Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2009, par DIDI 29

L'auteur : DIDI 29

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 23/10/2009

Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)

Affichage : 1724 vues

Distance : 147.8km

Objectif : Terminer

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COMPTE RENDU DE MA DIAGONALE DES FOUS 2009 DIDI 29

 

GRAND RAID DE LA REUNION    DIAGONALE DES FOUS  2009Bruno DISARBOIS dossard 302

Avant course

Arrivé à la Réunion une semaine avant le grand raid. Au programme : adaptation au climat, au cycle jour/nuit (lever tôt/coucher tôt) et un peu au sentier réunionnais avec une sortie à petit bassin qui présente un bon dénivelé (environ 800m sur 3,5 km). Belle chute lors de la descente au passage !

Avant Départ.

Je pars pour le départ du grand raid à St Philipe avec Patrick le réunionnais et Eric le zoreille chti presque un local. Ces deux là ont déjà un bon nombre de grands et semis raids au compteur, avec de très bons temps mais ils restent sur un échec l'année dernière et comptent bien assurer cette année. Le conducteur de la voiture est reporter à Radio côte EST, donc passage au QG où l'on se prépare à un gros week end, tant l'événement est important ici.

Départ

Il tombe des cordes à Cap Méchant ! heureusement nous arrivons moins d'une heure avant le départ. Je quitte mes compagnons de route pour aller me faire contrôler le sac et attendre le départ à peu près au sec sous un chapiteau. Pas question de faire partie des 500 à 1000 premiers qui patientent sous la pluie aux portes du stade.
Je retrouve là un pays, Ronan de Bodilis. Top départ à minuit, ça crie beaucoup, ça bouscule un peu, il faut se méfier des écarts de nombreux concurrents qui cherchent inutilement à éviter les flaques d'eau ! inutile car ce sont des torrents d'eau, jusqu'à mi chevilles que nous devront subir pendant une bonne heure. Je suis parti avec un coupe vent Salomon léger et une casquette. Il ne fait pas froid, mais nous sommes trempés. Sur la route forestière en bitume je cours avec l'ami Gégé (Gérard Gauthier). Nous remontons tranquillement dans le peloton. Un premier arrêt au point de ravito afin de bien remplir mes deux gourdes avant la longue ascension qui nous attend. Puis changement de terrain avec le sentier du volcan très accidenté et glissant. Là c'est tout le monde à la queue leu leu, à petits pas. Quelques intrépides vont doubler, mais ce sont des efforts un peu vains car il faut prendre son mal en patience dans cet étroit boyau. Pas vraiment rigolo, l'ambiance est assez feutrée, chacun essayant de se remettre de ces premières heures de déluge. Les premiers dommages arrivent ; vomissements et autres soucis gastriques en laissent quelques uns mal en point sur le bord du chemin. Pour ma part un léger mal au ventre me souci un peu mais au final cette alerte va s'estomper au fil des heures. Au sortir de la forêt, le sentier devient rocailleux et par endroit plus confortable pour doubler. Pour l'anecdote je note le numéro de dossard d'un concurrent qui passe de manière un peu limite (il sera à l'arrivée mais 4 heures après moi !).

Foc Foc / Le volcan

Arrivée à Foc Foc, après plus de 5 heures de grimpette avec un beau lever du soleil sur le volcan, c'est magique ! je marque un arrêt avec deux compagnons de route pour admirer le panorama et nous dire que quoi qu'il arrive ça, au moins c'est vu ! A Foc Foc, je suis heureux de voir les décorations lumineuses qui marquent l'entrée de ce poste mais grosse déception : pas de boisson chaude ! La priorité va au changement de tricot, j'enfile un thermique, trop bon du sec et chaud ! Par contre je ne prends pas le temps de m'occuper des pieds car il fait froid. Au poste suivant, route du volcan, nous avons le droit au survol des hélicos et aux caméras de télé. Arrêt est rapide au ravito du volcan ou je teste le Dynamalt que je ne connais pas mais que je laisse définitivement de côté. J'effectue le changement d'une chaussette car je sens que le pansement compeed d'un gros orteil est parti avec l'eau et se ballade dangereusement. Puis, un nouveau stop au début de la plaine des sables pour la deuxième qui présente le même problème. Je sauve là, un couple de réunionnais avec mon tube de pommade Nok qui va les soulager d'échauffements déjà douloureux. Sur le chemin vers l'oratoire St Thérèse, j'assiste à une scène assez cocasse avec un coureur créole qui crie et réclame à tue tête au portable, à son interlocuteur « classement à mi, regarde classement à mi!! »

