Récit de la course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km 2025, par vuillerl

L'auteur : vuillerl

La course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km

Date : 22/8/2025

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 168 vues

Distance : 160km

Objectif : Balade

6 commentaires

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GRP Ultra Solo 2025 - Ilhéou, Je ne t'oublierai pas!

Dans l'optique de finaliser ma préparation pour le TOR des Géants, me voilà au départ d'un sacré chantier, le GRP Ultra solo. Je reviens avec grand plaisir sur ce trail ou l'organisation est au top. 
L'objectif principal est d'accumuler du volume sans trop générer de fatigue avant la grande balade dans 3 semaines à Courmayeur.
 


Vielle Aure - Merlans (15.5 km ; D+ : 1500m) 2h20

5h du matin, nous sommes 798 coureurs solo au départ de cette aventure, sans compter les participants aux relais. Il y a une belle ambiance avec une foule plus que conséquente, ça motive bien! 
La météo est fraiche, plutôt pas mal pour affronter un parcours que je connais en partie. Avec le recul, c'est surprenant de voir à quelle point, on a la faculté d'oublier les difficultés traversées…  
Après 2/3 km de bitume on commence l'ascension vers le col de Portet par de longs lacets. La montée est régulière, sans difficulté particulière. On entre dans de la purée de pois. L'air est humide, le sol légèrement trempé.
Au loin, on devine le pic du midi à travers une brume bien chargée. L'ascension se poursuit et on arrive au col de Portet au moment ou le soleil commence à amener ses premiers rayons de soleil. Le paysage devient déjà grandiose avec cette magnifique mer de nuage. Direction le restaurant des Merlans, on peut dérouler les jambes sur une descente bien roulante jusqu'au premier ravito.
Je refais les niveaux et je repars dans la foulée, les sensations sont bonnes.

Merlans - Col du Bastanet (21.3 km ; D+ : 2000m) 3h28

La balade se poursuit. On arrive sur des balcons plutôt roulants au dessus du lac de l'Oule avant une ascension plus technique en direction du refuge de Bastan. Le brouillard est de plus en plus présent et on ne peut que deviner les lacs aux alentours. Ca avance plutôt vite. La densité des coureurs t'entraine naturellement à forcer un peu le rythme. Au moindre relâchement, des participants te dépassent dans ces singles plutôt sinueux. Bien que je ne sois pas attachée au classement, ce n'est pas agréable de se faire passer en permanence. On arrive au col Bastanet, le brouillard s'est dissipé et la vue est splendide avec ces couleurs ensoleillés, de montagnes jaunâtres, de lacs bleus associés à la mer de nuage.

 

Col du Bastanet - La Mongie (31.1km ; D+ : 2510m) 5h36

La descente est très technique, je suis toujours en difficulté dans ce type de terrain et je vois pas mal de coureurs me dépasser. On fait une halte rapide au refuge du Cloutou pour recharger les flasques et on poursuit cette descente aux abords d'un torrent. C'est toujours aussi beau mais terriblement technique avec ces pierriers qui nécessite une vigilance permanente. Le brouillard refait son apparition et on ne peut que imaginer le barrage avant de poursuivre et d'attaquer la fameuse montée du Serpolet (1.6km / 400m D+). La météo a basculé, on retrouve la purée de pois. Le sol a également changé, on est désormais sur un terrain bien gras avec une végétation épaisse. C'est particulièrement boueux, l'ascension du Serpolet se passe très bien mais la descente en suivant jusqu'à la Mongie est plus que glissante. Après trois chutes, j'arrive enfin à la Mongie sous une météo digne d'un mois de Novembre...

La Mongie - Col de Sencours (39.1km ; D+ : 3420m) 7h24

Ca repart pour l'ascension au col de Sencours, au pied du Pic du Midi. la vue est toujours aussi limitée avec ce brouillard persistant. La montée est assez régulière, je me sens plutôt en forme bien que je ne suis pas mécontent d'arriver à ce ravitaillement. 

