Récit de la course : Grand Raid 73 2025, par Kevin-Pilat

L'auteur : Kevin-Pilat

La course : Grand Raid 73

Date : 24/5/2025

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 316 vues

Distance : 110km

Objectif : Terminer

5 commentaires

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Ultra Baugerie

ULTRA DES BAUGES 110kms – 8000+

 


   Vendredi 23 mai 2025, après une matinée formidable à encadrer les enfants dans le cadre de "l'école dehors" je file en direction de Cruet avec Clélia. Je suis fatigué, le manque de sport dans la semaine d’affûtage se fait sentir lol.

   2h de route et nous y voici, Cruet ! je me rappelle quand je passais à proximité et que je lorgnais sur ces belles montagnes, jamais dans ma précédente vie de kayakiste j'aurais cru que j'allais fouler ces chemins ... nostalgie <3.

   Le site de départ est très beau, belle église, panorama sur Belledonne ... magnifique.

  On se stationne sur un des parkings de la course, à l'écart, il n'y aura finalement que 3 voitures sur celui-là. La voiture est installée en mode van avec la structure pour le lit pour qu’on puisse se poser avant la course, que Clélia puisse y dormir et après la course on a prévu un dodo dedans.

On va chercher le dossard, c'est rapide, c'est convivial et je croise El Maestro Bubulle.

On retourne ensuite à la voiture, j'hésite toujours sur comment m’habiller mais Clélia m'aide là-dessus : ce sera départ en 3/4 pour le bas et haut MC puis changement à la Thuile en mode "hiver". Bon ça c'est fait :p on se fait un petit "speed bac" on déconne, c'est chouette. Je grignote, on se regarde la suite de LOL, on se marre avec JoJo Fantaisie <3.

Je mange vers 18h30 et ce n'est que vers 20h00 qu'on décide de bouger la voiture sur le parking du départ comme personne ne se stationne ici.

S'ensuis une montée progressive vers le "réveil". Pipi de la peur, échauffement balistique, mobilité articulaire, pipi de la peur, un petit kilomètre de footing, pipi de la peur et collation d'avant course et ... pipi de la peur.

 


   22h30. C'est le moment, la tenue est mise, frontale sur la tête, on ferme la voiture et on s'approche du départ.

Petit check dans la salle, il fait trop chaud, on ressort et on se place dans l'herbe.

   22h45, mise en place dans le sas de départ, dernier bisous à ma chérie et briefing de la direction de course. Le briefing est "léger", démerdez-vous, finissez dans les temps, vous allez en chier (je résume à ça), ah oui et suivez les fanions oranges :D.

   23h00, petit feu d'artifice au sol, départ du peloton de 138 coureurs, je suis dans le dernier tiers au départ, sur la gauche pour revoir une dernière fois ma chérie et ... encore un bisou au passage.

 


=> La Thuile

 


   Ca filoche dans les petites rues de Cruet, je reste derrière une féminine, rythme très cool, je me laisse doubler et "enfermer" conformément à ma partition. Je croise avec plaisir Philippe qui souhaite rester derrière (puis me dépassera dans la montée du col du mont comme une fusée, agacé par la "lenteur" ambiante j'ai l'impression)

   Epingle à droite et bim, c'est parti pour la montée au col du mont, marche bâton, 850m/h dans le flot avec le flow. Sentier sympa, un peu glissant par endroit, parfois raide parfois moins raide mais l'ambiance est placée, ça va être un terrain que j'adore, du raide, du technique, du beau <3. La montée se fait dans le peloton, et d’ailleurs je ressens une "tension" dans le groupe, les BH serrées y sont sûrement pour quelque chose, perso je joue ma partition et ne fait pas attention aux autres, j'avance à l'allure que j’ai décidé.

   Rochers du Guet, sublime, pas grand monde tourne la tête pour regarder la plaine, je lance mes premiers "c'est trop baaauuuuuuuuges" de la journée, il y en aura une chiée !

   Ca filoche en direction des rochers de Tormery, ça glisse, les pierres sont patinées, il y a un peu de boue, ambiance ...