Oratoire / Mare à Boue/ Piton des neiges

Malgré les guêtres je ramène quelques cailloux volcaniques de la plaine des sables dans mes chaussures. La montée à l'Oratoire est assez raide avec les premiers rayons d'un soleil bienvenu tout de même. La petite statue en haut et le beau panorama me mette un peu de baume au cœur après ses premières heures de ce long périple entamé. La descente vers le Piton Textor se fait dans les cailloux et je m'aperçois que je ne suis pas très à l'aise. Ma chute la semaine d'avant dans la descente de petit bassin m'a un peu refroidi et j'appréhende. Pause rapide à Piton Textor car c'est nuageux puis c'est de nouveau de la descente vers Mare à Boue et là enfin du souple !! la forme revient, je cours bien. La grosse chute d'un gars trop pressé qui doublait comme un fou, me ramène à la réalité. Sa cheville est out et pour lui le GRR c'est probablement fini. Un groupe de randonneurs le prend en charge et nous laissons notre compagnon d'infortune au bord du chemin. La boue annoncée est absente et c'est sur un terrain digne de nos prés au printemps que nous rejoignons le grand poste de ravitaillement. Il faut toutefois se payer 5 kilomètres de bitume pour l'atteindre. Je fais là la rencontre d'un autre breton de Rennes .C'est plein de monde, on longe ainsi une longue file de voitures, assistance de coureurs pour la plupart. Grosse bouffe chez les militaires ! c'est un repas super, trop copieux (200gr de pates, 300 gr de poulet) que l'on nous dépose d'office dans l'assiette. Il n'est que 10h00 du matin, mais la notion d'heure est déjà un peu vague. Il faut charger les batteries avant la montée au piton des neiges, soit le sommet de ce parcours. Je prends aussi le temps de me changer et de pommader les pieds. Je repars vers Kerveguen, assez bien dans la tête et les jambes. Facile au début, puis un peu plus grasse par la suite, cette montée va me paraître interminable, on monte, on monte mais on en voie pas la fin ! Après chaque crête on repart sur une autre et tout ça dans une farine de pluie. Le moral est déjà plus moyen, puis j'apprends avec des habitués, cette histoire de descente puis de remonté du gite piton des neiges. Ce sera l'occasion unique de se croiser pendant la course.
Enfin j'arrive au gite ! il n'y fait pas chaud, c'est donc un arrêt mini, le temps quand même de voir les formidables secouristes ramenant sur leur épaules et parmi le sentier abrupte un brancard sur lequel est sanglé un coureur blessé. Chapeau les gars !