Col de Sencours - Hautacam (59.3 km ; D+ : 4310m) 11h18

Cette section va être particulièrement éprouvante. On est sur une très longue descente entrecoupée de 3 cols incluant des ascensions plutôt sèches. Ca use. Je n'ai pas forcement le jus nécessaire pour relancer correctement, peut-être n'aurais-je pas assez manger en amont? Je prend le temps pour me restaurer et je finis mieux cette interminable section. On est de retour dans le brouillard en arrivant à Hautacam.  

Hautacam - Pierrefitte (70.4 km ; D+ : 4460m) 13h00

Ca va beaucoup mieux! Cette descente est assez roulante et j'arrive plutôt en forme à la première bas de vie.

Pierrefitte - Estaing (86.0km ; D+ : 5730m) 17:05

Une bonne pause s'impose. Je prends le temps de me changer et surtout de changer mes chaussettes. Les pieds ont été mis à rude épreuve. Le temps de manger correctement et je repars avec Loic avec qui j'ai fait une bonne partie de la section précédente. C'est toujours sympa de faire un bout de chemin en discutant tranquillement, ça passe plus vite. La première partie de la montée se fait sur une piste plutôt large avant de rentrer dans du bien raide  à travers de hautes fougères. On comprend bien que le tracé a été fait pour cette course. On la traverse plutôt à bon rythme pour arriver sur un plateau assez usant avant de basculer sur une descente pour arriver à Estaing. Le brouillard est toujours présent et la nuit se rapproche. C'est le moment d'allumer la frontale bien qu'avec ce brouillard, la visibilité est assez réduite. On arrive à Estaing avec de bonnes sensations.
Devant nous, l'ascension au col d'Ilhéou nous attend, la section qui m'inquiétait le plus. J'avais en mémoire cette ascension que j'avais déjà parcouru en 2019 lors du GRP220. Pour mieux la gérer, je laisse Loïc poursuivre, je fais le choix de me reposer à Estaing, de profiter du ravito, des crépes salées, de discuter pour mieux affronter le mur à venir. Tout va bien pour l'instant...

Estaing - Refuge d'Ilhéou (98.7km ; D+ : 7100m) 21h26

Le début de cette ascension est tranquille jusqu'au lac d'Estaing. On entre dans une foret, les côtes se raidissent, je gère mon effort bien attentif à mon cardio. On arrive sur la partie minérale et ce fameux mur. Que c'est dur, la montée est sèche, c'est exténuant. Ce qui rend cette ascension particulièrement difficile, c'est que l'on a le sentiment que c'est interminable. Que malgré nos avancées, il en reste toujours autant! L'arrivée au col d'Ilhéou est une délivrance mais le mal est fait, je suis KO, je suis exténué. Moi qui ne voulait surtout pas trop puisé lors de cette aventure, c'est raté! Cette partie m'a mis dans le rouge et je commence à percevoir un manque de lucidité.
On bascule sur une descente qui progressivement devient technique. Ce terrain associé à cette humidité persistante rend la descente vraiment difficile et je commence à ne plus me sentir bien et encore moins serein.
On arrive au refuge qui n'est qu'un point d'eau, pas de repos sur place. Il faut aller à Cauterets pour souffler un peu.  

Refuge d'Ilhéou - Cauterets (106.7km ; D+ : 7120 m) 23h14

La descente est frustrante. Bien qu'elle soit assez technique au début, elle est courable. Je n'ai plus de jus, je suis éreinté. Je n'ai qu'en tête l'envie d'arriver à Cauterets, de pouvoir souffler et tenter de récupérer un peu.
Je fais cette section en marche nordique avec quelques pauses.


Cauterets - Bederet (116.8km ; D+ : 8200m ) 27:31

J'arrive enfin au casino de Cauterets. Il est temps de m'arrêter. J'ai la chance de récupérer un lit de camps pour tenter une sieste, sans succès! Je reste allonger pour souffler, je me sens vide, sans énergie. Le temps passant, je ne ressens pas d'amélioration. Du coup, je décide de repartir en espérant que j'arriverai à mieux me reposer à Luz, la prochaine base de vie ou mon change m'attend.
C'est reparti pour l'ascension au col de Riou. cette ascension n'est pas technique, c'est une montée régulière sans difficulté particulière mais j'avance bien lentement. Le jour se lève. On commence à percevoir le col après de longs lacets. Les premiers rayons de soleil font leurs apparitions. Il fait beau. Quel régal lorsque l'on arrive au sommet! la paysage est de nouveau grandiose avec une nouvelle mer de nuage.
On attaque une descente assez raide nous amenant à Bederet pour un ravito chaleureux et bien agréable.