Dans cette partie, sur des dalles j'accroche le pied gauche, ça tire, je tombe en avant et me rattrape sur un arbre, ouf, méfiance, je me repositionne et me dit de regarder un peu les pieds quand même :p.

La suite se fait sur des sentiers agréables en direction de La Thuile où un point d'eau a été installé. Je remplis les flasks, jette les déchets et au petit trot autour du lac.

 


=> Les Mermets

 


   Autour du lac (non pas du connneeemmmaaaarrraaaaa) ça court mais ça caille. Je m'arrête devant la mairie de La Thuile, hop je m'habille, haut thermique et je remballe les affaires mouillées et c'est reparti pour une belle section en direction du pic de la Sauge. (d'ailleurs je m'auto faisais des blagues en me demandant s'il y avait de la sauge en haut...bref ...)

Un premier ruisseau à traverser, j'en suis encore à préserver les chaussures et les pieds. Ca court jusqu'à la bifurque avec le chemin de montée au pic. De toute façon c'est simple, c'est soit ça monte fort, soit ça descend fort, entre les deux ça n'est qu'une petite parenthèse, un léger souffle, moi ça me va bien, c'est typiquement ce que je fais en Chartreuse ou lors des dernières sorties de sanglier dans le Pilat.

   Montée au pic par un beau chemin single puis arrivée sous des falaises, sublime, troopppp Bauuuugggeeees. La suite de la montée au Pic est ...... sacrément vraiment beaucoup très raaiiiiiideeee, trop beau. Non mais vraiment ça monte fort, dans des escaliers taillés dans la terre et la roche, c'est suuuublime, j'adore, et le tout arrive sur une jolie crête avec une vue à couper le souffle, le Pic est là ! trooooppp Bauuuuges. Quelle vue en haut, par contre il y a du vent froid !

   La descente du pic se fait cul à cul, je filoche derrière des coureurs, le ton est donné , ça glisse pas mal, bon maintenant que je sais quel terrain je vais trouver j'adapte ma foulée, les allures pour faire coller à mon projet.

   Dans la prairie en direction de la Galoppaz je me pose sur le côté pour un besoin, je coupe la frontale ..... le ciel est magnifique, étoilé, waaouuuh. Je suis biiieeenn.

   Je me fais doubler par une bonne dizaine de coureur, je me colle à l'arrière et reste "au chaud". La montée de la Galopp' se fait dans un rythme en deçà du rythme voulu, pas grave, j'en profite pour regarder les étoiles, les frontales devant, derrière, le serpent lumineux est ouuuuuf, magnifique.

   La montée à la Galopp' se fait assez vite finalement alors que les frontales semblent telllleeemmmment lointaines. Arrivée au Pic, c'est parti pour la descente droit dedans ... le segment est à 45% de pente, ça ressemble à la pointe d'Angolon, même terrain, mais ce coup ci la boue accroche et je me retrouve avec des sabots au lieu des chaussures :x.

   Direction le premier vrai ravito, chalet Ballan, pas spécialement de souvenir si ce n'est que ça déroule dans la descente, technique, ça c'est bon j'ai intégré puis ça remonte sur une piste humide et boueuse pour arriver au kms 26.5. Ça caille fort ici, j'y reste pas longtemps, juste le temps de refaire les niveaux d'eau et prendre une demie banane.

   S'ensuit une piste puis une route descendante, agréable, la lueur du jour commence à se voir, il est presque 5h du matin, la lune se lève, les dernières étoiles scintillent, putin que c'est Bauuuugeeess. Mais c'est le kiiiif !

La montée au col de la verne est assez raide au départ, en forêt avec parfois quelques points de vue, ça avance tranquille, le tac tac des bâtons me berce et les oiseaux commencent à chanter.

   Col de la Verne, il y a un secouriste posté, comme à chaque personne rencontrée, un chaleureux bonjour et merci, c'est important et ça vient du coeur :)

   Dans cette montée je vais commencer à ressentir des douleurs au tibia, puis genou et cuisse, ça viendra et partira au gré des pas, je sais pourquoi, la pseudo-chute du début, j’accepte et j'avance, c'est un peu normal d'avoir mal aux cannes avec le ratio de malade qu'il y a.

La descente du col de la verne commence difficilement, ça glisse, c'est technique, il faut être bien focus, je prends le temps.

