L'auteur : le_griffon
La course : L'Echappée Belle - Traversée Nord - 92 km
Date : 23/8/2025
Lieu : Le Pleynet (Isère)
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Distance : 96km
Objectif : Pas d'objectif
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Echappée belle Traversée Nord 2025, une course où presque rien ne cloche
Attention lecteur, ce pavé (de Belledonne) est un peu long, les plus pressés peuvent aller directement au résumé disponible à la fin du récit.
Présentation du bonhomme et contexte
Cela fait quelques années que j’entends parler de l’échappée belle qui est décrite comme l’un des trails les plus techniques de France et qui ne semble laisser aucun de ses participants de marbre (ou de pierres 😉).
Connaissant que très peu le massif de Belledonne, cette course a donc éveillé ma curiosité.
N’étant plus tout jeune, même si pas si vieux non plus (M2), je me suis dit qu’il était temps de me jeter à l’eau en m’inscrivant à la traversée nord en 2025 avant de ne plus avoir les moyens physiques de faire une telle course dans de bonnes conditions.
Cette course représente un certain défi pour moi car mon expérience des courses longues se limite à un 80km du mont-blanc en 2016 (abandonné au 70ème km sur blessure) et un tour des Fiz en 2019 c’est-à-dire rien de comparable en difficulté et en durée. Cependant, je ne suis pas non plus un perdreau (ou un jib 😉) de l’année en course à pied et en sport d’endurance car je courais déjà la Saintélyon en relais à une époque où le cadeau coureur était un tee-shirt en coton et un bandeau Manutex (remember the 90s), j’ai également quelques kilomètres de vélo au compteur ainsi que quelques triathlons dont un Altriman en 2022. De plus, j’ai la chance d’avoir des montagnes à proximité.
Préparation
La préparation s’est plutôt bien déroulée puisqu’à part une tendinite au tendon d’Achille deux mois avant la course (que j’ai réussi à gérer à coups d’étirements en excentrique), j’ai évité les blessures.
J’ai effectué trois courses de préparation avec des distances allant crescendo au fur et à mesure de l’année :
- Trail du lyaud 22km, 1300d+ en mars (où j’ai choppé des crampes dès le 10ème km) ;
- Entrelacs run and trail 37km, 1900d+ en avril (où j’ai chopé des crampes au 25ème km) ;
A l’arrivée avec la progéniture
- Trail Nivolet Revard 49km, 2700d+ en mai (où j’ai choppé des crampes au 35ème km) ;
Oui, je suis un peu sujet aux crampes !
Etant donné le profil de la course, j’ai également fait quelques randos en essayant de cumuler pas mal de d+ et en utilisant les bâtons qui devraient être bien utiles le jour J.
J’ai notamment réussi à caser quelques sorties longues dont la plus longue était une reconnaissance de la première partie du parcours en boucle depuis Allevard. En effet, comme le départ de la course est à minuit, je savais que nous ferions la première partie de course de nuit, j’ai donc décidé de reconnaître cette première partie pour voir les paysages de jour, d’autant qu’il semble que ce soit la plus belle partie. Cette reconnaissance a eu lieu lors de la première canicule soit deux mois avant la course environ.
Les paysages sont effectivement superbes avec des vues sur Grenoble et la chartreuse d’un côté et sur Belledonne de l’autre dans la première montée. La première montée et la première descente sont bien roulantes mais je me dis qu’il faudra faire attention à ne pas se griller en partant trop vite.
La suite se corse surtout avec la forte chaleur lorsque je redescends à Fond de France. J’attaque la deuxième montée vers le col de la Valloire vers 13h et je suis bien content que la première partie jusqu’au refuge de la Valloire et ses 900m de D+ soit en forêt. La suite de la montée dans les pierriers est superbe avec le passage par les différents lacs (blanc, noir et gelé (ou glacé je ne sais plus)) et le couloir final avec son névé qui me permet de tester les crampons. La suite, et notamment le Morétan est tout aussi difficile malgré les quelques névés dans la descente qui facilitent la progression (ces derniers auront fondus le jour de la course)
Le névé (encore présent en juin) pour arriver au Col de la Valloire
J’ai fini cette reco complétement rincé après 10h d’effort soit bien plus que ce que j’avais prévu ne connaissant pas le terrain ce qui m’a laissé perplexe sur mes chances de boucler le chantier deux mois plus tard. Malgré tout, cela m’a donné une bonne idée de l’ampleur de la tâche et m’a fait découvrir un superbe coin (j’envie ceux qui peuvent participer aux montées aux refuges du Haut Bréda tous les vendredis soirs de l’été comme le célèbre Bouk qui nous les décrit régulièrement dans ses comptes-rendus).
