Récit de la course : Els Bastions SKyrace Ultra 2015, par Pat46

L'auteur : Pat46

La course : Els Bastions SKyrace Ultra

Date : 6/6/2015

Lieu : Nuria (Espagne)

Affichage : 891 vues

Distance : 90km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Els Bastions es mío !

 Prélude

Fab- « Allo Pat ! Je t’ai fait ta programmation horaire d’Els Bastions…Je te l’ai faite sur la base du « Verdon » et je t’ai prévu 16h20… »

Pat- « Je te remercie, mais j’étais au top ce jour là et vu ce que j’ai fait à « Ste Victoire » cette année,  on va retarder d’au moins 2h… »

Fab- « je t’en fais un à 18h30… »

Pat- « met mois 19h, ça me fera du mou et du coup mieux pour le moral »

Veillée

Arrivés la veille, grasse mat pendant que Lolo partira faire les 22 1ers km et 1600m D+ du circuit. A 17h seulement je pars récupérer mon dossard. Un peu tard, mais nous sommes à l’heure espagnole. Quand nous arrivons, les « dossards » et 2 stands sont en place, et tout le reste se met en place.


Ca sent le nombre de bénévoles un peu limite, mais en rentrant du weekend, on aura compris qu’ils sont vraiment top avec un grand nombre de trailers dans les différents endroits. Je fais la connaissance de Jean Baptiste (Grimal) que je croyais être le seul autre français. Brève et sympathique conversation, et me rends compte que même s’il trouve sa prépa pas top, ça a l’air d’être un client (124ème au GRR en 42h). A côté de nous s’affaire un des organisateur avec un VIP, un peu plus tard, en consultant internet, je m’aperçois qu’il s’agit de Buzz Burell, une légende du trail et de l’ultrafond américain…

Départ

Réveil 3h, ptit déj normal et prépa traaaaanquille, sans stress. Nous nous approchons du départ, tout a l’air en place maintenant. 2 ou 3 photographes mitraillent tout le monde, je me fais vérifier le matos obligatoire avant de rentrer dans le sas. Les prévisions météo sont bonnes et, en plus des habituels  lampe, piles, etc.… seul un coupe vent est demandé. Je retrouve J Baptiste


, et en discutant, nous nous apercevons qu’il y a une française. Nous faisons connaissance avec Valérie (Lafitte), et comprendrons à nos dépends qu’elle n’est pas venue ici pour amuser la galerie. Petite photo avec Iker Carrera, sympa. Musique à fond, le compte à rebours démarre…

Prudence

Ca ne démarre pas trop vite malgré un étranglement au départ de la 1ère montée (1100mD+). Je me retrouve assez vite en milieu d’un paquet de 120 coureurs seulement, mais je m’aperçois vite que j’ai affaire à des spécialistes. Tenues, allures, gestions vont dans ce sens. Un bénévole nous compte et je crois entendre « setenta y ? » qui me démoralise un petit peu mais je ne m’affole pas. J’arrive au 1er ravito du refuge de Covil, à peine le temps de regarder je redémarre aussitôt, 1mm30.


3 droits dans le pentus nous attendent, de bonnes jambes m’y amènent et je découvre une crête champêtre avec une vue superbe ; plaine d’un côté, montagne (où l’on va se rendre) de l’autre.


Dans le 2ème pentu, j’accélère à peine et reviens sur Valérie. Papotage sympa jusqu’au dernier pentu où je décide de reprendre mon rythme sachant pertinemment que les gars et Valérie reviendront sur moi en descente. La bascule à peine passée, ça commence à doubler, ça coupe, ça coupe sévère même pour certains. Est-ce une coutume ibérique ? Je continu à gérer mes genoux, relâche un max, tellement que je me fais un croc en jambe énorme. 2 roulades me seront nécessaires pour rattraper le bazar. Heureusement que c’était herbeux. Un coureur sympa me ramasse mes bâtons tout en s’inquiétant de ma santé. Valérie me passe à ce moment avec un petit « ben Patrick, qu’est qui t’arrive ? ». Je ne la reverrai plus. Un peu plus bas c’est J Baptiste qui me double, un petit mot sympa et il continue sa progression vers Valérie.


J’arrive assez tranquille à Planoles (km22), fais le plein, banane coca, et repars en moins de 3mm.

Doute

Me voyant en avance sur mon horaire je phone à Lolo qui doit se rendre à Nuria par train, seul accès motorisé du lieu. Je lui fais part de ma légère baisse de moral car je trouve mon allure rapide (pour mon niveau) mais ma place bien lointaine. Je pense être dans les 70 à ce moment. Je gère encore dans cette nouvelle bosse de 900m maintenant tout en commençant à doubler de temps en temps. J’arrive ensuite sur une longue partie en balcon que j’appréhende.


En effet, je ne suis pas très à l’aise sur ces parties roulantes, et je me force à courir. Je sens bien que je m’use mais je ne voudrais pas trop m’entamer jusqu’à Nuria où attaquera la vraie montagne. Passage rapide au ravito de Font de l’Home mort où des groupes massifs de trailers arrivent. Ce sont ceux du 50 et du 65 qui nous rejoignent. Pas très bon pour le moral encore, je n’arrête pas de me m’écarter pour laisser passer dans un 1er temps puis, quand même, ça se calme pas mal en arrivant sur Nuria.