Cilaos

Maintenant direction Cilaos, ce but important marque la première étape dans le triptyque de ma préparation mentale (Cilaos 70km, Aurère 120, Redoute 150). La descente est longue et assez difficile car glissante ; une fois de plus je ne suis pas à l'aise, les locaux me doublent, puis je vais être la tête d'un convoi des moins à l'aise, avec un bon groupe, jusqu'au bloc. Enfin Cilaos ! mais qu'elle est longue encore la route jusqu'au stade. Déçu de ne pas voir mes accompagnants, je marche sur les derniers hectomètres car la fatigue de ces premières 15 heures est bien là. Le stade, les cris des Plouz (accompagnants et semi-raideurs du lendemain), la banderole à mon nom, revoir Claudie, quel bonheur ! il faut désormais faire bonne figure et apprécier l'accueil. Malgré l'envie de me relâcher, de raconter cette première partie, je reste assez concentré. Se changer vite, haut et chaussettes, se débarbouiller un peu et profiter des massages à 4 mains de mes deux kinés perso, voilà le programme à Cilaos.
Le bilan de ce premier gros tronçon (70 km) est mitigé. La dernière descente a été un peu laborieuse et le retour de la pluie n'est pas rassurant ; du coté positif, je ne suis pas à la rue, je suis à peu près dans le timing souhaité (espéré), pas de bobos, les jambes sont encore bonnes et le fait de retrouver mes amis me rappelle si besoin qu'il y du monde ici et à l'autre Bout du Monde qui suivent mon parcours et que je me dois de tout faire pour aller au bout de cette histoire.
La pluie redouble, je m'équipe donc en conséquence en rajoutant un poncho et je me rends au réfectoire pour un deuxième repas complet à l'abri. Nouveau gag : le préposé au nettoyage des tables prend mon poncho accroché au mur pour un sac poubelle et y déverse ses déchets !
Je ne traine pas trop pour retrouver les autres à l'extérieur. Un dernier bisou à ma chérie et je quitte Cilaos. Trop chaud avec le poncho, je le retire rapidement. Liaison cool avant le Taïbit m'avait t'on dit ! Et bien, moi j'ai trouvé très dur cette remontée depuis la cascade de Bras rouge ; heureusement un groupe sympa s'est formé durant cette section.

Taïbit/ Marla

Enfin le pied du col du Taïbit ! Bon il ne sera pas fait de jour, mais assez tôt quand même. Pause au ravito, je change les piles de ma frontale (début d'inquiétude à son sujet), je joue un peu du portable pour écouter les messages d'encouragements qui font du bien. Il y a de l'ambiance avec un groupe de 3 militaires motivés par le chrono. Je suis ce groupe en début d'ascension. Puis on arrive en sous bois, je suis bien en jambes, un peu seul par moment avec ma frontale qui n'éclaire pas top. La deuxième partie de la montée est plus dure. A l'arrivée au sommet, « pas resté en haut » dixit le local. Effectivement c'est gros vent et la descente vers Marla qui nous tend les bras. J'ai là la confirmation que ma lampe n'est pas terrible. C'est le début de ma grande gamberge, pause ou pas pause. Depuis longtemps je tourne autour de cette question et les infos trouvées sur les forums déconseillent la pause à Marla. De plus mes compagnons au départ du raid, m'ont proposé leur gite, situé sur le parcours après Marla. Je m'accorde donc une mini pause à Marla et repars avec cette décision à prendre. A quelques kilomètres de là je trouve un premier panneau indicateur au nom du gite, puis un deuxième qui plonge en forêt, je me décide à y passer pour éventuellement trouver une pile de secours et de quoi m'allonger un peu. Je ne ressens pourtant pas vraiment l'envie de dormir mais je me dis qu'un stop sera nécessaire cette deuxième nuit. Hélas ou non ? je ne trouve pas le gite et je reviens vite fait sur le chemin par peur de m'égarer pour de bon.

3 Roches/ Roche Plate

Il va falloir maintenant gérer jusqu'au prochain ravito. 3 Roches, ce petit poste à l'ambiance sympa avec de la musique, plusieurs raiders allongés, quelques tentes et même un feu, me parait l'endroit idéal pour poser mes fesses et l'ensemble de mon corps après ces premières 24 heures. C'est décidé je me pose là, entre deux cailloux sur un petit coin souple. Pas facile de fermer l'œil, la couverture de survie qui bruisse et glisse. J'estime avoir fermé les yeux ½ heure environ. Je repars avec cet éclairage mini, qui m'oblige de suite à chercher de la compagnie. Je rejoins ainsi un jeune couple sympa, qui connait bien le coin et qui en principe ne prévoie pas de pause la nuit. Il me conseille de faire Roche Ancrée assez tôt avant le soleil. Je vais également croiser sur mon chemin, une habituée des grands raids bien connue de ma région, Katel. Elle n'est pas au mieux et semble souffrir dans les passages très techniques. Arrêt à Roche Plate, c'est un plus gros poste et beaucoup de monde est au repos ou en soins. Bingo je trouve des piles neuves pour ma lampe de main. Celle-ci va tenir 2 heures et me permettre de tenir jusqu'à 5h00. Je retrouve ensuite Patrick et son acolyte qui ont fait une pause au gite. Nous sommes alors vers Cayenne (quel bagne !) c'est très dur. Il y a ces descentes, dans la rivière des galets, impressionnantes le long des parois rocheuses, ou les lignes de vie ne sont pas de trop puis ces remontées aussi sec. Je garderai longtemps le souvenir de ces gars allongés sur les civières dans la nuit au fond de nulle part. Comment vont t-ils sortir de là ?