J’ai refait deux sorties longues dans Belledonne dans le mois précédent la course dont une boucle depuis Fond de France via le chalet du Léat, le col de Vay, le Morétan et la col de la Valloire (où le temps était couvert et nettement moins chaud que lors de ma première reco) et une boucle depuis Freydières via le refuge de la Pra, la croix de Belledonne et le refuge Jean Collet (où là par contre il faisait grand beau). Pour cette dernière sortie, j’ai noté que la proximité de Grenoble était synonyme d’affluence car il y avait nettement plus de monde que dans le Haut Bréda un mois plus tôt. Ces sorties n’ont guère boostées ma confiance pour la course car j’ai fini assez fatigué dans les deux cas.
J’aurais aimé faire plus de sorties longues, au moins un week-end choc et d’autres courses de préparation après le mois de mai mais il n’y avait plus de place dans le planning qui était bien chargé avec l’arrivée de la petite dernière fin mai.
J’arrive cependant au départ de la course avec une forme plutôt bonne (pour une fois je ne suis ni malade, ni blessé) et bien affûté du fait des entrainements et de la chaleur des dernières semaines. Le seul bémol viendra de la nuit précédant la course où, comme chaque veille de course, je dors très mal du fait du stress (mais c’est plus embêtant pour un trail de 100 bornes qui part à minuit que pour une course de quelques heures qui part le matin).
La course
Le profil de la course est présent sur le dossard donc il est facile de savoir où on en est et ce qu’il nous reste à faire.
Le menu du jour
Départ
Je me suis inscrit à cette course avec un copain du club de triathlon que l’on appellera BH pour préserver son anonymat. On a prévu de partir ensemble de manière à se réguler l’un l’autre pour ne pas partir trop vite. Cependant, BH est plus jeune, plus fort et a plus d’expérience que moi en ultra de sorte que j’espère juste pouvoir faire son lièvre jusqu’à Jean Collet avant de le laisser faire sa course car il vise 20h et des arrêts express aux ravitos tandis que je pense plutôt mettre entre 22 et 24h et que j’ai l’habitude de passer beaucoup (trop) de temps aux ravitos surtout quand je commence à être un peu cuit sans compter que je devrais avoir la visite de la famille sur les ravitos à partir de Super Collet.
Contrairement à d’autres, je ne fais jamais de roadbook et ne me met aucune contrainte sur les temps à passer pour faire les différentes portions du parcours ou le temps passé aux ravitos. Je prends le temps qu’il faut en fonction de mon état et de mon envie.
Ainsi, on se retrouve à Allevard le jour J avec BH, de très BH et de BH en direction de BenH en espérant qu’on aura pas à se soucier des BHs (vous suivez ?*).
*Pour les moins perspicaces : Bonne Heure, Bonne Humeur, Bourget-en-Huile, Barrières Horaires
J’arrive à Allevard une heure environ avant le départ et l’ambiance est très…feutrée on va dire. Peu de monde, pas de musique, là c’est sûr, on n’est pas à l’UTMB ou autre gros barnums. Il ne fait en plus pas chaud avec un petit vent frais et il n’y a pas de gymnase de sorte que je rajoute des couches en attendant le départ et me dit qu’on risque de bien se cailler en arrivant sur les crêtes et sur les sommets à 2800m. Il y a tout de même un petit ravito de départ et de sympathiques bénévoles pour nous guider. La sono est finalement branchée environ 30 minutes avant le départ pour nous permettre d’entendre les mots de l’organisateur. Le départ se fait presque dans l’intimité étant donné qu’il y a trois vagues de 200 coureurs (on est dans la première vague avec BH).
Si l’organisation veut dynamiser un peu le départ dans les prochaines années, j’ai une ou deux suggestions de musiques bien à propos à mettre au départ :
« Hard as a Rock » d’AC/DC ou « Start me up » des Rolling Stones.
Quelques minutes avant le départ
Première section: Allevard-Crêt du poulet 11km, 1200D+
On s’est mis plutôt en fin de peloton de sorte que le départ se fait en petite foulée jusqu’à la sortie d’Allevard soit à peine 500m puis on se met à marcher dans le chemin qui est tout de suite raide. Après quelques minutes, je sors les bâtons et passe en mode marche active. On est en forêt à l’abris du vent et j’ai déjà chaud alors que j’ai juste un maillot manche courte. BH lui n’utilise pas de bâtons de sorte que plusieurs personnes lui demandent si il prépare la diagonale des fous (ou grand raid) mais non, c’est juste qu’il n’utilise jamais de bâtons. On monte à un bon rythme et on relance à chaque replat comme tous les coureurs autour de nous. On discute avec d’autres coureurs et l’ambiance est détendue.