Le jour se lève, j'arrive dans un petit hameau, les vaches me font faces, je les salue, elles me regardent, ne me disent rien, tampis, moi qui voulais savoir comment elles allaient :p.

Puis la fougère, je sais que c'est le début du KV du Margériaz mais surtout au premier tiers de montée il y a le ravito du 42ème kms, je vais retrouver Clélia <3.

Bien sur, juste avant il y avait le choix entre une piste confortable ou un raidar à 30% .... ce sera donc le raidarquand tu as compris que le bauju qui trace n'aime pas faire de détour et bien rien n'est surprenant.

   Les Mermets, j'arrive juste avant la route, j'en laisse tombé mon bâton quand je vois Clélia puis nous faisons les 500m ensemble pour aller au ravito et qu'elle puisse m'assister.

   Au ravitaillement, c'est 10' de prise, changement de chaussettes, je mets le short qui mouleet refait les niveaux.

 


=> Aillon le Jeune

 


   Il est 7h, je suis pile dans mes "prévisions", d'ailleurs je me fais la réflexion, les prévisions, les prévisions par rapport à quoi ? j'ai fait une reco ? je connais le terrain ? non! donc en fait ce ne sont que des chiffres que j'ai "inventé" en prenant les stats de mes temps de montées, de descentes, corrélées à un indice de technicité de terrain et ensuite de fatigue, bref, uniquement un simple conducteur.

   Le départ du ravito se fait sur une piste puis la quitte brutalement pour ... monter droit dans la pente :D.

S’ensuit un cheminement dans la forêt, puis dans un champ spécialement tracé pour nous pour enfin retrouver le sentier avec vue sur les falaises. Ca monte doucement avant de clairement engager dans la pente. J'ai un peu l'impression d'être sous la grande sure, en bien plus grand, nostalgie <3.

Lorsque le chemin de terre devient chemin de pierre la pente est forte, l'allure baisse mais le rythme de montée reste le même, toujours aux alentours de 800m/h. Putin que c'est beau, je regarde à droite, à gauche, devant, derrière, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles. Je dépasse trois coureurs sans forcer le rythme, je suis là où je veux être.

   Arrivé au niveau d'une sorte de "monolithe" il y a deux bénévoles, je discute quelque instant avec eux, je leur dis que c'est juste magnifique, que ce parcours est génial, qu'ils sont tops, bref je balance des éloges et j'exprime mon bonheur. Je fais une vidéo pour Clélia, et c'est parti pour le golet de l'agneau.

   Il y a des échelles, un câble pour se tracter, deux trois marches et on arrive dans une faille dans la falaise, waaaouuuuuuhh, je refais une vidéo de cette traversée pendant 2'. C'est sublime, iinnnccrrroooyyaaaaabllllleeeeeee.

   La faille débouche sur le plateau du Margériaz,oh la vue ! Chartreuse, Belledonne, Bauges .... magnifique. Pour changer, nouvelle vidéo pour Clélia, je lui exprime mon bonheur et mon amour <3.

Le chemin se poursuit sur la crête, au départ sur la piste 4*4, puis sur un sentier en bord de falaise pour dans la prairie avant d'entrée dans la forêt. Le sentier est joueur, parfois technique, parfois non, très jolie, et qui passe assez vite. Cette descente, en forme doit être du bonheur à jouer dedans !

La toute fin du sentier par contre est un chouille plus relou mais l'arrivée sur Aillon se fait sentir donc ça contre-balance ces sensations. Toujours des petites "alertes" aux cuisses et mollets, je ralentis et adapte la foulée au gré de la forme mais ça va globalement très bien.

   Arrivée sur Aillon le Jeune, il fait enfin bon et je vois ma chérie <3. Petit trot à l'arrivée, 10' de pause pour se changer en mode "été", refaire les niveaux et apprendre que le Colombier est shunté pour permettre aux coureurs de tenter de finir la course (malgré le shunt qui fera gagner 45', seulement 66 coureurs finiront sur 138 !)

 


=> Ecole

 


   Départ de Aillon le jeune, petite foulée boitillante avant de reprendre le rythme et remettre en route, j'adore  ces départs de ravitaillement, gonflé d'amour et d'eau fraîche <3.