Il y a là beaucoup de monde à la queue leu leu et comme pour la montée au volcan, c'est en silence, au moral que l'on avance pas à pas pour enfin sortir de cette longue nuit.
Je fais donc la Roche Ancrée au lever du jour. Grosse, grosse montée, très raide. Presque à quatre pattes par moments sur ces terribles marches. Je m'accorde quelques pauses pour voir enfin de jour le merveilleux paysage de Mafate et récupérer un peu. Une sorte d'euphorie m'emporte dans la descente qui suit ! je cavale, le terrain est plus dégagé, j'ai plus confiance en moi, je file et je double beaucoup.

Grand Place/ Aurère


J'arrive à Grand Place pour une bonne pause, alimentation et un changement de tenue car le soleil est là. A ce moment là, je pense pour la première fois au temps qu'il peut me rester pour arriver à la Redoute. Une mauvaise interprétation me fait entendre que Deux Bras n'est qu'à 2 heures de route. Je bascule alors du mode survie (il faut arriver) au mode comptable (je vais arriver à telle heure).
Je repars encore assez vite et je croise un type qui me dit « groupe devant ». Je le rejoins en effet et décide de me calmer un peu, la raison reprenant le dessus. Le terrain est assez souple par endroits ; on passe des petits ilets bien sympathiques (à bourse, à malheur). Puis ça remonte de nouveau sec vers Aurère, mais c'est beau et il fait chaud ! Arrivée à Aurère, je comprends que les deux (et un peu plus) heures c'était seulement pour arriver ici ! l'ambiance y est encore très chaleureuse, ce site est vraiment sympa, on s'occupe bien de nous mais je n'ai pas envie d'y rester trop longtemps, car plus dur sera de repartir. Toujours en bonne compagnie avec un breton de service j'amorce la descente vers Deux Bras, elle est aussi vertigineuse, toujours ces grandes parois rocheuses qui nous rappellent que nous sommes au cœur d'un cirque de la Réunion. Après le passage un peu fun d'une passerelle suspendue, de nouveau la rivière des galets qu'il faut traverser d'un pied alerte et avec toute la lucidité qu'il reste pour s'éviter le bain de pied. A ce petit jeu, le breton habitué des parcours côtiers n'est pas le moins avantagé.

Deux Bras

2 bras, beau temps, du rechange, un bon repas, des infirmières sympas et disponibles si besoin ! que demander de plus. Peut être un peu d'info, sur ce dernier mur qui se dresse à la sortie de ce poste et que j'ai tant espéré atteindre afin de rassembler toute mon énergie pour le passer et basculer vers ce que je pense être une grande descente tranquille vers la Redoute !
A table, lors de ce repas où je ne résiste pas à une grande assiette de boucané, riz, lentilles, j'entends ma voisine se lamenter qu'elle ne passera pas sous les 40 heures compte tenu des 7 heures qu'elle estime nécessaires pour rallier la Redoute. Donc autant pour moi, mais cet horaire un peu improbable que je n'ai qu'imaginé un moment je le mets au débarras avec toutes mes affaires sales, dans le sac que je laisse au passage du poste sortie de Deux Bras !