Bederet - Luz (124.7km ; D+ : 8260m) 29:13

Ca va mieux depuis le début de la descente du col de Riou et le jour naissant. Il reste 8km avant Luz et la 2nde base de vie. J'arrive à répartir et à courir, motivé à l'idée de pouvoir souffler et me reposer.

 

Luz - Tournaboup (137.1km ; D+ ; 9260m) 33:03 

Je prend le temps à Luz, je me change, je mange bien. On se rapproche du bout. Je repars conscient que ce va être plus long que prévu.
Je reprend la balade. Il est 11h du matin. Il fait grand soleil. On a déjà très chaud! Le chemin pour aller à Tournaboup n'est qu'un enchainement de chemins et de routes avec une montée régulière. La chaleur ressentie sur ma peau me dérange. La fatigue ressentie après Ilhéou s'était un peu estompé par la suite mais cette chaleur ravive ce sentiment. 
Je commence à cogiter. Il me reste un peu plus de 30km pour finir ce chantier, 30km sur un terrain que je connais, 30km sous le cagnard, 30km qui va encore plus m'épuiser pendant les 8h/9h restants.
J'essaye de poser les choses pour prendre la bonne décision et la décision devient évidente. A trois semaines de mon grand objectif de l'année, c'est plus raisonnable de m'arrêter là. J'aurai certainement laisser trop d'énergie physique et mentale.


De retour à la maison, je suis convaincu que j'ai fait le bon choix. Je me sens encore bien KO, je n'arrive pas bien à me reposer et je ne m'explique pas cette profonde fatigue depuis Ilhéou.

Comme à chaque fois, je me suis régalé lors de ce GRP!

Le parcours est bien exigeant et magnifique, l'organisation est au top sans parler des bénévoles qui sont d'une gentillesse et d'une bienveillance remarquable.

Un grand bravo à tous les finishers de ce sacré chantier!

Je reviendrai!

6 commentaires

Commentaire de olive 31 posté le 25-08-2025 à 16:35:46

Hello,
Merci pour le récit et bon repos.
Il est vrai qu'en tant qu'objectif intermédiaire, ton choix parait être le bon (vu de l'extérieur).
De tout ce que j'ai lu sur TOR, c'est la possibilité de grandes amplitudes météorologiques; le grand écart.
Il est certain qu'arriver sur ce format sans une pleine récupération serait un caillou dans la chaussure.
Alors ... bravo pour le chemin parcouru .... et repose toi bien !
Olive

Commentaire de BigPat posté le 25-08-2025 à 22:40:16

Merci pour ton CR,
On se verra à Courmayeur.

Commentaire de Miche posté le 26-08-2025 à 08:17:14

Premier récit pour cette édition. Même si c'est un abandon, comme il était plus ou moins prévu, ça passe... Tu retranscris bien les émotions dans les différentes sections et cela me rappelle des recos passées, merci de me faire vivre cette course par procuration !
Bon TOR à toi, je suivrai avec attention.

Commentaire de Miche posté le 26-08-2025 à 08:17:14

Premier récit pour cette édition. Même si c'est un abandon, comme il était plus ou moins prévu, ça passe... Tu retranscris bien les émotions dans les différentes sections et cela me rappelle des recos passées, merci de me faire vivre cette course par procuration !
Bon TOR à toi, je suivrai avec attention.

Commentaire de bubulle posté le 26-08-2025 à 08:28:56

Joli récit, bien précis, qui permet de compléter les impressions que j'avais en suivant la course....sur des cartes.

Bonne sagesse que d'arrêter pour te focaliser sur le Tor...et encore meilleure sagesse de ne pas regretter cet arrêt. Je ne suis pas sûr que je l'aurais eue (en même temps, j'ai passé la période des enchaînements à la con, je dois dire !).

Commentaire de grumlie posté le 26-08-2025 à 18:08:32

Même s'il y a abandon, j'espère que la sortie longue sera bénéfique pour le TOR.

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