Récit de la course : La Course des Trois Pitons 2006, par Stéphane974

L'auteur : Stéphane974

La course : La Course des Trois Pitons

Date : 16/7/2006

Lieu : Plaine des Palmistes (Réunion)

Affichage : 591 vues

Distance : 33km

Objectif : Se défoncer

2 commentaires

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Course des Trois Pitons 2006

Dimanche 16 juillet, avec mes deux copains Laurent et Olivier, j'ai fait pour la première fois la course des Trois Pitons à la Plaine des Palmistes. Cette 6e édition a été profondément modifiée en raison de terrains impraticables, aussi le parcours ne faisait plus 25 mais 32km, et la dénivelée n'était plus de 1100 mais de 1766+.

Pour moi, c'était une grande première, car je n'avais jamais marché (même sur terrain plane) une aussi longue distance. J'étais donc un peu tendu, mais motivé. S'il n'y avait pas eu ces petites gênes au niveau des pieds (un ongle arraché infecté et des ampoules à l'arrière à cause de nouvelles chaussures), cela aurait été parfait car la forme était présente dès le matin.

D'ailleurs, pour économiser notre énergie, nous avions dormi (avec Lina, ma femme, et Marie-Ange, la copine de Laurent, notre indispensable assistance) dans un gîte à la Plaine des Palmistes. Ainsi, nous pouvions prendre notre temps le matin. Après un petit déjeuner pris à 4h00, les autres se recouchèrent pendant que je m'occupais avec un sudoku avant de commencer à préparer mon matériel. À 6h30, nous étions tous partis pour le départ. À 7h10, celui-ci fut donné : Laurent, Olivier et moi commençâmes notre épreuve du jour pendant que les deux femmes regagnaient le gîte pour y prendre leur petit-déjeuner.

Le ciel était très couvert et bruineux. Connaissant la nature boueuse du sol en temps normal, j’espérais qu’il n’y aurait pas trop de pluie. Après avoir quitté le champ de foire situé près de la mairie, nous empruntâmes une route sur quelques centaines de mètres, puis ce fut la première difficulté du jour : l’ascension du Piton Textor. Tout se passa bien jusqu’au sommet. Aucun de nous trois ne pouvant espérer lutter pour les meilleures places, nous étions partis dans les derniers et nous avions doublé quelques concurrents dans la montée, Olivier et moi devant, Laurent un peu plus loin. Le sentier, très boueux, me fit apprécier mes nouvelles chaussures INOV-8 qui révélèrent leur excellente accroche. En haut, je rejoignis Olivier qui avait déjà gagné quelques minutes sur moi et qui avait décidé de nous attendre. Je lui expliquai que je ne souhaitais pas attendre Laurent pour ne pas attraper froid (eh oui, il fait froid en juillet à la Réunion en altitude), mais qu’il fallait de toute façon que je m’arrête pour remettre des pansements sur les ampoules. J’avais à peine fini que Laurent s’annonça. Nous attendîmes qu’il accède au stand de ravitaillement puis nous commençâmes à descendre. Nous pensions que Laurent n’était pas loin derrière, mais en réalité nous ne le revîmes plus qu’à l’arrivée.

La descente vers Mare-à-Boue (on n’admirera jamais assez la justesse des lieux-dits) était très glissante mais pas très pentue, aussi pouvions-nous avancer à un bon rythme afin de rattraper les coureurs qui nous avaient dépassés pendant notre pause au ravitaillement. Régulièrement, notre corps était fouetté par des rafales très froides de vent et de pluie. Cela avait au moins l’avantage de nous dissuader de nous arrêter là...

À un moment donné, alors que nous courions et marchions sur la route forestière, nous aperçûmes deux coureurs sortant d’un sentier sur notre gauche. Nous pensâmes alors qu’ils avaient triché en prenant un raccourci (mais nous sûmes plus tard que c’était nous qui avions bêtement suivi la route au lieu de prendre le sentier). Le sang d’Olivier ne fit qu’un tour et il se mit à courir pour suivre le plus rapide des deux hommes. Je me mis à courir également pour ne pas me laisser distancer.