BH m’apprend que les numéros de dossards sont inversement proportionnels aux cotes ITRA des coureurs et que la présence de dossards inférieurs à 1050 autour de nous indique que l’on est peut-être partis un peu vite (les dossards allaient de 1001 à 1199 dans notre vague). Je me rends alors compte qu’avec mon numéro 1191, j’ai l’une des dix moins bonnes cotes de notre vague (mais comme j’ai bien foiré la plupart de mes dernières courses, je ne me focalise pas trop là-dessus). Je me force à bien m’hydrater et me nourrir régulièrement dès le début de course en prévision de la suite. Le temps passe assez vite et on arrive au Crêt du Poulet en 1h43 alors que j’avais mis plus de 2h lors de ma reco. Cependant, les conditions n’étaient pas les mêmes et même si on est monté sans traîner, je n’ai pas non plus l’impression d’avoir laissé trop de jus dans cette première montée.
On remplit rapidement les flasques en faisant le détour par le ravito et on repart sur les crêtes.
Deuxième section : Crêt du Poulet-Fond de France 9km
Contrairement à mes craintes, il n’y a pas de vent sur les crêtes et la température est parfaite pour courir. J’indique à BH que je vais marcher dans les parties montantes pour garder des forces ce qui lui semble raisonnable. Cette section ne présente pas de difficultés particulières et on peut admirer les lumières de Grenoble en contrebas tout en avançant à bon rythme avant d’attaquer une belle descente vers fond de France. Cette descente est joueuse avec des singles en forêt. Je me sens assez à l’aise et j’arrive même à doubler quelques concurrents alors que les descentes ne sont pas spécialement mon point fort. Mes chaussures phosphorescentes font également leur petit effet et j’ai le droit à quelques réflexions sympas des autres concurrents. BH a pris quelques longueurs d’avance mais m’attend en bas de cette descente de sorte que l’on arrive ensemble à Fond de France où se trouve le premier ravito solide.
Je suis assez impressionné par le monde présent au milieu de la nuit à cet endroit. Il faut dire que certains concurrents ont plusieurs personnes pour les assister alors qu’on est en tout début de course. Pour le ravito, on applique la méthode ravito express chère à BH, c’est-à-dire que l’on remplit les flasques qu’on prend la nourriture nécessaire et on repart directement en mangeant les victuailles récoltées en sortant du ravito. Cela permet de doubler pas mal de concurrents sans effort.
Troisième section : Fond de France-Périoule 16km, 2200D+
On trottine sur les deux kilomètres qui permettent d’arriver au pied du premier gros morceau de cette course, la montée au col de la Valloire puisque c’est une montée de quasiment 1800m de D+ qui nous attend, d’abord en forêt jusqu’au refuge de la Valloire puis dans les pierriers après le refuge. Le pied de la montée marque également la jonction avec le parcours de l’intégrale de sorte que l’on double pas mal de concurrents déjà bien fatigués dès le début de la montée.
On monte à un bon rythme mais rien de fou compte-tenu des dépassements à effectuer même si les concurrents du grand parcours nous laissent gentiment passer. On essaie en retour de leur glisser un mot d’encouragements.
Cependant, je sens que j’ai du mal à suivre le rythme imposé par BH même s’il n’est pas très rapide et je commence à ressentir la fatigue. Il est 3h30 du matin et mon corps réclame son repos nocturne. Je me dis que la suite risque d’être vraiment dure si la fatigue est présente alors qu’on est qu’en début de course et qu’une très longue journée m’attend. J’arrive donc au ravito du refuge de la Valloire plein d’incertitudes quant à ma capacité à gérer la fatigue qui m’envahit déjà. Je fais part de ma fatigue à BH et lui dit de ne pas m’attendre et de faire sa course de sorte qu’il repart à l’assaut du col tandis que je m’arrête au ravito pour faire le point et le plein des flasques.
Alors que ce ravito devait seulement être un ravito liquide, il y a également de quoi manger et également des boissons chaudes. J’aperçois une boîte de Nescafé, j’hésite un peu car je sais que le café peut avoir des effets sur mon transit mais je me dis que vu mon état de fatigue, cela se tente et je demande au bénévole si il est possible d’avoir un café qui m’est alors servi rapidement. Je repars peu après en direction du lac blanc. La température baisse un peu puisque l’on approche des 2000m d’altitude mais j’ai juste besoin de remonter mes manchettes et mettre des gants. Alors que je pensais vraiment souffrir du froid pendant la nuit, il n’en ai rien et les conditions sont parfaites pour notre petite balade. De plus, le café m’a réveillé et je retrouve assez rapidement des sensations bien meilleures qu’en arrivant au ravito. Avec la nuit on passe les différents lacs (blanc, noir et glacé) presque sans s’en rendre compte.