   Bien entendu il y a rapidement une belle rampe pour accéder à la forêt pour emprunter un chemin en forêt, en traversée sans vraiment de vue, pas vraiment intéressant mais pas moche, bref le temps passe vite sans difficulté au gré du tac tac des bâtons.

J'ai un coureur en ligne de mire mais ne le rattrape pas, pas envie de me mettre dans le rouge, je joue MA partition, je choisis le rythme à moi que je veux :p.

Je croise l'ouvreur du 50k, on discute un peu, j'apprends qu'il est entraîné par Adrien SEGURET, mais je ne creuse pas plus, je n'ai pas envie, sur cette course j'aime me retrouver seul.

Je laisse filer l'ouvreur en disant "allez file et bonne ouverture" :D. La montée en forêt se poursuit jusqu'à déboucher dans une magnifique combe avec la vue sur le Colombier et des chalets d'alpage, waaaouuuuhhh, nouvelle vidéo pour Clélia, moins enjouée, car je commence un peu à être entamé !

Le chemin redevient presque plat avant de remonter franchement dans l'alpage pour finir sur la piste sous le Colombier, magnifique vue, j'adore.

   Arrivé au col sous le Colombier, pointage manuel (c'est pas le nom du bénévole hun) j'admire la vue, le colombier que je ne foulerai pas, je me dis que je reviendrai sur le 75 pour le faire. Au moins 45' de gagnées, le timing est "respecté" même si je faisais le Colombier.

Direction les chalets de la Fullie avant la BH, j'ai de l'avance, j'en profite donc pour dérouler tout doux le début de descente et apprécier le paysage. J'ai découvert mon "why" pendant cette course et je l'ai affirmé tout au long des kilomètres.

La descente sur les chalets est bien sympa, ça descend, puis ça remonte, puis ça descend plus franchement, toujours dans un paysage magnifique et une météo clairement top! Le terrain est quand même un peu gras mais rien d'insurmontable quand tu as fait Samoens l'année dernière ...

   Au chalet je prends 30 sec pour discuter avec les bénévoles en demandant le nom des sommets alentours, Peclot, Trelod, Arcalod, Arclusaz, Mont Pelat etc.. puis j’enchaîne sur la descente vers École, au début sur une piste, puise un sentier "joueur" qui doit être agréable avec les cuisses fraîches, mais bon là en étant entamé je suis plus sur la sortie de l'Epahd qu'autre chose, mais encore une fois, le rythme choisi est volontaire, je joue MA partition. Le tarif dans les Bauges c'est des montées de 1000+ et des descentes de 1000- :p

   Arrivée à Ecole, sur une piste, puis une route, ça dérrrooouuulllle enfin, puis dans le village je marche, oui je ne fais pas semblant, je préfère mettre en route le mode ravito et éviter les grosses tensions, passage devant l'église, je regarde dedans, magnifique puis je rejoins Clélia <3, au top comme d'hab, tout est installé, Banzai !

   Je prendrai un chouille plus de temps, 15' car je me suis assis et j'ai pinaillé, j'ai eu du mal à réfléchir, à penser intelligemment, on est au 70ème, il est midi, on a fait une nuit blanche et il commence à faire assez chaud.

 


=> Les Arbets (Arbé!)

 


   Ah Ecole, dernier ravitaillement avec Clélia avant looooonnngggttemps. C'est aussi le début du mode musique, écouteurs dans les oreilles je pars du ravitaillement au petit trot, je dépasse un coureur, je filoche sur la route et marche bâton dès que ça monte, déjà sur la route, puis dans un champ dans les hautes herbes (je me dis à ce moment que le traceur à des parts chez TIRE TIQUE), je passe une chapelle, c'est Bauuuuges, je comprends pourquoi on passe par là, c'est pas foufou mais c'est bucolique et ça fait du bien de pas prendre des montées de 1000, là c'est 100+ et 200+ avant le début de la montée vers Arclusaz. Passage dans le hameau du Carlet, bifurque à gauche à coté d'un gîte qui a mis des transats pour flânerpuis comme c'est coutume, grosse pente dans la forêt. Je marche cette section au ralenti, le rythme est de 560m/h mais encore une fois, je l'ai volontairement adapté, il fallait bien avoir un petit down à un moment donné. Adaptation et gestion !