Ayant vu repasser Patrick au ravito, j'essaye de le rattraper dans la montée mais il est trop rapide. Je colle alors un créole et un rasta qui se retournent souvent vers moi. Je laisse donc un écart. A la fin du chemin, je subi de près un survol d'hélico, je fais alors un peu le spectacle, les bras levés et ouf c'est la bascule dans la tête et les jambes ; le + dur est fait je pense !
Bizarre ! du bitume, du monde, des voitures, des maisons ! et tout la haut le stade de Dos d'Ane. M'en fout je marche tranquille, heureux d'être là et je tape la discute avec un compagnon de route.

Dos D'ane/ Colorado

Arrivée tranquille au stade mais je m'inquiète car le brouillard est dans les haut au dessus de nous, je m'aperçois alors que dans mon débarras d'affaires sales de Deux Bras, j'y ai mis mon coupe vent. Sympa une bénévole, me fourni un sac poubelle et hop c'est reparti. J'entends parler de deux grosses côtes à franchir encore, pfuu ça ne finit donc jamais ! Bon je monte bien et je me retourne souvent afin de voir le premier du semi me passer. Echange sympa avec T. Techer, nous nous encourageons mutuellement ! puis une nouvelle euphorie me prends, ça déroule, je déboule sur la crête du piton Batard, même pas peur. Puis dans la descente à suivre, je double, je double. Je me dis qu'à cette allure je peux faire un temps plus correct que les 45h visées au départ. Puis à la sortie d'un chemin, contrôle et pointage au Kiosque d'Affouches. Le responsable annonce : il reste 13 km et je suis 513ème ! bingo je repars à fond pour viser le top 500 et un peu plus fou les 40h00 , je rejoins un gars qui déboule bien aussi, on fait ainsi environ 3 km comme ça et on nous prends même pour les 3ème et 4ème du semi !!

Mais la large route forestière descendante se termine et nous sommes de retour dans un sentier un peu glissant bordé de goyaviers. Retour à rythme plus calme pour moi, j'alterne marche et course mais avec quelques places gagnées encore qui me place sous les 500. Au dernier pointage je ne marque presque pas d'arrêt car le chrono affiche 40h 04 et moins de 4 km à parcourir. Très sur et content de moi je téléphone à mes deux hôtesses d'accueil du stade de la Redoute « je suis là dans ½ heure !
Dernier dilemme, raccourci ou pas ? le choix nous a été laissé par les organisateurs dans cette dernière descente. Je joue le jeu du parcours normal d'abord ; finalement je rejoins tous les autres sur les sections « dit raccourcis » mais ce n'est pas vraiment significatif. Je m'aperçois alors que cette descente est infernale. Moralement elle me sape complètement, j'avais idéalisé cette dernière portion, qui vue d'en bas me semblait plus roulante. Grosse erreur ; je vais la trouver longue, longue, le moral est touché et de plus l'hypo est en vue. J'ai zappé le dernier ravito donc plus d'eau. Heureusement une pate de fruits va me sauver, il faut arriver ! Je vois un paquet de coureurs me passer et je me dis que pour le top 500 c'est foutu. 1 heure plus tard, un drapeau breton brandit par des compatriotes annonce le dernier lacet et c'est enfin la fin du parcours, annoncée avec le passage dans le tunnel sous la route du stade. Tant pis pour le chrono c'est un peu plus de 41h mais ça reste largement au-delà de mes espérances, je n'ai mal presque nulle part et mises à part des ampoules au talon survenues avec les chaussures changées à Deux Bras, pas de bobos.