Vue du lac blanc prise de jour par temps couvert pendant une reconnaissance
Vue du lac glacé prise depuis le col de la Valloire de jour par beau temps pendant une reconnaissance
Le balisage est parfait et permet de suivre ce que l’on peut presque appelé un chemin au milieu du dédale de pierres. C’est quand même un gros avantage d’avoir ce balisage par rapport à mes recos où la recherche des cairns pouvait être fastidieuse par moments. On arrive finalement sur une courte portion enneigée correspondant au reste du névé qui indique le replat précédant la dernière portion avant le sommet ce qui me redonne un petit coup de fouet pour attaquer ce dernier raidard.
Au sommet, les bénévoles bipent les dossards et nous indiquent la présence de quelques plaques de glace en contrebas. J’entame donc la descente avec prudence mais finalement, je ne vois aucune plaque de glace à l’endroit indiqué (ou alors j’avais mal compris les indications du bénévole). Par contre un peu plus bas, c’est un autre concurrent qui m’indique un passage délicat avec effectivement de la glace entre les rochers. Cependant, ce passage est relativement court et il suffit de marcher sur les rochers affleurant pour ne pas glisser. Le soleil se lève au moment où je finis la descente et arrive au replat marquant la transition avant la remontée vers le fameux col du Morétan.
Dans la montée, on est quelques coureurs à avoir un rythme proche, je décide donc de suivre celui qui se trouve devant moi et qui sera mon petit cheval blanc à moi…
Le petit cheval dans le Morétan, qu'il avait donc du courage ! C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant…
En approchant du col que l’on aperçoit en levant la tête, on commence à entendre les bénévoles qui, comme chaque année, mettent une grosse ambiance à ce col du Morétan. La dernière portion avant le col demande de mettre un peu les mains mais on arrive quand même sans trop de difficultés à se hisser là-haut au son des cloches et de leur hymne : « on est content, on est au Morétan ». Les bénévoles du col de la Perche (dont on reparlera plus loin) pourraient eux aussi créer un hymne, je propose : « on est au col de la Perche, on en a plein le derche » ou plus motivant « « on est au col de la Perche et on a toujours la pêche ».
On est effectivement soulagé lorsque l’on arrive là en se disant que l’on vient de passer l’un des gros morceaux de la course même si la descente qui nous attend est aussi périlleuse que la montée mais pour le moment on peut profiter des paysages avec ce levé du jour sur la mer de nuages.
J’arrive au Morétan et je trouve ça beau (de cheval, oui celui que j’ai suivi à la montée) mais il reste encore beaucoup à faire (à cheval, euh non à pied (de poule)) et il ne faut pas trop se laisser distraire (les vaches) (© Boby Lapointe)
Il est 6h, Belledonne s’éveille, et moi j’ai déjà sommeil
Après une courte pause pour prendre des photos et manger un bout, j’attaque la descente. J’aurais préféré que les quelques névés présents lors de ma reco soient encore là pour la rendre un peu plus ludique et rapide mais on va se contenter de la salade de cailloux proposée. Je me fais doubler par quelques coureurs dans cette descente mais j’arrive plus ou moins à les suivre et on arrive sans trop d’effort au sommet de la fameuse moraine. Cette dernière a été équipée d’une corde et il y a même un bénévole qui nous indique sa présence. Comme j’ai gardé les gants, je n’hésite pas à m’en servir ce qui me permet de descendre en sécurité et assez vite cette section relativement glissante.
Au pied de la descente on arrive au lac du Morétan supérieur que l’on longe en sautant de blocs en blocs. J’ai alors la chanson de Renaud qui me trotte dans la tête et pour répondre à sa question, je crois que c’est tous les jours qu’il passe dans Belledonne le marchand de cailloux. Par contre, moi je n’en veux pas dans mes godasses (ça fait mal aux pieds). On passe ensuite le lac du Morétan inférieur et on arrive rapidement au ravito de Périoule où j’en profite pour me restaurer un peu et reprendre un café car celui pris au ravito précédent m’a bien redynamisé alors que je commençais à sombrer.
Quatrième section : Périoule-Super Collet 10km, 600D+
Le ravito de Périoule marque la fin du pierrier du Morétan et donc une section plus roulante pour descendre en direction du barrage du haut Veyton puis jusqu’à une route forestière. Dans cette section, je fais connaissance avec une coureuse dont la tenue a attiré ma curiosité puisqu’elle court en kilt. En discutant, j’apprends qu’elle est galloise est qu’elle est arrivée la veille après avoir fait toute la route en voiture et qu’elle reste en France jusqu’au TOR des géants. Cette course est juste une course de préparation pour elle, course qu’elle a choisi notamment pour améliorer ses capacités en descente. On fait la descente ensemble et on arrive rapidement au pied de la montée suivant vers le refuge de la pierre au carré. A partir de là, je ne connais pas le parcours car lors de ma reconnaissance, je suis redescendu directement à Allevard. Il s’avère que la montée est raide dès le début. La concurrente galloise semble très à l’aise dans cette montée où elle met un bon rythme dès le pied. Je la suis pendant quelques centaines de mètres mais je sens que son rythme est trop soutenu pour moi et je décide de la laisser filer (elle finira 2h avant moi…et 19ème du TOR!).