   Redescente vers le couvent, route goudronnée, petit trot sur la route, pause technique au bord du ruisseau et .... paf ! le vieux chemin, celui dont Laurent parlait pour aller chercher de l'eau depuis les chalets, ah le vieux chemin... il est beau et ... rraaaiiiddeeee. Mode montée activé, dans le rythme du Tactac mêlé à la musique chevaleresque et épique dans les oreilles, c'est difficile mais c'est beau, je suis heureux. D'ailleurs aucun soucis de nutrition sur toute la course, je me fais la remarque que la stratégie nutrition à base de gel Baouw et barres Xtra est payante, je prends plaisir et c'est top.

   Je n'attends qu'une chose, déboucher dans l'alpage dont Laurent a tellement parlé et effectivement c'est magnifique, hors du temps, préservé et ... la croix nous nargue 8000m plus haut, wouaaaouuuuu, c'est Bauuuuuuges !. Par contre cette piste 4*4 est loooonnnguuuuuueeee, je la passe en marche nordique à contempler le paysage. J'ai cru au ravitaillement aux premiers chalets mais non, ce sera au niveau des derniers.

Sur cette piste je serai accompagné par le « coucou » d’un oiseau pendant 10’.

   Aux Arbets, Madame BUBULLE nous accueille avec la cloche :D. Ravit'eau/coca/St yorre de qualité par la Kikourou Team <3.

   Je reste 10', j'ai envie de faire honneur au maître des lieux et de parler un peu avec eux, dire mon bonheur d'être là. On m'annonce 1h pour monter à la croix, le premier à mis 33', j'en mettrai 44.

 


=> Epernay

 


   Départ du chalet, sentier dans la combe puis virage à droite et .... droit dans la pente, c'est parti pour une section verticale. Au départ dans la pente herbeuse, à 1km/h ça monte à 900m/h ! puis passage en dévers dans des dalles légèrement glissantes, ah je fais pas le malin, je m'arrête, je me concentre, je passe puis j'arrive sous les passages entre rochers, herbes et terre. Je range les bâtons et je vais mettre les mains pour assurer le tout. Ca grimpe vraiment fort, je ne fais pas le fier, la croix est là mais bon dieu c'est pas loin, mais j'y arrive pas! je contemple le paysage lors d'arrêts brefs pour trouver la sente et continue de monter à 4 pattes.

   En haut je suis accueilli par les guides, dont un qui connaît le PILATRAIL. Il me dit que si je vais à la croix pour le paysage je serai seulement le sixième à le faire, au début je dis non que je suis pas à mon aise puis je réfléchis et y monte pour voir le paysage ..... et bien ça valait le coup, incroyable panorama !!!!

Je redescends de la croix, laisse passer deux coureurs bien plus à l'aise.

Je vais me lancer dans la traversée de la crête, sécurisée par une corde fixe placée pour la course. Avec la crête et la descente qui arrive je ferai un kilomètre en 43' .... !

La crête est spectaculaire et je ne cesse de dire que c'est vraiment couillu de nous faire passer là après 80k, non pas que je n'ai pas l'habitude, mais quand je fais des choses comme ça c'est dans des sorties de 6/8h, pas au bout de 17h.

Je descends parfois sur les fesses, en désescalade, toujours en tenant fermement la corde puis j'arrive à la brèche du col de cochette.

Mode désescalade, je m’agrippe à la corde et pose précisément mes pieds mes mains pour descendre la dizaine de mètres très technique. S'ensuit un sentier très raide, avec des cailloux qui glissent, des pierres qui roulent. D'ailleurs deux traileurs en entraînement auront déclenché deux départs dont une pierre qui est passée à quelques centimètres de moi.

   J'y vais tout cool et je retrouve du réseau, je reçois un message de Clélia qui me dit que l'application indique que je ne passerai pas la BH à EPERNAY. je l'appelle aussitôt et l'informe que l'appli bug, ça fait 3h pour 10k, je lui annonce 2h (j'en mettrai 1h30).