 

Stade de La Redoute

500 derniers mètres de bonheur ! presque trop court pour savourer toute l'étendue de l'aboutissement de ce grand raid. Mes deux hôtesses d'accueil, Mylène et Chantal, sont là m'accompagnant et me filmant sur cette piste rouge du stade de la Redoute qui est synonyme de victoire !! la gorge est un peu nouée, pour éviter le trop plein d'émotion je rends à hommage la foule qui m'encourage et je les salue à ma manière en agitant cette casquette saharienne qui m'a bien protégé quant le soleil a « poké ». Le chrono affiche 41h09 (476ème), le ciel est encore clair, le bonhomme lui un peu moins !
A peine la ligne passée, c'est le coup de « pen bazh » on sent d'un coup la fatigue cumulée s'abattre ! l'échange avec mon comité d'accueil me tient encore éveillé mais à peine assis puis allongé sur la pelouse du stade, je plonge dans le sommeil ! Afin d'éviter un échouage rapide et pas très glorieux, je file vite sous une douche fraiche pour rester encore un poil éveillé. Puis je vais manger un peu, je raconte un bout de mon épopée mais la fatigue et le manque de sommeil sont les plus forts et je dois prendre la direction de la voiture pour tenter de remettre les compteurs à peu près à jour ! Je suis de retour au stade deux ou trois heures plus tard pour accueillir Guillaume qui vient de terminer son semi-raid et apprendre malheureusement un peu plus tard l'abandon du reste de l'équipe semi-raid, à Deux Bras.

Conclusion

Ce premier grand raid de la Réunion 2009, restera un grand moment dans ma vie sportive. Avec le recul, je pense pouvoir dire qu'il s'est déroulé de la meilleure manière, mieux que ce que j'aurais pu imaginer au départ. Je ne partais pas forcément très confiant, compte tenu de la dureté de l'épreuve et d'une préparation que je pensais un peu minimale mais une certaine décontraction face à ce défi et un physique assez frais ont probablement été mes meilleurs alliés dans cette aventure. Ensuite c'est un ensemble d'éléments favorables qui font pencher la balance du bon côté. Le physique évidemment avec quasi aucun problème musculaire; une résistance au sommeil qui me souciait un peu et que mes problèmes de lampe frontale ont peut être décuplée. Le moral avec là, des hauts et des bas mais jamais trop bas et quelques bases de préparation mentale type sophrologie qui peuvent aider car sur une épreuve aussi longue, il faut vraiment garder une motivation forte. Un élément majeur pour survivre à la diagonale comme tout autre ultra c'est évidemment aussi, l'alimentation. De ce côté-là aussi, ma gestion s'est avérée efficace, avec un maximum d'utilisation des ravitaillements proposés par l'organisation et un minimum d'apport personnel. Soupe vermicelle, coca, eau à chaque fois que possible et trois repas complets, voilà pour les ravitos GRR. Deux gels et deux pâtes de fruits et quelques pastilles de Sporteine, en apport personnel pour les coups de moins bien. Reste un dernier point : l'équipement qui doit être suffisant et performant sans être excessif. Je pense notamment au vêtement de pluie ou coupe vent notamment cette année qui a été bien sollicité et les chaussures pour lesquelles je conseille de privilégier la qualité d'amorti et la résistance aux chocs, incessants sur le type de terrain très pierreux du GRR. L'utilité du changement de chaussure ne m'a pas paru évident, où alors pour le confort d'avoir des chaussures propres mais du même modèle de préférence. La préparation des pieds, tannage et graissage anti frottement, est indispensable, les deux premières heures de déluge auront à ce titre fait bien des dégâts et prématurément mis fin à l'aventure de nombreux traileurs.
Voilà pour les quelques informations pratiques que je peux mettre au service des futurs candidats à cette fabuleuse aventure sportive et humaine que représente la diagonale des fous.
Je ne me suis pas étendu sur la beauté des sites traversés et sur la grande communion de l'ile autour de son épreuve car cela à déjà été beaucoup décrit mais c'est évidemment au-delà de la dimension sportive, un aspect primordial et motivant pour se lancer un jour cette aventure.
Le reste du séjour là bas aura été un égal plaisir des yeux et des papilles mais cela est une autre histoire ....

 

1 commentaire

Commentaire de yann38 posté le 27-11-2009 à 16:11:00

pfff !! ton récit est splendide !! on s'y croyait presque... j'espère faire un jour ce raid mythique.
merci pour le CR !!

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