Arrivé en haut de la bosse où j’ai un petit coup de fatigue, je me dis que le ravitaillement de Super Collet où je dois faire une grosse pause est tout proche mais la partie vallonée pour y arriver est bien plus longue que ce que je pensais. J’essaie de relancer dès que la pente s’inverse mais ma vitesse reste faible. Je me dis que ce n’est pas très grave d’autant que mes supporters doivent me rejoindre à Super Collet mais ils viennent juste de prendre une navette de sorte qu’ils pourront m’accueillir à mon arrivée si je ne suis pas trop rapide et effectivement, ma Superchérie (ici l’accent a toute son importance 😉) et mon fils sont là pour m’accueillir au son des cloches lorsque j’atteins enfin le ravito.
C’est pas la tête des grands jours…
Il y a beaucoup de monde à ce ravito car on a récupéré les concurrents du parcours des crêtes juste avant et pas mal de concurrents de l’intégrale s’arrêtent ici assez longuement car la section suivante est assez dure et assez longue jusqu’au prochain ravito.
De mon côté, j’en profite pour bien me restaurer en prévision de la suite du parcours et pour changer de tenue et de chaussures car c’est ici que l’on récupère les sacs d’allègement. Après une bonne pause de 45 minutes (oui, oui, je sais c’est long mais je ne suis pas là pour le classement, juste pour prendre du plaisir et profiter un peu de mes supporters même si je sais que je pourrais gagner pas mal de temps en faisant des pauses plus courtes aux ravitos).
Cinquième section : Super Collet-Val Pelouse 17km, 1500D+
Je repars donc bien revigoré de Super Collet et j’ai bien noté sur le profil que l’on repart par une montée pour bien digérer. Cette montée s’avèrera une des portions les moins intéressantes du parcours puisque l’on remonte une piste de ski sous un télésiège. Cependant, la pente est soutenue donc je sors les bâtons qui permettent de maintenir un bon rythme. Les nombreux nuages font que le soleil joue à cache-cache et maintiennent la température agréable alors que l’on pourrait être en plein soleil puisqu’il n’y a pas d’arbres.
Dès le début de la montée, un concurrent du parcours des crêtes d’un certain âge accompagné d’un plus jeune (qui est peut-être son fils) me doublent alors je décide de prendre leurs pas. La montée passe alors assez vite jusqu’à la crête des Plagnes puis le col de Claran où l’on peut admirer le paysage et les montagnes alentours. La descente se poursuit sur un single assez joueur sur les bords duquel des randonneurs ramassent des myrtilles. La descente se poursuit en forêt où l’on se retrouvent par petits groupes de concurrents. Les concurrents de l’intégrale nous laissent passer dès qu’ils le peuvent car il est difficile de doubler. Cette descente me paraît alors très longue et à chaque petite remontée je me demande si c’est enfin la montée vers le refuge des Férices mais cette dernière n’arrive pas vite. Ce n’est pas très grave car la descente est très sympa et je ne me fais pas trop doubler par les coureurs du parcours des crêtes.
On arrive finalement au chalet de pré nouveau situé au pied de la montée. Une source permet de refaire les niveaux avant d’attaquer la pente car le temps s’éclaircit et il commence à faire assez chaud d’autant plus qu’on est redescendu sous les 1500m d’altitude. Un panneau indique le refuge des Férices à 1,7km. Je me dis alors que cela devrait aller assez vite même si le dénivelé est important. Cependant, même si j’ai un bon rythme, cette montée sera plus longue que prévu et me pompera plus de jus qu’imaginer et c’est avec soulagement que j’atteins finalement le refuge où surprise il y a même un petit ravito et même double surprise car ce dernier est tenu par des amis d’amis avec qui on avait fait le semi-marathon du beaujolais.