Peu après, ce fut une petite portion de route nationale et de nouveau la route forestière. Nous courions toujours. Au ravitaillement suivant, sur le parking où les randonneurs laissent leur voiture pour aller au Piton des Neiges, j’arrivai juste derrière Olivier mais le “tricheur” avait pris beaucoup d’avance. Nous bûmes et mangeâmes quelques raisins secs en discutant avec les sympathiques bénévoles, puis nous repartîmes pour la deuxième difficulté de la journée: l’ascension du Kerveguen jusqu’au Coteau Maigre où il faudrait bifurquer à droite pour descendre vers la forêt de Bébour. Nous marchions d’un bon pas, moi en tête. Olivier aurait sans doute pu aller plus vite, mais il n’en dit et n’en fit rien. Nous pensions être loin de nos prédécesseurs et de nos poursuivants. Pourtant, à un moment, nous entendîmes qu’on revenait sur nous. Il nous fallut alors forcer l’allure pour échapper à cette tentative de remontée, ce qui nous permit d’ailleurs de rattraper des coureurs fatigués.

Le terrain était boueux, mais nous n’avions encore rien vu. En effet, après un dernier ravitaillement (deux jeunes gars très sympathiques... et impatients de rentrer chez eux se réchauffer), nous entamâmes la descente dans la forêt, une descente où le sentier n’était que racines, rochers glissants et boue. Les pieds trempaient en permanence dans des centimètres de boue froide. Souvent, il fallait se tenir aux branches pour descendre sans tomber, ou bien prendre appui avec les mains sur des pierres et jeter ses deux pieds en avant. On se serait cru sur un cheval d’arçons!

Olivier décida d’accélérer. Moi, par fatigue et souci d’éviter absolument une chute ou une entorse à moins de 100 jours du Grand Raid, je préférai avancer plus lentement. Mais la compétition est là et on y prend goût ! Aussi, quand je vis que je pouvais espérer arriver en moins de six heures, j’accélérai de nouveau. Toutefois, je me rendis vite compte que ce ne serait plus possible, alors je décidai de m’économiser... jusqu’à ce que j’aperçoive un coureur devant moi. Comment ne pas succomber, quand on a encore les jambes, à la tentation de gagner une place, même si on est loin des premiers? J’accélérai donc une nouvelle fois et dépassai ce coureur fatigué qui m’avait déjà dépassé ailleurs sur le parcours. Ayant retrouvé un peu d’énergie, je continuai sur mon rythme et j’aperçus, à quelques centaines de mètres de l’arrivée (que je ne voyais pas encore), le fameux “tricheur”! J’hésitai entre fournir un dernier effort important pour le doubler, ou bien me contenter de rester derrière lui sans prendre de risques inutiles. C’est bien évidemment la première solution qui s’imposa. Je me mis à courir plus vite et je finis par le dépasser, satisfait d’avoir réussi à reprendre ce coureur ayant réussi à prendre le meilleur sur moi dès la mi-parcours. Je courais, courais, me demandant où était cette arrivée se faisant attendre depuis plus de six heures, et me retournant pour voir si le gars ne revenait pas sur moi... Enfin, quelqu’un sur la route m’indiqua qu’il devait rester 800m. Je maintins mon allure pour éviter toute mauvaise surprise, et je franchis la ligne d’arrivée en 6h15.

J’allai voir Olivier, arrivé en 6h00, je pris une boisson et un croissant, et déjà Laurent arriva. Nous étions heureux d’en avoir fini avec cette course assez difficile à cause de la nature du terrain, et d’en avoir fini sans blessure. Aujourd’hui, trois jours plus tard, j’ai toujours mes petits soucis aux pieds, mais a priori aucune séquelle articulaire. La volonté de faire mieux (mais dans d’autres conditions !) est déjà là, alors Laurent, Olivier et moi avons d’emblée décidé d’essayer une nouvelle course prochainement...

Stephane974

2 commentaires

Commentaire de Régis Cahn posté le 20-07-2006 à 08:51:00

6 h 15 sur un terrain difficile...bravo !

Commentaire de Kiki14 posté le 20-07-2006 à 12:17:00

merci Stephane pour ton haletant récit...
mais comment faite vous donc pour tenir dans ces conditions extrèmes avec en plus un pied blessé
et quand même doubler...
Respect.....

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