bubulle a écrit:J'en rajouterai une petite couche aux bravos, avec des félicitations spéciales pour chococaro qui a terminé le Bourbon en un peu moins de 40 heures.
Carole, certains d'entre vous l'avaient vue à la TDS l'an dernier, pendant les quelques heures de folie qu'on avait mises aux Houches. D'autres l'ont revue cette année aux Tseppes, entre Trient et Vallorcine, où elle a passé 4 jours à pointer successivement l'OCC, la CCC et l'UTMB.....et à encourager les kikous.
Et Carole, je lui dois aussi beaucoup pour ma Swisspeaks à moitié ratée, ou à moitié réussie, c'est selon (elle est pour beaucoup dans le fait que ça penche vers le "à moitié réussie")
C'était un énorme challenge pour Carole, après deux années de galère suite à une grave blessure, que ce retour sur l'ultra. Une préparation minutieuse, sa famille entière derrière elle, et avec elle à la Réunion, un soutien des enfants et amis de son association "Courir Ensemble".
Et même un contretemps à quelques jours du départ pour la Réunion avec une grosse chute sur son terrain de jeu du Salève, ne l'aura pas empêchée de partir....et terminer.
Par superstition....ou par discrétion, chococaro ne souhaitait pas trop un suivi public, mais je pense que, maintenant, elle mérite qu'on sache un peu au delà de son petit cercle d'amis.
On a souffert pendant ce suivi live. Cette montée du Maïdo qui n'en finissait pas (4 heures), la descente finale interminable (2h30)....mais elle avait avec elle tous les enfants malades pour qui elle consacre largement son temps libre et ça ne pouvait pas échouer.
Bravo Caro !
Un énorme bravo à Carole que j'ai eu la chance de rencontrer (et son époux) dans l'avion nous amenant à St Denis: j'étais assis à leur côté
. Au bout de quelques minutes de discussion, elle savait parfaitement qui j'étais alors que je suis aussi discret sur Kikourou (bon faut dire que mon avatar avec le Cervin en toile de fond et les petits drapeaux suisses peut éveiller la curiosité de nos amis helvétiques
).
Elle s'est faite très discrète sur ce que tu viens d'évoquer, évoquant certes ses blessures mais n'en rajoutant pas, préférant discuter de sa diagonale il y a 5 ans (qui passait alors encore près du volcan) ou de tes facéties dans leur jacuzzi lors après ta Swisspeaks
(...facéties que je ne relaterai pas sur ce site qui doit rester de bonne tenue
).
Quant à moi, cette diagonale fut une expérience assez incroyable avec un résultat bien au delà de mes espérances. Je tablais plus sur 40h au départ, un temps déjà assez ambitieux pour quelqu'un peu à l'aise sur les sentiers techniques et peu habitué aux fortes chaleurs.
Paradoxalement, c'est le début de course qui fut le plus dur pour moi. L'avant course avec le contrôle des sacs (chaotique pour entrer dans cette zone avec un effet "entonnoir"), la longue attente (2h30) assis sur un terrain plein de... cailloux (ce sont mes fesses qui ont pris cher avant mes jambes
), et les bousculades pour entrer dans le sas de départ m'ont un peu stressé et puisé de mon énergie. Puis mon départ avec une foule en liesse sur des kilomètres (vraiment incroyable comme engouement
), fut sans doute trop rapide (pour éviter les bouchons plus loin dans les champs de canne à sucre): j'arrive au domaine Vidot en 1h31. J'ai l'impression d'être bien mais très vite je commence à bailler et me sens vite épuisé: plus de jus... je suis en perdition, dans un état de somnolence qui me fait tituber sur des pistes larges autour de "notre dame de la paix"
. Certains coureurs locaux s'en rendent compte, s'inquiètent de mon état, et se mettent à discuter avec moi dans le but de me réveiller, et me conseillent de me reposer et surtout bien me ravitailler à "notre dame": Ce que je fais. Ces coureurs ont sauvé ma course, je leur dois une fière chandelle. ce gros coup de mou durera encore quelques kilomètres après "notre dame" avant que je reprenne du poil de la bête, avec même des périodes de "grand mieux" sur quelques sections bien roulantes que j'affectionne (avant le ravito de Mare à Bout ou entre Mare à Joseph et Cilaos par exemple).
Le reste de la course se déroulera sans gros problèmes physiques (et plus de gros coup de bambou), même si ce ne fut pas bien sûr un long fleuve tranquille: j'ai trouvé les sections faites lors de la seconde nuit (après Maido tête dure et le chemin des Anglais) extrêmement longues et ennuyeuses, avec par moments une technicité extrême des chemins qui me fait maintenant adorer la descente du Kerveguen en comparaison
. Par contre ma journée de Vendredi fut une de mes plus mémorables et ça je ne l'oublierai jamais: Le superbe lever de soleil sur la plaine des cafres avec le coteau Kerveguen et le piton des neiges en toile de fond, sans un nuage (!), avec du monde sur le bord des routes et sentiers à 5 ou 6h du matin (!!!); avoir la chance de traverser - presque en totalité, je ne rallumerai la frontale peu avant le ravito de Roche Plate - les cirques de Cilaos et Mafate lors d'une même journée avec un temps splendide, avec même de superbes panoramas sur le cirque de Salazie du côté du col des Bœufs
. Sans parler de l'engouement extraordinaire et la gentillesse des habitants de l'île: en quelques jours, au fil de rencontres, 20, 30 personnes au moins ont demandé mon numéro de dossard car ils désiraient me suivre.
Je m'estime très chanceux d'avoir vécu cette course de l'intérieur. Cela valait vraiment le déplacement même s'il est vrai il y a quelques imperfections (surtout l'avant course en qui me concerne), et certaines sections (la fin après Sans Soucis) du parcours ne sont pas à mon goût.
Merci à tous pour ce suivi, non seulement de la course des pros et de nous autres. C'est intéressant à relire et souvent très drôle: Faut vraiment que j'écoute un jour ces fameuses interviews à l'arrache faites dans un anglais approximatif, moi qui vit chez les rosbifs depuis de longues années
. Et je vois que le cas Jim Walmsley risque de faire causer encore longtemps
Merci enfin à Tourist 80, Tidgi et Yves 94 (rencontrés l'an dernier sur l'île avant mon "non départ" sur le Bourbon...) pour leur récits de leur Diagonale de l'an dernier. Ces récits m'ont aidé à mieux appréhender cette course vraiment unique. En fait mon estimation de 40h était calqué sur le temps de Tourist 80 l'an dernier (je pense qu'il un niveau similaire au mien, très proche sur route, et est intrinsèquement meilleur en trail). Je vais m'attacher à faire mon propre récit de cette course ces prochaines semaines (je suis une grosse feignasse sur ce genre de choses
): ce fut pour moi une année très riche en course à pied, clairement ma meilleure depuis j'ai débuté en 2004. J'ai vraiment de la chance de pouvoir faire ce sport.