Ravito surprise en bonne compagnie, par contre la vue est un peu bouchée
Ils sont là en famille, enfants, parents et grands-parents et tout le monde met la main à la patte pour réconforter les traileurs, merci à eux. Je papote quelque minutes avec eux et j’en profite pour me ravitailler après cette ascension éprouvante. C’était une bonne idée de perdre un peu de temps (30 minutes quand même) pour refaire les niveaux car la descente qui suit est de courte durée puisque le parcours est globalement montant pour atteindre le col d’Arpingon. Cette partie est toujours commune aux trois parcours (intégrale, traversée nord et parcours des crêtes) de sorte qu’il y a quelques bouchons, notamment dans les passages les plus raides. J’en profite pour essayer d’envoyer un message à ma Superchérie pour lui indiquer un horaire approximatif de mon arrivée à Val pelouse mais c’est difficile de trouver un endroit avec du réseau dans ce coin de Belledonne. Cela permet aussi de profiter des paysages magnifiques à cet endroit (j’aurais dû prendre des photos, cela aurait été plus parlant pour illustrer ce récit). En tout cas, surement grâce à mon arrêt au refuge des Férices, les sensations sur cette section sont très bonnes et je ne me fais doubler que dans les parties descendantes ou lorsque je m’arrête pour essayer d’envoyer un message. Le soleil joue toujours à cache-cache mais les éclaircies sont de plus en plus nombreuses.
Après le passage au col d’Arpingon, on n’attaque pas tout de suite la descente mais on reste un peu sur les crêtes où des bénévoles sont présents pour nous bipper. Je me dis alors que mes supporters pourront voir mon pointage à défaut de voir mes messages si ceux-ci ne passent pas. J’imagine également que les bénévoles sont positionnés à cet endroit car cela doit être un des rares du secteur où il y a du réseau mais je ne pense pas à vérifier si cela est le cas.
On attaque peu après la descente vers Val Pelouse. Cette descente est agréable et devient même encore plus agréable lorsque l’on atteint la bifurcation où le parcours des crêtes remonte sur la droite tandis que nous continuons à descendre tout droit. Il y a même un bouquetin au bord du chemin qui nous regardent passer et qu’un concurrent est en train de prendre en photo.
Cependant, la fin de la descente est beaucoup moins agréable pour moi car je commence à fatiguer. Un coureur très bavard me rattrape et entame la discussion mais assez rapidement, je n’ai plus trop envie de parler alors je l’incite à passer devant mais il m’indique que mon rythme lui convient. Il finira par passer devant sur la fin de la section qui ne descend plus vraiment, il y a même des petites remontées dans lesquelles je sens mes jambes un peu lourdes. Les derniers kilomètres pour arriver à Val Pelouse me paraîtront très longs. La fatigue est aussi due au parcours qui ne laisse que très peu de répit car il y a toujours une difficulté telle qu’une forte pente, la présence de pierres, la présence des racines voire un ensemble de ces difficultés. J’arrive finalement à Val Pelouse où m’attendent mes supporters.
Cela fait du bien de s’asseoir et de voir sa famille
C’est avec gourmandise que je profite des victuailles du ravitaillement. J’indique à ma Superchérie que tout va bien mais que je commence quand même à fatiguer alors qu’il reste encore plus de 30 kilomètres. Elle m’encourage alors en me disant que j’ai déjà fait un bon bout du chemin. Elle m’indique également que BH est loin devant mais qu’il commence à donner des signes de fatigue. Il y a également des kinés et des podologues présents sur ce ravito. Voyant que les kinés semblent désœuvrés j’en profite pour me faire bichonner quelques minutes. Je leur demande notamment d’essayer de relâcher mes releveurs qui commencent à siffler depuis quelques kilomètres. Ils me mettent également des bandes élastiques (tapes) pour soulager les releveurs mais entre la crème solaire et l’huile de massage, ces derniers ne vont pas restés longtemps sur mes tibias (à peine 2 kms). Comme à Super Collet, c’est environ 45 minutes qui vont s’écouler pendant mon arrêt au stand.
Une soupe, une compote, un panaché, des fruits secs, une banane, du fromage et ça repart (ben ouais mais il n'y avait pas de Mars au ravito aussi 😉)
Sixième section : Val Pelouse-Bourget-en-Huile 15km, 800D+
Comme à Super collet, on repart de Val Pelouse en attaquant directement dans le pentu en direction du col de la perrière. La montée se fait par palier et permet de voir les concurrents qui nous précèdent. Comme depuis le début de la course dans les montées, en dehors des zones de pierriers, j’utilise les bâtons ce qui me permet de mettre un peu de rythme même quand les jambes commencent à fatiguer. La descente qui suit est assez longue mais pas trop technique même si elle comporte son lot de pierres et de racines (on est dans Belledonne quand même). J’ai un rythme correct cependant je n’arrive pas à suivre un petit groupe de coureurs qui me doublent. Ce n’est pas très grave mais c’est toujours motivant d’avoir un ou plusieurs lièvres devant soi pour se forcer à suivre. Arrivés en bas de la descente on traverse un cours d’eau et un panneau indique que c’est le dernier point d’eau avant le ravito du Bourget-en-Huile.
