Récit de la course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km 2025, par godas

L'auteur : godas

La course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km

Date : 22/8/2025

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 319 vues

Distance : 160km

Objectif : Objectif majeur

5 commentaires

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Cette fois c’est la bonne !!!!

Depuis que j’ai commencé la course il y a 25 ans et le trail un peu long, il y a 15 ans, il y a un truc ultime que j’ai en tête, c’est de terminer un format 100 miles : 160km – 10 000 D+, c’est à dire passer plusieurs dizaines d’heure dans les sentiers….

C’est un vrai rêve, une quête dont je ne savais pas si elle est accessible…

En effet ma montée progressive en km se fait par à-coup, avec de belles réussites mais également des remises en cause. Je fais rarement les choses à moitié, je me suis souvent bien préparé, avec de grandes ambitions et au final de belles aventures et également de bonnes galères…


Après un échec pour ma première tentative sur ce GRP l’année dernière, suite à un coup de chaud et une déshydratation ;

 https://www.kikourou.net/recits/recit-22336-grand_raid_des_pyrn_nn_es_-_ultra_160_km-2024-par-godas.html

Après un début de préparation au printemps un peu « tronqué » suite à quelques blessures sans gravité, et qui c’est terminé sur une belle aventure sur l’UTPMA (112km – 5000 d+) ;

https://www.kikourou.net/recits/recit-22485-ultra-trail_du_puy_mary_aurillac_-_112_km-2025-par-godas.html

Et surtout suite à un très belle été de préparation, avec 3 jours de reconnaissance sur le GRP au 15 juillet et de nouveau un gros bloc en montagne début août en vacance dans le Vercors ;


Je pense être prêt pour cette quête : terminer cette course, et si possible le plus « proprement possible »

Comment résumer facilement cette parenthèse de 36h40, en dehors du temps ?

J’ai bien sûr des souvenirs très précis, mais qui se mélangent et qui parfois même m’échappent un peu au moment où je m’en rappelle. Un peu comme quand on se réveille au milieu d’un rêve, on à une vision très précise et imagée au moment du réveil soudain, mais le souvenir s’estompe dès qu’on essaye de préciser ce rêve

Et si ce trail n’avait été qu’un rêve ??

Mais non, c’est bien réel, j’ai bien parcouru 167 km et 10700 D+ en 36h40… Et je pense qu’il faut l’avoir vécu pour se rendre compte ce que c’est…

Alors, comme à chaque fois sur ce type de course assez longue, des moments agréables, de plénitudes presque, alternent avec des moments de moins bien, des moments où on se demande ce qu’on fout là…

Mais honnêtement, cette fois ci, je pense vraiment que le positif l’emporte largement.

Et les galères font partie de l’aventure, c’est même une des difficultés de ce type d’épreuve, savoir gérer les moment de remise en cause. Quitte à s’arrêter un peu, écouter son corps, mais ensuite

Avancer

Toujours avancer

Même si c’est dur...

J’ai vécut en particulier deux gros coup de moins bien sur cette course :

La monté d’Ilheou,

En pleine nuit, au alentours de minuit. 1000 D+ sur 4km, un vrai km vertical. L’enfer. Interminable… Je met un temps infini à monter cette côte, je me fait doubler de partout… J’ai l’impression de ne plus avancer du tout, de perdre des heures… (en fait, l’analyse du suivi live par la suite me montrera que j’ai certes perdu un peu de temps, mais pas tant que cela – les impressions peuvent être trompeuse, je le sais pourtant, ce type de situation m’est déjà arrivé plusieurs fois – il faut juste se montrer patient)

J’ai du mal à me remettre de cette côte, je n’ai plus trop de souvenir de la descente qui suit. Je m’endors à moitié en courant... – Au ravitaillement, à Cauteret, au alentours de 2h30 du matin, je vais m’allonger et dormir une vingtaine de minute. Puis prend le temps de bien me ravitailler, et ensuite c’est reparti, je me sens bien de nouveau.

Les portions suivantes se passeront au mieux, je suis serein, même si je cours souvent seul. C’est toujours surprenant ces moments de solitude, qui peuvent durer plusieurs dizaines de minutes, et d’un seul coup on se retrouve à 4-5 coureurs qui viennent de je ne sais où…de derrière ou de devant, ça dépend…

 

Hourquette Nere et la traversée du Néouvielle

Gros coup de moins bien également, cette fois ci en pleine journée, entre 13h et 15h. Nous arrivons vers la fin, il reste une petite trentaine de km

Le contexte : Cabane d’Aygues Cluzes

800 D+ depuis Tournabout (et 1800 D+ depuis Luz), le gros du D+ est passé, tout va bien, ça sent bon l’arrivée, je sais maintenant que quoiqu’il arrive je vais être finisher. Je vais même peut-être pouvoir finir en moins de 36h, le top !!! Le moral est au mieux.

Mais soudainement les derniers 200 D+, avant la Hourquette Nere. C’est plus raide, et là, gros coup de moins bien, chaque pas est compliqué...je peine énormément... Heureusement c’est assez court, et j’arrive en haut sans trop de dégât.