Je relance donc dans la descente, je la cours, je déroule, je marche les petites montées puis plus on descend plus il fait chaud et plus le sentier devient piste avant de se faire un kilomètre de boue. Les forestiers sont passés, la pluie aussi, la boue est importante, bien 30/40cm, bon bah allez pataugeons gaiement :D.

Puis la piste laisse place à un chemin, puis une route, puis arrivée dans le village, je déroule tel un gladiateur boueux devant un public enflammé (dans ma tête bien sur) et je retrouve Clélia qui fera 500m avec moi en marchant, assistance interdite, pas de point d'eau c'est juste un petit bisou et ça repart. 1h30 d'avance sur la BH.

   Je relate à Clélia que j'ai flippé en haut, que c'était un truc de fou et que j'ai kiffé !

 


=> Mont Pelat

 


   Départ d'Epernay en faisant un cœur avec les doigts et reprise du tactac. Je me mets dans mon rythme habituel, ça grimpouille sur un beau chemin avant de suivre ..... un sentier pas spécialement marqué, avec des hautes herbes :x. Là c'est 1.5 kms dans un sens puis droite droite pour retourner dans l'autre sens et se monter la montagne. C'est long et pas spécialement interressant. Je laisse filer au loin deux coureurs, A6T et un autre, que je retrouverai dans la descente finale.

   Cette section est pas folle, car le chemin se transforme en pré à vache sans vache, dans des ornières, des hautes herbes, des droits dans la pente dans les hautes herbes. Je sais pourquoi il nous fait passer là, car c'est sublime, un magnifique balcon sur les Bauges, mais comme le chemin est tout pourri, impossible de contempler trop longtemps. Cette section sera assez longue et il ne fallait pas avoir trop de retard en bas au risque de ne pas passer la BH du Mont Pelat !.

Puis enfin j'arrive sur le sentier de crête, un sentier sans difficultés, ça monte, descend puis monte franchement. Là par contre je n'aurai pas été rapide, plutôt lent voir mauvais même, j'étais sortie de mon schéma à vouloir rester dans le rythme des coureurs du 75 que nous retrouvions. J'avais la flemme de reprendre mon rythme et enchaînait pauses technique, vidage de chaussure, photos, bref jusque sous le mont Pelat c'était pas fou. Lorsque j'ai eu le Mont Pelat en vue j'ai dépassé le groupe pour reprendre mon rythme et me remettre dedans.

   Arrivé au ravitaillement , plus de poulet, dommage, ce sera banane et coca :D.

Je resterai moins de 10'.

 


=> Col de Marocaz

 


   Départ du Mont Pelat, 1h45 d'avance sur la BH, ce ne sera plus un souci ; je marche le début de piste, change de musique, crie un "jooojjoooooo fantaisiiiiiieeeeeee je me drogue à la vie" et banzai, dans mon schéma c'était MMP (meilleure moyenne possible), donc yallaaah!

   Petit trot en descente, plat allongé, montée solide, il reste 150+ sur cette section avec des descentes qui montent :p , les douleurs ne sont plus là depuis quelques heures, le corps à compris le boulot à faire. Je reste derrière un 75 qui a le feu au cul à cause des BH puis le dépasse au gré d'une piste forestière, je cours bien, très bien même. Nouvelle mini bosse, je vois un 110 me revenir dessus, il me dit qu'il a flippé en me voyant accélérer d'un coup en pensant que la BH était bientôt, je l'informe que non et qu'il est temps de rentrer ! On va faire la descente sur le col ensemble, même allure qu'une sortie d’entraînement, après 100 bornes j'en suis fier!

   Arrivée au dessus du col je le lâche pour appuyer la piste forestière, j'arrive très vite au col, Clélia me voit arriver à la dernière seconde.

   Je lâche mon sac, met un TS ML, le TS du JCV, pas de frontale, j'annonce à Clélia moins d'une heure de descente (bon j'avais zappé qu'il y avait encore 80+ et j'en mettrai 1h07), barre, banane, redbull, bisous et yallaaahhh. 3' pas plus.