Néanmoins, je sais qu’il y a un groupe de Kikoureurs au col de la perche qui auront sûrement de quoi nous abreuver mais comme je suis presque à sec, qu’on est en pleine après-midi, que le ciel s’est bien dégagé et que le soleil cogne assez fort, j’en profite pour faire le plein des flasques et pour mouiller la casquette. La montée se fait en trois parties, une première partie assez raide où l’on ne sait pas trop où va passer le chemin au-dessus de nous, une deuxième partie avec un petit replat et une dernière partie où l’on voit le sommet du col et où l’on entend les « énormes connards » avec leur cloche qui nous encouragent (pour l’explication c’est ici).
En arrivant au col, le préposé à la cloche JuCB reconnaît ma casquette au loin et s’écrit « tiens voilà une casquette moche ». Je fais alors connaissance avec les perchés et notamment le préposé aux pointages en la personne de Benman. On discute un peu mais il y a pas mal de coureurs, notamment du parcours des crêtes, qui arrivent par vagues et il faut rester concentré pour pointer tout le monde. Je pensais arriver dans un traquenard où on allait me proposer des boissons peu recommandées pour un traileur mais sûrement du fait que je sois arrivé plus à l’heure du goûter que celui de l’apéro, je n’ai pas eu à déployer tout mon mental pour résister à la tentation. Benman m’indique que le sentier en crête qui suit est très sympa et qu’il faut en profiter car la fin du parcours sera beaucoup moins plaisante notamment la dernière section après le Bourget-en-Huile qui est intégralement en forêt et sans point de vue.
La kikou team du col de la perche mieux connus sous le nom « les konnards à la kloche »
Après avoir immortalisé cette rencontre, je repars en trottinant et manque de peu de me retrouver à terre quelques centaines de mètres après le col, comme cela a été le cas de DavidSMFC apparemment. Il y avait sans doute une racine sournoise à cet endroit, une de celles que je me prends toujours avec ma foulée rasante. Ce sentier légèrement descendant et plutôt roulant est en effet particulièrement sympa et offre un joli panorama notamment sur la suite du parcours et le sommet du grand chat.
On est pas bien là à gambader dans la montagne
C’est une montée assez pentue mais relativement courte qui est vite avalée lorsque l’on a encore un peu d’énergie.
Enfin du roulant !
Arrive alors une section que je redoute particulièrement qui est la descente vers le Bourget-en Huile. En effet, les jambes ne sont plus très fraîches à ce moment de la course et c’est une descente de 1200m de D- qui nous attend. Je me fais encore doubler par quelques concurrents du parcours des crêtes que je n’arrive pas à suivre mais j’arrive quand même à trottiner à un rythme correct. Toutefois, cette descente va me paraître interminable et je n’ai qu’une hâte, c’est d’arriver en bas. On entre rapidement dans la forêt et à partir de là, il n’y aura d’ailleurs quasiment que des sentiers en forêt jusqu’à l’arrivée. J’arrive même à chopper une crampe dans le derniers kilomètres ce qui me contraint à m’arrêter pour m’étier et m’hydrater. Heureusement, j’arrive à la faire passer rapidement et à repartir en trottinant (je ne serai plus gêné par la suite donc je suppose qu’il s’agissait d’un problème d’hydratation) et arrive finalement au ravito du Bourget-en-Huile où ma Superchérie m’attend et m’indique que BH est toujours dans le dur mais n’est plus qu’à quelques kilomètres de l’arrivée.
De mon côté, une certaine lassitude a fait son apparition depuis quelques kilomètres et je commence à trouver le temps long. Ma Superchérie m’encourage à ne pas trop traîner au ravito pour éviter d’avoir du mal à repartir mais l’envie n’est plus trop là et je préfère prendre mon temps et bien me ravitailler notamment avec la soupe maison pour ne pas subir une fringale sur la fin du parcours car je me suis peu ravitailler depuis le col de la Perche.
Qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie (de finir)
Je cherche la motivation en estimant le temps qu’il me faudra pour faire les 16 derniers kilomètres. Je sais qu’il me faudra plus de 2h et je trouve une motivation en me mettant comme objectif de finir avant la nuit car je n’ai aucune envie de ressortir la frontale. C’est donc après une pause de 30 minutes que je repars en marchant car les jambes sont lourdes et l’envie un peu absente. J’ai d’ailleurs décidé de mettre les écouteurs pour cette dernière section afin de faire passer le temps un peu plus vite.
Septième section : Bourget-en-Huile-Aiguebelle 16km, 500D+
Je quitte le ravito en marchant et ne trouve la force de me mettre à trottiner que lorsque l’on rejoint le bord de la route pendant quelques centaines de mètres. La suite se déroule dans la forêt avec quelques singles que je trouve plutôt sympas alors que je m’attendais au pire pour cette section. Je pense qu’elle passerait même plutôt bien si elle était placée en début de parcours mais après en avoir pris plein les yeux toute journée et lorsque l’on a les jambes bien lourdes, cela paraît beaucoup sympa évidemment. Je finis par arriver au pied de la dernière bosse.