Lolo et des groupies du jour m’acclament de loin. Elle m’annonce 45ème, je retrouve le sourire. Km 38. Je rentre dans la grande salle, bien achalandé pourtant mais rien ne me plait.


Je ressors rapidement, Lolo me donne banane tucs et coca, change ma poche. Je repars après 11mm tout de même bien décidé à accélérer maintenant comme prévu. Je reste prudent quand même, il est midi passé, mon système digestif va se mettre en route. Bien m’en a pris, la nausée monte vite, je me mets vraiment en limite. Mes jambes répondent cependant bien, j’halète énormément, mais ça c’est depuis le début pratiquement. J’envoie ce que je peux, je m’arque boute sur mes bâtons, je souffre, j’ai l’impression de ne pas avancer… Je constate néanmoins que je remonte les 65 petit à petit, et même quelque 90 mais j’espère que je ne vais pas payer une note trop salée sur les crêtes d’altitude qui vont suivre. Le sommet du Puigmal arrive enfin, 2910m, avec quelques nuages menaçants déjà. Et là…

Euphorie

Juste avant le sommet, profitant d’un replat, je teste une relance et suis surpris de mon état. Je bascule donc et le miracle se produit.


Je découvre des sentiers plus techniques que prévu et m’y amuse. Petits pas de cabri, j’enchaine, cours, vole…p…. c’est bon ! Une suite de montagnes russes m’attend maintenant. Je me mets à courir même sur les transitions, pour moi c’est inespéré, Je ne sens plus rien, je suis bien dans la caillasse, la montagne est belle, c’est mon univers préféré, je suis le roi du moooooooonde !!!! Ca monte, ça redescend, 1 fois, 2 fois, ça n’arrête pas… J’attends un ravito qui n’arrive pas, sur google earth que j’avais bien étudié pourtant, je l’attendais + tôt…Mais ce n’est pas grave, même pas mal, mettez m’en d’autres, même pas peur… je rejoins avec étonnement J Baptiste, il n’a pas l’air au mieux. On échange 2 3 mots, je poursuis mon effort et le lâche aussitôt. Après coup, je m’en veux un peu mais je suis tellement bien que je compte rester dans ma bulle. Il finira à moins d’1 heure finalement. Une grosse inquiétude m’envahit quand les nuages avec lesquels on flirte maintenant commencent à décharger un peu de grêle. J’ai oublié d’inter changer ma goretex avec mon petit coupe vent. Quel débutant !! Ca commence même à arquer en dessous de nous, à 500m environ en comptant le délai éclair tonnerre. Ce phénomène ne m’inquiète pas, mais la pluie mêlée de grêle devient + présente. J’arrive enfin au ravito du col d’Eina, km 49, me fais servir un coca pendant que je revêts tous ce que j’ai pu amener. Je repars vite et, ayant peur d’avoir froid, décide d’accélérer encore. Ca répond parfaitement et ça me réchauffe juste ce qu’il faut. Je continue encore mes montagnes soviétiques en prenant un pied d’enfer. La descente débute enfin et m’amène doucement au col de Marrana, ravito 6, km58. Encore express celui-ci, je repars mon verre de coca à la main. Ca démarre par un gros pentu pour rattraper un sentier. Mes genoux qui m’avaient laissés tranquille jusqu’alors commencent à souffrir. Voyant orage à droite et orange vif à gauche. Je décide le mode « rando ». Je me fais aussitôt rattraper par une fille et un gars du 65. Ca ne durera que 11mm heureusement et je reprends ma belle foulée. J’arrive au pied de l’avant dernière bosse, 550m, et plus personne derrière moi, un groupe d’une dizaine devant.


J’entame prudemment, ça a l’air de répondre encore, donc j’envoie, encore. Arrivé en haut du Balandrau, après un ravito encore rapide au col des 3 pics, j’aurai dépassé tout le monde.


Pointage au sommet avec un grand nombre de bénévoles, on m’encourage en français, quelques mots d’humour et je repars pour la longue descente. Km66.

Souffrance

D’abord un droit dans le pentu, alerte orange, je retiens mais je sens que le vent tourne. La large crête herbeuse devient moins pentue, j’ai en ligne de mire 4 trailers, mais je reviens sur eux très péniblement. Les deux 1ers sont un couple, je me fais congratuler comme jamais. Je suis très surpris et ravi forcément. La fille arrivera 2ème de sa course, le 65.