 


=> Cruet 

 


   Je démarre en trombe, je monte le premier raidar en marche bâton tonique, puis la piste montante au trot appuyé et je double du 75, le cœur monte un peu et je me dis que la redbull c'est bien mais la crise cardiaque est proche mdrrdonc je tempère mes ardeurs. Je suis euphorique, tout foufou, je virevolte dans le sentier jusqu’à rejoindre deux 110, les deux traileurs du Mont Pelat, A6T et un autre qui a fait le Tor, la SP etc ... je reste derrière, ils engagent bien la descente, ça glisse fort, je fais gaffe, ça serait con de se niquer là. Je pensais aller plus vite, mais j'avais oublié qu'en BAUGES c'est très technique :p. Les deux gars ralentissent, je reste derrière et on papote, à ce moment, à 5k de l'arrivée je me dis que je vais rester derrière, qu'ils sont devant depuis le début et que c'est débile de finir au sprint. Mais je me sens "bloqué. Je reste derrière jusqu'à 3.5 km de l'arrivée, ils retrouvent un de leurs amis, ça ralenti fort, je dépasse à gauche et j'enclenche direct pour faire l'écart.

   Au final j'aurai creusé un écart de 15' en 3kms! La fin est easy, piste forestière, petit coup de cul intégralement couru, puis piste, puis route puis village où j'ai l’impression de finir taquet ...... à 11.5 km/h mdrrr.

   Enfin l'église ! l'arche ! ma femme ! enfin, enfin je finis une course, et quelle course, je passe la ligne, petit geste télémark et je remercie Yan pour ce sublime parcours de boucher Bauju !

 


   Je termine fier, heureux de cette journée passée sur les sentiers, passée avec ma femme, quel week end en amoureux, amoureux de la nature et amoureux de ma femme. Le BONHEUR !

 


   Pendant la course j'ai eu du mal à me souvenir de Jojo Fantaisiiiiieeeeeee mais maintenant c’est bon je l’ai intégré:p, et la phrase du "chauffeur est dans le camion" restera pour Clélia.

 


   J'ai trouvé mon WHY et le "pilote est resté dans le véhicule", dans l'instant présent, faire ce qu'on peut avec les ingrédients du moment.

 


Pour les références :

 


Le livre d'Anne FOURIE : https://www.editions-eyrolles.com/livre/arretez-de-vous-fixer-des-objectifs

Podcast : Préparation mentale avec Stéphane BROGNIARD et UGO FERRARI (www.duc-army.fr)

Jojo Fantaisie : https://www.youtube.com/shorts/gu8IfEk5Pms

5 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 27-05-2025 à 13:06:16

tu as passé un bon moment et ça se voit ! j'ai l'impression que t'es pas malheureux malheureux dans ta vie et ça se sent ! c'est mérité, profite. Content de t'avoir recroisé, à la prochaine et bien sur...bises à Clélia !

Commentaire de jano posté le 27-05-2025 à 14:44:10

super journée pour toi, c'est cool !! Merci de partager une autre vision que la mienne, largement plombée par mes tergiversations énergétiques. Et encore un grand merci à Clélia pour la préparation du stand F1 pour la 2CV et puis à toi bien sûr pour la proposition !! A+

Commentaire de Kevin-Pilat posté le 27-05-2025 à 14:46:25

Merci beaucoup !!,
Kikourou est une belle communauté avec de très belles personnes<3

Commentaire de bubulle posté le 27-05-2025 à 14:58:27

Magnifique précision dans le récit, on s'y croirait ! Pour un peu, je voudrais l'avoir écrit (sauf que, moi, cette course, je l'aurais finie en 30 heures). C'était LE trail à finir cette année, cet Ultra des Bauges (où "y'a pas trail dans le nom", que dit le Grand Chef).

Mais c'est vrai que dans la Loire et le Pilat, le dré dans la pente et le technique un peu pourri (les chirrats!!!!), on connaît.

A une prochaine car j'ai adoré cette première fois où on s'est enfin croisés.

Commentaire de TortueTrélod posté le 28-05-2025 à 13:17:39

Un super récit ! Merci beaucoup, j’ai adoré le lire. Félicitations pour TA course, une bien belle gestion et beaucoup de plaisir apparemment. Au plaisir de, dans les Bauges ou ailleurs

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