En regardant le profil, j’avais l’impression que c’était une petite bosse bien gentille mais la réalité va être bien différente de ce que j’imaginais. On commence par faire un petit détour dans un champ pour éviter un nid de frelons (j’apprendrai par la suite qu’un des membres de l’organisation s’est fait piquer et a dû aller à l’hôpital suite à cette piqûre) puis on attaque la montée qui devient de plus en plus raide. Je sors les bâtons et double quelques concurrents dont certains de l’intégrale pour qui cette dernière montée ressemble à un chemin de croix. J’attends avec impatience de voir le fort synonyme de fin de la montée mais je ne le verrai jamais. En effet, en arrivant en haut de la montée on se retrouve sur une piste très large et plate, il y a aussi un panneau qui indique Aiguebelle 10 kms. Cela me met un gros coup au moral car je pensais qu’en haut de la bosse il ne resterait plus que 6 kms tout en descente. Je me mets alors à marcher sur cette portion plane alors que je m’étais forcé à relancer et courir sur chaque replat de la montée. Les concurrents que j’avais doublé sur la fin de la montée me doublent et m’encouragent à relancer mais la motivation n’est pas là. Ce n’est qu’après plusieurs minutes de marche et on me disant qu’en marchant j’en ai encore pour 2h à faire ces 10 kms que je finis par me remettre à trottiner motivé par un couple du parcours des crêtes.
Après 2kms de plat, on attaque finalement la dernière descente mais comme pour la montée, alors que je pensais trouver une petite descente sympa où on peut dérouler la foulée, elle est en fait assez raide avec même quelques remontées assez courtes mais assez pentues qui me font grogner à chaque fois contre le traceur. Cette descente me parait une nouvelle fois interminable. Je crois en avoir finis lorsque j’aperçois des habitations mais il s’agit d’un hameau, cependant on commence à voir le fond de la vallée et Aiguebelle mais il reste encore quelques kilomètres. On déboule finalement sur une route goudronnée à l’entrée d’Aiguebelle. Je reconnais une casquette rouge Kikourou d’un concurrent qui marche sur le bord de la route et je l’encourage car il n’a pas l’air au mieux (il s’agit de coco38). Je n’ai alors qu’une hâte, c’est de finir cette petite balade. Je remplis in extremis l’objectif de finir avant la nuit puisque j’arrive à 20h50 dans une belle ambiance, ravi de ma journée mais également soulagé d’en terminer.
A moi la bière d’arrivée, non sans avoir sonné la cloche bien sûr. Je récupère mon sac à dos finisher et en profite pour féliciter l’organisateur pour ce magnifique évènement et cette organisation sans faille. Je file ensuite au bar où je fais connaissance avec un autre Kikoureur en la personne de Xian.
le grand timonier qui était sur tous les fronts en tant que bénévole
Malheureusement, la file d’attente pour récupérer le repas est un peu longue et la musique un peu forte pour ma fille qui a eu une journée fatigante aussi à suivre son papa sur les ravitos de sorte que je suis contraint d’écourter la soirée pour rentrer la coucher.
Voyons le verre à moitié plein…qui sera très rapidement un verre complétement vide
Bilan
Une superbe course très bien organisée (rien à dire sur le balisage et les ravitos notamment) mais très exigeante et qui nécessite un certain niveau de préparation pour ne pas finir blessé ou à l’agonie. A ceux qui veulent se lancer, je recommande de commencer tout de suite le renforcement musculaire et le gainage, afin de pouvoir profiter pleinement des paysages.
D’un point de vue personnel, j’ai éprouvé un peu de lassitude sur la fin de sorte que je pense me limiter à l’avenir à des courses que je pourrais finir en une quinzaine d’heures maximum et comme mon temps disponible pour préparer de telles épreuves ne devrait pas augmenter à court ou moyen terme, je viserai donc plutôt les courses enfants ou adolescents inférieures à 70kms (à moins que le tirage au sort du 90km du Mont Blanc me sourit car j’ai une revanche à prendre).
Merci encore à tous les bénévoles (il y en avait 600 apparemment sur la course) qui étaient comme toujours aux petits soins pour nous. Merci également à ma famille qui m’a supporté (dans tous les sens du terme) pendant la préparation et tout au long de la course.
Pour moi l’échappée était belle, belle, belle comme le jour, belle, belle, belle comme l’amour
Par contre le lendemain, les tâches du quotidien sont un peu dures à assumer…
J’avais une grosse envie de Piser
Résumé
Bref. J’ai sonné la cloche.
Bell, on dirait un mot inventé pour…Elle
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