rupteur . score magnifique . bravooo ! avec cette philosophie et tes expériences , la SP va être sublime . juste ,
ne pas faire la course
ne pas faire de roadbook
boire
boire
manger !
et prendre du gros plaisir !
aha
Commentaire de Kevin-Pilat posté le 27-08-2025 à 18:58:48
Merci !
Les conseils sont pris 🙏🙏
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