Je les lâche doucement et me retrouve sur une grande piste large. Je suis scotché. J’aurais du être à 12 là-dessus, la plupart devrait passer à 13 mini mais je coince à 10,6. Pas 10,7 mais bien 10,6. Ca ne dure que 2km, mais je trouve ça interminable. On sort enfin de cette autoroute mais c’est du pentu qui m’attend. Ca va être souvent comme ça jusqu’à Pardines où le dernier ravito m’attend. Ces 10km de descente font revenir sur moi 2 du 90…J’enrage mais fallait bien s’en douter. Des gens attablés au bistrot et des bénévoles m’acclament en arrivant au village. Sympa, ça fait du bien. Je ne rentre même pas dans le ravito et Lolo me refait les niveaux. Je me crois 28 à ce moment là. Je resterais bien ici, tellement je me sens bien assis sur mon muret, mais voilà ti pas que 2 du 90 arrivent encore. Pim ! Debout, départ, je veux garder un peu d’avance car je sens la dernière bosse pas évidente avec ses 900mD+. Je trouve un gars du 90 qui fait demi-tour, croyant n’avoir pas trouvé la bifurcation du 65-90. L’ayant bien étudié, je le rassure, on le trouvera un peu plus loin. Il restera prudemment avec moi jusque là avant de s’envoler sans que je n’y puisse absolument rien. Là encore, ça na pousse plus. Aïe ! Autant rien ne m’arrêtera maintenant pour aller au bout, mais ça va revenir dru derrière. Je suis cuit, je pousse au max mais ça avance lentement, la pente est souvent forte dans cette 1ère partie. Les sous bois m’empêchent de voir l’arrière mais à quoi bon, que pourrais je faire. Une piste intermédiaire où j’aurais du courir me permet de récupérer avant d’attaquer un muuuuuur. Un pré à vache plus raide que jamais…interminable… Je croise le mari de Valérie qui a supporté sa moitié jusqu’au Taga, m’informe qu’elle est à 1/4h, et que c’est ce temps qui me reste jusqu’au sommet.


Ca me rebooste mentalement. A peine sur la dernière crête qu’apparait un poursuivant. Merdum. Une dizaine de bénévoles m’acclament au sommet, des cloches résonnent, le pointeur m’embrasse presque, tout ça sous un superbe soleil couchant…


Magique…  Plus que 6km et 1100mD-.



J’avale tout ce qui me reste pour donner tout maintenant, mais voilà, trop c’est trop. Ca ressort aussitôt, j’essaye de courir mais ça revient…Aaaah, pas maintenant… 4 ou 5 fois puis ça va mieux… mais pas la pente… oh purée !! Des pentus de malades !! J’attaque tout ce que je peux, alerte rouge des 2 côtés maintenant, tant pis. D’autant que je pointe le suivant à moins de 2mm. Sur un faux mouvement le genou gauche coince. Grosse gueulante, je fais quelques appuis en canard et ça se remet aussitôt en place. Pfff, j’ai eu chaud. J’arrive dans la noirceur d’un sous-bois et ne prends aucun risque, je sors ma frontale. Bien m’en a pris, mon poursuivant arrivera 5mm après moi et sans lumière.

Apothéose

 J’arrive enfin dans les faubourgs de Ribes, petit plat ou je gambade désormais. Ca y est, c’est fait. Je n’ai pas franchi le dernier virage que j’entends déjà des « Patriqueee, Patriquuee Patriqueee !! » Je vire et là, la folie… Un speaker hystérique clame mon prénom et des « Els bastions es tuyo ! », les groupies crient, les flashes crépitent…mais mais j’ai gagné ? Tout le monde s’est peut être perdu ?


Non non…Tout le monde aura droit à son moment de gloire et ce n’est pas vraiment désagréable… Très heureux de ma gestion, ma course au temps s’avère inespérée, et j’améliore le meilleur temps que l’on avait prévu. Surprise pour ma place aussi car je finis 25 et vu le niveau je ne peux être que satisfait. Bénévoles, coureurs,  tous aussi sympas les uns que les autres. Une orga que l’on sent efficace, carrée, inventive, un balisage comme jamais vu… un petit bémol pour la remise des prix le lendemain au centre du village, peu de monde, peu d’ambiance malgré un speaker enthousiaste mais sans voie maintenant (il a envoyé toute la nuit le pauvre).


Valérie au sommet!!

Ca ne me dérange nullement, car cette expérience, une semaine après maintenant, me fait me rappeler encore  chaque détail…Quel pied !!


Fin

Pat- « Allo Fabrice !  »

Fab- « Alors ce Bastions»

Pat- « 16h06 …. YESSEU !!»


2 commentaires

Commentaire de mic31 posté le 15-06-2015 à 13:11:34

Joli récit Patrick, tu n'y étais pas allé pour acheter du terrain. Encore une course qui donne bien envie, sauf peut être au niveau des ravitos, le mal espagnol.
Les noms des lieux sont communs avec Emmona qui se court une semaine plus tard, ça ne doit pas chômer au niveau balisage/débalisage.
Et bravo à toi pour cette belle place.

Commentaire de Pat46 posté le 01-03-2016 à 09:41:06

Merci Michel...Allant très peu sur Kikourou, je découvre ton commentaire en allant voir le forum sur le TOR...C'est pas gagné...
En parlant d'Emmona, figure toi que je m'y suis inscrit pour préparation sur le 72km 6200m+ ... cette fois ci c'est 1 semaine + tôt..
Faudra bien qu'on court ensemble un de ces 4 quand même... ;-)

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