Et après, dans le souvenir que j’en avait suite à la reconnaissance du 14 juillet, il y a une descente assez plaisante…donc ça va le faire

Sauf que les organisateurs ne nous avait pas prévenu qu’ils viendraient rajouter plein de cailloux avant la course…

J’ai l’impression de ne pas être au même endroit qu’il y a un mois tellement je trouve cette descente « incourable ». Je suis habituellement plutôt à l’aise dans les descentes techniques, ou il faut adapter chaque foulée en fonction des cailloux. Je trouve ça plaisant, quand cela ne dure pas trop longtemps.

Mais là, impossible, je me dit donc qu’il n’y a pas d’autres possibilités, ils ont rajouté plein de cailloux juste avant la course…

Sauf qu’il y a quelques rares coureurs qui me doublent en courant à fond sur cette partie, comme si de rien n’était… Il s’agit des tout premier coureurs du 80 km. Impressionnant la vitesse où ils vont.

C’est bien donc moi qui suis fatigué, j’ai perdu pas mal d’agilité, donc je prend le temps dans cette descente.

 


Et heureusement, une nouvelle fois la forme revient ensuite progressivement, me permettant de bien terminer…

 


Et donc, à part ces deux gros coup de moins bien, j’étais le plus heureux du monde pendant 36h40 !!! Ce serait un peu long de tout détailler mais quand même quelques « zoom » de gros kif :

 

Les ravitos

Le top : A chaque ravitaillement « complet », c’est à dire globalement toute les 3-4 heures j’ai pris le temps de prendre pratiquement un vrai repas : soupe, pâtes ou équivalent, jambon, pain fromage, puis en fonction de ce qui état disponible riz au lait et/ou compote, plus un morceau de banane à emporter ! Et entre chaque ravitaillement pratiquement rien – j’ai très peu mangé ce que j’avais sur moi (pâte de fruit, barre de céréale…). Et cela m’a convenu à merveille!!! (après des années à galérer pour trouver comment m’alimenter sur des efforts long)

Bravo aux organisateurs et aux bénévoles pour cela !!!

Mention spécial pour les bénévoles à Pierreffite, qui était plus qu’à notre service, nous apportant tous sur notre table, sans qu’on ait à demander pratiquement

à ceux du col de Sencours, pour la purée tant attendu

à ceux d’estain pour les crêpes au jambon délicieuse

à ceux de Cauteret pour m’avoir trouver un lit et soutenu dans un moment où je n’étais pas très bien

Et à tout les bénévoles des ravitaillements d’ailleurs, qui étaient toujours souriant et à notre service. Un vrai plaisir...

 

Les paysages

Ça paraît presque normal tant les paysages sont à couper le souffle dans ce coin là, mais ce type de balade permet des vraiment des moments uniques. Moments choisis :

Alors que nous avons eut un premier jour globalement dans le brouillard et les nuages, d’un seul coup, en arrivant au col, on se retrouve au dessus des nuages. Tout les coureurs s’arrêtent, prennent une photo tant la beauté s’impose à nous…

Dans l’humidité de la nuit, le reflet des frontal sur les arbustes

Dans le brouillard intense, juste après Bederet, où on voit pas à 3 m, obligeant à s’arrêter à chaque balise pour chercher des yeux la suivante

La bascule dans le Néouvielle à Hourquette Nere, toujours magique, et qui prend brièvement le dessus sur la fatigue emmagasinée.


Moments d’introspection

Il y a toujours de moments de solitude propice à la réflexion dans ce type d’aventure – surtout la nuit en ce qui me concerne. Le souvenir n’est pas très précis mais je me rappelle m’être dit qu’il fallait être un peu dérangé mentalement pour s’infliger ce type « d’effort à la con » totalement gratuit et inutile, même un peu égocentrique...

Mais également que c’est toujours incroyable ce que un être humain est capable de faire. Cela est d’ailleurs vrai dans tout les domaines d’ailleurs – l’être humain à une capacité d’adaptation extraordinaire. Le tout est de s’en donner les moyens – vraiment, mais en respectant les étapes. La progressivité et la spécificité sont les bases de tout entraînement. Moi qui suis naturellement un peu speed voir impatient – ce long parcours de course pour arriver à terminer ce type de course à été une vrai école de la vie pour moi – apprendre à être plus patient. Les qualités principales pour faire ce type de défis est d’associer une grande humilité à une forte ténacité.

 

Échange avec les autres coureurs

Même si j’ai souvent couru seul et dans ma bulle, j’ai retiens quelques échanges privilégiés que j’ai put avoir avec des collègues coureurs, en particulier dans le début de la côte après Pierrefite, ou nous nous sommes retrouvé à 3-4 à monter la côte ensemble

Où cette coureuse qui faisait le 3ème relai et que j’ai croisé plusieurs fois entre Luz et l’arrivée.

Même si c’est parfois assez rapide, l’ambiance entre coureur est toujours très sympa…

 

Un final toujours très émouvant

Je n’avais pas fait la reco de la dernière section. 1400D-, cela risque de piquer…surtout que je ne suis pas au mieux. Je crains que ce soit trop technique et avec les jambes que j’ai, ça va être interminable.

après une pause de 10 mn ou je prend de nouveau le temps de bien manger

après une petite côte de 200 D+ avalé tranquillement en 25mn

j’attaque la descente et là je suis surpris d’arriver à courir presque normalement, et même de mieux en mieux… La descente n’est heureusement pas trop technique, j’arrive donc à tout donner jusqu’à l’arrivée – je me surprend même à essayer de suivre des « dossards bleus » lorsqu’ils me doublent (les premiers coureurs du 80 km qui terminent également leur course) Bon pas trop quand même car les cuisses me rappellent vite à la raison…

Mais je prend un très grand plaisir à faire cette descente « à fond » 12 km et 1400 D- avalé en 1h25 !!!

Bon dit comme cela ça ne fait pas trop impressionnant mais avec 160 km dans les jambes j’ai l’impression de courir à 15km/h

Bref que du kif jusqu’à la ligne d’arrivée où l’émotion me prend...

 

Je l’ai fait – la deuxième tentative sera la bonne !

Et je l’ai fait « proprement », tout c’est bien passé

Les moments plus difficile se sont bien géré – la sieste de 20 mn à Cauteret à été salvatrice !!!

L’alimentation, les pieds, le tendon, les genoux, aucun soucis de ce coté là

Et même là, 2 jours après la course, quelques petites courbatures mais c’est très correcte, j’ai pu aller travailler à la ferme en vélo ce matin sans aucun soucis !!!

 

Je ne peux pas terminer ce récit sans un grand bravo à mes collègues du club avec qui je suis venu : à Yann, qui a brillamment terminé le 120 km en 29h30

à Benoist, avec une pensée particulière, malheureusement contraint à l’abandon pour être arriver juste au moment de la barrière horaire à Cauteret, après plus de 100 km de parcouru quand même. Un grand bravo également à Antoine, qui a dut abandonner à Estain, après 85 km de parcouru.

 

5 commentaires

Commentaire de philippe.u posté le 26-08-2025 à 06:14:41

Bravo pour cette belle course ! J'avais également un souvenir d'une descente de la Hourquette Nere agréable (souvenir de 2014 et 2019...) mais en fait pour la courir proprement faut être bien frais... Ton niveau sur route doit pas être étranger à ta bonne dernière descente !

Commentaire de Gilles45 posté le 26-08-2025 à 08:12:55

Bravo pour ta course et pour ce chouette récit. je m'y retrouve dans pas mal de points.
En effet Cloclo m'a dit que tu devais être dans les même eaux que moi. C'est chiant car j'avais bien noté le "dossard 75" pour que l'on puisse envie se croiser, ce qu'on avait pas pu faire à l'UTPMA. D'ailleurs en regardant les pointages, nous sommes à Cauterets en même temps. Bien joué en tout cas, sacré final !

Commentaire de Miche posté le 26-08-2025 à 08:34:38

3ème récit que je lis et encore la montée d'Ilhéou qui vous a scotché. Rassures toi celle du Cabaliros des premières années était encore pire je crois. Hourquette Nère, quand j'ai fait le 80 km avec Simon l'année du Covid, m'avait bien scotché aussi mais pourtant on ne montait que depuis Tournaboup. Bravo pour la perf pour ton premier 100 miles en tout cas.
Je transmets évidemment les remerciements aux bénévoles, ca fait toujours plaisir.

Commentaire de godas posté le 26-08-2025 à 14:43:16

Merci Miche
J'ai oublié dans mon récit de préciser que j'ai trouver le parcours au top !!!
L'alternance de passage technique et caillouteux et d'autre plus courable m'ont bien convenu. Comme l'alternance de côtes "droit dans la pente" et d'autres plus abordable.
Pour moi, c'était mieux que l'année dernière, plus lisible et je préfère le fait d'aller plutôt au plus court comme cette année que de rajouter de montées comme l'année dernière (la mongie- Hautacam) pour pouvoir arriver à la distance et au D+. Cela permet en outre de mieux équilibrer les bases de vie.
Juste si je me permet un petit point d'amélioration si vous conserver le même parcours : rajouter plus de lit de camps à Cauteret. En effet, pour la grande majorité de coureurs, c'est le meilleur endroit pour potentiellement faire une petite sieste, et cette année, il manquait potentiellement quelques lits.
J'en profite pour remercier le bénévole qui a réussi à me trouver un lit à Cauteret alors qu'il n'y en avait plus à priori...
Encore un grand merci à toute l'équipe. Une ambiance familiale et festive vraiment agréable pour une organisation de cet ampleur !!!

Commentaire de grumlie posté le 26-08-2025 à 18:18:18

Merci pour ton récit et aussi pour ton retour. Le passage à Estaing étant justement là cette année pour remplacer la boucle sur les pistes de La Mongie de l'an dernier.
Bravo pour ta course.

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